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Critiques de Kathryn Stockett (1023)
La couleur des sentiments

1955. L'épisode "Rosa Parks" incite l'Amérique à entamer un processus de remise en question de son fonctionnement ségrégationniste.



1962. Martin Luther King fait un rêve, les premiers étudiants noirs sont admis à l'université, et les manifestations liées au mouvement des droits civiques commencent peu à peu à fleurir. Il y en effet encore beaucoup à faire...

... les mariages mixtes sont proscrits...

... les noirs ont interdiction de fréquenter les mêmes salles de cinéma ou les mêmes bibliothèques que les blancs, d'utiliser les mêmes toilettes publiques...

... les noirs n'ont pas le droit de vote, ni celui de faire soigner, ou même coiffer, par un blanc... et bien entendu, cette liste n'est pas exhaustive.



Les héroïnes de "La couleur des sentiments" ne participent pas aux mouvements pour les droits civiques, ne songent pas un instant à revendiquer le droit de vote. A la demande de Skeeter, jeune fille blanche de bonne famille qui rêve de devenir écrivain, et après avoir longuement hésité, elles se contentent d'apporter leurs témoignages, et ainsi, leur contribution, à l'élaboration d'un livre sur "les bonnes".

Seulement, raconter à voix haute, publiquement, son quotidien de bonne noire au service de riches femmes blanches, c'est déjà dépasser les limites, risquer la mort (le Klan est partout), ou tout simplement le renvoi. Tout simplement ?... Être renvoyée par une patronne blanche à qui on a eu le malheur de déplaire, c'est savoir qu'on ne retrouvera plus de travail dans la même ville, c'est apprendre que l'on a été expulsé de son logement par des propriétaires subitement à cheval sur une dette de loyer, c'est s'exposer à l'emprisonnement pour une simple contravention... Car au sein des petites communautés, telle celle de Jackson, Mississippi, tout le monde se connaît, et les femmes qui composent l'élite de ces communautés ont le bras long...



Parmi les courageuses qui acceptent malgré tout de prendre ce risque, nous faisons la connaissance de la douce Aibileen, qui ne se remet pas de la mort de son fils, survenue deux ans plus tôt, et de son amie Minny, mère de famille dont le caractère bien trempé ne l'empêche pas d'être régulièrement battue comme plâtre par son ivrogne de mari.

Leurs voix alternent avec celle de Skeeter pour former un récit polyphonique, où les événements du quotidien, avec ses vicissitudes et ses petits bonheurs, se mêlent à la relation des obstacles rencontrés par les apprenties écrivains pour réaliser un projet qui leur tient de plus en plus à cœur au fur et à mesure de son élaboration.

C'est en effet la première fois que ces femmes modestes, endurantes, peuvent exprimer les humiliations subies, les longues journées de labeur sans reconnaissance en retour, la soumission qu'elles doivent opposer aux brimades, aux reproches souvent injustifiés... C'est aussi la première fois qu'elles osent évoquer l'attachement aux enfants dont elles s'occupent, les liens qui parfois se tissent, à l'occasion d'un malheur, avec leur patronne, faits de gratitude, voire d'affection.



"La couleur des sentiments" est de ces romans par lesquels on se laisse prendre sans difficulté. Malgré quelques longueurs en début de récit, l'écriture fluide et vivante de l'auteur, qui adapte son langage selon la narratrice qui s'exprime sans tomber dans le piège de la caricature, rend la lecture plaisante et facile.

Traiter du thème de la ségrégation en donnant la parole à celles qui, loin de toute velléité de rébellion, aspirent simplement à être considérées avec respect et impartialité, permet de doter le texte d'une humanité touchante.



On rit, on pleure, on suit avec intérêt l'évolution d'une intrigue qui mêle habilement contexte historique, social, et destins individuels... et je ne vous ai pas parlé de la myriade de personnages secondaires qui contribuent à densifier le récit, ni de la drôlerie de certains épisodes mémorables, ni de...



...bref, si cela n'est pas encore fait, lisez "La couleur des sentiments" !
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La couleur des sentiments



Premier roman de Kathryn Stockett, et c'est un pur bonheur de lecture.

L'auteure nous immerge à Jackson, ville ségrégationniste du Mississipi au cœur de l'année 62.

Rosa Parks a déjà marqué l'Histoire. Martin Luther King est en train d'y inscrire son nom. L'assassinat de JFK ne l'y a pas encore précipité de la manière que l'on sait.

C'est à peu de mois près avant le meurtre de jeunes activistes, brillamment raconté dans - Mississipi burning -

Trois voix, trois coeurs, trois femmes se font écho dans ce livre pour nous raconter la vie de femmes noires - Les bonnes - employées, exploitées, méprisées, humiliées… parfois, plus rarement, aimées et respectées, par des femmes blanches, lesquelles sont un échantillon représentatif de l'héritage esclavagiste du Sud.

Ces trois femmes vont en convaincre d'autres, sous couvert d'anonymat, de raconter ce que c'est que d'être une domestique noire dans ce Mississipi du début des années 60... et de faire de leurs témoignages un livre.

