Pour le spectateur actuel, le muet peut ressembler à un autre monde. Les acteurs s'y expriment différemment, les mouvements semblent ou trop brusques, ou trop lents, les actrices agitent leurs bouches de poupées de porcelaine sans qu'aucun son n'en sorte.
Les pauvres et les opprimés, les losers et les éclopés; tous les spécimens de la société qui doivent lutter plus dur que les autres, voilà l'entourage du Cow-Boy. Alors, pourquoi en effet ne pas y ajouter un pauvre chien recueilli par la mère du Cow-Boy dans sa forêt de Lake Arrowhead, et apparemment traumatisé par d'anciens propriétaires à la sensibilité contestable. (p118)
Le visage de Greta Garbo en gros plan ! Mystère, érotisme, son âme est mise à nu dans un jeu incroyablement subtil et complexe. Tout le contraire de l'image que l'on peut avoir des acteurs du cinéma muet, qui prêtaient à des films obsédants une sensibilité à fleur de peau, une sauvagerie représentée à elle seule par la longue chevelure indomptée de l'évanescente Lillian Gish. On comprend difficilement comment une invention aussi fulgurante que celle du cinéma ne put résoudre plus vite le casse-tête de la synchronisation du son, mais c'est aussi grâce au manque de paroles que les images du muet furent si puissantes.
Il a encore fallu que j'appelle AAA, non pas les alcooliques anonymes analphabètes; mais triple A la compagnie d'assurance qui accourt en moins de temps qu'il n'en faut, ou que vous vous trouviez dans le pays. AAA, la cavalerie de l'Amérique contemporaine. (p113)