Citations de Laure Manel (777)
Le désir mûrit en moi comme un fruit...
Il se trouve que, comme tu le sais, j’ai vécu une phase d’alcoolisme due à des circonstances très particulières. On dit souvent qu’il ne faut pas boire le moindre verre sous peine de replonger, mais moi, je sais pourquoi j’ai bu outre mesure, et que je n’ai plus aucune raison de le faire. Je n’étais pas un « alcoolique historique », ou régulier, tu vois ce que je veux dire ? Je suis persuadé que je pourrais boire un petit verre de temps en temps. Comme avant. En plus, j’adore le bon vin, et j’ai une bonne cave...
...il valait mieux privilégier un virage, et la position en suspension. Je suis tendue comme un arc, et complètement crispée, comme si j’avais un exploit à accomplir.
Le lâcher-prise, ce n’est pas pour moi, je le sens. J’ai peur de le décevoir. Pour cette raison, et aussi sur un autre terrain... La vérité, c’est que je n’ai aucune prétention sur mes talents charnels, et que je crains vraiment de ne pas être à la hauteur... J’imagine facilement Cécile, comme sans doute bien d’autres qui l’ont précédée, reine des nuits et as du Kama Sutra... et moi, pauvre moi, je sais bien que je ne suis pas comme cela et que je ne vais pas leur arriver à la cheville... Ce ne sont pas les expériences que j’ai eues avec les hommes que j’ai eus qui m’ont apporté la confiance sur le sujet.
À défaut d’être une maîtresse tout court, je peux jouer à la parfaite maîtresse de maison.
Sans chercher à connaître l’avenir, sans se torturer l’esprit, juste vivre, au présent, et laisser faire ce qui doit arriver. Je ne sais pas si tu es prête à prendre ce risque-là, car je sais que c’en est un pour toi, et c’est pour ça que tu es partie la première fois : tu avais peur d’être trop heureuse ici. Et la liaison a du sens : tu es trop peureuse. Ce n’est pas un jugement, je sais que la vie ne t’a pas fait que des cadeaux.
Elle n’a pas l’air de le vouloir, mais dans la vie, on change parfois d’avis. Elle y sera peut-être forcée
Ce n’est pas tant le manque de confort que la promiscuité qui m’a gênée. Je ne suis pas sociable. J’ai du mal avec la foule, avec les gens, les inconnus... J’ai juste envie de me mettre dans une bulle.
Je ne sais pas trop m'y prendre avec les femmes. Ça, je le savais déjà. Avec elle, qui est bizarre à souhait, c'est encore pire. Il faut marcher sur des œufs. La délicatesse, c'est pas mon genre, enfin… quand je ne connais pas. Remarque, même quand je connais ! Qu'est-ce que j'étais censé dire ? Elle m'a prodigieusement agacé, avec son espère de menace de partir si je lui posais des questions. J'aime pas trop les ultimatums. Eh bah, vas-y, pars ! Je m'en bats les couilles ! Je suis sympa, mais faut pas me prendre pour un con. Mon âme charitable ne va pas plus loin. Ma vocation subite peut vite flancher.
Cuisiner me vide la tête, ça a toujours été. Autant être utile…
Je voudrais que l’eau soit magique et qu’elle panse les plaies de mon âme endolorie, mais ça ne marche pas comme ça… Ce serait trop facile. À défaut de ressentir un bien-être moral, je ressens le contentement de mon corps propre. C’est déjà pas mal.
Avant de sortir, un livre sur le canapé me fait de l'œil. Tiens donc… un indice de passage récent. C'est quoi ? Les Fleurs du mal, de Baudelaire, Charles de son petit nom. Le livre est ouvert à la page du poème « L'homme et la mer ». Homme libre, toujours tu chériras la mer ! / La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme / Dans le déroulement infini de sa lame,/ Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer… Elle a bon goût, mais c'est pas gai. Dans son état, je serais tenté de lui prescrire du Patrick Sébastien.
Il faut que j’émerge un peu… La joie n’est pas pour demain, mais si au moins je pouvais émerger de ma torpeur et bouger, ne serait-ce qu'un tout petit peu…
Peut-on faire abstraction du passé ? J’aimerais que ce soit possible et simple. Vivre avec m'est difficile, alors je peux tenter de vivre sans, en l’occultant… Je voudrais pouvoir me défaire de ces chaînes qui entravent ma vie depuis si longtemps, me libérer des souffrances accumulées.
Tout ne s’explique pas, dans la vie. Je fais souvent les choses sans me poser de questions. C’est vrai que là, j’ai juste du mal à me justifier, et en même temps… à qui et pourquoi je devrais le faire ?
J’ai l’air perdue, mais le paradoxe, c’est que le but est de trouver mon chemin. Repartir de zéro, effacer le passé, trouver la force de construire une nouvelle vie. En partant de rien, c’est difficile, mais c’est sûrement ma seule chance. Et je n’avais rien à perdre…
Ce n'est qu'un chat, un magnifique chat aux poils longs, qui me regarde sans étonnement. Je me penche vers lui, tends la main, il se caresse contre elle plus que le contraire. Je ressens son accueil au plus profond de mon cœur émotif... ou comment la tendresse d'un chat m'apporte les larmes contenues depuis quelques jours. Une envie irrépressible de rejoindre « mon » lit pour m'y réfugier me prend. Je m'y jette au plus vite, suivie par le chat. Je pleure, bercée par le ronron du félin qui s'est blotti contre moi. Je pleure jusqu'à me vider, jusqu'à ce que mes yeux ne produisent plus de larmes. Quand le flot s'arrête, je me sens mieux. Ça n'est que temporaire. Je le sais comme une évidence parce que les pleurs ne résolvent jamais rien.