C'est donc l'élaboration de ce livre clandestin que nous narre Kathryn Stockett, et ce "prétexte" littéraire (ne pas sous-estimer la fonction du livre… !)qui lui permet de nous faire entrer dans les vies d'une multitude de personnages, tous très travaillés et "attachants", et de nous offrir cette immersion dans ce Jackson d'il n'y a pas si longtemps en faisant naître chez ses lecteurs un large panel de la couleur de ses sentiments.

Un style fluide.

Une histoire à la structure narrative irréprochable.

Des personnages à la Margaret Mitchell.

Un livre aux 600 pages irrésistibles.
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La couleur des sentiments

Nous voilà à Jackson, Mississipi en 1962 … ah le sud des Etats Unis et ses Jim Crow Laws, sa théorie du « separate but equal » pleine d’hypocrisie et son racisme absolument ouvert et méprisable.

Un roman passionnant dans cette société : on y rencontre des familles blanches bien propres sur elles, dont le verni ne cessera de craqueler quand leurs bonnes noires (évidemment) commencent à raconter l’envers du décor. C’est une entreprise risquée qu’entreprend une blanche atypique, Skeeter, quand elle décide de rassembler leurs témoignages en un livre. Une entreprise solidaire toutefois en cette période de lutte pour les droits civiques, la ségrégation dans les bus et les écoles étant terminée mais l’égalité encore loin d’être atteinte.

Alors certes oui, toutes les familles ne sont pas odieuses, mais comment comprendre le fait que de discuter avec une personne noire soit mal vu, que des toilettes séparées doivent être installées pour les noirs supposés porter des maladies, ou que les blancs soient au contrôle de toute la communauté, des emplois aux logements, de la police aux bibliothèques ?

Une lecture qui rappelle que cette situation existait encore il y a à peine 70 ans …

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La couleur des sentiments

Ce roman est pure merveille.



On suit le quotidien de plusieurs domestiques noires et d'une jeune femme blanche. Les chapitres alternent le point de vue de trois femmes : Aibileen, domestique qui s'occupe en particulier d'une petite fille qui manque d'attention, elle est douce et pieuse, n'a pas été gâtée par la vie ; Minny qui n'a pas sa langue dans sa poche, ce qui lui a valu de nombreux renvois, elle vient de déclarer la guerre à l'une des femmes les plus influentes de la ville ; et Skeeter, cette jeune femme blanche qui veut devenir écrivaine.



Même si on est bien conscient que cela ait existé, il est toujours triste de voir comment étaient traités les noirs à cette époque. Ils pouvaient se faire abattre dans la rue sans qu'aucune enquête ne soit menée. On avait peur des maladies qu'ils pouvaient transmettre en partageant les mêmes toilettes que les Blancs...Bref que des actes horribles et des stupidités qui nous révoltent...



C'est une très belle leçon de résistance que nous offrent ses femmes qui sont chacune à leur manière prisonnière de leur condition. En prenant la plume et en narrant leurs histoires, elles mettent enfin des mots sur ce qui leur est arrivé et Skeeter en tant que Blanche leur donne le moyen d'ouvrir leur bouche et de balancer tout ce qu'elles ont sur le coeur.



Les personnages sont beaux, très bien décrits, on vibre à leurs côtés, on a peur pour eux. C'est toute une ville du Sud qui est ressuscitée devant nos yeux et ses habitants semblent si réels...La tension monte au fur et à mesure, similaire à la tension qui existait dans ces villes suite aux différentes marches lancées par Martin Luther King.



Ces femmes nous offrent une belle leçon de courage et de révolte. Cette sororité puissante m'a fait penser au roman d'Emmanuel Dongala, Photo de groupe au bord du fleuve.


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La couleur des sentiments

Je ne rajouterai rien à tout ce qui a été dit, sauf que j'ai tellement aimé le film au cinéma, revu beaucoup de rediffusions ,que, lorsqu' il y a quelques années, j'ai voulu lire le roman, je l'ai vite abandonné; puis le thème de mon club lecture étant la ségrégation, , j'ai voulu redonné à ce roman une nouvelle chance ,( ceci dit l'auteure n'avait pas besoin de moi, ce livre fut et reste un énorme succès) , je l'ai relu depuis le début, et à ma grande surprise, j'ai aimé!



Mais au fur et à mesure , rebelote, j''ai laissé de nouveau, le livre de côté, pour le reprendre ,( oui, il faut me suivre), quelques semaine plus tard, (confinement?) pourquoi je n'en sait toujours rien, et oh miracle, la fin m'a vraiment transportée

Les personnages n'étaient peut être pas si haut en couleur que le film, de grandes longueurs, mais quel régal par moment (ceci-dit, pas avec la tarte au chocolat ), j'ai ri toute seule, et il faut reconnaître honnêtement que les personnages sont attachants et l'histoire bien trouvée.



