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Critiques de James Cañon (71)
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Dans la ville des veuves intrépides

La Colombie vit une période difficile, les hommes et ados à compter de 12 ans sont réquisitionnés pour entrer dans l'armée. Quiconque refuse se retrouvera percé d'une balle.

Dans un village de 93 âmes, les femmes vont prendre le pouvoir ou plutôt vont changer leur mode de vie. Sans homme, il va falloir penser à la survie de l'espèce, plusieurs possibilités s'ouvrent à elles, soit attendre que les plus jeunes atteignent 15 ans et puissent participer activement à la sauvegarde de la communauté, soit profiter du don du prêtre, ce dernier étant enclin à faire abstraction de son vœu de chasteté pour le bien de tous, évidemment.

Une construction assez étrange, avec une première partie assez longue, lente et plutôt vide. La deuxième partie avec la prise de conscience des femmes relève légèrement la note du livre.

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Dans la ville des veuves intrépides

Malgré une idée intéressante j'ai eu du mal à entrer dans ce livre. Peut-être du fait de sa construction, de l'intrigue qui s'étale sur 16 ans ou la multiplication des personnages. Comme je devais le lire dans le cadre d'un cercle de lecture j'étais curieuse de l'avis de ceux qui l'avaient lu. Et là ce fut un enthousiasme général pour cet ouvrage. Ils ont adoré. Alors je me suis dit que peut-être j'étais passée à côté d'une pépite. Je me suis replongée dans sa lecture avec un regard nouveau et je me suis mise à m'attacher à tous ces personnages et à leur vie. Même si je reste un peu sur ma position initiale c'est un bel ouvrage. Un village reculé, qui vit replié sur lui même et qui cherche après la disparition des hommes à vivre quand même. Des valeurs sont véhiculées comme le partage des biens entre pauvres et riche. L'argent ne fait pas le bonheur si on n'a personne avec qui le partager. Ces femmes s'inventent une sorte de communauté à part, basée sur les fondements du communisme en quelque sorte. Alors au début les plus riches sont réticentes à partager leur bien, elles cherchent même à fuir mais à ce moment là on leur demande si elles seront plus heureuses ailleurs, que c'est une utopie de croire que la fuite va résoudre les problèmes. J'ai pu avoir aussi l'impression d'être dans un kibboutz, tout est collectivisé et les tâches sont réparties entre tous, les repas sont pris dans des cantines réservées à cet effet. Chacun apportant sa contribution à la communauté. La notion de temps aussi est revisité et modifié. La question de la nudité aussi est interrogée. Enfin l'homosexualité est vu sous un angle différent, normal. Ce sont les sentiments qui s'expriment et peu importe avec qui, qui ce soit un homme ou une femme, l'important est de compter dans le regard d e l'autre.
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Dans la ville des veuves intrépides

La ville des veuves intrépides est l'histoire d'un village dont tous les hommes disparaissent du jour au lendemain, enrôlés de force par la guérilla. L'auteur raconte comment les femmes organisent la survie du village, y compris leurs tentatives pour assurer une descendance. Le récit est parfois un peu loufoque, les personnages, telle la maire du village, sont truculents, mais très attachants.



L'auteur aborde régulièrement la situation politique de la Colombie en donnant la parole alternativement aux paramilitaires et aux guérilleros. On s'aperçoit que ces deux groupes qui se livrent une guerre sans merci sont en fait proches l'un de l'autre et partagent un même quotidien de galère et de violence. La guérilla dénonce les exactions de l'armée, mais ne se comporte pas mieux avec la population. Cette partie montre bien le drame que la Colombie a subi pendant des décennies.



J'ai bien aimé les passages sur les militaires, où l'on voit bien la stupidité de ces combats sans fin qui ont ensanglanté la Colombie. J'ai bien aimé le récit principal, en l'occurrence la vie des femmes et la manière dont elles s'organisent, raconté sur un ton humoristique même lorsque le récit est tragique. Par contre la longueur du récit ne se justifie pas, et la plaisante surprise du début s'émousse lorsqu'on atteint la moitié du livre. Dommage, ça gâche un peu le plaisir de la lecture.
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Dans la ville des veuves intrépides

Lorsque les guérilleros arrivèrent à Mariquita, un petit village perdu de Colombie, ils embarquèrent tous les hommes valides et tuèrent les plus récalcitrants. Il ne resta plus que les femmes, le prêtre et de jeunes enfants. Après quelque temps de franche anarchie, chacune se demandant à quoi bon continuer à vivre sans les hommes, et surtout comment, Rosalba se retrouve maire de Mariquita et décide de se battre pour la survie collective. S'occuper des champs, retaper les habitations, éduquer les enfants, honorer les morts, et surtout surtout trouver un moyen de procréation...



