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Citations de Jean-Michel Espitallier (82)


Jean-Michel Espitallier
L’histoire du discours amoureux

– Je t’aime.
– Moi aussi.
– Je sais.
– Je sais que tu le sais.
– Je sais que tu sais que je sais que tu m’aimes.
– Je sais que tu le sais et tu sais que je sais que tu sais que je le sais et tu sais que je sais que tu sais que je t’aime.
– Je sais que tu sais que je sais que tu sais que je sais que tu sais que je t’aime, et je sais que tu sais que je sais que tu sais que je sais que tu le sais.
– Et tu aimes que je le sache ?
– Oui, j’aime savoir que tu le sais, j’aime que tu saches que je sais que tu m’aimes.
– Et moi j’aime savoir que tu sais que je sais que tu aimes savoir que je t’aime.
– J’aime savoir que tu saches que je sais que tu sais que j’aime aimer savoir que tu saches que je sais que tu m’aimes.
– J’aime t’aimer.
– Et moi j’aime aimer que tu aimes le savoir.
– Je sais que tu m’aimes et j’aime savoir que tu sais que je le sais.
– Je t’aime.
– Je sais.
– Je le savais
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Mathilde était dure mais elle n’était pas rustre. Raffinée, coquette, douce comme peuvent l’être les arrière-grands-mères, joueuse, joyeuse, pétillante. Elle avait exercé sur Marie-Rose, sa fille, et plus encore sur son gendre, « l’Américain », cette sévérité, ce rigorisme que sculptent les vies désossées de plaisir sur lesquelles plane le crucifix.
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Éternel jeune premier sautillant (Paul Mc Cartney)
Nobel folkeux livré avec harmonica (Bob Dylan)
Neurasthénique sous lithium en pull tricoté main (Kurt Kobain)
Frenchie mémère déjantée chic (Catherine Ringer)
Sorcière je m'en foutiste arty (Brigitte Fontaine)
Mannequins piloteurs de machines (Kraftwerk)
Clope au bec, croix de fer autour du cou, super malpoli (Lemmy Kilmister)
Corbeau chevelu avec du rouge à lèvres (Robert Smith)
Psychopathe à Ray-Ban remisé à prison à vie (Phil Spector)
Dégingandé voûté sous perfecto cradingue (Joe Ramone)
Myope teigneux mélancolique (John Lennon)
Sorcière de landes romantico-pop (Kate Bush)
Nain de jardin à bretelles traverseur de scènes façon gallinacée (Angus Young)
Eros pulpeuse fitness chrétienne (Madonna)
Péroxydé cuir à pile atomique (Billy Idol)
Aérobic punk gothique (Cyndi Lauper)
Punkette exubérante à choucroute (Nina Hagen)
Castafiore cuir-moustache (Freddie Mercury)
Bébé cadum athlétique chic (Morissey)
Frankensteino-draculesque indus-metal (Marylin Manson)
Docteur mabuse au cabaret (Tom Waits)
Clergyrman dans les graves (Nick Cave)
etc...
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Et puis, je me suis souvenu que pendant le premier confinement de 2020, les pensionnaires d'une maison de retraite à Londres ont recrée in situ des pochettes d'albums mythiques. Par exemple, une vieille dame posait avec son déambulateur dans la même posture que Michael Jackson sur la pochette de Bad. Une autre frappait le sol avec sa canne sur la pochette de London Calling. Une troisième exhibait le même maquillage que David Bowie sur la pochette d'Alladin Sane.
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Ou est il, le lieu de notre mort? Familier ou étranger, il nous attend quelque part. Ces deux question,s aujourd'hui posées sans peur, sans crainte, parce que ta mort me soigne de la peur de la mort : comment vais je mourir et quand?
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Alors, la voix de la raison susurre : On ne peut pas tout avoir. Certes, mais bon, ça fait suer.
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Depuis quelque temps, la presse people française a résolu le problème de la prononciation, et écrit pipols, si proche de popaul (et de pipeau).
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La célébrité se fonde sur un savant dosage de simplicité (identification) et d’exception (distanciation). De proximité (consolation) et d’inaccessibilité (dévotion). Toute célébrité doit être à la fois unique (comme figure héroïque) et reproductible (comme objet de consommation).
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Consécutive à l'invention de la course à pied, voici l'invention de l'hygiène de vie en personne et de la mise en condition physique, lesquelles s'agrippent de toutes leurs adipeuses ventouses à l'impressionnante batterie d'abstinences et de parcimonie. Vie d'ascète pour accéder au nirvana. Du coup, on finit par s'y perdre quant aux choses qui font réellement plaisir. Conflits d'intérêts, pulsions enchevêtrées, envies contraires, collisions de besoin sans le savoir.
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L’anonyme qui souhaiterait disparaître aurait beaucoup de mal à y parvenir pour la bonne raison qu’il est toujours déjà disparu.
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L’argent ne fait pas le bonheur.
Mais le rock fait beaucoup d’argent.
L’économie libidinale des sociétés libérales – fétichisation de la marchandise, projets de vie devenus projets d’achats, désir devenu désir de consommer, etc. – fond comme un aigle sur cette révolution. La jeunesse devient une cible de choix pour les sorciers du marketing. Elle ouvre de nouveaux marchés que facilitent les médias de masse. Érotisation de la marchandise, marchandisation des passions, alimentation du tiroir-caisse et rock’n’roll en maître de cérémonie financière à grands jets. Bientôt, la rébellion devient un placement à long terme. « Turning the rebellion into money » chantent les Clash dans « (White Man) In Hammersmith Palais ». Le capitalisme est quand même un truc super bien fait, machine à récupérer tout ce qui le met en critique, permissif et décontracté du moment que c’est en rayon.
