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Citations de Hugo Boris (201)


Il y a de plus en plus de monde autour de nous, principalement des travailleurs de nuit (...) tous des travailleurs pauvres- petits salaires et grands trajets. (p. 101)
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Les gens comme moi n'ont jamais peur en croisant des flics, des agents de sûreté, des contrôleurs, les gens comme moi ont besoin de tiers pour les protéger, je ne sais pas comment vous dire. (p. 48)
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Je reste ahuri, la bouche sèche, fasciné par ma propre absence. Je sais à cet instant que je pourrais passer tous les dan possibles sans que cela ne change jamais rien à la sidération dans laquelle je suis plongé à cet instant. Mes mains qui étaient capables hier de bloquer, de saisir, de frapper, sont devenues de beurre, molles et sans force. Je songe à tous ces katas dans le vide pour rien, tous ces assauts. Mes adversaires étaient imaginaires pour mieux détourner mon attention du seul qui vaille, bien réel, imprévisible et dangereux. D’adversaire, il n’y en avait qu’un seul à maîtriser, c’était moi.
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J’extrapole en une seconde le passé et le futur de mon agresseur, toutes les violences psychologiques et physiques qu’il faut avoir subies soi-même pour atteindre un niveau d’empathie aussi bas, le potentiel de cruauté dont on est capable quand on en est à jeter son mégot allumé dans le cou d’un inconnu. Je me réfugie dans la sagesse de la pitié. Je le plains. Je lui trouve immédiatement des excuses en pensant à l’enfance qu’il a dû avoir, comme si le monde était un jeu à sommes nulles. Je me dis que son geste ne me visait pas personnellement puisqu’il ne me connaît pas, puisque n’importe qui d’autre que moi, à cet endroit, aurait reçu le mégot. Des histoires bien sûr. En s’approchant de moi, le type a décrypté le langage non verbal de mon corps, ma posture, mes vêtements, la légère voussure de mon dos, ma chemise de gentil garçon, le physique de Mathilde, tous les signaux qui n’inspiraient aucune crainte. Il savait que je n’allais pas lui courir après. Il savait qu’un cendrier ne prend pas son agresseur en chasse. Il savait qu’un objet n’a pas besoin de vérifier sa virilité. Et puis la petite frappe a eu raison d’éteindre sa cigarette, il est interdit de fumer dans le métro.
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Lu dans le n° 22 de Dragon Magazine, revue spécialisée dans les arts martiaux, une interview du chercheur Christophe Jacquemart, dont les travaux sont consacrés à une approche cognitive et neurobiologique du combat rapproché : « Les prédateurs mammifères s’attaquent en priorité aux individus présentant une apparence malade ou affaiblie, afin d’obtenir de la nourriture avec un minimum de risque et d’énergie dépensés. De manière analogue, les prédateurs humains recherchent une victime facile. Ils évaluent toujours les signes annonciateurs de force et les marques de faiblesse chez le candidat à l’agression. La force apparente agit comme un “feu rouge”, tandis que la faiblesse apparente agit comme un “feu vert”. À ce titre, le prédateur humain fonctionne à rebours des comportements sociaux bienveillants habituels, dans lesquels les marques de peur, de vulnérabilité et de détresse suscitent la réassurance et le soutien ‒ alors que le prédateur n’y voit que des failles à exploiter. Qu’entend-on par signes annonciateurs de force ? Que regardent les criminels chez un inconnu pour déterminer sa réactivité potentielle ? Le tueur en série Ted Bundy déclara dans une interview qu’il pouvait détecter une bonne victime à la manière dont elle marchait, inclinait la tête et, d’une manière générale, à sa façon de se tenir. Diverses études convergentes ont validé cette assertion et les chercheurs ont observé des corrélations entre certains éléments non verbaux et la vulnérabilité perçue. Sont identifiés comme plus vulnérables que les autres : les personnes qui marchent à trop grands ou trop petits pas ; qui oscillent leur buste d’avant en arrière, de droite à gauche, ou de haut en bas en avançant ; qui balancent leurs bras sans rapport avec le rythme du pas, ou qui ne balancent qu’un seul bras tandis que l’autre reste collé au buste ; les personnes qui bougent avec des mouvements étriqués ou ne remuent que les mains pour s’exprimer (au lieu de faire des gestes amples avec les bras) ; les personnes avec un visage triste, honteux ou inquiet ; les personnes ayant l’air distraites ; les hommes trop maigres. »
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Il ne la regardait plus que distraitement, comme il aurait regardé sans le voir un visage familier. Il la contemple enfin, cette corne africaine couleur de sang caillé. L'aplat de latérite rouge affronté au bleu profond de la mer. Les miettes de nuages là-dessus, leurs ombres jetés par milliers de mille. Depuis combien de temps fixait-il le gravillon pris dans l'épaisseur du hublot au lieu de regarder à travers la vitre ?
Son œil glisse sur les filaments de plancton, les barres sableuses, les circonvolutions brunes des déserts salés.
