Les Wasichus ont fait de moi un être au rabais. Leur mode de vie m'a rendu tellement malade qu'en plus de l'école buissonnière, j'ai dû faire la "vie buissonnière", c'est-à-dire fuir le type d'existence qu'ils m'imposaient pour sauvegarder mes propres valeurs spirituelles. Les Blancs m'ont coupé en deux. Et maintenant que je suis vieux, j'essaie de recoller les moitiés car, bien que sang-pur, je dois vivre dans leur monde, dans cet univers où il est indispensable d'avoir constamment à portée de la main un avocat, un policier, un juge, un psychiatre, des somnifères et beaucoup d'argent. Quand j'étais petit, on ne connaissait pas une telle situation de dépendance. Aujourd'hui, pour être honnête, j'ai seulement besoin de ma pipe. Au diable tout le reste ! (p. 68-69)
Demain, il appartiendrait à un vieil homme de diriger la danse, mais aucun ancien ici présent ne sait le faire. Je pense être donc le mieux à même de m'en charger, car depuis quatre générations ce rituel tient une place importante dans notre famille. Le bâton sacré va passer de tribu en tribu et la voix des bisons s'élèvera depuis les entrailles de notre Terre-Mère. Peut-être alors ces animaux reviendront-ils. En dansant, nous recevrons une nourriture spirituelle et nous ferons l'expérience du sacré.
Une réunion du peyotl est de toute beauté. Qu'elle se tienne sous un tipi ou dans une maison, elle requiert autant de rigueur dans son déroulement qu'une messe catholique, et les objets rituels - tambour d'eau, bâton cérémoniel, crécelle, éventail - doivent être correctement utilisés. Toutes les cérémonies de l'Eglise des Premiers Américains se ressemblent, même si de légères différences existent suivant la tribu qui les organise, ou encore la forme donnée aux cendres.