James Canon est né et a grandi en Colombie avant de s'installer aux États-Unis. Nourri de culture et de littérature sud-américaine, il nous offre un premier roman emprunt de d'énergie, de couleurs et de sauvagerie. Les femmes y ont le beau rôle, celui de préserver la vie tandis que les hommes font mumuse avec leurs armes à feux et leurs idéaux, sans penser aux conséquences. Or pour survivre, il vaut mieux s'entraider que se diviser, et Rosalba et les autres veuves tentent de mettre au point une société à tendance communiste dans laquelle chacune travaille pour le bien de tous, sans penser à son propre profit. Bien sûr cela ne se fera pas en un jour, certaines femmes partiront en quête d'un avenir meilleur, d'autres tenteront de mettre en place leurs propres visions des choses...



Grâce à ce conte féministe drôle et amer, James Canon réussit aussi bien à divertir qu'à dénoncer notre soif de pouvoir et d'individualisme, ce sentiment de supériorité qui pousse à se sentir supérieur, faire la guerre, rabaisser ceux de l'autre sexe, condamner les couples atypiques. Une grande réussite et un auteur à suivre de près.
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Dans la ville des veuves intrépides

(2008 – Prix du Premier Roman étranger)

Dans le village colombien de Mariquita, tous les hommes ont été réquisitionnés ou tués par la guérilla. Les femmes apprennent donc à vivre seules et finissent, après une période d'anarchie, par créer une utopie communautaire. Roman concentré sur le quotidien, au ton burlesque, teinté d'humour noir. Très très apprécié, je m'y suis ennuyée. Question d'humeur sûrement.

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Dans la ville des veuves intrépides

Colombie 1992. Un village tranquille se fait dépouiller de tous ses hommes, embrigadés de force par les guérilleros. Après lamentations et désespoir, les femmes se découvrent aussi capables que les hommes d'assurer leur survie. C'est burlesque, irréaliste, féministe, et parfois déconcertant, quoique...
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Dans la ville des veuves intrépides

Un jour, les guérilleros sont venus dans le village de Mariquita perdu au fin fond de la Colombie, ils ont pris tous les hommes et depuis : "Son Mariquita chéri s’était mué en un village de veuves dans un pays d’hommes.".

Il ne reste que les femmes, quelques enfants et le prêtre : "Un village habité par des femmes courageuses vivant en autarcie, qui travaillaient la terre du lever au coucher du soleil, et qui ne baisseraient jamais les bras, pas même dans les situations les plus épouvantables. Un village laissé à l'écart par les maladies et les tragédies, oublié par la mort.".

Il va leur falloir apprendre à vivre dans cette nouvelle communauté, à s'organiser, à apprivoiser leurs pulsions sexuelles car forcément, cette absence d'hommes va finir par peser sur toutes ces femmes.

Ainsi, les soeurs Morales vont mettre en place un bordel ambulant tandis que les filles du bordel de Mariquita vont finir par déserter ce village, le prêtre va se proposer comme géniteur pour repeupler Mariquita et permettre à une nouvelle génération de voir le jour, pour qu'au final toutes ces femmes finissent par se découvrir des affinités entre elles, et tant pis pour la génération future de Mariquita.

Les femmes vont réfléchir sur les hommes et sur leurs rapports avec ces derniers : "Finalement, les douze jeunes filles en arrivèrent à la conclusion que Dieu leur avait donné deux yeux pour mieux regarder les hommes, deux oreilles pour mieux entendre ce que les hommes auraient à dire, deux bras pour les embrasser et deux jambes pour les enlacer mais un seul coeur à offrir. Les hommes, quant à eux, aimaient avec leurs testicules, et Dieu leur en avait donné deux.", devoir apprendre à composer, créer une nouvelle communauté avec de nouvelles règles.



Dans son récit fantaisiste, James Cañón repousse les limites du possible en proposant le quotidien sur plusieurs années de cette bourgade de Colombie.

Il donne vie à une communauté de femmes peuplée de caractères aussi divers que variés avec comme personnage moteur celui de Rosalba, auto-proclamée maire de Mariquita.

