"Mais qui aurait pu soupçonner la départementale 48 de receler une menace quelconque?" (Département de l'Allier?)
Dans une France à la suite à des événements dont on ne sait pas grand chose (survenus après le 16 août 2013, en tout cas, ce jour là tout était encore comme d'ordinaire), le narrateur quitte Paris. Un Paris avec stigmates de guerre civile, blindés calcinés, barrages, bâtiments éventrés. La FINUF (Force d'interposition des Nations unies en France) tente d'imposer un retour au calme, le couvre-feu est instauré, mais la France est en proie à des guérillas, sont-ce les milices de Brennecke, ou plus au sud les djihadistes d'AQBRI? (Al Quaïda dans les Bouches-du-Rhône islamique), j'en passe.
Par la nationale 20 et petits trajets bucoliques (il aura toujours un oeil pour la flore et les paysages) le narrateur rejoint Brennecke à Salbris, effectue une mission à Saint-Amand Montrond, puis file vers le sud, avec Victoria, collaboratrice de Brennecke, jusque dans les bouches-du-Rhône.
De temps un temps un observateur extérieur reprend les rênes du récit, apportant peu d'éléments explicatifs d'ailleurs.
Je conçois très bien qu'il s'agisse d'un roman 'ça passe ou ça casse'. L'écriture est extrêmement distanciée (j'ai décelé quelques traces d'humour au n-ième degré), on ne sait rien des tenants ou aboutissants, les narrateur décrit longuement les lieux (je confirme que pour Salbris tout y est - sauf le BA), les phrases s'étirent s'étirent, longues incises, et hop on retombe bien sur ses pattes.
Pour moi ça a passé. J'aime l'écriture, d'abord, et l'ambiance décalée du roman. Oui, imaginez Sarajevo dans les années 90, vous avez le Paris du roman. Ces conflits et guerres civiles 'exotiques' ou en tout cas 'pas chez nous', eh bien c'est en France, et extrêmement bien reconstitué et crédible -Jean Rolin est aussi journaliste, d'ailleurs). Peu importe de ne pas tout savoir, au contraire les impressions n'en sont que plus fortes. Une façon efficace de donner à comprendre ce que vivent certaines populations...
Quatrième de couverture (et début du roman)
"C'était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contresens et sur toute sa longueur. En dépit de la vitesse élevée que je parvins à maintenir sans interruption, entre les parages de la gare de l'Est et la place du Châtelet, j'entendais éclater ou crisser sous mes pneus tous les menus débris que les combats avaient éparpillés : verre brisé, matériaux de construction hachés en petits morceaux, branchettes de platane, boîtes de bière ou étuis de munitions. Ici et là se voyaient également quelques voitures détruites, parmi d'autres dégâts plus massifs. Sur le terre-plein central de la place du Châtelet, à côté de la fontaine, des militaires en treillis, mais désarmés, en application des clauses du cessez-le-feu, montaient la garde, ou plutôt allaient et venaient, autour de l'épave calcinée d'un véhicule blindé de transport de troupes."
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