On peut être transporté facilement au USA des années 60 où le KKK régnait en maître , où il était de bon ton chez les bourgeoises de ne pas tolérer une jupe au-dessus du genoux mais où, on pouvait aisément humilier sans scrupules, des être qui avaient comme seul péché, le fait d'avoir une autre couleur de peau.

Certains, s'ils le pouvaient , on dû se retourner dans leurs tombes, s'ils avaient vécu assez longtemps pour voir Obama, premier président noir , à la tête des Etats Unis .

Compliqué pour moi, mais ne l'ai-je pas été durant cette période de confinement, pourtant , j'ai eu l'impression d'avoir vécu ce moment sans grandes difficultés...
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La couleur des sentiments

J'ai eu du mal au début à comprendre qui était le narateur jusqu'à ce que le mécanisme d'écriture de Mme STOCKETT me saute aux yeux : le narateur change à chaque chapitre... Une fois ceci intégrer, on entre très facilement dans l'histoire... Je dirais même que cette technique d'écriture permet d'appréhender la psychologie et la densité de chaque personnage... Car la force de ce roman est bien là !



Outre le thème du roman, nous avons ici une palette de personnages plus attachant les uns que les autres... Vous allez aimer Skeeter, fille blanche de bonne famille qui n'arrive pas à trouver sa place dans ce monde d'apparance... Vous aller être toucher par Aibeeleen, bonne pleine d'amour et de foi... Vous allez rire de Miss Celia et de sa bonne Minny qui n'a pas sa langue dans sa poche... Vous allez détester Miss Hilly... Mais plus encore, vous allez vous posez les bonnes questions sur la situation à cette époque, et peut être même froler, lors de votre lecture, ce paradoxe omni-présent qui liait les femmes blanches à leurs bonnes qui élevaient leurs enfants. Une chose est certaine, vous ne sortirez pas indemne de cette lecture...



athryn Stockett ne tombe pas dans la facilité du stéréotype... Elle nous offre là toute une palette de réaction face à la ségrégation qui faisait rage à cette époque : de l'acceptation, à la rébélion en passant par la propagande anti-noir, à la lutte pacifique... Elle nous fait passer par tous les sentiments : j'ai eu peur lorsqu'elle évoquait le Klux Klux Klan, j'ai pleurer quand Aibeleen a du dire au revoir à la petite blanche qu'elle aimait tant, j'ai craind Mynnie pour l'aimer ensuite, j'ai moi aussi mépriser Miss Celia avant de m'y attacher, j'ai détester Miss Hilly et ai attendu patiemment de quoi retournait cette chose horrible abominable que Missy avait fait ...



Un réel coup de coeur que ce roman ! D'autant qu'il est bourré d'humour... Beaucoup de scène m'ont fait sourire, voire rire aux éclats ... Car ce livre ne sombre pas non plus dans le trop larmoyant ... En bref, il sonne juste et c'est ce qui plait !! Je vous le conseille vivement, il est est de ces livres qui ne vous laisse pas indemne et que vous êtes triste de quitter lorsque vous l'avez fini !!




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La couleur des sentiments

Une lecture qui m’avait tentée après le très beau roman Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg. À l’inverse de ce dernier, nous ne suivons pas les personnages sur plusieurs générations mais sur une période plus courte, dans le Mississippi des années 60, où deux femmes de couleur, Aibileen et Minny, travaillent depuis toujours en tant que femmes de ménage et nurses dans des familles blanches.



À travers elles est narré ce quotidien fait de discriminations et d’injustices, où Aibileen ne doit pas utiliser les toilettes de ses employeurs sous peine de transmettre « les maladies des gens comme elle ». Interdiction que brave Minny, plus tempétueuse, ce qui provoque son renvoi de chez l’abominable Miss Hilly, tyrannique pimbêche raciste à qui toutes les dames de bonne famille de la ville obéissent au doigt et à l’œil.



Aibileen, plus âgée et résignée que Minny, a toujours su se montrer irréprochable. Pour elle, il était évident qu’elle serait bonne à tout faire, parce que sa mère l’a été avant elle, tandis que sa grand-mère était esclave. Ce qui est triste, c’est que les personnages de cette histoire ont beau être fictifs, les faits ont bel et bien existé et tout était considéré comme normal.



Skeeter apporte une touche d’espoir. Au lieu d’imiter Miss Hilly et de céder aux remarques de sa mère, en se mariant, en faisant des bébés et en cancanant, elle a fait des études et a trouvé un travail dans la rédaction journalistique, son rêve étant de devenir écrivain. Si elle est blanche, elle subit une autre forme de discrimination, à travers le sexisme, sa mère pensant que son célibat veut forcément dire qu’elle a des désirs « contre-nature » et Miss Hilly voulant la présenter à un beau parti.



Ce que j’ai aimé avec Skeeter, c’est qu’elle n’est pas le prétexte à une romance. La personne qu’elle aime le plus est la bonne de sa famille, Constantine, qui l’a élevée et dont elle veut connaître les raisons de son absence, alors qu’elle vient de rentrer à Jackson après ses études. Elle cherche également à écrire un livre sur la condition des femmes de ménage, de leur point de vue, comment elles vivent leur quotidien, ce que cela fait d’élever les enfants de leurs employeurs, qui deviennent comme leurs parents lorsqu’ils grandissent. Malheureusement, le risque est bien trop grand si ces femmes osent témoigner...