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Dans ces familles des montagnes, pieuses par instinct de soumission, dures à la tâche, dévouées au travail élevé au rang de valeur morale à condition qu’il soit pénible, on ne dit pas l’amour, on ne prononce pas la grande déclaration qui vibre et fait vibrer, c’est trop difficile à sortir, trop gênant à entendre, trop compliqué à porter. Et ça ne se fait pas. Eugène sent bien quelque chose qui le chatouille subitement au niveau du plexus solaire chaque fois qu’il revoit Marie-Rose, remonte en vagues d’enchantements jusqu’au cerveau, lui procure des ondes chaudes dans tout le corps et lui fait voir le moindre bout de chose comme des bouts de merveilleux, comme des bouts de choses merveilleuses. Mais quand ça arrive à la bouche, il pince les lèvres sans y penser, ça vient tout seul, ce bouchon naturel de mots. Et ça ne sort pas. Bouche bouchée. Ces choses-là ne se disent pas. De toute façon, quand bien même forcerait-il la sortie des mots qui enchantent qu’il ne saurait pas trop comment s’en dépatouiller. Et par où commencer. Et comment dire. Non, on ne parle pas d’amour, le sentiment est superflu, son expression ferait comme un chahut dans le conformisme bigot et les vieilles aliénations, il n’est qu’un motif à peu près nécessaire, et encore pas toujours. On considère les bénéfices et les inconvénients, on soupèse les conséquences, notamment économiques, on évalue les aboutissements pour des projets plus intéressants. Dans un accord parfait avec ce qu’il convient de faire et que tout le monde fait. Alors on passe directement aux choses sérieuses : « Veux-tu m’épouser ? » et puis voilà. Cela fait déclaration. Cela fait preuve. Tout le reste, gnagnasseries ! Valse de balivernes ! Ça lui passera avant que ça nous reprenne ! Il faut renoncer aux sentiments pour rien. Les étouffer sitôt senties les palpitations drôles. Sinon, on se perd en palabres inutiles qui font dévier la vie, les plans de vie, et donnent des énergies qui ne produisent que des tracas. L’amour est juste la mise à feu d’une façon de transformer une situation en choses pratiques, un destin qui n’en est pas un, administratif et catholique, tout le monde à l’église, c’est comme ça, et c’est comme ça pour tout le monde, pour tout le monde pareil, terre à terre, la magie c’est une stabilisation, voilà, parfois quelques hectares de pâture de gagnés, et plus souvent encore l’idiote satisfaction de répondre aux convenances, aux attentes communautaires qui ne veulent ni dérangements ni choses qui partent de travers. La vie, rien de spécial, en somme.
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Eugène est un peu paumé parce qu’il sent qu’il est loin, très loin, et pour de bon. Loin d’où, ça il ne sait plus très bien. Loin de lui-même peut-être. De ce lui-même qu’il est en train d’abandonner dans cette mue géographique, comme si les kilomètres parcourus l’avaient tranquillement épluché.
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Prenons Edison. Il est sourd comme un pot mais invente le phonographe et double sur la ligne d’arrivée le pauvre et néanmoins poète Charles Cros, qui avait imaginé un pareil appareil. Edison était américain, c’est-à-dire plus rapide et sûrement plus malin. Toujours cette histoire de cow-boy qui dégaine le premier. Il déposa brevet, fonda la General Electric pour commercialiser son invention, puis s’en retourna à ses bricolages et inventa la chaise électrique.
Le malin ne s’encombre pas de principes. En plus, là-bas, il est majoritairement protestant, ce qui favorise les comptabilités bien ordonnées et libère des corsets catholiques, tous ces baratins de vœux de pauvreté, modestie expiatoire, j’en passe.
Le rêveur prend quant à lui le rêve au pied de la lettre. Il croit tellement au Père Noël qu’un beau jour, à New York, il se dégote un petit malin qui finit par le lui inventer en vrai.
The winner is ? Celui qui tire le premier, parce que sinon il est le premier à être tiré. Celui qui tire le premier est toujours celui qui va s’en tirer.
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Et donc, l’Américain a brûlé les étapes. Il reste un gros bébé capricieux, débrouillard, brutal et pas très bien élevé. Collé au puritanisme originel mais hors-la-loi dans le sang. Obsédé par la reproduction – de l’espèce, des langues, des choses, des images – et les grands espaces à conquérir, ce qui développe évidemment une énergie considérable et un vif instinct de survie, c’est-à-dire de ruse, lesquels, ajoutés au rigorisme protestant, donneront au sens des affaires un sérieux coup d’accélérateur.
Le miracle américain est une marche en avant, au pas de course. La Manifest Destiny, ce ressort tendu depuis la côte est en direction des contrées sauvages de l’Ouest, doit répandre la démocratie et la prospérité au-delà des Rocheuses, au besoin à coups de winchester. Glory ! Glory ! Hallelujah ! L’Amérique est un corps en expansion qui semble sans frein, sans frontière, sans répit. Une grosse paire de poumons qui gonfle et aspire tout ce qui passe à sa portée. Une fringale d’espaces vierges et une hystérie de conquêtes. Pour un peu, on croirait qu’un jour l’Américain va vouloir grimper sur la Lune.
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Histoire du discours amoureux


