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Citations de Judith Merkle Riley (55)


Une fois le royaume de Marie bradé, les cérémonies continuèrent et l'union eut lieu entre le garçon simplet au visage fade et la jeune fille rousse hautaine qu'il adulait. Ceux qui assistèrent à la signature du contrat de mariage dans la grande salle du Louvre, en présence du roi et de la reine, du légat du pape et d'un nombre considérable de dignitaires de l’Église, virent dans les deux adolescents une paire d'ardoises vierges sur lesquelles d'autres allaient inscrire leurs ambitions. Ils semblaient si délicieusement arrogants, si aisément dupés par la flatterie, l'amitié de commande et la malice cachée. Les loups déguisés en courtisans se léchaient les babines en pensant à l'avenir.
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Il se déploya de toute sa taille et croisa les bras sur sa poitrine, sa tête atteignant bientôt le plafond du bureau. Anael était un esprit plutôt séduisant. Pour une raison connue seulement d'un dieu malicieux, il n'était pas seulement le gardien de l'Histoire passée et future, mais aussi celui de la planète Vénus, dans tous ses épicycles et influences. D'apparence, il arborait le physique d'une jeune homme nu, avec de longs cheveux indisciplinés. Il était complètement translucide, d'un bleu nuit très seyant, ponctué de petites particules étincelantes qui tournoyaient à l'intérieur de son corps lorsqu'il était contrarié, ce qui était présentement le cas. Une immense paire d'ailes, d'un noir corbeau veiné de bleu et de pourpre, l'enveloppait comme une cape. Ses yeux jaunes et mystérieux et, par certains côtés, terrifiants semblaient pénétrer jusqu'à la naissance et la fin du temps. Il affichait souvent un sourire aussi charmeur que sarcastique et possédait un sens de l'humour mâtiné d'une pointe de perversité, comme le cours de l'Histoire et de l'amour nous l'a montré.
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La rose n'est jamais aussi belle que juste avant la première flétrissure, c'est bien connu.
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- Maestro, commença Villasse, quand l'Italien eut déposé son fardeau sur la table et se fut tourné vers lui, je me suis laissé dire que vous me vendriez du vitriol.
Dans une pièce voisine, un bébé se mit à pleurer.
- Cela et une dizaine d'autres choses, si tel est votre bon plaisir. Dois-je comprendre que vous désirez vous venger d'une femme ?
- Comment le savez-vous ?
- Le plus simplement du monde : c'est toujours le vitriol qu'on emploie pour cette besogne. Le visage d'une femme, c'est tout ce qu'elle possède en propre, n'est-ce pas ? Prévoyez-vous de le lancer vous-même ? Si telle est votre intention, n'oubliez pas de vérifier la direction du vent avant d'agir, ensuite approchez-vous suffisamment et prenez garde à ne pas vous éclabousser. L'eau n'y ferait rien.
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- Déclame les mots inscrits au-dessus de la serrure, regarde-moi en face, et je serai en mesure d'exaucer tes vœux les plus fous.
- Voilà une proposition bien ridicule ! La plupart des gens seraient horrifiés qu'on leur accordât ce qu'ils croient être la réalisation de leur vœu le plus cher.
- Exact ! s’enthousiasma la créature. Pourquoi es-tu le premier être humain dont je croise le chemin qui sait cela avant d'être tenté de profiter de mon pouvoir ?
- C'est très simple, rétorqua Tante Pauline. Plus que tout, je voulais être riche. Survint monsieur Tournet qui dépensait sans compter, où qu'il fût. Ce n'est pas ce qu'on désire qui pose problème quand on l'obtint, c'est tout ce qui va avec.
