En parlant de sentiments, qu’allais-je faire d’eux ? Les vivre pleinement pour elle, sans doute. Mais jamais elle ne le saurait. Une vérité en amenant une autre, elle finirait par découvrir ce que j’étais et je la perdrais pour de bon. Je ne voulais pas qu’elle ait peur de moi, qu’elle me fuit, qu’elle me déteste. Je préférais inspirer son indifférence que sa haine. C’était mieux que rien mais aussi la seule façon de la protéger du monstre. Je resterais près d’elle, autour d’elle, sans qu’elle ne sache rien de mes sentiments à son égard. Je l’aimerais en silence, en secret. C’était tout ce que je pouvais faire. Si je l’aimais vraiment, j’allais faire en sorte que la vérité reste cachée. Elle ne saurait jamais. Non, elle ne saurait jamais.
Je l’aimerais et veillerais sur elle de loin, la verrait vieillir, avoir une vie bien à elle, une vie humaine. Je m’assurerais qu’elle ait la plus belle existence possible.
Je ne me reconnais plus ! Ce n’est pas moi qui viens de perdre ma virginité avec un parfait inconnu… sorti d’un livre qui plus est !
Mais que m’arrive-t-il ?!
Je commence ma journée de travail enveloppée dans un épais brouillard, perdue dans mes pensées.
La perte de mes parents m’est fatale, j’ai beau vouloir me relever, cela est dur.
Je sais qu’il me faudra du temps pour pouvoir véritablement reprendre ma vie en main mais ce temps, il me semble tellement loin et inaccessible.
Je la connais bien cette douleur qui tiraille le cœur et qui donne l’impression qu’il se déchire lentement, qu’il saigne et que rien ne peut calmer ses battements qui nous compriment la poitrine. Je ne les connais que trop bien.
Il faut que je sois forte pour eux, pour qu’ils soient fiers de moi, je dois ranger mon imagination au placard et arrêter de m’en servir comme protection.
Elle est trop présente et trop absurde depuis la mort de mes parents, elle me joue des tours à en devenir folle.
Je dois arrêter de penser et avancer, oui, je dois le faire parce que c’est ce que mes parents auraient voulu.
Les mains crispées sur la poignée, je me fais une promesse : Survivre, Grandir et Recommencer.
Comment un être aussi innocent peut-il souffrir autant ? Son chagrin me brûle déjà le cœur. Mon pouvoir est un poison, à quoi peut-il servir ? Pourquoi puis-je lire en elle si ce n’est que pour y lire de la souffrance ? Comment pourrais-je en rajouter ?
Je devrais m’éloigner, je devrais partir. C’est le seul moyen pour qu’on soit épargnés tous les deux. Si je ne le fais pas, je nous condamne à la damnation.
C’est mon cœur. Toujours lui. Ce traître de cœur qui l’a repéré et qui meurt d’envie de courir vers lui, de battre à côté du sien. […] Ça a le don de faire chavirer mon cœur. Toujours lui! Je maudis cet organe pour ne plus m’écouter. Je suis prise au piège! Je pense que rien, jamais, ne le fera battre plus fort. Il ne peut stopper sa course. X l’a volé.
Ce que je veux c'est elle. Et il est temps qu'elle le comprenne. Qu'elle prenne conscience que je ne veux pas partir parce qu'elle est ma lumière et ma chaleur. Qu'elle me fascine et je veux combler cette fascination que j'ai pour elle, m'en repaître et la nourrir jour après jour.
Elle est tout ce que je désire. Et mon corps la réclame ardemment.
Elle pria le ciel de lui laisser encore du temps et de mettre sur sa route un homme bon qui lui ferait découvrir l’amour. Elle voulait rêver. Elle voulait tomber éperdument amoureuse, et non se faner dans une relation imposée et constituée d’un amour purement amicale et respectueux.
Je m’en étais aperçu, sourit-il avant de prendre une grande inspiration et de me regarder droit dans les yeux, reflétant les miens aussi tristes que les siens.
— Écoute-moi Sarah, si je fais ça, c’est uniquement pour te protéger. Etre loin de toi est la dernière chose au monde que je désire, soupire-t-il.
— Ne me quitte pas alors, ne le fais pas, je murmure dans un supplice.
— Je ne peux rien t’apporter de bon ou de sain dans ta vie, si j’ai cette proximité avec toi. Je fais déjà l’irréparable, autant ne pas tenter l’enfer, il peut être trop proche de nous.
— Je veux être avec toi, James. S’il te plait, ne pourrait-on pas juste contourner les règles ?