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Citations de Henri Barbusse (308)


– Il est russe, grec ?
– Je ne sais pas. Moi, à force de regarder l’intérieur des hommes, je les vois tous tellement semblables !
– Ils sont semblables surtout, murmura l’autre, par leur odieuse prétention d’être dissemblables et ennemis !
Le parleur me sembla frémir comme si cette idée éveillait une passion en lui. Il se leva, plein de colère, changé.
– Ah ! dit-il, quelle honte que le spectacle que donne l’humanité ! Elle s’acharne contre elle-même, malgré ces blessures affreuses qu’elle porte. Nous qui sommes penchés sur les plaies, nous sommes plus que d’autres frappés par tout le mal que se font volontairement les hommes. Je ne suis pas un politicien ni un militant, moi. Ce n’est pas mon métier de m’occuper des idées sociales ; j’ai bien assez à faire ailleurs ; mais j’ai parfois des mouvements de pitié grands comme des rêves. Je voudrais par moments punir les hommes, et je voudrais les supplier !
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… Ainsi, pendant un instant, ils n’ont pas menti. Ils se sont presque avoués, sans le savoir peut-être, et même sans savoir ce qu’ils avouaient. Ils ont presque été eux-mêmes. L’envie et le désir ont sailli, et leur reflet a passé, – et on a vu ce qui était dans le silence, scellé par des lèvres.
C’est cela, c’est cette pensée, ce spectre vivant, que je veux regarder. Je me lève, haussé, poussé par la hâte de voir la sincérité des hommes et des femmes se dévoiler à mes yeux, belle malgré sa laideur, comme un chef-d’œuvre ; et, de nouveau, rentré chez moi, les bras ouverts, posé sur le mur dans le geste d’embrasser, je regarde la chambre.
Elle est couchée là, à mes pieds. Même vide, elle est plus vivante que les gens qu’on croise et auxquels on vit mêlé, les gens qui ont l’immensité de leur nombre pour s’effacer, se faire oublier, qui ont une voix pour mentir et une figure pour se cacher.
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« Plus bas, dans l'océan nocturne qui remplit le ravin, le silence et l'immobilité s'accumulent. »
« La lividité de la nue blêmit et plombe les sacs de terre aux plans vaguement luisants et bombés, tel un long entassement de viscères et d'entrailles géantes mises à nu sur le monde. »
« Eudore, lui, paraît au contraire tout petit, et sa petite figure est complètement blanche, si blanche qu'on dirait une face enfarinée de Pierrot, et c'est poignant de la voir faire tache comme un rond de papier blanc parmi l'enchevêtrement gris et bleuâtre des cadavres. Un nuage de pestilence commence à se balancer sur les restes de ces créatures avec lesquelles on a si étroitement vécu, si longtemps souffert.»
« Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine – bouchers ou bétail. Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu'on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés. Ils sont prêts. Ils attendent le signal de la mort et du meurtre ; mais on voit, en contemplant leurs figures entre les rayons verticaux des baïonnettes, que ce sont simplement des hommes. Chacun sait qu'il va apporter sa tête, sa poitrine, son ventre, son corps tout entier, tout nu, aux fusils braqués d'avance, aux obus, aux grenades accumulées et prêtes, et surtout à la méthodique et presque infaillible mitrailleuse – à tout ce qui attend et se tait effroyablement là-bas – avant de trouver les autres soldats qu'il faudra tuer. »
« On voit ce qu'il y a de songe et de peur, et d'adieu dans leur silence, leur immobilité, dans le masque de calme qui leur étreint surhumainement le visage..»
« En ligne, de gauche à droite, des fusants sortent du ciel, des explosifs sortent de la terre. C'est un effroyable rideau qui nous sépare du monde, nous sépare du passé et de l'avenir. »
« … j'ai vu, çà et là, des formes tournoyer, s'enlever et se coucher, éclairées d'un brusque reflet d'au-delà. J'ai entrevu des faces étranges qui poussaient des espèces de cris, qu'on apercevait sans les entendre dans l'anéantissement du vacarme. »
« Aucun flot humain ne précède le nôtre ; en avant de nous, personne de vivant, mais le sol est peuplé de morts : des cadavres récents qui imitent encore la souffrance ou le sommeil, des débris anciens déjà décolorés et dispersés au vent, presque digérés par la terre. »
« … les cris, les exclamations sourdes, rageuses, désespérées ou bien les « han ! » terribles et creux où la vie entière s'exhale d'un coup. »
« … parmi ces campagnes cachées d'ombre, pacifiées par la mort, où les batailles font, depuis deux ans, errer et stagner des villes de soldats sur des nécropoles démesurées et profondes. »
« Il tourne à nouveau son regard sur moi. Dans sa face toute plantée de poils, dans sa face de barbet, on voit luire deux beaux yeux de chien qui s'étonne, songe, très confusément encore, à des choses, et qui, dans la pureté de son obscurité, se met à comprendre. »
« Il s'est fait tuer, il s'est fait enfin tuer, à force de faire toujours son devoir. Il a enfin trouvé la mort là où elle était ! »
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l’harmonie de la musique ne vaut pas la voix basse d’un livre.
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Hélas ! un jour je te dirai peut-être : « Je ne t’aime plus. » Hélas, hélas, peut-être un jour je te dirai : « Je ne t’ai jamais aimé ! »
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Jouir ensemble, quelle désunion !
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Dire nous appelons la justice mais nous repoussons la violence, c'est dire à la fois oui et non c'est jouer un double rôle.
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