Je n’en dirais pas plus au niveau de l’intrigue ! J’ai beaucoup aimé cette lecture, triste, très touchante, mais avec de l’espoir et même de l’humour, à travers l’insolence de Minny, notamment.



Il existe une adaptation cinématographique avec Viola Davis, Octavia Spencer, Emma Stone, Jessica Chastain et même Sissy Spacek (la fan de Stephen King que je suis était contente de voir la cultissime interprète de Carrie), que j’ai trouvée très bonne et fidèle, à de minuscules détails près.



Je vous recommande donc autant la lecture que le visionnage. 🙂
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La couleur des sentiments

« J’ai envie de crier assez fort pour que Baby Girl m'entende, de crier que sale, c'est pas une couleur, que les maladies, c'est pas les Noirs. Je voudrais empêcher que le moment arrive - comme il arrive dans la vie de tout enfant blanc - où elle va se mettre à penser que les Noirs sont moins bien que les Blancs. »

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« Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. » .

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Bonsoir tout le monde on se retrouve pour parler encore de fiction historique et encore une fois sur la ségrégation. .

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La Couleur des sentiments est un roman que j’ai lu quand j’étais encore au lycée, prêté par ma grand-mère tant le film m’avait secouée. J’ai adoré la plume dd l’auteure et la façon dont le livre était construit. J’ai adoré le déterminisme de Skeeter, et le début de reprise de pouvoir de ces femmes noires encore oppressées par leur « maitresse de maison ». C’est un livre poignant, avec une adaptation magnifique au cinéma qui m’a permise de découvrir la sublime Viola Davis. Si vous êtes sensibles à la condition des femmes et à la ségrégation aux USA ce livre est fait pour vous. Tout plein de femmes qui décident de reprendre le pouvoir qu’on leur a volé, leurs droits qui ont été piétinés. C'est un livre qui m'a marqué en tant qu’humaine et que lectrice et l'adaptation cinématographique également. Je vous les conseille fortement !
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La couleur des sentiments

La couleur des sentiments est un livre magnifique, on vit littéralement l’histoire, on est frappé par tant de dignité malgré toutes les horreurs que ces femmes noires doivent subir au jour le jour dans cette Amérique raciste des années 60 et même si c’est une fiction, on imagine bien qu’il a dû se passer des choses similaires à cette époque. Le récit alterne tour à tour entre le point de vue de Minny, Aibileen ou Skeeter et on n’a aucune difficulté à s’immerger dans le quotidien difficile de ces 2 bonnes noires. Le récit de Skeeter n’est pas non plus dénué d’intérêt, la relation avec sa mère, avec Constantine, la perte de ses amis, son histoire d’amour sont autant d'éléments qui viennent s'ajouter à une histoire déjà très riche.



Ce livre est réellement magnifique, très touchant, on a vraiment beaucoup de mal à décrocher tant on a envie de savoir ce qui va se passer ensuite. Kathryn Stockett rend un très bel hommage à toutes ces femmes noires qui ont passé leur vie à servir des familles bourgeoises blanches. La couleur des sentiments fait, ou fera, sans aucun doute partie des grands classiques qui traitent du racisme et de la ségrégation aux États-Unis.

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La couleur des sentiments

Quelle merveille, ce roman ! Tout me plait en lui, l'histoire, les personnages, le style, la construction (qu'est-ce que j'aime le roman choral...) et l'incroyable émotion qui s'en dégage, le tout en appelant à la tolérance, l'altruisme et la philanthropie.



L'argument principal, c'est la ségrégation. Les incroyables différences entre les noirs et les blancs, qui se matérialisent ici par le débat sur "les toilettes" : toute famille qui se respecte doit en effet avoir des toilettes séparées pour ses domestiques noirs, afin de ne pas risquer d'attraper des maladies.

On notera aussi l'effarante liste de recommandations d'une mère à sa fille de 15 ans lors de sa première journée au service d'une famille blanche. Et l'absurdité de voir les enfants blancs élevés par des domestiques noires devenir une fois adultes leurs patrons.



Cet aspect est donc particulièrement réussi, et choc.

Les protagonistes de l'histoire s'unissent d'ailleurs pour écrire un livre sur cette intolérable situation, et faire éclater leur vérité. La vérité.



Mais ce qui m'a bouleversée c'est la foule de petites choses qui amène à réfléchir, à aiguiser son regard sur cette société des années 60 :

La pression que subit Skeeter Phelan, jeune fille de 23 ans qui n'est pas encore mariée, et qui bien que brillante souffre de sa grande taille qui la fait paraître différente.

La duplicité de cet homme politique, le père du petit ami de Skeeter, qui pense en privé que les noirs et les blancs devraient avoir les mêmes droits, mais ne peut en aucun cas exprimer publiquement cette opinion sous peine de choquer sa base électorale.

