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Critiques de Maryse Condé (354)
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

c'est trop touffu, il aurait fallu élaguer. trop de personnages, et trop de situations.et retournements de situations, souvent pas crédibles.

On ne comprend pas bien le statut des esclaves. Les personnages, un jour esclaves, trois pages plus loin richissimes.

Je ne suis pas allée jusqu'au bout. trop embrouillé
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Moi, Tituba sorcière



La première fois que j’ai entendu parlé de Maryse Condé c’était il y’a quelques semaines. Un chroniqueur parlait dans son podcast des œuvres prolifiques de Maryse, il s’attristait qu’elle soit s’y peu connue, en disant qu’elle méritait le titre de monument de la littérature.



Il ne m’en fallait pas plus pour commander ce livre. Une belle découverte. Une histoire poignante sur l’esclavage, la place de la femme noire, libre puis esclave, subissant les pires vices de l’époque sur fond fantastique. Cette terrible époque, où les noirs étaient traité comme du bétail, où être une femme esclave était encore pire que d’être un homme esclave. Une époque pas si lointaine que ça, alors que certains aimeraient la jeter aux oubliettes. L’auteure nous montre ce qui a été effacé.



J’ai aimé Tituba, j’ai compris ses faiblesses, ses choix. J’ai espéré avec elle, j’ai prié avec elle pour qu’elle retourne sur ses terres. Je voulais tellement qu’elle soit heureuse. Je n’oublierai pas Tituba.





La facilité avec laquelle j’ai lu ce livre m’a étonné ! La plume de Maryse est fluide, fine et belle malgré les moments crus.



Je suis ravie d’avoir découvert Maryse Condé, qui d’ailleurs est décédée il y a peu de temps (paix à son âme). J’ai hâte de découvrir d’autre livre de sa bibliographie
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Le coeur à rire et à pleurer

J'ai peu lu Maryse Condé et c'était il y a longtemps. J'ai donc eu l'impression de redécouvrir complètement cette autrice récemment disparue avec ce livre de souvenirs.



Elle y décrit son enfance en Guadeloupe, dans les années 50, dans une famille éduquée, parlant parfaitement le français et fière de sa position sociale.



La narratrice est la dernière de huit enfants. Le père est vieillissant, fonctionnaire imbu de sa personne, intransigeant. La mère est dure, méprisante envers plus faible qu'elle, pieuse à l'excès.



La narratrice se révèle assez vite désobéissante, révoltée, trop franche, disant ce qu'elle pense sans filtre. Elle se fait détester à l'école, ne comprend pas ceux qui l'entourent. Elle se réfugie souvent auprès de son grand frère Sandrino, qui lui donne des explications "Papa et maman sont une paire d'aliénés".



Il faudra du temps avant que la petite fille se rende compte qu'elle est noire dans une société coloniale où c'est une position très inférieure. Un jour à sa grande surprise, elle se fait battre par une fillette blanche, sous le seul prétexte qu'elle est "une négresse".



Chaque chapitre aborde une histoire différente, dans l'ordre chronologique. L'enfant n'est pas heureuse, trop incomprise, trop rebelle, l'atmosphère familiale est étouffante. Nous suivons son évolution jusqu'à son arrivée en France, adolescente, en hypokhâgne et à la Sorbonne. Elle n'y fera pas grand chose, préférant s'engager en politique en compagnie d'étudiants haïtiens et africains.



Elle a rejeté sa famille, sa relation à sa mère s'est complètement détériorée. A la fin, une scène bouleversante montre la mère et la fille aussi désespérées l'une que l'autre de cette relation ratée.



La narratrice tombe amoureuse à Paris et s'engage résolument dans une voie qui sera apparemment pavée d'épreuves.



L'écriture est fluide, la lecture agréable. Je l'ai trouvée seulement un peu trop courte, j'aurais aimé continuer.
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Le coeur à rire et à pleurer

J'ai découvert Maryse Condé à l'annonce de sa mort, comme j'avais découvert Gisèle Halimi dans les mêmes circonstances ... et j'ai regretté de le pas connaître cette autrice, qui parmi d'autres, porte la voix des femmes noires en France.

Cette lecture m'a permis de découvrir les Antilles des années 50 travers le regard d'enfant de Maryse, sa relation à ses parents et ses frères et soeurs (ils sont 8 en tout mais elle n'évoque que Sandrino ; où sont les autres ?).

