Jean-Louis Servan-Schreiber

Attachons-nous à en distinguer les ordres d'urgence et d'importance.

Et si nos - devoirs - étaient ou bien des preuves dont nous avons besoin pour nous sentir des gens très bien, ou encore d'inutiles contraintes dont nous n'avons pas encore eu le courage de nous débarrasser ?

Que penserait-on de quelqu'un qui déclarerait : - Moi, mon seul, objectif dans la vie est de me faire plaisir. -
Un égoïste, un jouisseur artificiel ? Pourtant, la seule différence entre nous et lui, c'est qu'il le dit et que nous le faisons sans le proclamer. Ou plutôt, sans nous en rendre compte.

- Tout ce que nous faisons a pour but la recherche du plaisir -

Il y a 2500 ans, Bouddha l'a formulé de façon négative en affirmant que la première recherche de l'homme devait être d'éviter la souffrance.

Or, le temps qu'il s'agit de mieux vivre est bien le notre. Si nous n'en sommes pas tout à fait soucieux, qui, d'aventure, le sera pour nous ?

Pour que nos actions nous épanouissent, il faut qu'elles aient un sens et qu'elles entrainent des progrès.

La seule question importante de la vie, disait un humoriste britannique, est : -Qu'est -ce que je fais maintenant ? -

Il est étrange qu'à une époque qui nous offre des possibilités de choix inconnues des générations précédentes, et dans ces pays libres ou, par chance nous vivons, il soit peu courant pour un individu de se formuler des objectifs de vie avant de s'atteler à les mettre en œuvre.

On pense savoir ce que l'on veut, mais, quand on y regarde de plus près, le vague l'emporte sur la précision.

Dans une société moderne, chacun est obligé de prévoir. Sinon, pas de places assises dans le train, plus d'argent en fin de mois, rien dans le réfrigérateur à l'heure du diner.

Car si nous ne pouvons rien changer au cours du temps, nous disposons d'un atout capital : grâce à notre cerveau, nous pouvons aller plus vite que lui.

Aller plus vite que le temps - Que faire maintenant ?

Aucune de nos vies n'est idéale, donc chacune a besoin de progresser. Un peu, beaucoup globalement... ?

le chemin de notre vie ressemble plus à une route de montagne qu'à une nationale dans la plaine.

Retrouver notre présent, c'est multiplier au cours de nos actions et pensées quotidiennes les prises de consciences de ce que nous sommes en train de faire.

Prendre du recul est le préalable à toute maitrise : observer et juger ce que l'on fait, afin de pouvoir progresser.

On ne domine bien que ce par rapport à quoi on a pris ses distances.

Jusqu'ici nous vivions dans la crainte, désormais nous vivrons dans l'espoir. Quitte à ne pas avoir de prise sur la situation, mieux vaudrait donc se raconter une histoire positive que d'endurer lucidement le tragique du réel.

Ne dit-on pas que l'espoir fait vivre ?