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Citations de Marc Augé (103)


"Quel âge avez-vous ?" La question est encore plus gênante dans une langue comme l'anglais où c'est l'auxiliaire "être" qui lui sert de relais : "How old are you ?" Et plus encore la réponse: "I am..." Suis-je vraiment ces quarante, cinquante, soixante années ou plus par lesquelles je me trouve ainsi condamné à me définir ? En un sens, oui; et ce sont les autres, la société et ses règles, qui décident de ce sens. Des limites d'âge sont instaurées en tous domaines...(p.37)
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Il faut savoir lire et relire ; la relation avec un texte est vivante. Un livre qui ne vieillit pas, c'est un livre dont le lecteur peut toujours attendre quelque chose, où il peut toujours découvrir quelque chose, un livre qui lui démontre ainsi qu'il est toujours vivant, que leurs sorts sont liés et qu'ils sont unis "à la vie, à la mort".
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La mémoire elle-même a besoin de l'oubli : il faut oublier le passé récent pour retrouver le passé ancien.
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Difficile de jouer un rôle quand il n'a plus lieu d'être, de rester à sa place quand on l'a perdue, d'exister chez les autres quand on est soi-même sans domicile fixe, sans feu ni lieu, presque sans nom. (p. 125)
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Elle m'a révélé qu'elle passait une partie de l'année en camping-car, ce qui lui permettait de se rendre aisément sur les lieux qu'elle aimait observer et représenter : les autoroutes, les parkings, les stations-service, les campings, les bords de mer, tous ces endroits où elle se sentait d'autant plus seule que les autres s'y affichaient en groupes. (p. 98)
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Il n’est pas exact que n’importe quelle culture vaille l’autre, mais il n’est pas exact non plus ni que la culture occidentale moderne soit le modèle achevé (…) ni qu’elle ait été de longue date l’incarnation des droits de l’individu
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Le visage creusé de rides profondes, les yeux cernés, le teint d'ivoire jauni disent le naufrage de la vieillesse.
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J’ai pris un demi au comptoir, du côté de Sèvres-Lecourbe, en jetant un œil distrait sur le 20 heures. D’autres faisaient comme moi. Mon voisin mâchouillait des cacahuètes. Nous ruminions temps, nous levions un regard morne vers l’écran où l’Histoire s’agitait. Mais rien ne pouvait nous émouvoir, ni les GI contrôlant la circulation dans les faubourgs de Bagdad, ni les foules vociférantes qu’un prédicateur enturbanné semblait appeler à la guerre sainte, ni les blindés israéliens, ni la sonde européenne en route vers la Lune, ni le ministre des Finances avec sa mine des mauvais jours. Nos regards ne quittaient l’écran que pour replonger dans les verres de bière dont la mousse s’était évaporée. Au passage des rames de métro, l’un ou l’autre tournait la tête vers l’extérieur, comme pour s’assurer que tout allait bien. Mais il n’en avait pas pour longtemps et se réfugiait vite dans la torpeur ambiante. Vers la fin du journal pourtant, un frisson a parcouru les rangs; au bout du comptoir, il y a même eu une ou deux exclamations. Le PSG avait enfin gagné un match. Réveillés par cet exploit, les consommateurs se sont bientôt dispersés. Je suis resté seul au comptoir en me demandant où je pourrais bien aller dîner.
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C'est, à mon sens, ce qui distinguera toujours l'histoire du communisme de celle du fascisme : les fictions de l'une ne sont pas celles de l'autre et cette différence saute aux yeux dès que l'on prête attention aux fictions individuelles, aux vies individuelles qui osent ou n'osent pas se dire. Le fasciste est sans mémoire. Il n'apprend rien. C'est dire aussi qu'il n'oublie rien, qu'il vit dans le présent perpétuel de ses obsessions. Beaucoup d'anciens communistes ont évoqué le passé de leur illusion. Entendons-nous jamais la voix des autres ?
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Un jour, peut-être, un signe viendra d'une autre planète. Et, par un effet de solidarité dont l'ethnologue a étudié les mécanismes à petite échelle,
l'ensemble de l'espace terrestre deviendra un lieu. Être terrien signifiera quelque chose. Il n'est pas sûr que les menaces qui pèsent sur l'environnement y suffisent.
C'est dans l'anonymat du non-lieu que s'éprouve solitairement la communauté des destins humains.

(page 149)
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Relire, c'est revivre sans anticiper, cultiver l'impression de déjà-vu sans renoncer à voire venir, comme si, l'oubli de l'intrigue ne se dissipant qu'au rythme de la relecture, celle-ci nous restituait en même temps les douceurs du retour et les délices de l'attente.
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Tous nos souvenirs (même ceux auxquels nous tenons le plus parce qu'ils nous ancrent dans la certitude de notre continuité, de notre identité) sont des "écrans", non pas au sens où ils dissimuleraient des souvenirs plus anciens, mais au sens où ils "servent d'écran" à des "traces" qu'ils dissimulent et contiennent à la fois.
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L'oubli, en somme, est la force vive de la mémoire et le souvenir en est le produit.
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Les pensées sont casanières et, même chez nous, où elles sont depuis longtemps presque toutes domestiquées, elles gardent un petit fond sauvage : à peine se sont-elles dégourdi les ailes et ébrouées à la lumière du jour, qu'elles se précipitent à nouveau vers les mots qui les abritent.
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Le vélo, c'est une écriture, une écriture libre souvent, voire sauvage - expérience d'écriture automatique, surréalisme en acte ...
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Comme ethnologue et voyageur, je n'ai cessé de rencontrer des vieillards dont j'ai pu parfois vérifier qu'ils étaient plus jeunes que moi alors même que je n'étais pas encore très vieux. En Afrique noire, atteindre un âge relativement avancé est un signe de force. La première fois qu'on m'a appelé "Vieux !" en côte d'Ivoire, je n'avais pas quarante ans et j'ai été flatté de cette marque de considération. Tout le contraire de la consternation furibarde qui m'est tombée dessus, beaucoup plus tard, le jour où un malheureux jeune homme, dans le métro,a cru bon de faire mine de se lever pour me céder sa place. (p.27)
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La solitude- Il faut bien l'appeler par son nom- n'a rien d'insupportable. Le silence est moins gênant que les efforts qui visent à le combler, et il est infiniment moins pénible de se taire tout seul qu'à deux. (p.27)
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La difficulté, que je pouvais pressentir, mais qui a surgi d'un coup avec une force renversante, poignante, c'est le sentiment d'une solitude absolue. J'ai beau me raisonner, me rappeler tous les propos que j'ai pu tenir aux uns ou aux autres sur le plaisir réel que j'éprouvais à me sentir seul, je dois bien me rendre à l'évidence du mouvement de panique qui m'a traversé le corps, lundi soir, quand j'ai compris que je n'avais plus de lieu auquel me raccrocher, que j'avais rompu les amarres et ne pouvais en parler à personne, que je dérivais au hasard, ballotté par des courants inconnus, entre livres d'occasion et objets perdus.
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Dans l'immeuble où j'ai vécu plus de dix ans, je ne connaissais personne, même si nous échangions à l'occasion un vague salut entre voisins d'étages. Mais en bas, dans la rue, le parc et les bistrots, c'est autre chose: ça bouge, ça crie, ça rigole, ça se fréquente. (p.86)
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Le paradoxe de la religion procéderait du travail de deuil et d'oubli effectué par le récit sur le mythe. Autrement dit, toute religion pourrait être définie, sous cet aspect, comme religion "de la fin de la religion".
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