Léa Lootgieter

La chanson est le mémorial de nos vies, nos amours, nos révoltes, nos âges, nos lieux et nos générations, mais les chansons ici réunies parlent surtout de « nous » à chacune d’entre nous. Leur refrain est notre langue

celles dont elles restituent l’histoire et le destin de façon à la fois aiguë et attentionnée, disent en effet l’entre-femmes, les affects, les désirs, les plaisirs d’être ensemble avec la nostalgie de ces moments perdus

Je t’écris de la main gauche / Celle qui n’a jamais parlé / Elle hésite elle est si gauche / Que je l’ai toujours cachée

Les chansons sont parfois bien utiles pour montrer ce que les yeux ne sauraient voir.

La chanson permet de dissoudre un discours, qui, en voulant expliquer, déclarer, chiffrer, solidifier une évidence en catégorie sociale, assujettit tout ce qui n’est pas du ressort de la norme à un régime de savoir qui est aussi une prise de pouvoir

Par leur adresse complexe à l’émotivité, les chansons dévident les fils rouges d’une histoire tressée avec des sentiments qui ne vont pas toujours dans le même sens

Libre d’aimer une femme ou un homme

On n’a pas choisi / Ce drôle d’amour / Qu’il te faut cacher / Aux portes du jour

Il suffit parfois d’une chanson pour qu’un mot connoté négativement devienne un emblème de fierté

Sensuelle se glisse / Au fond de mon lit / Ainsi nue insiste / Pour suivre la nuit

Pour séduire tu te déguises / Au carnaval des orchidées

relisez bonnes gens, ce soir le chanteur est une femme qui aime les femmes