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3.67/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) le : 28 mai 1913
Mort(e) le : 20 mars 2002
Biographie :

George Macovescu a été un homme politique roumain, ministre des Affaires étrangères de la Roumanie du 18 octobre 1972 au 8 mars 1978.

Source : Wikipédia
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Bibliographie de George Macovescu   (1)Voir plus

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Nicolae Labiș, Confessions (fragments)

Combien je me sens large, avide et jamais plein !
Je bois avec mes yeux, mon ouïe, en cachette
Le Monde, inassouvi autant que face au vin
en perlant ma moustache au riz des gouttelettes.

J'ai amassé en moi, pelote, maints chemins,
Des tam-tams de sabots en moi sonnent et errent
Mais j'ai soif de départ et j'appelle sans fin
Les blancs rubans poudrés de lunaire poussière.
(...)
Je fus ruche d'appétits et de miel,
Je ployais un genou vers les astres du ciel,
Les pensers et les mains soulevaient le silence,
Une dense mélancolie et la puissance
Vers le visage multiple qui me dispense
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Adrian Păunescu, [Noi suntem muzeul]

NOUS SOMMES LE MUSÉE...

Nous sommes le musée qui n’est plus suffisant
en lequel un peintre travaille avec du sang
plein de tableaux brumeux, de bustes aberrants.

C’est ainsi que de tant de courants et de zones
une main sans répit peint et peint des madones
des enfants dans les bras, gentiment monotones.

Et quand, pour ses raisons, le peintre a trépassé,
nous tous autant qu’on est, ses tableaux barbouillés,
le portons encadré et allons l’enterrer.

Sous les nuages des mondes, leur trouble halo,
c’est alors à travers le musée sans échos
un amour déchaîné de bustes et tableaux.

Au suivant ! Accouchons du peintre qui sans cesse
de sa main éveillée écrive avec tendresse
des musées respirant l’effroi et la tristesse.

Derechef au musée qui n’est plus suffisant
ce sont tableaux brumeux et bustes aberrants
que travaille un peintre. Sous la brume de sang.

(traduction de Aurel George Boeşteanu)
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Non, jamais l’automne...



Non, jamais l’automne n’a été aussi beau
À notre âme avide d’une mort qui soulage.
La plaine est couverte d’or et soie à nouveau,
Et les arbres tissent des brocarts aux nuages.
Les maisons amassées, cruches sans pareilles,
Aux panses remplies d’un vin gros et très fort,
Sont là sur la rive du fleuve de soleil,
À la vase duquel nous avons bu tant d’or.

Les oiseaux noirâtres filent vers l’occident
Comme la feuille malade du charme dur
Qui vite se dépouille, bien haut secouant
Ses feuilles dans l’azur...

Qui pleurer désire, qui veut se lamenter,
S’en vienne et écoute cet appel incompris,
Fixe la céleste torche des peupliers,
Et enterre son ombre dans leur ombre, ici !


//Tudor Arghezi (1850 – 1889)

/ Traduit du roumain par Aurel Georges Boeșteanu
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il se fera silence il se fera soir (1979)


Virgil Mazilescu

préface

et depuis que j’ai inventé la poésie dans une chambre clandestine depuis la toute profondeur des terres stériles – le courage et le pouvoir (humain) se sont dissous comme buée

outre ce fait – que je suis né et que je vis et que je mourrai probablement dans la crainte et dans le tremblement (chose au demeurant que j’aurais voulu dire aussi voilà deux ou trois ans) je n’ai hélas pour l’heure plus rien à dire

je reprends à mon compte par conséquent la vieille langue : commençant précisément au moment présent je la tords je la caresse je la bats jusqu’à plus soif, mais les syntagmes insolites dans lesquels (à ce qu’on dit) dormirait mon âme comme dans une tanière perdue ceux-là ne me tentent plus les doigts graciles qui creuseront canaux à travers bois et y retourneront encore et encore petit à petit ils entreront en pourriture ? les doigts graciles ne me tourmentent plus

dans les yeux de celui qui regarde et regarde sans nous voir
dans le voyage comme un fouet d’airain comme la longue trompe d’un buccin
dans la déposition comme un battement d’aile comme une fumée au-dessus de la maison
dans le goût dans le toucher de cet acte insondable prends pitié
prends pitié de moi ô ! nuit
dans la nuit sereine et dans la fosse pâle pleine de détritus
dans tout ce qui marche en avant ô ! nuit

comme certains savent présenter les choses de façon claire – même
celles d’importance beaucoup moindre eux réussissent en vérité
à nous les rendre intelligibles et très très chères
de telle sorte qu’en leur présence le tout (comme on a coutume de dire) touche
à l’auréole de la sérénité – ce sont la fierté et le miroir du monde

et d’autres qui confondent la fleur de cactus avec la piqûre des jours pluvieux d’autres
qui nous croisent parfois dans la rue sans reconnaître leurs amis
et qui marmonnent bonjour bonjour bonsoir quand ils entrent
dans un débit de tabac pour s’acheter des ampoules électriques mon dieu
etc. mon dieu etc. eux sont notre honte et notre terreur
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Né à Corabia (Roumanie) en 1942 – mort à Bucarest en 1984.
Quatre livres ont été publiés de son vivant : Vers (1968), fragments de la région de jadis (1970), il se fera silence il se fera soir (1979), guillaume le poète et l’administrateur (1983).
Le volume de 1979, conçu comme une véritable somme personnelle par l’auteur, présente dans sa première section une copieuse série de poèmes inédits avant de reprendre, dans l’ordre inverse de leur publication, les deux recueils précédents – en les corrigeant parfois, toujours dans le sens de la densité et de la concision.

