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Citations de Marcus Malte (796)


Regarde, fiston, parce qu'un jour tu ne verras plus. Ecoute, parce que tu n'entendras plus. Sens, touche, goûte, étreins, respire. Qu'au moins tu puisses affirmer, le moment venu, que cette vie qu'on te retire, tu l'as vécue.
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Et de grâce faites que le mystère perdure. L’indéchiffrable et l’indicible. Que nul ne sache jamais d’où provient l’émotion qui nous étreint devant la beauté d’un chant, d’un récit, d’un vers.
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Ils sont vaillants , ils sont pugnaces, ils sont intrépides, ils sont courageux, ils sont valeureux, ils sont tués. On leur érigera des mausolées. On y gravera leurs noms. On commémorera. Puis on oubliera.
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Joseph parle peu. Lorsqu'il s'exprime c'est par des sortes d'apologues qu'il délivre d'une voix grave, sans inflexions et fixant devant lui quelque chose qui ne se trouve pas là mais ailleurs, dans un autre cercle du temps. Et le garçon écoute. Si le sens de ces paroles lui demeure souvent inaccessible, leur sobre mélodie en revanche lui va droit au coeur. Elle le pénètre, elle le charge, elle le nourrit, et son coeur devient si plein et si gros que le garçon est souvent contraint d'élargir sa poitrine d'une vaste inspiration. Est-ce seulement le flux sonore qui lui cause cet effet ? Le rythme ? Les vibrations ? Il a déjà connu semblable sensation quand au crépuscule parfois il surprenait sa mère dans ses conversations solitaires. Il la connaîtra à nouveau plus tard à la faveur d'une mélodie particulière issue du pavillon d'un hautbois. Mais quoi ? Qu'est-ce exactement ? On l'ignore. Et de grâce faîtes que le mystère perdure. L'indéchiffrable et l'indicible. Que nul ne sache jamais d'où provient l'émotion qui nous étreint devant la beauté d'un chant, d'un récit, d'un vers.
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Ma grand-mère, qui m’a élevé, était une femme de bon sens. Elle disait toujours qu’il ne fallait pas mettre tous ses œufs dans le même panier, mais que le mieux était encore de planquer la poule.
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N'est-ce pas le propre de l'amour que d'éblouir et d'émerveiller ? De rendre divin ce qui ne serait qu'humain ? (p. 207)
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L’homme aime qu’on le berce, même si c’est d’illusions. L’homme aime s’endormir paisiblement et faire de beaux rêves, même s’il risque de ne plus se réveiller.
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D'infimes flocons se posent doucement sur lui, sur ses cils, sur ses joues, dans sa bouche: sa face d'ange saupoudrée de paillettes d'apocalypse.
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« La même erreur qu’on reproduit… C’est souvent là qu’est la source de nos maux : dans le refus de reconnaître nos erreurs. Et par conséquent de les corriger. »
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Dans les années 1920, DuPont (chimie), associé à General Motors (automobiles), associé à Exxon (pétrole) devient leader mondial pour la production et la vente de plomb tétraéthyle, un additif pour l’essence. Ce produit extrêmement toxique est aujourd’hui frappé d’interdiction à peu près partout dans le monde, mais durant des décennies il s’est répandu dans l’atmosphère, il a arrosé et contaminé la planète entière, on en trouve encore des traces sur toute la surface du globe, et dans les océans, dans l’écorce des arbres et jusque dans les glaces polaires. L’une de ses qualités est d’être quasiment indestructible. Il existait un produit de substitution, l’éthanol, qui était inoffensif et aurait pu jouer le même rôle que le plomb tétraéthyle, mais l’éthanol n’était pas brevetable, trop facile à fabriquer il n’aurait pas pu assurer la situation de monopole aux trois sociétés associées et aurait considérablement réduit leurs marges bénéficiaires. La santé pour tous ou les profits pour eux : il fallait choisir. On ne peut qu’admirer cette remarquable stratégie commerciale.