— Je t'aime.

— Moi aussi.

— Je sais.

— Je sais que tu le sais.

— Je sais que tu sais que je sais que tu le sais.

— Et moi je sais que tu sais que je t'aime.

— Je sais que tu le sais et tu sais que je sais que tu sais que je sais que tu sais que je t'aime, et je sais que tu sais que je sais que tu sais que je sais que tu le sais.

— Et tu aimes que je le sache ?

— Oui, j'aime savoir que tu le sais; j'aime que tu saches que je sais que tu m'aimes, j'aime savoir que m'aimes et j'aime savoir que tu le sais.

— Et moi j'aime savoir que tu sais que je sais que tu aimes savoir que je t'aime.

— Je sais et j'aime aimer savoir que tu aimes savoir que tu saches que je sais que tu sais que j'aime aimer savoir que tu saches que je sais que tu m'aimes.

— J'aime savoir t'aimer.

— J'aime aimer savoir que tu saches aimer que je sache t'aimer.

— J'aime savoir que tu aimes savoir que je le sache.

— Et moi j'aime aimer que tu aimes le savoir.

— Je sais que tu m'aimes et j'aime savoir que tu sais que je le sais.

— Je t'aime.

— Je sais.

— Je le savais.
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Se faire du mal pour se faire du bien ne doit pas interdire, en effet, de s'amuser en essayant de se montrer plus fort que ses voisins, mais en toute amitié. On est pas des sauvages !
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Je me sens bien, parfois, dans ma tristesse, je m'y suis installé, elle me sert de refuge, de lieu de culte. Je l'alimente par exemple en relisant les messages de sympathie, textos, mails qui nous ont été adressés après ta mort. Geste primitif. Entretenir la tristesse comme l'on entretient le feu ( le foyer)
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Le début de la vie sans toi….


Extrait 5

Une heure cinquante-huit : tu ne respires plus. Un événement. L'événement. Le gigantesque événement. Le plus grand événement du monde. Le son de ta mort.

Ta mort a arrêté le temps. Désormais un temps nouveau s'est installé et c'est le temps de notre éloignement. Le temps de ta disparition.

Le temps qui devrait, à ce qu'on me dit, cicatriser ma plaie, est donc un temps d'espoir. Mais comment espérer quand chaque seconde qui m'entraîne vers cet apaisement m'éloigne de toi ? Me sépare de nous ? Repousse ma désormais ancienne vie ?

Si j'écris que tu es ailleurs, si je dis que tu es absente, je te fais exister dans cet emploi du verbe « être » au présent de l'indicatif. Mais ce que je fais exister de toi est, à jamais, ta non-existence.

16 février. Aujourd'hui, le seul événement est : encore un jour sans toi.
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Il n’est pas toujours facile de déterminer si c’est le nom qui transcende la personnalité ou le contraire. Prenons Zinedine Zidane. Un prodige onomastique. Double z exotique et peu commune double homophonie (Zi/Zi – dine/dane). Dine-dane chantonne dans la bonne humeur (France tranquille, intégrante, n’est pas sans évoquer « Dim, dam, dom », la sympathique émission de variétés des années de Gaulle) et ZZ (équivalent phonétique de la petite bûche attachée à la scie) n’a rien du bruit que font les héros de BD quand ils roupillent. On ne dira jamais assez que le plus extraordinaire chez Zinedine Zidane, c’est d’abord son nom, ce petit convoi élégamment phonétique qui chante les louanges de l’intéressé et de tout ce qu’il représente, zz, flèche ailée de Zénon d’Elée coupant l’air en sifflant, et pour l’éternité. Zinedine Zidane, j’y crois parce que c’est absurde.
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