C'était une belle découverte. J'ai hâte à présent de découvrir ses livres plus politiques / militants.
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Moi, Tituba sorcière

L'histoire de Tituba est triste mais correspond à l'époque. Parmi les thèmes du livre: la violence, la cruauté, l'avortement vu comme protection contre l'esclavage, l'injustice, la trahison, le mensonge. J'ai retrouvé "Beloved" de Toni Morrison.

Née d'une mère violé par un blanc et puis pendue, elle se rapproche d'une initié, Man Yaya, qui lui apprend le pouvoir des plantes et à communiquer avec les âmes, l'invisible. Tituba tombe amoureuse de John l'Indien et sa vie prend un autre tournant.

C'est une femme qui affirme haut et fort ce qu'elle est et ce qu'elle veut. Ce qui lui crée beaucoup de soucis. Elle apprend peu à peu à vivre avec dans la prison et à trouver des ressources du point de vue psychologique. Le dialogue avec sa compagne de cellule, Hester, lui fait du bien. Elle se rappellera longtemps ses paroles: "- Tu aimes trop l'amour, Tituba!" Pg 260.

À sa sortie du prison elle est achetée par Benjamin Cohen d'Azevedo. Après quelques années celui-ci lui rend sa liberté et arrive à retourner dans son pays natal bien aimé. Mais ce n'est pas ce qu'elle pense trouver.
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Moi, Tituba sorcière

Ce livre dont le titre complet est "Moi, Tituba sorcière...Noire de Salem" est paru pour la première fois au Mercure de France en 1986. Il s'agit pour moi d'une relecture.

L'histoire débute au XVIIe siècle à la Barbade, une île antillaise faisant partie des colonies britanniques.

La petite Tituba apprend très vite qu'elle est le fruit d'un viol, sa mère Abena a été en effet violentée par un des marins anglais sur le bateau négrier qui la menait vers les Antilles. Abena n'aime pas sa fille et ne lui témoigne aucun signe d'affection. La petite fille se réfugie auprès de Yao le nouvel amant de sa mère qui va beaucoup s'attacher à elle. Mais Abena blesse gravement le maître blanc qui veut abuser d'elle. Elle sera pendue sous les yeux de Tituba...Peu après, Yao est vendu et se suicide durant son transfert.

Tituba est alors recueillie par une vieille femme, Man Yaya, qui connait les simples et va lui transmettre tout ce qu'il faut savoir sur les plantes. Elle lui apprend aussi à communiquer avec les morts. A sa mort, Tituba n'a que 14 ans mais va se construire une case en pleine nature, à l'écart du village, elle est libre, elle n'appartient à personne. Un jour, elle tombe sous le charme de John l'Indien, un esclave bien traité par sa maîtresse, Susanna Endicott. Par amour pour lui et parce qu'elle se marie, elle renonce à sa liberté. Elle va subir de nombreuses humiliations et finir par provoquer (pour se venger) une maladie invalidante chez sa nouvelle maîtresse. Cette dernière qui a eu peur de perdre la vie à cause de Tituba et de ses pouvoirs, sans en avoir de preuve, vend le couple à un mystérieux et austère pasteur, Samuel Parris, qui va les emmener bien loin de la Barbade, jusqu'à Boston, puis jusqu'à la petite ville de Salem.

Là-bas, le destin de Tituba la rattrape : elle inquiète beaucoup les habitants de cette petite communauté puritaine, d'autant plus qu'un mystérieux mal se répand chez les enfants qui piquent des crises d'hystérie sans aucune raison apparente. L'hystérie collective gagne... Tituba est alors accusée de sorcellerie, avec pour complices deux autres femmes de la communauté, Sarah Good et Sarah Osborne, mais elles deux sont... blanches.



Voilà un roman qui mêle fiction, littérature et histoire. Tituba et Samuel Parris ont réellement existés. Hester Prynne qu'elle rencontrera en prison et qui la conseillera habilement est un personnage emprunté à la littérature ("La Lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne). Les autres personnages sont de pures inventions.

L'autrice s'appuie sur des éléments réels et connus de la vie de Tibuba. Elle a été en effet l'esclave de Samuel Parris. Elle a été accusée d'être une des sorcières lors des procès ayant eu lieu à Salem (Danvers aujourd'hui) en 1692. Plus de cent quarante femmes et hommes furent jugés lors de ces célèbres procès des Sorcières de Salem. A noter, les documents originaux de ces procès sont aujourd'hui conservés dans les Archives du Comté d'Essex.