La discrète Lou Ann Templeton, qui passe pour fade et ennuyeuse auprès des jeunes blanches, Skeeter y compris, et qui a pourtant un cœur d'or et une générosité sans faille auprès de sa bonne Louvinia.

L'exubérante Célia Foote qui cache bien plus de fragilités que ne pourraient le laisser penser ses allures de bimbo, et surtout une gentillesse désarmante, loin des préjugés.



J'ai tout aimé dans ce livre. Et mon plus grand coup de cœur c'est pour cette bonne Aibileen (notez ici qu'on peut entendre le mot "bonne" comme on le décide) qui aime tellement les enfants qu'elle élève ! La relation qu'elle tisse avec eux, et la manière dont elle essaye de les aider à se construire, à l'aide d'histoires secrètes (mention spéciale à "martien Luther King") et d'exhortations à croire en leurs qualités, est fabuleuse.
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La couleur des sentiments

Même si j'ai souvent été gênée en lisant ce roman (Comment croire qu'il a été écrit au XXI°siècle ?), même si la violence du récit est sans cesse édulcorée et que ses héroïnes résolvent des siècles d'humiliation par la grâce de comptines bien-pensantes, même si Kathryn Stockett suggère parfois qu'être une fille blanche de 1,80 m. est à peine moins compliqué que de garder des enfants d'une autre couleur que la sienne dans le Mississippi, je suis loin d'avoir détesté ce livre. On a peine à concevoir que l'Afrique du Sud ait été mise au banc des nations pour son apartheid alors que les États-Unis, à la même période, faisaient croire qu'ils avaient inventé le melting-pot.

« La Couleur des sentiments » parle de la vie quotidienne, de tous ces faits sidérants destinés à permettre la séparation dans l'égalité (!), depuis l'uniforme obligatoire que les bonnes devaient se payer, jusqu'aux toilettes séparées destinées à éviter de transmettre des maladies.

« Mesdames, savez-vous que :

— 99 % des maladies des Noirs sont transmises par l'urine.

— Nous pouvons être handicapés à vie par la plupart de ces maladies, faute d'être protégés par les facteurs d'immunité que les Noirs possèdent en raison de leur pigmentation plus foncée.

— Les Blancs sont porteurs de certains germes qui peuvent également être nocifs pour les Noirs. Protégez-vous. Protégez vos enfants. Protégez votre bonne. »

Malheureusement, quelle que soit la valeur de tous ces faits vrais qui nous sont présentés, le plus intéressant n'est pas traité. Les antisémites n'ont jamais engagé des Juifs pour élever leurs enfants. Pourquoi les Blancs ont-ils systématiquement confié leurs petits à des Noires dans les pays d'apartheid? Ou plus exactement, comment peut-on grandir en découvrant un beau jour que celle qui vous a élevé est méprisable et même répugnante ? le livre multiplie les mystères : qu'est devenue la nanny de Skeeter? Pourquoi Célia s'enferme-t-elle dans des chambres vides? Quel abominable tour Minny a-t-elle pu jouer à Hilly? Chacun de ces secrets sera résolu pour mieux dissimuler la véritable énigme qui, elle, n'est pas même posée: jamais aucun personnage n'affronte cette révélation qui transforme la scène primitive de papa Freud en conte pour s'endormir. Comment toute une nation a-t-elle pu affronter le sacrifice de son premier objet d'amour, comment a-t-elle pu apprendre la répulsion pour la peau et l'odeur qui l'a enveloppée, sinon en développant la haine de soi?

Ce n'est pas dans « La Couleur des sentiments » qu'on trouvera réponse à ces questions. Tout au plus apprend-on que les taches de transpiration sur les cols de chemise disparaissent si on les frotte avec de la mayonnaise. Quelqu'un pour essayer ?





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La couleur des sentiments

Ca fait longtemps que ce roman stagnait dans ma PAL mais comme j'en avais vu l'adaptation cinéma il m'a fallu un coup de pouce et une session de 'Pioche dans ma PAL' pour que je m'attelle à cette lecture.

Ca a été une vraie redécouverte et j'ai passé un très bon moment de lecture. Finalement, je ne me souvenais que des grandes lignes de l'histoire (il y a des choses inoubliables toutefois) et c'est avec beaucoup d'émotion et de tendresse que j'ai refais connaissance avec les bonnes et les dames qui les emploient à Jackson.

C'est terrifiant de lire ce genre de chose. Bien sur, on connait le ségrégationnisme...mais ces petites choses du quotidien, tous ces détails qui nous sont livrés par le menu ont été autant de claques retentissantes pour moi.

C'est très bien écrit et c'est très intéressant. La narration, répartie entre trois narratrices, est savamment dosée et nous fais croiser des êtres magnifiquement cernés dans leurs personnalité, leurs qualités et leurs immenses faiblesses.

