J'ai beaucoup aimé ce livre, que j'ai choisi un peu par hasard, du fait de la couverture relativement dérangeante.
Au début de lecture, on se dit que l'histoire est un peu faiblarde, que le style est un peu « sec » et pas très empathique, et qu'il n'y a pas grand-chose qui se passe… mais au fur et à mesure les différents éléments se mettent en place.
Le décor est un village des Flandres, où la vie glisse sur les gens et le paysage, sans vraies aspérités ni sans grand intérêt romanesque, mais l'auteure arrive à créer une sorte d'effet de loupe sur les 3 personnages des enfants. Leur psychologie se révèle, leurs petits démons intérieurs, et finalement leur mal-être, nous apparaissent dans tout ce qu'il y a de plus dérisoire et de plus sombre. Les parents ne sont pas en reste, surtout ceux d'Eva qui compose entre une mère « absente », au sens de peu concernée par sa vie et celle de ses proches, et un père qui semble se forcer à jouer un rôle de chef de famille auquel il ne croit pas lui -même. Les deux ont une forte tendance à l'alcoolisme.
Du côté de Pim, seul le père est encore là, mais lui aussi fait preuve d'absence, se consacrant à ses bêtes et à son exploitation agricole, seul, avec l'aide du fiston souvent, car la mère a mis les voiles après un accident arrivé à l'ainé dont on a connaissance dès le début du récit, sans savoir de quoi il s'agit exactement, mais qui sera révélé dans la seconde moitié du livre. Quant à Laurens, ses parents tiennent la boucherie-charcuterie du village, la position idéale pour entretenir des liens avec toute la population, et leur fils unique semble faire partie de cette petite entreprise qui s'efforce de faire son boulot correctement sans trop se poser de question.
Au fur et à mesure, on perçoit le poids étouffant qui pèse sur la jeune fille, d'autant plus que la narration alterne entre 2002 et nos jours, où Eva adulte est la narratrice. Elle nous relate une vue absurde (Elle fait notamment des pipes à son voisin du dessous, sans y prendre aucun plaisir, peut-être par désoeuvrement!). II y a quelque chose qui sourd dans ce village, dans la relation des adolescents, qui confine au malaise, et dont on sent bien qu'il va conduire à un nouveau drame. En fait, il est question d'un triple drame : celui arrivé au frère de Pim avant le début de l'histoire, celui qui touchera en 2022 Eva et à sa jeune soeur qui développe des tocs dus à la souffrance qu'elle éprouve à trouver sa place, et enfin, celui qui conclura la période contemporaine décrite par la narratrice.
Il s'agit d'une apothéose de violence malsaine, qui pourra choquer certaines personnes, mais cette fin n'est pas gratuite, elle est posée là, sans compassion ni sentimentalisme, avec la brutalité nécessaire qu'il faut pour mettre fin à une situation insupportable.
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En remontant jusqu'à Bovenmeer, Eva nous conduit jusqu'en 2002, époque où avec Laurens et Pim, deux garçons avec qui elle forme un trio d'inséparables, elle découvre les corps qui changent et deviennent le périmètre d'expériences sexuelles. Ensemble, ils instaurent les règles d'un jeu qui entraîne les filles du village à des déshabillages humiliants. Les choses glisseront doucement mais sûrement jusqu'au dérapage... Le tout se déroule dans un décor fait de trois rues et de quelques repères géographiques - une ferme (celle des parents de Pim), une boucherie (commerce familial de Laurens).
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Fable d'une incroyable cruauté sur l'amitié et l'adolescence.
Le roman est construit sur un rythme de balancier entre le présent qui défile d'heure en heure et l'été 2002 où tout bascule.
L.Spit fait magnifiquement monter la tension et accélère le suspense jusqu'à une fin d'une noirceur magistrale.
L'autrice décrit avec un réalisme extraordinaire cette période de l'adolescence où le corps et ses transformations deviennent obsessionnels.
La vie d'Eva, Pim et Laurens est rythmée par des jeux interdits de plus en plus élaborés.....jusqu'au dérapage.
La lecture de "Débâcle" est éprouvante et dérangeante.
Mais quelle lecture!!
Interpellant.
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Un auteur à suivre.