Vingt seulement parmi les accusés seront exécutés. Les autres seront oubliés pendant deux ans au fond de leur prison puis amnistiés. Tituba faisait partie de ceux-là. On ignore la fin réelle de sa vie, on sait juste qu'elle a été à nouveau vendue, mais à qui ? C'est pourquoi l'autrice a inventé la fin.

Maryse Condé a voulu à travers son roman, réhabiliter ce personnage oublié de l'histoire, lui permettre de retrouver l'amour, de retrouver sa liberté, puis son pays natal. C'est un personnage attachant dont nous allons suivre la vie amoureuse et amicale ce qui ajoute beaucoup d'humanité à ce roman.

Le lecteur découvre le déroulement des procès des Sorcières de Salem et l'ambiance particulièrement hystérique dans laquelle ils ont eu lieu. On découvre aussi les actions des nègres Marrons et les premières révoltes des esclaves lors du retour (fictif) de Tituba dans les Antilles.

Tituba, à cause de sa couleur de peau et de ses connaissances connaitra le racisme, le fanatisme et l'intolérance elle qui voulait avant tout se dévouer aux autres, les soigner, soulager leurs souffrances. Elle deviendra le symbole de ce qui a été également le vécu de milliers de femmes noires, qui ont toutes été comme rayées de la grande Histoire par les historiens eux-mêmes.

Ce roman qui se déroule au XVIIe siècle, revêt une intemporalité étonnante, car il nous parle avant tout de la condition des femmes noires et des esclaves à l’époque coloniale mais aussi des croyances populaires et de l'emprise de la religion sur les mentalités de l'époque, une emprise qui existait aussi en Europe entrainant une peur irrationnelle des sorcières et de la sorcellerie (et donc du diable bien entendu).


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Le coeur à rire et à pleurer

C’est une belle lecture qui transmet des messages forts. Mais je n’ai pas ressenti cette vibration qu'a voulu transmettre l'auteure. J’espérais également qu’elle m’aiderait à réfléchir sur les problèmes sociaux dont il est question, mais là aussi c’est un échec.
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Ségou, tome 2 : La Terre en miettes

1863 - Ségou est islamisée mais les intrigues et rivalités s'y trament encore



tous les pays musulmans voisins, des médiateurs s’étaient proposés pour mettre fin à la querelle entre

Toucouleurs et Peuls. En vain. Et Ségou était l’un des enjeux de ce conflit.



les rois Bambaras sont défaits et contraints de quitter la ville .



Le bon peuple de Ségou s’assembla devant le palais d’Ali Diarra pour voir brûler les fétiches. Comme c’était la deuxième ou troisième fois qu’une opération de ce genre se produisait, il n’était guère ému, sachant que les fétiches se rient du feu, même de celui d’Allah.



Les Traoré, musulmans ou fétichistes, ont perdu la proximité avec le pouvoir politique des Diarra mais la concession reste prospère avec ses champs cultivés par des esclaves. Elle reste l'aimant qui va attirer les descendants dispersés des fils de Dousika à travers l'Afrique de l'Ouest : Omar, le fils de Mohamed, à la recherche de son père et Dieudonné, le fils d'Olubunmi, recueilli sur le fleuve par des français. Fils sans pères, déboussolés accueillis comme des fils prodigues dans la concession des Traoré. De sangs mélangés de Peul, Bozo ou même marocain, l'appartenance au clan Traoré les renvoie à l'identité bambara.



El-Hadj Omar resta seul. Pendant un moment, il lui sembla qu’il ne savait plus pourquoi il combattait. Les

premières années, tout était clair. Il fallait purifier et rénover l’islam, rendre la chaleur et la virulence à une foi qu’affaiblissaient les querelles de clans et les oppositions entre provinces. Il fallait convertir les païens, leur mettre sur les lèvres la phrase sublime : — Il n’y a de Dieu que Dieu ! Mais, à présent, que se passait-il ? Voilà qu’au nom des nationalismes, des résistances s’organisaient ! Les hommes défendaient leurs territoires, leurs dynasties, leurs parentés et n’acceptaient pas qu’à l’est du fleuve Sénégal s’étende un même empire dont le souverain serait Dieu. Beau rêve si difficile à réaliser ! Idéal que rendaient inaccessible la petitesse et la

mesquinerie des esprits ! Mohammed lui-même avait été dans l’incapacité de comprendre cela !