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Gorge renversée, il la vida d’un trait, sa coupe, puis – et c’est là que les avis divergent sur un point crucial – d’aucuns le virent dans le même mouvement basculer en arrière, tandis que d’autres le virent se projeter par-dessus la rambarde et disparaître dans l’obscurité. On comprend que ce n’est pas là qu’un menu détail lexical. Il s’agit de déterminer l’intentionnalité de la chose. Si Philip-Joseph a basculé, c’est un accident. S’il s’est projeté, c’est un suicide. La thèse de Michelle empruntait une troisième voie, que l’on dira intermédiaire. D’après elle, il avait bien dû y avoir propulsion (discrète) de la part de P.J., c’était donc un acte intentionnel, mais – et la nuance est de taille – il n’avait pas du tout, en revanche, l’intention de se tuer. Elle basait son raisonnement sur plusieurs propositions, les prémisses étant que 1/ il n’avait jamais exprimé ni fait montre de velléités suicidaires, et 2/ il n’avait aucun « intérêt » à mettre fin à ses jours. Les autres arguments étaient d’ordre plus technique : Phily-Jo mesurait 1,78 m et la hauteur de la balustrade était précisément de 103 cm (mesure effectuée par un expert de la compagnie d’assurance dans le but de démontrer la non-conformité de l’ouvrage), ce qui induit que le point de contact entre les deux se situait vraisemblablement au niveau des reins de l’homme et qu’il eût été par conséquent difficile de rompre l’équilibre et d’engendrer la chute sans faire l’effort d’exercer une poussée, de bas en haut, afin de défier la loi de la gravitation du père Newton (qui s’exercerait à nouveau sitôt le cap franchi). Ensuite, la terrasse elle-même ne s’élève qu’à quatre mètres, et les probabilités pour qu’une chute de cette hauteur soit mortelle sont d’environ 11,7 %, ce dont ne pouvait n’avoir pas tenu compte un esprit scientifique tel que celui de P. J. Si son but était réellement de mourir, il avait peu de chances de l’atteindre de cette manière. De plus, il était en parfaite condition physique, souple, mince, c’était un gymnaste accompli qui avait brillé dans cette discipline durant toutes ses années de collège et au-delà. Il était parfaitement capable, me dit Michelle, d’exécuter un double salto arrière et de retomber sur ses pattes sans broncher (elle l’avait vu de ses yeux !). Et c’était exactement, selon elle, ce qu’il comptait faire : se laisser choir dans le vide et se réceptionner sans dommage. Si son plan avait échoué, si l’issue en avait été fatale, ce n’était dû qu’à la présence inopinée d’une Rolls-Royce Silver Shadow sous la terrasse (probabilités de 0,006 %, ô ironie du sort), devant l’entrée du Turtle Mansion & Lounge, à l’endroit précis où il devait atterrir. Nul véhicule n’était censé stationner à cet emplacement, mais l’auto appartenait à Mrs Ephraïs, richissime cacochyme de 101 ans, cliente de l’établissement depuis six décennies, à laquelle était accordée l’autorisation exceptionnelle de faire venir son chauffeur jusque devant le perron afin qu’elle eût le moins possible à user de ses très vieilles et très frêles gambettes. Phily-Jo eût-il chu sur le toit de la voiture ou sur le capot, il avait encore de bonnes chances de s’en tirer, mais le sort (0,000000000001 %) voulut qu’il heurtât la célèbre statuette en argent nommée Spirit of Ecstasy, emblème de la marque, qui ornait le bouchon du radiateur et qui lui perfora le crâne. L’esprit de l’extase eut raison de l’esprit scientifique.
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c’est l’un des principes du conspirationnisme : on s’empare d’un fragment au départ insignifiant, on le grossit, on le brandit et on n’hésite pas à le tordre, à le retailler, à en redécouper les contours afin de pouvoir l’insérer à tout prix dans le puzzle.