Des erreurs, elle va en commettre énormément, elle ne va presque d'ailleurs faire que ça, prendre de mauvaises décisions, faire des listes et des listes de priorités pour ne jamais rien commencer, se laisser manipuler par le prêtre.

Au final, c'est le personnage qui évolue le plus et qui apprend sans doute le plus de ses erreurs, même si dans une certaine mesure elle continue à se montrer tyrannique sur certains aspects.

Dans une forme de communisme, elle proposera à la communauté de mettre tous leurs biens en commun, que chacun travaille à la production de quelque chose, et dans l'esprit de la Révolution Française elle va imposer une nouvelle mesure du temps, un nouveau calendrier.

C'est le personnage qui représente l'aspect politique du livre.

A contrario, Julia est celui qui condense l'essentiel de la féminité.

Chaque femme, chaque portrait peint par l'auteur touchent le lecteur.

Elles ont toutes un petit quelque chose qui plaît, qui intéresse, qui amuse, il n'y a pas une histoire identique, il y a une multitude d'histoires qui finissent par se télescoper pour faire un tout.



L'autre aspect particulièrement développé par l'auteur, c'est le féminisme.

Il présente dans son histoire des femmes plus débrouillardes que les hommes, qui prennent des décisions, savent s'imposer et finissent par très bien se passer des hommes dans leur vie quotidienne, à commencer par le prêtre, véritable serpent tenté par la chair et qui finit par sombrer dans une folie meurtrière : "Mais votre Dieu n'habite pas dans ce village, padre [...] Il nous a lâchées, et vous êtes vraiment têtu pour continuer à croire en lui.".

Pourtant, il n'abandonne pas complètement les hommes puisque l'auteur ponctue chaque chapitre par le témoignage d'un homme, guérillero, militaire ou paramilitaire.

L'amour ne leur est pas non plus interdit, comme le démontre la très belle histoire entre Santiago et Pablo, sans doute celle qui m'a le plus émue.



Enfin, cette histoire s'illustre par un côté fantaisiste et c'est sans doute sur ce point que j'aurai quelques remarques à faire.

C'est un aspect que j'ai aimé mais je trouve que l'auteur aurait pu aller beaucoup plus loin dans cette fantaisie et qu'il s'est trop retenu, ce qui fait qu'au final je ne sais trop comment classer son roman.

Par exemple, lorsque les jeunes garçons atteignent l'âge du duel qui devra les départager entre celui qui choisira sa femme et ceux qui seront utilisés comme mâles reproducteurs ils se réveillent tous en croyant qu'ils sont en train de se transformer en femme : l'un a des seins, l'autre ses règles; au final, j'ai compris que ce n'était que le reflet de leurs peurs mais j'aurai préféré y voir une réelle audace de l'auteur, une vraie transformation en fille pour que ces garçons s'adaptent en quelque sorte à la nouvelle Mariquita, comme le personnage de Julia anciennement Julio.

Là, l'auteur se contente de le fantasmer et de passer assez vite à autre chose, comme s'il était peu sûr de lui sur un terrain inconnu.



Roman féministe, loufoque, avec des situations cocasses et des moments plus tristes, "Dans la ville des veuves intrépides" est un premier roman qui ne se démarque pas par une originalité hors du commun mais il y a tout de même quelque chose dans la plume de James Cañón qui interpelle le lecteur et ne le laisse pas insensible à cette histoire de femmes qui réinventent le temps et la vie du petit village de Mariquita en plein coeur de la Colombie.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Dans la ville des veuves intrépides

Je ferme le roman de James Cañon enchantée. Moi qui ne suis pas forcèment une fan des romans fantaisistes, j'ai completement été embarquée par ces femmes, veuves intrépides. Des sujets sérieux comme le féminisme, l'homosexualité, le transgenre, la domination masculine sont traités avec sourire, avec fantaisie et beaucoup d'humour mais aussi avec intelligence.

Le village de Mariquita, village colombien, devient un village sans hommes, ceux-ci se voient contraints de s'engager auprès des guérilleros. Les femmes vont alors s'organiser, bouleverser l'ordre des choses et laisser leurs envies s'exprimer. Hé oui, les hommes ne sont pas indispensables, ces femmes ne sont pas liées corps et âmes à la gente masculine.

