La raison pour laquelle je me tiens là, suppliant devant vous, est mon amour immodéré des livres, que j'aime presque autant que j'aime les humains. S'il y a là du fétichisme, ou de l’idolâtrie, alors je suis coupable. Nous nous trouvons peut-être collectivement, à la veille de quitter l'époque où le livre aura été un élément central du développement humain. Nous nous devons alors à nous-mêmes de découvrir ce qui nous était le plus précieux dans les livres, de manière à le préserver.
L'université et le libre usage de l'intelligence ne marchent pas bras dessus bras dessous, elles sont le plus souvent aux prises en une lutte à mort. Il y a quelque chose comme un amour des cloisons dans cette institution.
Il n'est plus question que de forme, jamais de contenu. Voici la racine du problème de ce désastre écologique qui frappe l'université.
Y a-t-il un lien quelconque entre le marasme actuel de l'université et l'essor et la victoire de la révolution gestionnaire des trente dernières années ? Je pense que oui. L'une des questions qui me préoccupe le plus est celle de savoir pourquoi il y a une telle immobilité intellectuelle dans tant de disciplines du monde académique. Pourquoi le triomphe de la révolution gestionnaire nous a-t-il conduits à un moment à ce point réactionnaire au plan de la pensée ?
Il n'est pas évident que la toile soit le medium qui convienne aux mots (...) au cœur de l'édition des livres se trouvent le rassemblement, l'assemblage de matériaux en un objet ou une unité que la personne ou le groupe qui l'ont confectionné se sont préparés à voir jugé (...) son principe même réside dans le fait qu'un individu ou un groupe a fait en sorte qu'il constitue une unité et c'est cette unité que les lecteurs sont appelés à juger.
Nous sommes entrés dans la quatrième dimension de la recherche américaine, et l'exigence de la productivité conduit à présent à la publication de plus en plus de non-sens.