Comme la langue d’Esope, le Soleil est la meilleure et la pire des choses. Il éclaire et crée la vie, mais il peut détruire aussi bien la végétation que les êtres. La vénération que la plupart des peuples lui voue transparait dans certains mots. D’ailleurs, si on cherche l’origine du mot Dieu en sanscrit - langue d’où viennent le latin et le grec, entre autres -, on découvre que le sens était lumière ! En d’autres termes, nos très lointains ancêtres associaient l’idée de la divinité avec celle de la lumière du Soleil.
La Tempérance ne doit pas faire songer à l’absence d’ivresse ou à la sobriété. Le mot “tempérance" vient d’un mot latin signifiant "combinaison proportionnée d’un tout, proportions, mesure, retenue, modération". Il y a dans ce mot une idée d’harmonie et donc d’heureux alliages. Ce n’est pas sans raison que le personnage féminin est ailé comme un archange. D’ailleurs, la chevelure blonde et le signe solaire que la jeune femme porte au front peuvent faire penser à Raphaël. Si on ajoute à ces signes le vase d’or tenu de la main droite, on voit a quel point l’ensemble de l’image cherche à évoquer la lumière et la mansuétude.
Derrière le Fou, un chien, un chat ou un chacal s’acharne à déchirer son pantalon en laissant entrevoir une partie humiliante. Le personnage semble n’en avoir cure et poursuit inexorablement son chemin. Est-il indifférent parce qu’il a perdu la raison ou au contraire parce qu’il a acquis une Suprême sagesse? Dans le tarot des Imagiers du Moyen Age, le Fou se dirige vers un crocodile qui le guette. Chez les Égyptiens de l’Antiquité, il était à la fois monstre et divinité. C’est le Léviathan de la Bible. Le fait que le Mat se dirige vers le crocodile est un argument en faveur de l’inconscience du Fou.