Ce conte rocamblesque a quelque chose de magique et cette magie a operé sur moi. J'ai eu un vrai plaisir de voir ces femmes se transformer et s'affirmer. Les reflexions sur le temps m'ont beaucoup plues.

Entre chaque chapitre des extraits sur la guerilla à laquelle la Colombie a été confrontée, la violence et dure réalité contrastent avec la "légereté" de ce roman.

Je ne vais pas tout raconter, ce ne serait pas sympa pour les futurs lecteurs.

C'est un roman coup de coeur.













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Dans la ville des veuves intrépides

Désolé de ne pas partager les avis plutôt très favorables des lecteurs de Babelio. J'y suis venu par le biais des suggestions du site, attiré - je crois bien - par la mention "réalisme magique". Mais la magie n'a pas opéré. Une première moitié assez laborieuse, mais une fin un peu plus intéressante.

Pourtant l'accroche était séduisante : que deviendra le petit village colombien de Mariquita, privé de tous ses hommes embarqués un beau jour par les guérilléros ? La réponse tient en 14 chapitres correspondant à un épisode de la vie de ce village, associé le plus souvent à un personnage, mis soudain en lumière puis disparaissant plus ou moins de la scène par la suite. Entre les chapitres, de brefs récits ou témoignages (1.5 à 2 pages) de guérilléros, de militaires ou de victimes viennent rompre le déroulé de l'action. Ils ne prennent sens qu'à la fin lorsqu'on on fait connaissance avec le personnage de Gordon Smith, reporter américain, qui a recueilli tous ces témoignages et qui enquête aussi sur ce village de femmes. Cette construction donne l'impression d'un collage de nouvelles. D'ailleurs, les remerciements, à la fin du livre, précisent bien qu'il s'agissait au départ d'une nouvelle qui a été enrichie de quelques autres "pour donner à ces histoires la forme du présent livre". Le titre orignal ("Tales from the town of widows") va dans le même sens. Cela explique sans doute le manque de souffle. On peut aussi se demander si le fait que le livre soit écrit en langue anglaise n'introduit pas un biais fatal. La description de la démocratie participative et du matriarcat reste un peu schématique. A un moment, Gordon, le reporter "s'installa dans le hamac, (...) avec un exemplaire en miettes de García Márquez qu'il lisait et relisait depuis un certain temps" (p. 327). Qui n'y pense pas au cours de sa lecture ? Hélas, Maraquita n'est pas Macondo et il est exagéré de présenter en quatrième de couverture James Cañón comme "le fils spirituel de García Márquez et de Vargas Llosa".
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Dans la ville des veuves intrépides

À Mariquita, petit village perdu de la Colombie, les hommes ont disparu un matin de 1992. Les guérilleros communistes sont venus et les ont emmenés. Désormais, le village ne compte que des veuves, des vraies et des veuves de fait, privées d’époux. « Son Mariquita chéri s’était mué en un village de veuves dans un pays d’hommes. » (p. 33) Le gouvernement n’entend pas les demandes répétées des femmes et le village tombe lentement dans l’oubli, comme effacé des cartes et du temps. D’hommes, il ne reste que le prêtre et un adolescent que sa mère a déguisé en fille pour le soustraire aux guérillos.



Après des années de déréliction, la veuve Rosalba décide de reprendre en main le village. La voici maire de la collectivité et bien décidée à rendre sa prospérité à Mariquita, à la force de ses bras et de ceux de ses compagnes. « Il n’existait rien de tel que le sexe faible. Les femmes étaient faites de chair et de sang, exactement comme les hommes. Une femme qui avait ses deux pieds plantés là où ils devaient l’être pouvait travailler comme un homme, ou même mieux. » (p. 68) Même si le manque d’hommes – le manque de l’homme – se fait cruellement ressentir, Mariquita relève la tête et reprend vie. La préoccupation première de Rosalba est de pérenniser l’espèce. C’est alors que le padre Rafael propose le noble sacrifice de sa personne pour repeupler le village. Mais cette tentative, comme celles qui suivront pour repeupler le village, est vouée à l’échec. Il y a comme une malédiction sur Mariquita : les hommes n’y reviendront qu’à une certaine condition…



Peu à peu, la notion du temps s’efface et personne ne sait plus le mesurer. Pour contrer ce lent effacement dans le temps, Rosalba met en place un calendrier parfaitement féminin qui sera la base du futur de Mariquita et de ses habitants. « Bien sûr que nous avons un avenir. Qu’il soit bon ou mauvais, c’est une autre affaire. » (p. 315) Finalement, le destin du village est lié à un accomplissement suprême, à une transformation totale pour atteindre un état à la fois autarcique et pacifié.