Dans ce livre les conflits nationaux divisent l'unité illusoire que la croyance commune en l'Islam aurait fédéré.



Sur la côte, à Saint Louis du Sénégal, la colonisation française s'organise



Alors que Saint-Louis, avec l’abolition de l’esclavage, périclitait, un gouverneur énergique débarquait, animé du grand dessein de doter la France d’un empire colonial en Afrique de l’Ouest, qui avait fait ses preuves en Algérie : Faidherbe.



Dieudonné, recueilli avec ses frères par des français va à l'école française. L'armée française recrute des africains dans ses rangs, certains attirés par l'aventure, d'autres par des honneurs illusoires, tous se laissent corrompre par l'alcool abondant dans les cantines militaires.



Si, les premiers temps, les Français étaient partout accueillis avec une curiosité tolérante, la révolte s’était vite déclenchée contre eux. C’est que, après des simulacres d’accord avec les anciens, ils s’appropriaient les terres, forçaient à cultiver des plantes dont on ne voyait pas l’utilité et à tracer des routes qui ne menaient nulle part.



Pour asseoir leur pouvoir, les Français utilisent les rivalités entre les ethnies, arment les uns contre les autres, vendent les fusils efficaces contres lances et arcs traditionnels. Dans leur rivalité contre le pouvoir musulman intégriste Toucouleur, les Bambaras rêvent d'acquérir des armes modernes.



Omar, musulman, rêve d'unité contre les incirconcis français. Il prend même la tête d'une armée qui le prend pour le madhi



Nous sommes un. Un. Qu’il n’y ait plus ni Peul, ni Toucouleur, ni Bambara, ni Sonraï, ni Bozo, ni Somono, ni Sarakolé, ni Malinké, ni Dogon, ni Arma, ni Touareg. Nous sommes un. Ces terres sont nôtres. Et le Blanc, ses

canons, ses canonnières et son cheval de fer est un intrus qui doit partir.



les canonnières auront raison des remparts de Ségou.



Loin de Ségou, les descendants des esclaves brésiliens revenus en Afrique, christianisés,  à Lagos les descendants de Naba (le fils razzié lors d'une chasse au lion). Eucaristus, le pasteur,  a épousée la descendante jamaïcaine des esclaves marrons et eut un fils Samuel. Samuel a rêvé de la révolte des marrons qui n'ont jamais accepté l'esclavage. Il parvient en Jamaïque. Désillusion!



Ma première lecture de Ségou, il y a une vingtaine d'année avait mis la lumière sur les coutumes africaines, les peuplements, le mode de vie. les guerres récentes au Mali qui s'étendent maintenant aux états voisins donnent un intérêt renouvelé à cette histoire.
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A la Courbe du Joliba

Après avoir lu Moi, Tituba, sorcière j’ai découvert cet autre livre de Maryse Condé, un livre pour la jeunesse, très joliment illustré par Letizia Galli, avec des dessins aux couleurs chaleureuses.



L’autrice emmène ses jeunes lecteurs en Afrique de l’Ouest, elle leur fait découvrir cette région et ses problèmes en leur narrant l’histoire d’une famille contrainte à se diviser et à s’exiler.



Suite à la guerre en effet, le père de famille part combattre, son épouse doit alors quitter la Côte d’Ivoire avec ses trois filles pour se réfugier au Mali.



Maryse Condé donne à ses lecteurs quantité d’informations sur l’Afrique, ils s’imagineront sur les marchés et sur le bateau navigant sur fleuve Joliba, ils élargiront considérablement leur vocabulaire spécifique à ce continent, des notes en fin de page donnant heureusement l’explication des mots nouveaux.



De nombreux thèmes sont abordés : la guerre qui sépare les familles, l’exil, le passage des frontières, la relation entre les parents et leurs enfants, la rencontre enrichissante avec d’autres personnes, d’autres classes sociales, d’autres cultures, le besoin de s’affranchir des adolescents.



Au début de l’ouvrage un plan colorié permet de visualiser le chemin parcouru.



C’est évidemment un voyage qui marquera les trois enfants, la dernière phrase du livre l’illustre :

“Ce qui se profilait au bout de la courbe du fleuve, c’était l’adolescence, ses périls et ses joies.”



