L'homme et la femme sont tellement uns, que si l'homme est plus que la femme, la femme est plus que l'homme.
Ajoutons que celui qui défend un puissant et riche en mauvaise cause, non seulement ne défendra pas un faible et pauvre en la bonne, mais il donne à croire à ce riche et puissant, qu'il l'abandonnera lui-même de pur mépris et sans aucun intérêt, s'il devient pauvre et faible.
Au surplus, l'animal humain n'est homme ni femme, à le bien prendre, les sexe étant faits non simplement, ni pour constituer une différence d'espèces, mais pour la seule propagation. L'unique forme et différence de cet animal ne consiste qu'en l'âme humaine.
La plupart de ceux qui prennent la cause des femmes, contre cette orgueilleuse préférence que les hommes s'attribuent, leur rendent le change entier, renvoyant la préférence vers elles. Moi qui fuis toutes les extrémités, je me contente de les égaler aux hommes, la Nature s'opposant pour ce regard autant à la supériorité qu'à l'infériorité.
Il n'est pas nécessaire d'exprimer ici, que ce que la raison nous enjoint de pratiquer nous-mêmes, elle nous enjoint aussi à le faire pratiquer à nos amis et au prochain, si nous pouvons, car on sait assez que les lois civiles et philosophiques nous tiennent coupables du mal que nous n'empêchons ou ne corrigeons pas de tout notre pouvoir, et coupables nous tiennent encore ces dernières, du bien que nous ne faisons pas faire, s'il est en notre puissance.
Il faut donc apprendre à ces sots amis, que le premier, le plus inviolable et le plus précieux devoir qu'ils puissent rendre aux personnes qu'ils chérissent, consiste en la vive réprimande de leurs erreurs, folies, insolences et en la correction de leurs cervelles et de leurs mœurs ; le second à maintenir leur repos une des principales branches duquel est la pacification de leurs querelles, s'ils en ont, comme ils en ont communément parmi tels jeux.
À quelque chose sert le malheur : les suffisances et les vertus de notre siècle ne nous pouvant guère fournir matière d'écrire, à l'aide de ses qualités contraires nous avons amplement de quoi composer des livres.
Ils pourront retenir au surplus un dangereux mot de très bonne maison : Qu'il n'appartient qu'aux plus malhabiles de vivre contents de leur suffisance, regardant celle d'autrui par-dessus l'épaule, et que l'ignorance est mère de présomption.
Si les avertirai-je en passant chemin qu'ils ne seraient jamais tyrans de la mauvaise fortune, s'ils n'étaient esclaves volontaires de la bonne, ni certes esclaves de cette dernière, s'ils ne l'estimaient valoir plus qu'eux.
Bienheureux es-tu, lecteur, si tu n'es point de ce sexe, qu'on interdit de tous les biens, l'interdisant de la liberté ; ajoutons, qu'on interdit encore à peu près de toutes les vertus, lui soustrayant les charges, les offices et les fonctions publiques : en un mot, lui retranchant le pouvoir, en la modération duquel la plupart des vertus se forment, afin de lui constituer pour seule félicité, pour vertus souveraines et seules, l'ignorance, la servitude et la faculté de faire le sot.