Chaque fin de chapitre est consacrée au portrait d’un homme, guérillero ou paramilitaire colombien. En matière de femme, je ne vous ai parlé que de Rosalba, mais vous serez aussi séduits par Orquidea, Gardenia, Magnolia, Emilia et leurs concitoyennes. Chacune d’elles se révèle loin de l’homme et de ses diktats. Il n’est pas question d’amazones et de féminisme brutal, mais d’une féminité qui prend toute la place, d’abord parce qu’elle y est contrainte, puis parce qu’elle embrasse à pleines paumes un destin sans les hommes.



James Canon se réclame de Gabriel Garcia Marquez et son roman n’est pas sans rappeler Cent ans de solitude et ses méandres familiaux et temporels. Mariquita est un village oublié qui arrache son autonomie et sa survie au néant et au désordre. Entre réalisme magique et féminisme loufoque, ce roman est drôle, grave et nourri d’intertextualité. Cette utopie de doux (douces ?) dingues n’est pas d’une originalité renversante, car elle rappelle trop de monuments littéraires sud-américains, mais elle offre un divertissement plaisant, où la cocasserie est férocement tendre et diablement féminine.

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Dans la ville des veuves intrépides

J'ai un peu hésité à lire ce roman (en effet la quatrième de couverture mentionne Gabriel Garcia Marquez ET Mario Vargas llosa- et je trouve que la double référence mettait la barre trop haut….et puis lors d'un challenge de lecture je devais lire un livre avec un vêtement violet sur la couverture :-))

J'ai donc emprunté ce roman à la bibli et bien m'en a pris : il s'agit ici de l'histoire d'un village de deux cents habitants qui se retrouvent du jour au lendemain sans quasiment aucun homme : ceux ci sont été emmenés de force par des guérilléros, lors d'un énième épisode de la guerre civile.

Les récalcitrants ont été sommairement abattus. C'est donc sous le choc du chagrin ou du deuil que se retrouvent les femmes de ce village : elle sont proches de la famine quand une d'elle se met en tête de fonder une communauté solidaire. Des hommes il restera quatre garçons que les mères ont réussi à cacher lors de la « razzia », le curé, et un adolescent Julio, rebaptisé Julia…

Ce roman est parfois à la limite du conte (ou du réalisme magique) et bien que les exécutions sommaires soient éprouvantes, j'ai beaucoup aimé le ton de ce roman : ni misérabiliste, ni utopique, il est tour à tour grinçant et plein d'humour, irrévérencieux vis à vis des politiciens colombiens et égratignant également l'Eglise.

Pendant une quinzaine d'années, l'auteur nous prend par la main pour visiter ce village oublié de tous, il a réussi plusieurs fois à me faire passer du sourire (les personnages et leurs anecdotes) aux larmes (pauvre Colombie complètement détruite par la guerre civile)
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Dans la ville des veuves intrépides

Dans la Colombie meurtrie par la guerre civile, des femmes isolées dans leur village se prennent en charge pour pour ne pas dépérir. Il ne leur manque rien sauf la possibilité d'une descendance et donc d'un avenir...

Pour son premier roman, James Canon frappe juste. C'est très plaisant à lire, c'est dépaysant, ça questionne sur l'organisation de la société et c'est cocasse.

J ai aimé le clin d’œil à GG Marquez.
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Dans la ville des veuves intrépides

Dans la ville des veuves intrépides, c'est une histoire de femmes colombiennes, non située géographiquement dans le pays ni dans le temps, qui se déroule après le départ des hommes du village, réquisitionnés par les guérilleros. Dans le village, après une phase de recueillement, vient la phase d'organisation, de libération, d'entraide, et de gestion hamronieuse de la ville. Après une période difficile où les ressources se font très rares et où chacune doit faire face à ses propres interrogations, on voit naître une organisation, une naissance du vivre ensemble complètement différent de ce que l'on connaît. Dans ce nouveau pays, les femmes vivent ensembles, les décisions se prennent à l'unanimité (ou presque), on aide ceux qui en ont besoin, on fonctionne par groupe (les plombières, les éleveuses, les cultivatrices, la maire, ... ), dans une société du partage. Un vériable nouvel ordre social féminin. Tout semble s'écrouler lorsque la cloche de l'église ne fonctionne plus ; qu'à cela ne tienne, les femmes inventent le calendrier féminin, basé sur le cycle féminin. C'est un très beau livre en général. Dans les détails, beaucoup de longueurs, et des passages véritablement criminels qui m'ont profondément heurtée que l'on ne peut pas vraiment occulter, un peu dérangeant. Même si l'idée générale est bonne, j'ai eu du mal à le terminer.
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Dans la ville des veuves intrépides