J’ai apprécié ce parcours initiatique, j’ai apprécié ce portrait de l’Afrique, j’ai beaucoup apprécié le style imagé de Maryse Condé :

“Le soleil bondissait dans la pièce comme si pendant trop longtemps l’ombre l’avait tenu en laisse”



J’ai aimé ce livre et ai déjà décidé d’en faire profiter une petite fille cet après-midi ! Je m’en réjouis déjà !

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En attendant la montée des eaux

Mon premier roman de Maryse Condé : un coup de foudre. On plonge dans l'univers mystérieux d'un médecin africain fils d'une mère aux yeux bleus, bousculé par l'histoire qui l'amène du Mali à Haïti où il part à la recherche de la famille de sa fille avec des compagnons tiraillés entre leurs origines, leur besoin d'amour et leur instinct de survie dans le chaos d'Haïti. C'est foisonnant, émouvant, magique et dévoile une réalité des Antilles liée au trafic des esclaves africains où les humains survivent entre la violence des hommes et la beauté cruelle de la nature.
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Le coeur à rire et à pleurer

C'est le premier livre de Maryse Condé que je lis pour l'heure et que dire... j'ai adoré.



J'ai adoré la simplicité et l'authenticité du récit, le tempérament quelque peu fantaisiste de l'autrice que je crois avoir décelé entre les lignes, les références culturelles, les créolismes qui constituent l'une de nos particularités à nous autres Antillais, et que nous avons la plupart du temps tendance à censurer...



C'est la première fois que je lis un auteur antillais qui y a recours. Et quel bonheur !



J'ai aimé l'approche structurée du récit, construit sous forme de chapitre, avec des titres aussi énigmatiques qu'évocateurs. J'ai aimé la transparence dont semble faire preuve l'autrice, qui n'hésite pas à nous dévoiler des anecdotes saugrenues et parfois même franchement gênantes mais qui nous rapprochent un peu plus d'elle et font finalement toute la beauté, la singularité du récit, à la tonalité quelque peu désinvolte, cynique.



J'ai apprécié le portrait a priori très réaliste que Maryse Condé semble dépeindre d'elle-même en tant que dernière née, enfant gâtée, jeune femme érudite, blasée par son existence mais assoiffée de liberté.



Enfin, j'ai adoré et me suis retrouvée dans ce portrait qu'elle dresse de sa Guadeloupe natale qu'elle ne connaissait pas tant que ça mais qui pourtant lui collait à la peau, dans ce récit qu'elle fait d'elle même quand elle s'avoue volontiers paumée et terriblement seule, incomprise, en quête de sa propre identité à une époque où tout n'est que parade, mépris et injonction.



Vivement le prochain !
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Moi, Tituba sorcière

Après le décès de Maryse Condé mon Club de Lecture a choisi pour sa prochaine réunion, en hommage à l'autrice, "Moi, Tituba sorcière..."



Comme beaucoup j'avais entendu parler des Sorcières de Salem mais je ne m'y étais jamais vraiment intéressée. Le procès s'est déroulé de février 1692 à mai 1693.



Tituba, fille d'une esclave, est née à la Barbade Elle est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Tituba et John Indien, son mari, sont vendus au pasteur Samuel Parris qui les emmène en Amérique, à Boston puis à Salem village.



En 1692 des jeunes filles accusèrent des concitoyens de les avoir envoutées et d'être des sorciers. Près de cinquante personnes, dont l'esclave Tituba, seront accusées. Pour ne pas être condamnée et pendue Tituba avouera et dénoncera. ( un extrait de la déposition de Tituba est repris dans le roman). Elle restera en prison jusqu'à l’amnistie générale puis sera vendue pour payer les "frais" de prison.



L'autrice s’inspire dans la première partie de son roman de faits et événements historiques . Pour la dernière partie Maryse Condé écrit " je lui ai offert ,quant à moi, un fin de mon choix.".



Basé sur des personnages et évènements réels, ce roman reste une fiction. Récit vivant, écrit à la première personne. Tituba en est la narratrice. C'est une héroïne attachante, généreuse, courageuse et sensuelle.
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Moi, Tituba sorcière

C’est un roman historique car il se base sur un épisode réel : le procès des sorcières de Salem, le personnage de Tituba a existé, ses réponses aux interrogatoires figurent dans les pièces du procès.



