Ioulia Iakovleva est autrice, critique de ballet et dramaturge russe.
Elle vit à Oslo où elle écrit des livres pour enfants qui traitent de l’histoire soviétique ainsi que des romans policiers particulièrement ancrés dans un contexte socioculturel et politique fort.
Elle est l’autrice d’un titre de non-fiction, "ABC of Ballet", et d’une série de livres pour enfants, "Les Contes de Leningrad".
Son roman "Et soudain le chasseur sortit du bois" (2023) a reçu le PEN Translates Award, décerné par l’association English PEN, qui défend la liberté d’expression.
— J’ai été arrêté, Katérina Egorovna. Mais rassurez-vous, j’ai été lavé de tout soupçon et libéré, martela Zaïtsev d’une voix forte. Chez nous personne ne jette les innocents en prison. On est en Union soviétique, pas en Amérique.
Au mot “arrêté”, les yeux de la voisine se mirent à cligner, pris de tics nerveux. On aurait dit deux souris grises affolées.
Là-bas dans la prison de la Chpalernaïa, il n'était pour ses tortionnaires qu'un amas de chair qui ne pouvait rien avoir d'humain. Ni sentiments, ni habitudes, ni désirs, ni pensées, ni droits. Il n'était bon qu'à ressentir la terreur ou la douleur. (P.85)
Dans le hall régnait maintenant une odeur de tabac et de corps mal lavés. L'Union soviétique était un Etat de citoyens égaux en droits. Mais ceux qui sentaient le dentifrice à la menthe et la savonnette parfumée ne hantaient jamais les files d'attente. Y compris celle du hall d'accueil de la Crim. (P.60)