- Excellent ! Presque aussi bien que si je l'avais expliqué moi-même.
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On m'a souvent demandé à quoi ressemblait un dîner de sorcières. Est-ce qu'elles se nourrissent de chair humaine? Est-ce qu'elles arrivent à califourchon sur des balais? Ce ne sont là que des préjugés de la part de ceux qui ne savent pas.
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Le visage de Diane de Poitiers, sillonné de ridules, ses yeux soulignés de cernes n'offraient aucune surprise aux deux espionnes. Mais à la première vision du corps de cette femme déjà âgée, elles réprimèrent une exclamation étonnée. Il était blanc, souple, ferme comme celui d'une jeune fille qui aurait été affublée de la tête d'une vieille femme. Pour s'être astreinte à une discipline de fer, la maîtresse stérile avait conservé cette pâle imitation d'un physique frais, tandis que la reine, corsetée sous ses robes ornées de pierres précieuses, ne pouvait dissimuler les difformités de son être ravagé par les grossesses répétées.
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Les odeurs somptueux du dîner qui se préparait me rendaient folle, car nous avions commencé à jeûner en prévision de la communion de la messe minuit. Il faut savoir, en effet, qu'en ces temps de corruption, où les libertins ne se confessaient qu'au seuil de la mort, et les soldats et les libres penseurs presque jamais, les sorcières de Paris ne manquaient jamais la messe. Seuls le roi et sa cour les égalaient dans leur stricte observance. Celles-ci comme ceux-là ne connaissaient pourtant rien aux Saintes Ecritures et croyaient plus au diable qu'en Dieu. Mais dans la mesure où sans Dieu il n'y a pas de diable, les sorcières rendaient hommage à celui qui était en haut pour mieux adorer celui qui était en bas.
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Pourquoi les gens persistent-ils à pactiser avec le diable? si Dieu n'existe pas, alors le diable n'existe pas non plus, et tout n'est que perte de temps et sottises. Mais si Dieu existe, pourquoi un être sensé voudrait-il avoir affaire à un être de second ordre tel que le diable? Cela va non seulement à l'encontre de la logique, mais c'est de mauvais goût.
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Une belle silhouette ou un joli profil, chez un homme ou une femme, étaient un avantage, mais un petit avantage ; la rumeur d'un héritage ou la réputation d'avoir de la chance au jeu étaient préférables. Mais rien ne valait un quelconque lien avec le roi, aussi ténu soit-il. Dans cette perpétuelle lutte pour être vu, pour être le sujet de commérages pendant au moins cinq minutes, il n'y avait pas meilleur atout que d'être une femme de cent cinquante ans qui savait lire l'avenir dans l'eau et pouvait accepter de se séparer d'un pot de sa crème de jouvence.
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- Cette comédienne vous attend-elle ? Ou la louez-vous seulement comme vous louez une voiture ?
- Geneviève Pasquier, dit-il, ne vous êtes-vous jamais dit que l'amour pouvait ne pas s'acheter ?
- Bien sûr, monsieur d'Urbec. L'amour a maintes motivations. La vengeance, par exemple.
- Et la cruauté, Mademoiselle. Cette innocente cruauté qui pousse les chats à déchiqueter une souris ou les enfants à arracher les pattes d'un insecte avec lequel ils jouent. Le besoin qu'un monstre intelligent a de savoir comment les choses fonctionnent.
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Si les murs de ce pavillon pouvaient parler, ce sont des milliers de secrets qu’ils révéleraient.