C’est évidemment romancé car l’on sait peu de choses sur Tituba, son personnage n’ayant pas retenu l’attention des historiens, elle cumulait les défauts d’être noire et d’être femme.



C’est un roman aux accents de la Caraïbe, son autrice est née à la Guadeloupe ; à travers son héroïne, elle nous parle de la Barbade, de ses plantations, de la vie insupportable des Noirs tenus en esclavage, et de leur transfert aux Etats-Unis.



Tituba nous raconte elle-même son histoire et dès les premières lignes, le ton est donné :

„Abena, ma mère, un marin anglais la viola sur le pont du Christ the King, un jour de 16** alors que le navire faisait voile vers la Barbade. C’est de cette agression que je suis née. De cet acte de haine et de mépris.”



J’ai aimé ce personnage de Tituba, son attachement aux esprits et ses pouvoirs de guérison, une sorte de sorcière qui veut apporter le bien - „la sorcière corrige, redresse, console, guérit… „ - , une femme consciente de l’injustice de son monde, où règne l’esclavage et où les femmes sont assujetties aux hommes, un femme aimant les plaisirs de la chair :

„Je voulais qu’il me touche. Je voulais qu’il me caresse. Je n’attendais que le moment où il me prendrait et où les vannes de mon corps s’ouvriraient, libérant les eaux du plaisir”,



Une femme capable d’imaginer l’Amérique future :

„Je savais que, de plus en plus nombreux, les négriers venaient accoucher sur ses côtes et qu’elle se préparait à dominer le monde, grâce au produit de notre sueur. Je savais que les Indiens étaient effacés de sa carte, réduits à errer sur ces terres qui avaient été les leurs.”/



Ses dialogues avec les esprits qu’elle invoque sont réjouissants, elle s’y fait souvent tancer pour ses décisions malencontreuses, et particulièrement pour ses passions amoureuses pour des hommes qui ne la méritent pas.



C’est un roman politique, qui critique la société américaine, de son puritanisme et de son racisme, qui donne la parole aux Noirs, qui donne à la femme le beau rôle, Maryse Condé n’hésitant d’ailleurs pas à faire côtoyer Tituba en prison avec Hester Prynne, l’héroïne de La Lettre écarlate, emprisonnée pour adultère qui lui dira „Blancs ou Noirs, la vie sert trop bien les hommes !”



Les épisodes tragiques sont nombreux mais Tituba nous les relate sans pathos.



J’ai été captivé par cette lecture, non dénuée d’humour, qui m’a fait découvrir un monde nouveau.

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Moi, Tituba sorcière

Belle plume et belle histoire, j’ai adoré 😊



Découverte à l’occasion de sa disparition récente, cette auteure mérite vraiment d’être lue, et je pense enchaîner sur Ségou.



Peu fan d’ésotérisme habituellement, cette histoire de sorcière, dont la toile de fond est véridique, m’a emmené sans discussion aucune du début à la fin.



De nombreux rebondissements, de nombreux personnages nous accompagnent jusqu’au dénouement, et j’ai bien envie de relire la pièce de théâtre de Arthur Miller consacrée aux sorcières de Salem (mais où Tituba n’est même pas citée je crois).

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En attendant la montée des eaux

Un roman bienveillant à l'écriture magnifique de Maryse Condé. Le destin de 3 personnages charismatiques et semblables malgré leurs différences . Ce livre fait du bien , il nous

réconforte et nous redonne espoir dans l'Homme. Le passé même difficile nous construit et jette les fondements de notre futur si peu que nous trouvions les bonnes " âmes"



Et en toile de fond la triste réalité des Antilles tantôt secouées par les cyclones régulièrement soumises à la corruption de leurs gouvernants et toujours dans la pauvreté et l'errance.



En plus de l'écriture poétique de l'autrice, nous retrouvons ici toute la magie des contes et légendes africains et antillais.



Ce roman est foisonnant , on peut s'y perdre ...



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Moi, Tituba sorcière

« Tituba et moi avons vécu en étroite intimité pendant un an . C’est au cours de nos interminables conversations qu’elle m’a dit ces choses qu’elle n’avait confiées à personne ».