Une très belle découverte. C'est un roman qui a beaucoup d'allant, on avance à cent à l'heure avec une écriture vive et alerte. Les personnages nous sont vite rendus sympathique.

Pour ma part j'ai bien apprécié les chapitres consacrés aux guérilleros bien que le lien avec l'histoire du village de Marquita ne soit pas vraiment évident. Ces passages ont fonctionné un peu comme une bouffée d'oxygène bien venue car plus j'avançais dans le roman plus l'absurdité de certain rebondissement et le repli sur soi des femmes de Marquita me donnait une impression étouffement.

J' ai trouvé que l'histoire qui par moment prend vraiment son temps pour se développer, faisait quelques fois de subit bon en avant. Cette disparition des hommes est une idée intéressante mais j'ai vraiment été gêné par les raccourcis que James Canon fait prendre à son intrigue, j'aurais préféré qu' il aille un peu moins loin dans son idée et développe plus certain changement.



Un roman qui m' a énormément fait pensé à ceux dans la même veine Arto Paasiilina, seule l'écriture change.

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Dans la ville des veuves intrépides

Dans les années 1990, des guérilleros passent par un petit village de Colombie qu’ils dépouillent de tous les hommes et garçons de plus de 12 ans à l'exception du prêtre et d'un jeune garçon déguisé en fille.

Les femmes qui restent s’organisent. Elles réagissent différemment à cette absence d'hommes.

Le roman alterne le portait de certaines veuves du village qui décident de se prendre en main, plus ou moins à maladroitement, avec de courts chapitres sur la guerre et la situation difficile de la Colombie à travers le témoignage d'enfants soldats, de paramilitaires, de guérilleros ou encore de paysans.

Un roman original avec un soupçon d'humour et de dérision. Les différents portraits sont parfois burlesques, parfois cyniques. Mais beaucoup de légèreté se dégage de ce roman et les personnages sont attachants. La lecture de ce roman est également un moyen de mieux appréhender la culture de la Colombie avec le poids de la magie dans le quotidien mais aussi la guérilla et la pauvreté auxquelles la Colombie a été confrontée.
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Dans la ville des veuves intrépides

Pour ceux qui n'ont pas lu le livre, et viennent ici à la recherche de quelques conseils de lecture sachez simplement que ne pas lire ce livre est un manquement fondamental à votre bonne santé littéraire. L'auteur, pour son premier roman, montre un réel talent tant au niveau de l'écriture, de l'histoire qui est à la fois drôle, touchante, émouvante, originale et exotique. Se priver d'une telle lecture est un sacrilège. Vous allez y prendre non seulement du plaisir, mais un certain goût également, réclamant rapidement un autre ouvrage de l'auteur. C'est dépaysant, bien écrit (et même mieux), hilarant, et de surcroît très très intelligent. L'écriture en est facile d'accès. Il vous faudra cependant une certaine ouverture d'esprit, comme toujours avec les romans sud-américains (je n'ai jamais pu lire Cent ans de solitude, roman cité quelques fois dans Les veuves, et la première fois que j'ai lu Zoé Valdès, je me suis demandé vraiment où j'avais attérri.). N'ayez pas peur d'être un peu bousculé ! Voilà pour ce que je peux dire afin de vous inciter à le lire, sans trop dévoiler l'histoire et son dénouement. Pour en savoir plus sur le sujet, je vous invite à visiter Amazon ici, pour lire le résumé.





Nous sommes en 1992 et en Colombie, c'est la guerre. Indiens, paysans subissent les batailles continuelles des guérilléros, des paramilitaires, et de l'armée colombienne. Le conflit semble dépasser tous ceux qui le subissent autant que ceux qui le poursuivent. Cependant, il dure. C'est alors que les guérilléros, bien plus connus pour leur violence que pour leur politique, viennent chercher les hommes disponibles dans tous les villages qu'ils rencontrent. Au passage bien sûr, ils pillent, violent, tuent, empoisonnent et détruisent au nom d'une liberté qu'ils prétendent distribuer à qui veut bien les aider à l'incarner.