Le dessin éphémère de l'eau dans les forêts d'Amérique du Sud lui serre lecœur. Le Soleil dévoile les fleuves et leurs bras morts en les faisant étinceler. Leur surface brille un instant, puis s'éteint, aussitôt relayée par d'autres nappes d'argent bruni, d'autres lacets, d'autres chemins d'eau jusqu'alors invisibles.
Il la dévisage d'un regard oblique, comme s'il venait d'ailleurs et l'observait pour la première fois. Alors c'est cela, ma planète ? Le mot vibre bizarrement, comme l'un de ceux dont il a perdu le sens et dont il n'entend plus que la creuse sonorité.
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Elle pourrait essayer en vain tous les pantalons de la police nationale, en commander dans toutes les tailles, tous les tissus, tester tous les patrons, français ou italiens, y épuiser ses huit cents points de capital annuel, aucun ne lui ira jamais.
Par terre, son gilet pare-balles tient tout seul, donne l’illusion qu’elle a arraché sa cage thoracique pour la poser là un instant. Elle s’est voûtée sous son poids au cours de la journée. Elle redresse la tête, son visage est le même dans le miroir du lavabo. Il ne trahit pas sa pensée, celle d’être une femme qui avorte demain. La permanence de ses traits ne cesse de l’étonner. Elle n’arrive pas à réconcilier ce qu’elle vit depuis plusieurs semaines et l’image inchangée dans le miroir, cette bouche, ce nez, ces yeux familiers. Au lieu d’une figure affaissée, de tissus qui feraient ventre, il y a toujours ce petit visage aigu et ces yeux gris, ce léger strabisme accentué seulement par la fatigue, qui lui vaut de n’être pas jolie mais piquante, cet air indocile qui fait son charme à la fin.
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Si l'appréhension de l'autre n'est déjà pas une mince affaire, elle se raffine avec la peur de soi. (p. 10)
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Je n’ai pas envie d’emprunter le masque du lyrisme pour faire du beau avec du laid, des mots qui seraient des insultes à la vérité ce soir-là, je suis une merde, une lavette, un faible, un infirme. Je suis malade de la peur. J’ai la maladie de la peur. Je suis devenu la proie de ce mot. Ma propre réaction me terrorise, me dévirilise, me rend mon reflet authentique, celui d’un pauvre mec sans couilles au cul. Si lâche, si friable.
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Elle perçoit brusquement dans sa chair la grande violence du calme alentour.
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Là-bas, sur l'autre berge, des avions s'alignent en éventail autour du terminal 2, juchés sur leurs trains minuscules. Il semblent les proies consentantes de véhicules parasites et inoffensifs -- camions ravitailleurs, trains à bagages, plate-formes élévatrices à doubles ciseaux. D'autres passent dans le ciel, avions de ligne ou cargos de nuit qui disparaissent dans les ténèbres.
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Au loin, au-delà de l'asphalte dur et serré, ils entrevoient la steppe nue de l'aéroport, son herbe jaune, silhouettée par le contre-jour des chemins de lumière au ras du sol. Le vent porte jusqu'à eux des odeurs de plaine brûlée par le soleil.
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Il admire la fierté de son port de tête, ce grand calme qu'elle continue d'affecter, son orgueil de femme qui ne se laisse pas entamer par les colères de surface des petits chefs.
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Le silence ressuscite la stridulation des insectes, le lointain sifflement de l'autoroute. Le bois a déjà perdu de son lugubre dans cette parcelle.
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Ils s'enfoncent entre les troncs par un chemin malaisé, giflés par les branches. Les cônes de lumière figent des arceaux de ronces, des hérissements de fougères sur les côtés de la voie. A la perpendiculaire, d'étroits layons apparaissent, des sentiers coupe-feu qui s'évanouissent aussitôt, avalés par l'ombre.
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La scène de l'accouchement m'a particulièrement touchée, c'est le moment où la vie commence:
Elle pousse. Les mains verrouillées sur le rebord du lit, le ventre tendu en avant, les reins cambrés, le visage affreusement contracté, elle pousse. Elle souffre tout ce qu'elle peut, vit une douleur qui a quelque chose a voir avec la folie. [ ... ] Elle sent son ventre qui se vide brutalement, sa chair qui se creuse. Elle sort son petit, le hisse, et, à bout de bras, le voit, enfin. Son bébé. Laura.
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C'est le début de juillet, de la semaine, de l'après-midi.Il fait lourd et les ombres sont noires. Le silence n'est troublé que par le bruissement énergique des jets d'eau automatiques, qui dessinent dans l'herbe leur rond de pluie. Il fait tellement chaud que le bitume dégage un odeur chimique, amère. Mélangée à celle de l'herbe, c'est bizarrement un parfum de vacances, d'autoroute.
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Il meurt un homme par seconde. Il en va de lui comme de tous les autres.
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Chacun veut la loi pour les autres et la liberté pour soi, pas vrai ? L'ensemble compte plus que l'individu
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On a confiés la sale besogne à des employés sous-payés de quelque administration d'état, qui devront dormir avec. La responsabilité est dispersée entre la Préfecture, les gardiens, les escorteurs, la Police aux frontières, les pilotes, les hôtesses, les stewards, pour que chacun ait le confort de penser : ce n'est pas moi, c'est l'autre.
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