Maryse Condé introduit son récit par ces quelques mots, signifiant sa volonté d’écrivaine de donner vie par la fiction à Tituba. Elle fait sa rencontre dans les archives des procès pour sorcellerie qui ont marqué l’histoire de la communauté puritaine de Salem à la fin du 17ème siècle. Tituba, esclave noire venue de la Barbade y comparait, mais aucun historien ou écrivain, n’a jugé bon de s’intéresser à elle. Ainsi dans les choix culturels effectués par des générations d’hommes blancs, la négation d’une femme, noire, esclave, prend tout son sens en terme d’exclusion et d’oubli volontaire.

Maryse Condé s’empare de Tituba pour lui donner un corps, une pensée, une enfance, un devenir. Le portrait qu’elle réalise dans son récit est un pamphlet profondément féministe, elle reprend en outre l’héritage de Frantz Fanon en inscrivant son personnage dans une conscience progressive de son identité d’exclue, qui l’ouvre à la révolte.

La force du récit de Maryse Condé tient à la narration elle même, à la première personne, qui fait endosser par l’auteure la vie et l’histoire de son personnage. Tituba raconte ainsi l’accumulation des marques de l’asservissement, du viol dont elle est née à toutes les violences qui jalonnent sa vie: la pendaison de sa mère, les amitiés transfuges qui se retournent contre elles, la violence des hommes, la négation de son existence au sortir de la prison…Tituba progressivement ouvre les yeux sur la réalité de sa condition, elle tente de choisir contre vents e marées, une forme de liberté qui l’isole des autres: sa case en marge des plantations et des demeures d’esclaves, son initiation aux mondes occultes par Man Yaya, son désir pour John Indien qu’elle assume, son amour pour Iphygène dont elle devient l’égale dans la révolte.

La mort par pendaison de Tituba à la Barbade revêt ainsi une portée messianique, annonciatrice de toutes les révoltes à venir.

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Ségou, tome 2 : La Terre en miettes

Dans la seconde moitié du 19° siècle, les enfants et petits-enfants des personnages principaux du premier tome sont des témoins plus ou moins directs de la chute du royaume de Ségou et de l’expansion coloniale des Européens.



En 1861, Ségou passe sous le contrôle des Toucouleurs musulmans et de leur chef El-Hadj Omar. Dans la guerre qui les a opposés à ces conquérants, les Bambaras animistes se sont alliés aux Peuls musulmans. Mohammed, le fils de Tiékoro, a perdu une jambe à la bataille de Kassakéri (1856). Après lui son fils Omar lutte aussi pour l’indépendance de la ville de ses ancêtres. Père et fils sont tous deux des musulmans convaincus, tentés par l’ascétisme et qui vivent très mal les combats entre musulmans.



Samuel, le petit-fils de Naba, a fui le domicile familial de Lagos à 15 ans après la mort de son père. Il a attaché ses pas à ceux de Hollis Lynch, un mulâtre antillais, doux rêveur qui a le projet de créer « un Etat nègre, souverain, fertilisé de la sève de ses enfants d’Amérique et des Antilles ». Lynch est un ancien ami d’Edward Blyden, ancêtre du panafricanisme.



Ce second tome est celui de tous les malheurs pour les protagonistes, comme si une malédiction pesait sur les Traoré et que la chute de la famille accompagnait celle de Ségou. L’empire toucouleur est bientôt menacé par la colonisation française. Face aux exactions des Blancs commence à émerger, chez certains personnages, la conscience d’une nécessaire alliance entre tous les musulmans, voire même entre tous les Africains. Ce sont ces aspects qui m’ont le plus intéressée.
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Le coeur à rire et à pleurer

La petite Maryse grandit à Pointe-à-Pitre dans les années 1950, au sein d'une famille aisée. Dernière de la fratrie, elle est l'enfant que l'on n'attendait plus. Grâce à leur mérite, ses parents sont devenus des notables qui glorifient la culture française et rejettent totalement leurs racines africaines. Maryse est chérie, gâtée et bénéficie d'une éducation très "vieille France". C'est une élève brillante et passionnée de littérature. Mais la petite fille modèle étouffe dans ce milieu un peu trop bourgeois. Elle devient une adolescente rebelle puis une jeune adulte solitaire et taciturne qui aura bien du mal à trouver un sens à sa vie et une place dans la société...
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Le coeur à rire et à pleurer

Souvenirs d'enfance & surtout d'adolescence mais filtrés par la vie .............

Une lecture facile mais savoureuse qui complète très bien l'ouvrage sur sa Grand'mère Victoire : https://www.babelio.com/livres/Conde-Victoire-les-saveurs-et-les-mots/240700#!