C'est pour cette raison qu'un beau matin de dimanche, Mariquita se voit soudain dépeuplé de ses hommes et jeunes garçons. Ne resteront que des veuves, un prêtre, quatre garçons de moins de 12 ans, un Julio qui deviendra Julia, et un homosexuel qui n'était pas là lors de la rafle.

Que peut bien devenir un village sans les hommes ? Qui va entretenir les voiries ? Qui travaillera la terre ? Qui procédera aux réparations diverses ? Et surtout, qui assurera la pérénité du commerce de Madame Emilia, la maison close du village ? Pire encore, qui assurera la descendance de Mariquita ?



Un roman transgenre



Ce ne sont certainement pas les hommes rescapés. L'un est homosexuel. Les quatres autres jeunes gens se réveleront eux aussi incapables de faire face à leur devoir de procréation, et même le prêtre, dont l'ardeur à la tâche n'a jamais connu d'égale mesure dans son art de la messe, se « sacrifiera » pour rien. Le désir procréation semble maudit à Mariquita, et ne mène qu'à des échecs. C'est avant tout que dans l'histoire de James Canon, les événements ressemblent plutôt à ce dont rêvent les transexuels : de se voir pousser des seins, d'avoir soudain une voix de fille, de voir tomber son pénis. Ce que les transexuels mettent des années à obtenir, à payer, voire seulement à rêver, James Canon le rend possible de la manière la plus naturelle et involontaire. Ces castrations et autres poussées de protubérances se révèlent finalement salvatrices, puisqu'elles sauvent les hommes des femmes... Pas de descendance donc, et pourtant, il faut bien trouver une solution. Seulement celle-ci doit être en adéquation avec l'intérêt de tout le village, et à mesure que les solutions matérielles sont trouvées, il semble que les habitant(e)s du village se rapprochent d'un état « hermaphrodite », excluant la reproduction. Bientôt ne resteront plus que des veuves, des femmes entre elles, qui se passeront volontiers des hommes au fil du temps, pour se donner caresses et amour sans soumission, à mains égales.



Et les hommes dans tout cela ?



Les hommes sont raflés au début du roman. Cependant, ils viennent ponctuer les histoires de Mariquita par de brèves anecdotes, presque toujours morbides, toujours au sujet de la guerre. C'est cela un homme : ça part, ça produit, ça fait la guerre, et entre les bonnes nouvelles, ça en apporte de mauvaises. Ainsi, tout au long du roman, les hommes se font témoins de la guerre qu'ils sont les seuls à vouloir, les seuls à faire. Pendant que les femmes s'acharnent à trouver un moyen de faire vivre le village, d'assurer une continuité à la communauté, les hommes exterminent ce qu'ils trouvent ailleurs.

Même le prêtre, censé être un représentant de Dieu à la fois chaste, pacificateur, brisera tous les commandements. Le prêtre se transforme en pêcheur par excellence, puis déserte les lieux de ses méfaits en emportant les actes de naissance des villageoises : par là, il signifie qu'après la disparition du dernier véritable symbole masculin du village, les femmes ne peuvent plus exister. Elles n'ont plus d'existence légale. Elle n'existent plus Dieu et sans les hommes : mais c'est un point de vue d'homme de Dieu. Qu'importe, elles écriront leur propre bible : une bible de femme pour une communauté de femmes peut très bien remplacer une bible d'hommes dans un monde d'hommes où vivent les femmes.





Le temps est impossible...



Affranchies de Dieu, affranchies des hommes, les femmes finissent un beau jour par s'affranchir du temps. Qu'importe ! Elles inventeront le leur : un temps féminin. Bien sûr, le temps des femmes ne peut que tourner à l'envers.. et remonter en sens inverse. Tandis que celui des hommes « est tout entier tourné vers la productivité » (p. 249), celui des femmes sera tout entier tourné vers la communauté. Le même temps, les mêmes règles, les mêmes sources. Les femmes remontent donc le temps et évoluent vers une harmonie parfaite. Quelques hommes, plus tard de retour, auront du mal à comprendre, puis à vouloir se plier aux règles de la « nouvelle Mariquita ». Eux d'ailleurs, l'appellent toujours « le mariquita ». Tandis qu'ils contemplent le village, happés par la nostalgie de l'ancien règne des hommes, les femmes remontent le temps vers un avenir à rebours, plus naturel, plus simple et plus paisible. Elle refont le temps plus qu'elles ne remontent les aiguilles.





