Le guerrier était couché à côté de moi, si près que je pouvais voir sa barbe naissante sur son visage maintenant paisible, encadré par les longues mèches de ses cheveux noirs. Je ne pus m’empêcher de tendre la main pour toucher leur soie épaisse, les écartant de son front haut, passant le doigt sur les tresses qui partaient de ses tempes. Ses traits étaient forts et beaux, durcis par le travail, la guerre et le soleil, juste un peu adoucis maintenant dans ce refuge sombre.
Dans sa voix, je détectai de la sincérité, un sens de l’honneur certain, et une réelle volonté de me rassurer. Ses mots dissipèrent mes craintes. Sans savoir vraiment pourquoi, je le crus.
Mon coeur manqua un battement. Il y avait un ature poursuivant que je venait de repérer, beaucoup plus près celui-là _ et il galopait droit vers moi. Je ne m'étais pas suffisamment cachée. Les arbres étaient trop clairsemés. Le guerrier m'atteindrait dans quelques secondes. Je m'armai de ma petite épée et pivotai pour lui faire face. Je savais que résister serai vain. Je serai cernée, frappée, ramenée à Ogilvie pour être chatiée.
Il se tenait à l'entrée de la grande salle du manoir appartenant à sa famille, entouré de ses deux frères. Toutes les paires d'yeux présentes lors de cette réunion tant attendue de nos deux clans ne pouvaient faire autrement que de les fixer. Ils étaient grands et imposants. Avec leurs silhouette massives qui se détachaient en contre-jour, ils aimantaient l’attention de tous.