A conseiller pour rentrer dans l'univers de Maryse Condé
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

C'est une relecture. Lu avant le premier voyage au Bénin. J'ai repris ce livre avec les souvenirs de nombreux voyages où se déroulent l'histoire et les développements géopolitiques actuels.



Une saga familiale



Ségou est au Mali sur les bords du Niger appelé ici Joliba. 



La saga de la famille de Dousika Traoré commence à la fin du XVIIIème siècle avec l'arrivée d'un blanc qui ne sera pas admis dans les murs de la ville. Dousika est un noble bambara, fétichiste, bien en cour, père de quatre fils. 



Son aîné, Tiekoro, se convertit à l'Islam et part étudier à Tombouctou. Son père ordonne à son frère Siga, fils d'une esclave, de l'accompagner. A Tombouctou, les deux frères ne sont pas bien accueillis. Tiekoro, musulman et lettré, devra faire ses preuves. Siga, rejeté par son frère, devient  ânier, puis gagne la confiance d'un marchand, qui l'envoie à Marrakech et Fès où il apprend les techniques des tanneurs et des maroquiniers. Il y rencontre Fatima, une mauresque, qu'il enlève pour l'épouser et fonde une famille. Sans rancune, il héberge Tiekoro et sa femme Nadié quand il vivra un revers de fortune



Le troisième fils, Naba, est razzié au cours d'une chasse et vendu comme esclave. Nous le retrouvons à Gorée, jardinier d'une signare, baptisé Jean Baptiste. Il suit une jeune esclave Ayodélé/Romana, au Brésil.  Elle lui donne trois enfants mais il va mourir mêlé à une rébellion. Romana rachète sa liberté et retourne en Afrique au Dahomey. Les Brésiliens (anciens esclaves au Brésil, catholiques ayant pris des noms brésiliens) forment une classe sociale très respectées à Ouidah. C'est là qu'aboutit après une longue errance le plus jeune fils : Malobali. Confondue par sa ressemblance avec Naba, Romana l'épouse....Olubunmi leur fils arrivera à Ségou, et la boucle sera bouclée.



Si vous avez peur de vous égarer dans tous ces personnages et ces noms, un arbre généalogique est prévu! Il n'est pas nécessaire, chacune des histoires se présente presque indépendante, l'une de l'autre. C'est un plaisir de suivre toutes ces aventures.



Géographie et histoire : 



Ségou, la ville et ses palais, est le centre du roman. C'est une ville commerçante, animée. Son roi, le Mansa, est au nœud des alliances et des équilibres politiques entre différentes ethnies, Bambara, mais aussi Peules et plus loin Touaregs, Haoussas. La conquête musulmane est au centre de l'histoire. Au début du roman, les musulmans ont déjà quelques mosquées à Ségou mais ils sont minoritaires. La 5ème partie du livre s'intitule "Les Fétiches ont tremblé" , le roi fait appel à une faction musulmane pour en combattre une autre. On voit plusieurs courants, plusieurs confréries,  certaines rigoristes combattant les plus tièdes. Le Djihad est en marche.



Du côté de la Côte Atlantique, catholiques européens mais aussi Brésiliens et protestants britanniques ou africains se livrent une belle concurrence. Les intérêts marchands et coloniaux sont transparents sous le prétexte religieux.



L'esclavage est aussi un thème fort du roman. Les esclaves sont partout. Pas seulement la Traite Atlantique racontée dans les pérégrinations de Naba et de Romana de Gorée au Brésil puis à Ouidah où on croise un curieux personnage, riche commerçant négrier Chacha. Cependant, les esclaves sont partout, du Maroc à Ségou. Esclave, la mère de Siga et Sira, la Peule, prise de guerre, concubine. A Ségou, des esclaves travaillent dans le champs, dont on ne parle pas. 



Maryse Condé n'a pas oublié les femmes, les mères et la plus majestueuse Nya. Elle n'en fait pas des objets de convoitise et de désir des hommes bien qu'ils se comportent souvent en prédateurs et violeurs. Chacune a sa personnalité, sa fierté même si , deux fois, cela aboutit à la solution affreuse de se jeter dans un puits. 



Maryse Condé est une merveilleuse conteuse qui m'a embarqué sur près de 500 pages qui se tournent toutes seules. Attention, roman d'aventure addictif!



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