Citations de Herbjørg Wassmo (443)
(…) On dit dans la Bible que ce sont nos actions qui montrent qui nous sommes.
(…) Tu sais, Tomas, les chiffres, ils changent pas. C'est pas comme les mots. Les mots, ils mentent tout l'temps. Quand les gens les disent et quand ils les disent pas … Mais les chiffres ! Ils sont sûrs!
(…) "Ca c'est bien l'avarice du Jacob Gronelv. Il peut pas souffrir que d'aut'voient mes cheveux. Not'Seigneur est pas aussi avare que le Jacob. Ou alors les aurait pas fait pousser !" (…) "Tu t'exposes !" (…) "Ben, si j'avais été un cheval ? ou un bateau ? Alors j'aurais eu l'droit d'me montrer ? Alors que la Dina, elle doit rester invisible ?"
Quant aux épreuves physiques induites par le mariage, Sara Susanne reçut quelques conseils de sa soeur Maren qui vint aussi la voir à Bo. Tout d'abord, il ne faudrait plus faire la difficile quand ils seraient mariés. Et il ne fallait surtout pas pleurer, même si cela faisait mal. Cela pouvait perturber l'homme et l'empêcher de fonctionner. Elle n'expliqua pas de quelle fonction il s'agissait. Sara Susanne se dit que cela devait être en rapport avec son humeur. Ensuite, ce qui sortait de l'homme, c'était à la femme de le nettoyer, et sans faire la dégoûtée. Autrement, il risquait d'être perturbé. Il fallait seulement veiller à avoir de l'eau et une serviette à proximité et se laver discrètement une fois qu'il serait endormi. (p. 38)
Il faut réaliser ce qui nous tient à cœur, autrement tout va de travers.
Elle imaginait que c’était inhérent à la vie elle-même. Dont le cours était un entrelacs d’événements et d’atmosphères.
Si elle n'y prend pas garde, elle va devenir exactement comme son père. Pleurer sur ses propres malheurs sans se préoccuper de ceux des autres.
De combien de couches une fiction peut elle être faite ? Les personnages qui font partie de l'histoire. L'expérience de l'auteur et son empathie. L'inconscient qui amène les images. La conscience qui fait le tri. La tradition d'écrire dans un genre défini. Les espoirs, socialement et littérairement parlant. La vie telle qu'elle est au moment de l'écriture. Les barrières géographiques. L'inquiétude de l'auteur. Son angoisse. Sa colère. Sa déprime. Son amertume. Sa solitude.
Un jour, se dit-elle, un jour j'aurai une pièce qui sera à moi. Je veux pouvoir fermer la porte. Je veux pouvoir dormir en paix sans que personne n'aille ou ne vienne. Je veux pouvoir penser des pensées sans être interrompue. Je veux pouvoir les écrire. La nuit comme le jour.
C’était au milieu de la journée. Le cheval et la femme, après avoir descendu le flanc raide de la montagne, étaient arrivés à une grande ferme. Une large allée de sorbiers allait de la grande maison de maître blanche jusqu’aux hangars peints en rouge. Deux de chaque côté jusqu’au débarcadère empierré.
Les arbres étaient déjà nus, portant des baies rouge sang. Les champs étaient jaunes, parsemés de flaques de neige et de glace. Le ciel se découvrit tout à coup. Mais il n’y avait toujours pas de soleil.
Celui qu’on appelait Thomas sortit de l’écurie au moment où le cheval et sa cavalière faisaient leur entrée dans la cour. Il resta planté comme un piquet à la vue des limons vides et de la femme échevelée aux vêtements ensanglantés.
L'amour est une vague faite seulement pour la plage qu'elle rencontre. Je ne suis pas une plage. Je suis Dina. Je regarde ces vagues. Je ne peux pas me laisser submerger.
"Il arrive qu'on se crée des problèmes qui n'existent pas."
"Dina montait le cheval noir, hors de la ville. Habillée des pantalons de cuir de M. Müller.
Julie lui avait d'abord trouvé un élégant costume d'amazone avec une jupe noir en cachemire, une blouse blanche et des pantalons de tissu blanc à sous-pieds. Mais il ne lui allait pas.
"Je suis Dina. Tout le monde disparaît. 'L'enfant qui tempère son chagrin' a disparu. J'ai décroché Hjertrud du mur. Ses yeux l'ont quittée. Je ne peux pas regarder un tableau sans yeux. Le chagrin, c'est les images qu'on ne peut pas voir, mais qu'il faut porter quand même."
(…) La richesse peut être beaucoup de choses. Il s'en trouve même à qui on donne de l'amour pour rien.
Le pire des silences est celui rempli de papier qu'on froisse.
« L’jour où Dina fera sa demande, celui auquel elle s’adressera aura pas besoin d’poser de questions ! Il aura qu’à répondre ! »
« Le chagrin c’est toutes les images qu’on ne peut pas voir, mais qu’il faut porter quand même. »
Il avait sorti un stylo de sa veste, retourné le papier et écrit : « Est-ce la même chose pour tout le monde ? La nostalgie de l’être qui nous manque ? De cette personne unique. Celle qui peut te comprendre sans s’en servir ensuite contre toi. Celle qui n’exige pas de te posséder, et envers qui tu n’as ni besoin de mentir, ni de prendre tes distances. Existe-t-elle ? Ou bien est-ce seulement un mythe dont tu as paré quelqu’un rencontré à une réunion religieuse ? »
Survint une pensée logique.
L'infinie multitude des possibilités d'amour, en ce satané monde, avait de quoi donner le vertige. L'amour, au bout du compte, était le moteur de tout. Il n'avait probablement pas de limites. Peut-être toutes ces proclamations transmises au fil des générations sur le vrai, l'éternel sentiment éprouvé pour un être n'étaient-elles qu'un piège. L'exaltation de la passion - un rêve nécessaire pour qu'on se laisse capturer. Peut-être l'amour n'était-il que la capacité bénie des dieux à s'abandonner mentalement à une autre personne. Qu'elle soit vivante ou morte.
(P. 507)