Citations de Marcel Pagnol (1574)
- Allez, on ne meurt pas d'amour, Norine. Quelquefois, on meurt de l'amour de l'autre, quand il achète un révolver...
Est-ce que tu as remarqué qu'en amitié il n'y a pas de cocus ?
Je l'écoutais, mais il n'avait rien à me dire, que son amitié.
Non elle n'habiterait jamais la fourmilière, elle resterait une bergère toute sa vie, et si un jour elle se mariait, ce serait avec un jeune homme très riche, qu'elle rencontrerait dans la colline, un propriétaire forestier qui habiterait un petit château sur les pentes du Baou de Bertagno ou sur l'épaule du Pilon du Roi ; il donnerait du travail aux chers bousquetiers, il rachèterait les Romarins ; alors, on remettrait tous les meubles leur place, pour y passer les mois d'été ; mais d'abord, dès le premier jour, on boucherait jamais la source perfide qui avait préféré Ugolin, et l'on finirait le puits du malheur ; alors, travers la roche vaincue, l'eau de son père jaillirait jusqu'au ciel.
(...) mais la puissante joie de vivre de la jeunesse, dont la chair expulse si vite les corps étrangers, adoucit le contour des mauvais souvenirs, en obscurcit les cruelles couleurs, et finit par leur donner l'irrealité d'une histoire lue dans un livre.
Le vallon se rétrécissait peu à peu. Au bout d'une heure de marche, on ne vit plus de champ, et ce fut une gorge profonde, aux parois obliques qui s'élargissait par étages, en montant vers le ciel vide et bleu.
Elle avait été creusée depuis des millénaires par les torrents des orages, (...).
De temps autre, il allait se reposer sous un olivier. Alors il tirait de sa poche l'harmonica, et jouait des chansons provençales comme Magali ou Misé Babet, ou de mystérieuses musiques qui ressemblaient celle de l'église. Souvent, sa femme, qui balayait la terrasse sous la treille, ou qui étendait sa lessive sur les romarins, chantait de loin, à travers les accords de l'harmonica; et, parfois, sur des airs joyeux et saccadés, la fillette, les bras levés en amphore au-dessus de sa tête, dansait pieds nus sur l'herbe du printemps.
Pour la première fois de sa vie, il avait grand plaisir à vivre : sa mère était née dans cette ferme solitaire, elle avait, dans sa jeunesse, " acané " les amandes de ces amandiers, et tendu les toiles dans l'herbe sous ces oliviers, plantés par les aïeux deux ou trois siècles plus tôt...Il aimait ces pinèdes, ces cades, ces térébinthes, le coucou du matin, l'épervier de midi, les chouettes du soir, et tandis qu'il piochait sa terre, sous les croisières des hirondelles, il pensait qu'aucune de ces créatures vivantes ne savait qu'il était bossu.
Alors, aux premiers appels des chouettes, il rentrait, épuisé, mais souriant dans la grande cuisine, où la petite fille, au bout de la table, faisait des pages d'écritures, pendant que sa mère disposait les assiettes autour d'un bouquet de fleurs des champs.
Je le connais, moi, le caractère des sources. C'est comme une belle fille. Quand on les oublie, elles s'en vont, et c'est fini.
C'est un fait que les imbéciles, quand la chance les favorise, deviennent bien vite insupportables : c'est pourquoi il vivait orgueilleusement tout seul, dans sa petite ferme des Romarins dont il interdisait l'entrée à quiconque, en epzulant parfois son fusil.
C'est alors que les petites fermés dispersés dans les vallons ou sur les coteaux des collines avaient été peu à peu abandonnées, les familles s'étaient groupées autour de la fontaine, le hameau était devenu un village.
– Pas bien cher, dit le menuisier. En tout cas, ça valait pas la mort d'un homme.
Il ne faut pas avoir l'air de nous cacher. Je ne dois rien à personne, je n'ai peur de personne, et je suis décidé à le montrer.
Ne jugez pas, si vous ne voulez pas être jugé.
Non, dis-je, j'aime bien ce cadenas parce qu'il nous à fait peur. Et même maintenant je vois bien comment tu le regarde. Tandis que si je le fais travaille tous les jours, il deviendra aussi bête que tous les autres cadenas.
Une tendre mélodie errait sous cet orage : elle s'élançait par moment vers le ciel, et grimpant juste en haut du clavier, elle faisait tremblait dans la nuit de blanches étincelles de musique.
Je fus d'abord abasourdis, puis bouleversée, puis enivré. La tête vibrante et le coeur battant, je volais les bras écartés, au dessus des eaux vertes d'un lac mystérieux, je tombai dans des trous de silence, d'où je remontai soudain sur le souffle de larges d'harmonies qui m'emportait vers les rouges nuages du couchant.
Je ne sait pas combien de temps dura cette magie.
Enfin, sur le bord d'une falaise, quatre accords, l'un après l'autre, ouvrirent lentement leurs ailes, s'envolèrent et disparurent dans une brume dorée, tandis que les échos de l'ébène n'en finissaient plus de mourir...
Il y avait donc un rapport entre l'amour et la folie. Mais était-ce l'amour qui rendait les gens fous, ou la folie qui exaltait leur amour.
On entendit un long cri de bête, un cri tremblant de rage et de désespoir.
Ecoute ! dit le grand-père, tu n'appelle pas ça de la folie furieuse
Non, dit ma mère, c'est ça l'amour.
Depuis l'ouverture du premier lycée, une consigne avait toujours été génératrice d'une paire de baffes, coup de pied au derrière, promesse furieuse d'une mise au travail immédiate à l'usine, et de menaçantes lamentations paternelles qui duraient souvent plusieurs jours. J'avais transformé ses avanie en bicyclette, orgies de gâteau, félicitations renouvelé d'en une atmosphère de fierté familiale. Et le scénario que j'avais établi était à portée de tous. On ne fit pas fautes d'en user