James Canon nous invente là une génèse particulière, celle d'un village de femmes dans un pays d'hommes. Celle d'un petit coin de retraite obligée à la recherche de la paix, dans un monde qui ne cesse de poursuivre la guerre. Celle d'un pays où tout est interdit aux femmes, aux hommes qui veulent devenir des femmes, et qui pourtant ignore qu'en son centre, en son coeur, certaines et certains parviennent à atteindre leur rêve de métamorphose. Il nous rappelle aussi que les femmes peuvent toujours s'affranchir des hommes et de leur passation de tutelle de père en époux, quand bien même ces derniers ne rêvent que de garder le pouvoir et la possession de tout.


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Dans la ville des veuves intrépides

Baroque, foisonnante, éblouissante de fantaisie, la chronique tragico-burlesque d’une bourgade perdue au fin fond de la Colombie. Un roman brillant, inventif, hilarant.

Depuis ce jour où les guérilleros ont débarqué et réquisitionné tous les hommes de la ville, Mariquita tombe en ruine. Seules, livrées à elles-mêmes, les femmes ne savent plus à quel saint se vouer.

Qu’à cela ne tienne. De ménagères soumises, d’épouses dociles, les femmes vont se transformer en leaders politiques de choc, instigatrices flamboyantes d’un nouvel ordre social.

Ainsi, les très moustachues soeurs Morales décident de remédier à leur condition de célibataires frustrées en créant un bordel ambulant ; Francisca, la veuve d’un grippe-sou notoire, mène la grande vie après avoir découvert le magot de son mari.

Et surtout, la ville de Mariquita peut compter sur la tenace Rosalba, la veuve du brigadier, auto-proclamée maire, et sur padre Rafael, seul rescapé de la gent masculine, qui n’hésite pas à se porter volontaire pour assurer la procréation de la nouvelle génération…
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Dans la ville des veuves intrépides

j'ai bien aimé au début, sans doute à cause de 'atmosphère " cent ans de solitude"

mais réactualisée, puis je me suis lassée,
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Dans la ville des veuves intrépides

Ce roman confirme mon amour pour la littérature sud américaine, avec cette petite dose de surréalisme et de poésie. En lisant Dans la ville des veuves intrépides, j'ai retrouvé ce que j'avais tant aimé dans Cent ans de solitude de Garcia Marquez, un village peuplé d'habitant attypique et très touchants où ils leur arrivent des choses parfois extraordinaires.



J'ai beaucoup aimé la construction du roman, où chaque chapitre met en avant une habitante et une anecdote du village. Les fins de chapitre sur les guérilleros, nous ramène à la réalité du monde et à l'horreur de la guerre, pour mieux repartir dans ce village fantastique.



C'est très intéressant qu'une telle histoire ai été écrite par un homme, aurait elle était différente si l'auteur avait été une femme?
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Dans la ville des veuves intrépides

Un beau jour de 1992, des guerilleros de passage raflent tous les hommes de plus de 12 ans dans le petit village de Marquerita, en Colombie et tuent tous ceux qui refusent de partir avec eux. Depuis, le village vivote autour des femmes, des veuves pour la plupart, qui ont bien du mal à s'organiser. Mais peu à peu, une nouvelle société s'organise, ce qui ne se fait pas sans mal car les personnalités s'opposent...



Quelle chouette découverte que ce roman atypique ! Au départ, la survie de ce petit village semble franchement compromise après le départ des hommes et les petites histoires de chacune peinent à laisser croire qu'un avenir est possible. Mais finalement, après bien des déboires et des aventures assez rocambolesques, on entrevoit une lumière et on se prend à rêver à cette espèce d'utopie en pleine jungle. Le récit est entrecoupé de témoignages de soldats qui viennent ponctuer l'histoire, de manière souvent sordide et violente, comme pour rappeler la brutalité du monde, en dehors de cette oasis féminine dans la forêt. On rit souvent, on est parfois touché par une personnalité qui laisse filtrer une fêlure, bref, on passe un bon moment à la lecture de ce roman réjouissant et plein d'humanité.
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