Chapitre 32
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Je quittai la maison de la sorcière encore sous le coup des découvertes que je venais d’y faire. La Voisin n’était pas une débutante, elle n’était pas une simple ménagère qui garde de la mort-aux-rats dans son placard. C’était une empoisonneuse professionnelle, peut-être la plus grande d’Europe.

Chapitre 30
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C’était une espèce de transformation magique qui durait jusqu’au jour où le Roi-Soleil posait ses yeux ailleurs, et alors la magie s’évanouissait.

Chapitre 18
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Tout ce que fait notre monarque est la perfection même, y compris s’asseoir sur sa chaise percée lors de la cérémonie du petit coucher.

Chapitre 16
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— Le diable…, reprit-il, songeur, quand l’avez-vous rencontré ? Pouvez-vous me le faire connaître ? Avez-vous été obligée de lui donner votre âme en échange de ce don surnaturel ?
Je commençais à être agacée par ses balivernes.
— Pas que je sache, répondis-je d’un ton léger en essayant de prendre de la distance par rapport à ses paroles. Je ne suis que le malheureux produit de l’alchimie. Une femme de bonne famille semblable aux autres… trahie par l’amour… une expérience qui a mal tourné.

Chapitre 15
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C’était le visage d’une étrangère, un visage que je reconnaissais à peine sous la poudre blanche et avec ces sourcils hauts dont l’arc avait été volontairement accentué : l’apparence d’un très grand âge cachée sous le masque de la jeunesse. C’était beau, d’une certaine manière, mais totalement inattendu. (...)
On eût dit que j’arrivais du siècle précédent, vieille femme préservée par un terrible et secret artifice qui lui avait donné l’apparence de l’éternelle jeunesse. J’étais absolument enchantée. Une femme mystérieuse. Une nouvelle femme. — Incroyable. Le Sage secoua la tête en me considérant. Puis il se tourna vers la Voisin avant de poser de nouveau les yeux sur moi. Le regard noir de la sorcière brillait de plaisir tant elle était fière de son œuvre.

Chapitre 11
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— Ma fille, votre présence m’est un soutien et une consolation. Reprenons, voulez-vous, au Livre X ; rappelez-moi d’abord comment Aristote définit le vrai bonheur ?
— Aristote nous dit que le vrai bonheur se trouve dans la contemplation, tandis que l’idée commune du bonheur, synonyme de plaisir ou d’amusement, est entretenue par les cours des tyrans.
— Vous apprenez vite ma fille. Continuez la lecture. Et je continuai à lui lire dans l’Ethique à Nicomaque tout ce qui se rapportait au bonheur fondé sur les activités vertueuses ; il hochait la tête quand j’arrivais à un passage qu’il goûtait tout particulièrement, et souriait de son sourire ironique quand je lisais que les esclaves pouvaient apprécier des plaisirs physiques sans être pour autant considérés comme heureux. Je ne comprenais jamais vraiment ce qu’il voulait dire à l’époque, alors que, maintenant que j’ai vieilli, je ne comprends que trop bien avec quelle clarté il voyait alors le monde.

Chapitre 5
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Père, comme je devais l’apprendre plus tard, avait connu une rapide ascension sociale en tant que financier sous la protection de Nicolas Fouquet, le surintendant des Finances, mais il avait perdu toute sa fortune et sa liberté avec la déchéance de celui-ci. Son visage conserva à jamais la pâleur des prisonniers de la Bastille, et son cœur un dégoût profond pour la Cour et ses intrigues. Il avait été obligé de vendre ses bureaux et vivait à présent des maigres revenus que lui rapportait une petite propriété à la campagne qu’il avait héritée d’un oncle. De ses années en prison, il ne garda qu’un penchant pour la philosophie et un vif sentiment de répugnance à l’idée de retourner à la haute finance. Le bruit courait qu’il avait caché de l’argent à l’étranger, à l’abri de Colbert, le contrôleur général du roi, mais Père ne s’en ouvrait jamais.

Chapitre 2
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Les odeurs somptueux du dîner qui se préparait me rendaient folle, car nous avions commencé à jeûner en prévision de la communion de la messe minuit. Il faut savoir, en effet, qu'en ces temps de corruption, où les libertins ne se confessaient qu'au seuil de la mort, et les soldats et les libres penseurs presque jamais, les sorcières de Paris ne manquaient jamais la messe. Seuls le roi et sa cour les égalaient dans leur stricte observance. Celles-ci comme ceux-là ne connaissaient pourtant rien aux Saintes Écritures et croyaient plus au diable qu'en Dieu. Mais dans la mesure où sans Dieu il n'y a pas de diable, les sorcières rendaient hommage à celui qui était en haut pour mieux adorer celui qui était en bas.
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