Une lecture riche, très émouvante et nécessaire qui va me laisser longtemps une marque. Je recommande à tous cette lecture mais aussi le film qui en a été tiré.
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La couleur des sentiments

L'auteur a mis trois années pour écrire ce livre qui est son premier roman. Il lui a fallu ensuite trois années avant de pouvoir le publier en 2009. Ensuite ce livre a pris son envol, il restera 100 semaines dans la liste des best-sellers du New-York Times. Il sera ensuite rééditer en livre de poche, adapté au cinéma et traduit en nombreuses langues. Il a reçu le prix des lectrices du roman Elles en 2011.

Ce roman se base sur des faits historiques, l'histoire se déroule à Jackson Mississippi dans les années 60. Il y est question de la ségrégation raciale aux Etats-Unis.

Skeeter, jeune femme blanche, écrit un livre de témoignages sur la condition des femmes noires qui travaillent comme bonnes dans les familles blanches, grands propriétaires des champs de coton. Aibileen, Minny et d'autres sont les femmes qui prennent le risque de dire leur vécu. L'ambiance est lourde, pesante, il y a des pressions, des menaces et du danger, pour chacune des actrices de ce récit. le livre sera-t-il terminé assez rapidement pour être publié. de nombreuses difficultés apparaissent, Des révélations sont faites. Des secrets émergent. Skeeter apprend peu à peu ce qu'est devenu Constantine qui l'a élevée.

J'étais à la fois impatiente de connaitre la conclusion du livre, et j'aurai voulu qu'il soit encore plus long. Il y a de la tension et du suspens. C'est un témoignage nécessaire et courageux, certes romancé, mais pas naïf, qui met en lumière les conditions de vie inacceptables faites à des êtres humains. J'ai beaucoup aimé l'idée d'un livre dans le livre, qui est un livre militant, porteur d'espoir.

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La couleur des sentiments

Je dois dire que c'est vraiment l'un des meilleurs livres que j'ai jamais lus de toute ma vie. Depuis sa sortie en 2010, je n'arrête pas de le recommander auprès de mes amis ou connaissances et c'est aussi le livre que j'ai plus offert à Noël !

Nous sommes en 1962 à Jackson, Mississippi. Eugenia Phelan, alias "Skeeter", 22 ans, est rentrée chez elle après avoir obtenu son diplôme universitaire et découvre que, Constantine, la femme de chambre de sa famille et la femme qui l'a élevée, a mystérieusement disparu. Aibileen, est

une femme de chambre noire qui travaille pour une famille aisée et se soucie profondément de leur fille, Mae. Minny est l'amie la plus proche d'Aibileen et une merveilleuse cuisinière, mais son franc-parler ne cesse de lui causer des ennuis et personne ne veut l'embaucher, sauf Celia Foote qui est nouvelle en ville et ignore la réputation de Minny (elle est rebelle, pleine de colère, intelligente et sage, bref ,ce n'étaient pas des traits de caractère appréciés chez les noirs à cette époque).

Entre ces trois femmes, naît une amitié bouleversante. Skeeter décide d'écrire un livre sur la condition des Noirs, les injustices qu'ils subissent et aussi sur tout ce qu'ils peuvent ressentir face a ce racisme tranchant. Elle sera appuyée dans sa démarche par des nombreuses femmes de couleur qui prendront leur courage a deux mains pour raconter leur quotidien.

Il s'agit d'un livre de fiction historique sur ce que c'est que d'être une femme noire (et pas que) dans le Sud des Etats-Unis des années '60. Aussi riche qu'il soit ce livre, à la fois en termes des personnages qui sont extrêmement complexes ou d'intrigue, son véritable accomplissement est celui de m'avoir encouragé à examiner mes propres préjugés. Le racisme a toujours été un sujet frustrant pour moi, tout comme le sexisme. Mon esprit a du mal à comprendre l'idée qu'il fut un temps où les gens "instruits" croyaient sincèrement que toute race ou sexe était supérieure à une autre (!). Ce livre m'a montré comment de telles croyances étaient ( et sont encore) possibles.

Les personnages ont peut-être été considérés comme un cliché pour représenter des personnes de couleur, mais l'histoire, à mon avis, sonne juste. Sa pertinence se fait encore sentir de nos jours.

Je crois, en tant qu'être humain, qu'il y a quelque chose à l'intérieur de chacun de nous qui témoigne de la valeur de notre âme. Cependant, les Noirs avaient alors encore moins d'accès à la connaissance que les blancs, ce qui ne leur laissait rien d'autre que leur propre conscience comme preuve de leur valeur. Quelle frustration d'être un humain dont la liberté est limitée par la compréhension des autres...

"La couleur des sentiments" est un livre très intelligent, loin d'être fictif dans sa représentation du monde, peut-être destiné à un public plus global car il propose une histoire divertissante tout en abordant ces problèmes éthiques profonds. Toutes les vies comptent et si nous faisons l'effort et avons la présence d'esprit d'écouter plutôt que de gouverner depuis nos propres tours d'ivoire, le monde peut aller mieux...
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La couleur des sentiments

Un coup de coeur et une leçon de vie et de tolérance. Les point de vue de Aibileen et de Minny sont les plus intéressants. J'avais lu ce livre suite au film que j'avais vu et qui m'avait beaucoup marqué.

