Le serveur se précipita vers le bar en hurlant :
- Deux Pousse l'Amour pour ces messieurs!
Deux! Grenadine, marasquin, jaune d'œuf, kirsch et rêve, qu'on se le dise!
Ils n'existent pas, les poètes
Ils naissent sans cesse
Et surgissent sans prévenir
De la glaise du Poème.
Qui est-il cet autre qui nous rêve ?
Ils vont chercher de par le monde
Eux, les poètes
La terre creuse et désœuvrée.
Une chimère défigure la Parole perdue
Et le poète entame son pèlerinage
Un désert noir fond sur les blés
Et le poète l'arrête d'un cri d'enfant
Qui sait la lettre qui ouvrira la lucarne ?
Il y a un être entier dans la paume de nos mains
Et nous ne voyons rien
Ou si peu −
les poètes.
UN MONDE UNE NUIT UN MOT
L’éphémère à l’éternité
L’enveloppe au ciel
Au coeur la raison
Rendue entre deux escales
Traçait l’enchantement
Sur les neiges d’antan
Le voeu fou
D’un grand vent
Goutte à goutte
La littérature et le reste
Effaçaient l’intrus
Que nous étions devenus
Un monde une nuit un mot
Au sombre sommet du jour
Nous valait ce charme
Bruno Thomas
Le monde aurait-il
tellement besoin de poèmes ?
N’aurait-il pas plutôt
besoin d’hommes heureux ?
Les collines d’ocre et d’or
dilatent le regard,
et nos yeux plongeraient par-delà
les regrets et les morts,
à l’heure où se saigne le soleil
par-dessus les vergers
en fleurs .
Nos pas nous porteraient encore
vers ce qui dure
dans l’azur de nos coeurs.
Bernard Perroy
Mon père était un positiviste convaincu, compagnon de route de la pensée scientiste d'Auguste Comte. Il appréciait particulièrement le côté égalitaire de la peine de mort sous le couperet de la guillotine.
Cette dernière devait lui rendre son amitié au centuple.