Cette voiture, c’était son sas de dépressurisation, un trou blanc dans un discours. S’asseoir au volant et fermer la portière comme on plonge la tête sous l’eau pour écouter le silence. Cette voiture, c’était son échappatoire.
Jade s’en serait bien grillé une, mais elle avait promis à ses gosses d’arrêter. Pour le moment, elle tenait le coup. Pourtant, l’envie la gangrenait.
Voilà dix minutes qu’elle venait de garer son monospace le long du mur de la grange. La journée de boulot avait été particulièrement éprouvante. Son supérieur hiérarchique lui en faisait baver depuis son arrivée, il y a un an.
- Surveille ton langage Keryan ! Alors ? Qui est volontaire ?
- Moi !
Ma soeur levait le bras très haut, comme si elle était encore en cours. Non mais, Maë, là cest un stage de survie ! On ne se porte JAMAIS volontaire pour tâter la mort !
- Je suis habituée aux chevaux. Je voulais en faire mon métier. Ceux-là sont juste un peu plus grands, c'est tout.
- Cest tout ?! Tu as vu les trois poignards qu'il a sur le front, déglutis-je.
- Ne sois pas ridicule ! Il n'y est pour rien. Je n'ai pas peur de lui.
- Ben, tu devrais !
-La question n’est plus de savoir comment rentrer chez vous à présent. La question est de savoir si aujourd’hui vous êtes prêts à vous battre pour sauver des vies, vos vies.
[...] Accroche-toi à des souvenirs agréables, à un espoir, accroche-toi à quelque chose de positif et qui peut te remplir de joie. Accroche-toi à ça et fais tout pour l’atteindre, avec le coeur, avec la tête, par les actes.