Et j'ai largement préféré le livre qui ne rend pas les choses aussi évidentes et aussi rapides que dans le film. C'est un roman qui prend son temps et qui nous permet presque de vivre les choses jour après jour.

La confiance entre Aibileen et Skeeter, la relation qui se développe entre Minny et Celia. Toutes ces femmes vivent avec la peur au ventre d'avoir parlé, la peur de se faire découvrir et craignent pour leur vie. Je n'arrivais pas à lâcher l'histoire qui est prenante de bout en bout et est très bouleversante.

A lire absolument !
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La couleur des sentiments

"Amener les femmes à comprendre. Nous sommes simplement deux personnes. Il n'y a pas tant de chose qui nous séparent. Pas autant que je l'aurais cru"



Nous vivons ici le quotidien des bonnes de la ville de jackson durant les années 60 dans le Mississippi plus particulièrement celui d'Aibileen (56 ans) , Minny (36 ans) et Skeeter (23 ans).

L’âge est ici important car tout à chacun n’appréhende pas les changements avec le même degrée.

Skeeter est de retour au « pays » après avoir fini ces études à la fac, cependant elle cherche Constantine sa bonne, qu’elle considère plus comme son amie, sa confidente, sa deuxième mère



Nous avons ici le point de vue des bonnes en les personnes d’Aibileen et Minny qui nous font partagée leurs quotidiens, leurs angoisses et leurs espoirs.

L’histoire commence par la question qu’est-il arrivé à Constantine pourquoi est-elle partie ? De ce postulat nous suivons la vie de ces femmes, leurs pensées, la manière dont elles sont traitées/perçues durant ces années.

Nous avons aussi ici des références à l’œuvre « ne tiré pas sur l’oiseau moqueur » qui lui nous présente la vie dans le sud à travers les yeux d’enfants.



Il est un peu dur d’entrée dans le livre car le début est lent, cependant il est intéressant et agréable a lire.

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La couleur des sentiments

J’ai adoré cette lecture, encore plus que j’avais adoré le film éponyme ! Ce livre nous fait passer par tout un panel d’émotions... du rire aux larmes en passant par la révolte, la colère et la frustration !



Ce livre nous partage un pan de l’histoire américaine qui aujourd’hui peut nous paraître choquant, hallucinant (Quoique ! Les événements récents font un peu trembler !) et lointain mais nous ne devons pas l’oublier ! Même si mes yeux ont saigné chaque fois que j’ai lu le mot "nègre" ou "négresse", ces mots étaient bien utilisés au quotidien à cette époque pas si lointaine...



J’ai trouvé la plume très intéressante car elle change en fonction du narrateur (c’est un roman Choral avec 3 points de vue différents). Il y a quelques longueurs sur le 3ème 1/4 mais cela n’a rien enlevé au plaisir de ma lecture ! Un petit conseil: lisez le texte de l’autrice en toute fin du roman, après les remerciements.



Et maintenant j’ai envie de revoir le film !
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La couleur des sentiments

La couleur des sentiments de Kathryn Stockett



Cette histoire est Prenante et attachante.

Ce livre vous emmène avec lui. je me suis retrouvée au cœur de ses personnages attachants, de leur quotidien banal, injuste, d’une colère contenue. Expliquer avec simplicité et force, cette Amérique des années 1960 où blancs et noirs ne sont pas égaux et c’est peu de le dire....

J’ai pleuré, ri, haï pendant ma lecture.

La réalité percute, ses bonnes avaient une force insoupçonnée, mentale et physique.

Une épopée à découvrir avec une grande humilité !

Vous ne serez pas insensible à ces vies, ces destins qui s’affrontent, se croisent et s’envolent pour des routes sinueuses et indécises.
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La couleur des sentiments

Je dois être une des dernières à lire La couleur des sentiments, publié en 2010, l’année où j’ai ouvert mon blog, et sans doute découvert à cette occasion (une des premières tentations sur la loooongue liste liée aux blogs). Je l’avais offert à ma maman, qui me l’a prêté et… oui, honte sur moi, je le lis seulement maintenant.



Nous sommes en 1962, à Jackson, Mississipi. Elles sont trois, deux Noires et une Blanche, trois femmes unies par un sentiment d’injustice, une colère sourde, trois femmes qui vont s’atteler à un projet commun et qui vont comprendre que les limites déterminées par la couleur de peau ne sont que des barrières extérieures, qu’on peut les empêcher de vous pourrir la tête. Elles, ce sont : Aibileen, la bonne des Leefolt, déjà d’un certain âge, qui se sent pousser une petite graine dure comme pierre depuis la mort accidentelle de son fils ; Minny, cinq enfants, un mari alcoolique et violent, toujours en colère, la bonne qui n’a trouvé du travail que chez une jeune femme étrangère à la ville, Miss Celia, qui – heureusement – ne comprend rien aux codes et aux diktats de la Ligue des femmes, même si elle voudrait tant en faire partie ; Skeeter, jeune diplômée blanche qui vit toujours chez ses parents, sur la plantation de coton, et qui est encouragée par une éditrice new-yorkaise à écrire sur un sujet fort qui lui tient à coeur.