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Tante Tacolie était une petite bonne femme d’environ un mètre cinquante, sèche comme un coup de trique. Elle portait un chemisier boutonné jusqu’en haut du col, et du même gris anthracite une jupe ample, informe, en toile de jute ou quelque autre matière de la sorte, articles que la mère de la mère de sa mère avait dû acheter par correspondance dans un catalogue Sears de 1910 et qui juraient avec la casquette rouge à l’effigie des Giants qui lui couvrait le chef et de laquelle dépassait, à l’arrière, une longue natte à la mode indienne qui lui tombait au creux des reins et qu’elle n’avait pas dû délier ni shampouiner depuis la bataille de Little Bighorn. Ses jambes maigres et roides comme des piquets de clôture s’enfonçaient dans d’épaisses chaussettes avachies en accordéon sur des chaussures de marche disproportionnées, du type rangers (j’apprendrais plus tard qu’elle les prenait trois pointures au-dessus à cause de ses cors douloureux), dont le poids excédait certainement celui de ses cuisses. Mais le plus surprenant restait sans doute ce qui lui tenait lieu de lunettes de soleil et qui était cette sorte de masque dont s’affublaient les pilotes d’avion de la Première Guerre mondiale, avec une monture en cuir et deux petits hublots ronds et opaques qui lui donnaient un air de chat-huant (j’apprendrais plus tard qu’elle souffrait d’une dégénérescence maculaire qui la rendait lentement aveugle – la clarté du jour était pour ses yeux un martyre).
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La France a produit Baudelaire,Verlaine Rimbaud,Hugo, Flaubert,Céline...
- Que des morts,
Vous pouvez me citer des auteurs vivants de cette envergure ?
- Euh...
- C'est bien ce que je dis ! Et de toute façon, on s'en fout, puisque l'auteur français le plus vendu dans le monde, c'est ?
- C'est ?
Marc Levy.
Pas lu.
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Seule, absolument seule face au mystère et aux affres (surtout aux affres) de la création. Femme sauvage. Femme des temps anciens, des temps immémoriaux. Femme éternelle et universelle. Femme admirable. Femme courage. Grosse vache meugleuse : c’est pourtant ainsi qu’elle se voit. Et elle meugle en effet, ou tout comme. Elle brame, elle brait, elle brogne (Grogner tout en bavant – Oxford Dictionary), elle se maudit et maudit les médecins, maudit son mari qui l’a engrossée, ses parents qui l’ont engendrée, et Dieu qui laisse faire tout ça, et le monde entier qui s’en cogne, et maudit en particulier ce sale petit morpion qui s’accroche non pas à ses jupes mais carrément à ses entrailles.
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La seule éternité possible est celle du papier et de l’encre.
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Savoir tirer profit de la conjoncture est la marque de tout grand entrepreneur.
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Non seulement la beauté et l’harmonie ne durent ni ne s’emportent, mais aussi bref que fut le temps où elles nous sont apparues leur souvenir persiste, et leur absence ainsi mise en relief rend d’autant plus vertigineux le vide qu’elles nous laissent. 
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… Tante Tacolie était une petite bonne femme d’environ un mètre cinquante, sèche comme un coup de trique. Elle portait un chemisier boutonné jusqu’en haut du col, et du même gris anthracite une jupe ample, informe, en toile de jute ou quelque autre matière de la sorte, articles que la mère de la mère de sa mère avait dû acheter par correspondance dans un catalogue Sears de 1910 et qui juraient avec la casquette rouge à l’effigie des Giants qui lui couvrait le chef et de laquelle dépassait, à l’arrière, une longue natte à la mode indienne qui lui tombait au creux des reins et qu’elle n’avait pas dû délier ni shampouiner depuis la bataille de Little Bighorn. Ses jambes maigres et roides comme des piquets de clôture s’enfonçaient dans d’épaisses chaussettes avachies en accordéon sur des chaussures de marche disproportionnées, du type rangers (j’apprendrais plus tard qu’elle les prenait trois pointures au-dessus à cause de ses cors douloureux), dont le poids excédait certainement celui de ses cuisses. Mais le plus surprenant restait sans doute c qui lui tenait lieu de lunettes de soleil net qui était cette sorte de masque dont s’affublaient les pilotes d’avion de la Première Guerre mondiale, avec une monture en cuir et deux petits hublots ronds et opaques qui lui donnaient un air de chat-huant (j’apprendrais plus tard qu’elle souffrait d’une dégénérescence maculaire qui la rendait lentement aveugle – la clarté du jour était pour ses yeux un martyre).
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C’est un pays de labours. Un pays de fermes, de villages, de blé, de vignes, de vaches, d’églises. C’est un pays de pis et de saints. C’était. La magie de la guerre. Qui tout transforme, hommes et relief. Mets un casque sur le crâne d’un boulanger et ça devient un soldat. Mets un aigle sur son casque et ça devient un ennemi. Sème, plante des graines d’acier dans un champ de betterave et ça devient un charnier.
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