Une histoire dramatique que l'on voudrait ne pas avoir lue tant elle vous colle à la peau.
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La couverture attire et repousse déjà... impossible de lâcher le livre ensuite ! Roman bouleversant, dur, cru, cruel comme la vraie vie quotidienne.
Début du XXIème siècle, des enfants jouent, s´ennuient dans un coin perdu de campagne. Les trois seuls bébés du village nés en 1988 grandissent, se serrent les coudes et développent une connivence surement, une amitié peut-être . Le quotidien de la classe moyenne représentée par leurs familles (agriculteurs, commerçants, employés) est décrit avec justesse : pas ou peu de vacances, peu de moyens, peu d’ouverture sur le monde. L’alcoolisme frappe également. Les jeux des enfants dérapent. La solitude et le besoin d’amour éprouvent chacun.
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Génial !
Ecriture très agréable et précise.
La structure de l'histoire (3 en //) est très originale même si au début on a du mal à se situer.
Au fur et à mesure de la lecture et de la découverte de l'histoire des protagonistes, on sent l'ambiance qui devient étouffante... jusqu'au final époustouflant !
Par contre c'est "glauque" !
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Voici un roman au style original et pittoresque. De la très belle littérature paradoxalement dotée d'un vocabulaire d'une platitude étudiée, évoquant la grisaille glauque d'un milieu rural défavorisé. C'est là qu'évoluent de tout jeunes ados livrés à eux-mêmes et en quête d'émotions sexuelles et cruelles qui vont les dépasser. Comment l'auteure a-t-elle fait pour rendre presque touchants ces personnages si pitoyables ? Sans doute est-ce parce qu'on les ressent victimes. De leur condition de vie et d'un destin implacable.
Miracle : toute cette laideur est à la limite du soutenable, mais le suspense brûlant l'est aussi. C'est tellement bien raconté qu'on reste scotché jusqu'à la dernière page. De plus, un certain humour cynique, fin et enfantin "emballe" le tout, conférant -mais oui- à ce roman sordide une certaine poésie.
On ne sort pas indemne de cette Débâcle.
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Il m'a fallu une soirée entière pour sortir de la torpeur suscitée par cette lecture... Quel choc, quelle écriture poignante et traumatisante. Je n'en suis toujours pas sortie indemne.
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Une écriture précise des dérives et brisures intérieures… où l'avenir est une réponse désespéramment cohérentes à des énigmes passés. Moment de lecture choc
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Un roman terrible dont on ne sort pas indemne.
Une écriture crue qui dit les choses sans fioritures. Du début à la fin, on sent que des choses terribles vont se passer. Ces choses, elles ont à voir avec l'adolescence, la famille, le manque d'affection,...
Probablement un des romans qui m'a le plus marquée.
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Un livre odieux, pervers. Comment peut-on mettre en scène des enfants aussi dépravés, sans conscience ni regret de ce qu’ils font endurer à leurs amies.
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Phrases sèches, dures, crues, Lize Spits dézingue. Cela passe ou ça retourne l'estomac.
Dans son village confiné, les bouchers (parents de Laurens) sont le pivot de commérages oppressants. Périmètre carré réduit qui fait des parents d'Eva des malsains, voire des pervers, alors que ce sont des malheureux alcooliques, et en cela inaptes dans leur relation à leurs enfants. Cela aurait pu tourner famille heureuse, c'est devenu maison en ruines et enfants en friche. Quant à Pim, fils de fermier, il est celui qui vole insouciamment l'enfance des autres, avec une dose de cruauté assez insupportable.
En soi, l'histoire n'est pas originale: un jeu de jeunes qui dérapent. La force de Lize Spits, c'est de l'ancrer dans un territoire précis, dans des famillles précises qui participent à l'intrigue. Les terres flamandes et la mentalité de certains de leur village n'est pas fort connue, même de belges francophones comme moi, ou des Hollandais, chez lesquels le roman a cartonné.
J'ai lu les trois-quart du roman d'une traite; après... Même si je reconnais que la fin du roman est bien imaginée, je dois être encore trop sous la coupe d'une autre compatriote écrivain - Jacqueline Harpman - qui ne lisait pas un roman avant de s'être assurée que "les bons étaient récompensés et les mauvais punis"....
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