Si je m'en vais, cela signifie-t-il que je suis lâche, sans morale ?
Non. Ce sera juste que je lutte. Je me sens manipulée, je suis le jouet de toutes les attentes des autres envers moi. J'en ai oublié mes vraies besoins, perdu mon autonomie.
Julia abat un à un les remparts que j'ai érigés, elle se faufile à l'intérieur puis les reconstruit afin que nous soyons seuls entre leurs murs protecteurs.
Maintenant que je ne crains plus rien, c'est son putain de sourire qui devient le pilier autour duquel tout le reste tourne.
Je hais l'idée que cette femme puisse menacer la stabilité des remparts que j'ai érigés.
Parfois, la personne faite pour nous est sous nos yeux depuis le début, mais le destin prend un malin plaisir à retarder l'inévitable.
Le souvenir des paroles de Flores me frappe. Je n'arrête pas d'y penser. Puis je la vois et je me noie dans l'espoir que m'apporte son regard. Je ne lui réponds pas , pour la simple et bonne raison que je ne peux pas libérer les paroles que maintient prisonnières le carcan de mon insensibilité. Pourtant je voudrais le dire.
Reste avec moi , pour toujours .
-𝓐𝓵𝓸𝓻𝓼 𝓲𝓵 𝓮𝓼𝓽 𝓬𝓵𝓪𝓲𝓻 𝓺𝓾𝓮 𝓳𝓮 𝓷𝓮 𝓼𝓾𝓲𝓼 𝓹𝓪𝓼 𝓬𝓮𝓵𝓾𝓲 𝓺𝓾’𝓲𝓵 𝓽𝓮 𝓯𝓪𝓾𝓽.
-𝓣𝓾 𝓮𝓼 𝓽𝓸𝓾𝓽 𝓬𝓮 𝓺𝓾’𝓲𝓵 𝓷𝓮 𝓶𝓮 𝓯𝓪𝓾𝓽 𝓹𝓪𝓼.
-𝓔𝓽 𝓹𝓸𝓾𝓻𝓽𝓪𝓷𝓽… 𝓽𝓾 𝓮𝓼 𝓭é𝓳à 𝓶𝓲𝓮𝓷𝓷𝓮.
C'est ça l'amour ? Eprouver la douleur de l'autre ? L'endurer pour lui et se montrer forte pour soulever son fardeau ?
L'amour aura été ma plus grande souffrance et pourtant... L'avoir près de moi ne m'aura jamais rendue aussi heureuse.
Et comme toujours, dès qu'il s'attarde un peu trop sur mes cicatrices et mes vergetures, j'interromps son périple en saisissant ses poignets.
Il déclare d'une voix rauque qui me noue les entrailles :
- ll n'y a pas que ton cul qui m'appartient.
- Arrête de les faire exister en les touchant sans arrêt, le réprimandé-je.
Je voulais paraître menaçante, mais je suis bien trop complexée pour durcir mon ton.
- Tu as pu libérer ton corps, le faire s'épanouir dans toute sa splendeur comme une fleur, ces petites traces blanches ne sont rien d'autre qu'une pierre à l'édifice de ma muse.
On dit souvent qu'après un traumatisme nous passons par cinq phases : le déni, la colère, la dépression, le marchandage, l'acceptation.
On peut faire le deuil d'un être cher ou d'une relation. Toute rupture profonde a pour conséquences l'étiolement d'une âme, le brisement d'un cœur ou bien parfois la perdition de l'esprit. Et seul le temps peut le guérir, mais il reste toujours des cicatrices vives et prêtes à saigner à la moindre rechute.