Et c’est ainsi que naît ce projet d’un livre de témoignages des bonnes noires sur leur travail et leurs relations avec les familles blanches chez qui elles travaillent, particulièrement les femmes et les enfants. N’oublions pas qu’on est en 1962 seulement et que, s’il venait à être découvert, ce projet coûterait cher aux bonnes. Car si les hommes blancs règlent brutalement leurs comptes à coups de poings ou de revolver, (le Ku Klux Klan n’est jamais loin), les femmes blanches – du moins les plus influentes, les plus racistes (ou les plus frustrées ?) – s’y entendent vicieusement bien pour détruire peu à peu la vie des Noires si nécessaire.



Le roman alterne les points de vue des trois principales protagonistes, tout en dressant un portrait rapproché d’autres femmes, Miss Leefolt, Miss Hilly ou la mère de Miss Skeeter, sans oublier Constantine, l’ancienne bonne de Skeeter dont celle-ci est sans nouvelles. Les pages se tournent toutes seules, on rit, on a la gorge serrée, on espère avec nos trois héroïnes que leur livre sera bien édité mais on tremble des conséquences qu’elles pourraient subir. Et puis ne croyez pas que tout est manichéen, il y a beaucoup de nuances dans ce roman qui montre que les relations entre les maîtresses de maison et leurs bonnes oscillent entre mépris racial et amour, avec surtout beaucoup d’amour, même s’il est fondé sur des rapports de ségrégation. Il porte aussi le message que l’on peut trouver sa place dans la vie, même si on n’est pas né au bon endroit dans les bonnes conditions ou si on ne se sent pas bien dans sa peau : c’est un message commun à Aibileen, Minny, Skeeter et bien d’autres, si elles veulent bien le comprendre.



Kathryn Stockett explique à la fin comment elle s’est inspirée de sa propre nounou noire, Demetrie, et combien elle s’est sente marcher en équilibriste sur le fil de son roman, puisqu’elle a osé se mettre dans la peau de deux femmes noires et parler à leur place, en quelque sorte. Pari audacieux, mais réussi.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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La couleur des sentiments

Tout commence par une banale histoire de toilettes et une proposition de loi pour que chaque bonne ait les siennes, puisqu'il lui est interdit de les partager avec la famille pour laquelle elle travaille. A cause de préjugés, encore et toujours, sur les Noirs. Même si l'esclavage a disparu depuis de nombreuses années, la ségrégation persiste.



Nous sommes en 1962 à Jackson, Mississipi. C'est l'histoire de deux Noires, et d'une Blanche. Skeeter, jeune issue de la bourgeoisie blanche, rêve de devenir journaliste et pour ce faire, elle décide d'écrire un livre sur un sujet qui la dérange. C'est ainsi qu'elle demande à des domestiques ce que l'on ressent lorsqu'on est une Noire travaillant pour une famille de Blancs dans le Mississipi. D'abord réticentes à se dévoiler, celles-ci changent brusquement d'avis suite à un évènement tragique, même si elles s'exposent continuellement à un risque. Les premières à témoigner seront Aibileen, puis Minnie, 2 domestiques qui travaillent chez les meilleures amies de Skeeter. Naturellement, les interviews s'effectuent dans le plus grand secret, la découverte de ces témoignages pouvant être dramatique. D'emblée, il est décidé que les déclarations resteront anonymes.



Au fil des pages, on découvre en même temps que Skeeter ce que c'est qu'être une bonne depuis son enfance : une voie toute tracée avec des règles inculquées dès l'âge de 14 ans pour travailler chez les autres, des règles comme « ne pas se mêler de leurs affaires », « manger à part », « avoir toujours ses couverts et ne pas se servir de ceux des Blancs »... et puis plus tard, leur vie au sein des familles. Les unes après les autres, elles racontent. Elles affichent clairement une haine profonde pour les Blanches, et paradoxalement un amour inexplicable pour leurs enfants. Skeeter va devoir mentir pour les protéger et s'éloigner de ses amies qui ne comprennent pas son engouement pour cette cause, se retrouvant seule à la défendre.



Kathryn Stockett dresse des portraits de femme touchants, renforcés par une narration alternée qui laisse la voix tour à tour à Skeeter, Aibileen et Minnie. Ceci nous permet de mieux comprendre les différents points de vue et nous rapproche d'autant plus des personnages. Certains nous semblent très attachants, d'autres parfaitement insupportables, mais on ne reste pas indifférent.



Pour ceux qui en doutent encore, ce livre bouleversant n'est pas un énième livre sur le racisme ; il rend compte de la condition des domestiques noires dans les années 60, dans le Mississipi. Et même si on a vu le film, le livre est à lire de toute urgence !

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La couleur des sentiments

Ce livre tourne autour de 3 personnages importants. Quel personnage de la liste ne fait pas parti de ce trio?

Skeeter
Constantine
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