Le ton adopté par Virgil Mazilescu au sein des « lettres roumaines », sa façon d’inclure dans un seul souffle, dans une même « musique », des matériaux apparemment hétérogènes, détone dans le contexte de son époque. Chez lui, la voix, singulière, prime sur le discours ou sur les images. Ces dernières perlent éventuellement au fil des mots, prises dans un tissu serré et dense, captives toujours d’une épaisseur langagière.
La parole de Mazilescu se donne en effet avant tout à percevoir comme la « parole d’un seul », voire d’un isolé ou d’un original. La subversion, ou la provocation, tient toutefois peut-être moins au choix d’une étrangeté généralisée (liée à la perte des repères syntaxiques ou sémantiques) qu’à l’inflexion intensément personnelle, toujours subjective, orientée, que Mazilescu sait imprimer à cette parole en déséquilibre, par-delà, donc, ses bizarreries de surface. Il existe une boussole : elle incline la parole dans une direction perceptible et inconfondable. Les mots semblent courser un sens en fuite, débordés de références à la fois intra-linguistiques et littéraires. Mais l’angle de vue est toujours existentiel, situé dans l’émotion. On ne perd jamais de vue que quelqu’un tient un fil.
Cette poésie, comme « en perte », frayant souvent chemin à travers le peu et le rien, consciente toujours de sa fragilité, de ses limites, travaille en-langue et dans la profondeur irréductible, idiomatique, de cette langue même.
Comme Nichita Stănescu, Mazilescu établit une étrange adéquation entre l’émotion qui étrangle, empêche les mots et littéralement les interdit, et cet autre étranglement (de goulot) constitué par une langue à la fois entièrement commune dans sa texture et tout à fait particulière dans ses agencements.
Parce qu’il conçoit le plus « monadique », le plus particulier, comme le vecteur d’une paradoxale ouverture vers le commun ou vers le général, Mazilescu rejoint, sur ce point au moins, une intuition fondamentale de son aîné.

Il écrivait, en 1971, dans un article intitulé Le découpage de l’espace en noir et blanc : « Voilà ce qu’il me plaît de croire au sujet de la photographie : bien plus que la surprise, que la copie d’une séquence qui serait dès l’origine belle en soi, c’est bien l’interprétation, le sous-texte lyrique, je veux dire l’intention qui a présidé au geste purement technique, qui peut aboutir à des réalisations dignes d’intérêt, à la sphère de l’art en ultime instance. »
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Virgil Mazilescu

1 nous commençons

ou bien roues pourries sous la pluie ou bien sexe inconnu (mettez à mort) ou bien rossignol indigne. l’aliment des mots va bondir du sommeil de la peau des femmes

trop longue cette nuit mais moi j’entends une voix : nous recevons à présent à la porte tout le mal promis (des animaux de beaucoup plus longs rosissant avec dignité la croix) et j’entends encore une voix : nous recevons à présent à la maison de jaunes mangeurs de croix tard quand je ne veux même plus rien reconnaître (je passerai à califourchon sur les blés) mes parents lutteurs glissent doucement et avec joie au travers des doigts de fauve fauve fauve

2 animaux chéris

maintenant même si nous buvons une boisson potable et que tu poses ton doigt avec une grande gêne sur la mélodie sur les gorges : à la table carrée à peine la deuxième peau sur le pilier est poésie avec ces serpents de fête qui pendent ces serpents de fête. trop de papillons brûlés pour une seule âme.

nous parlons politique amour art nous buvons mais sous la plante du pied de l’épouse du voisin elle passe frontière beaucoup plus haut l’aimée frontière beaucoup plus haut l’aimée et si dans la jungle vers le soir tu caches des tristesses d’éléphant blessé allons allons ça aussi ça va passer.

paix à nos tables :

parce que l’humour n’est qu’une maladie de moulins à vent. et le grizzli un polisson dans sa patrie à lui : parce que les oiseaux n’ont pas encore dit leur mot. n’ont pas dit leur mot. ne l’ont pas dit
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Virgil Mazilescu

légende

des traces très profondes sur la neige
le contentement cette écharde dans la chair
la lumière trouble du mois de février
il n’y a rien à dire rien à dire rien à dire

nous revenions d’un voyage habituel
nous avions quelques heures à marcher
à travers la neige à travers la lumière trouble
du mois de février il n’y a rien à dire

et quand nous avons atteint la lisière de la forêt
et quand nous avons rallumé le feu
nous avons senti cette haleine dans la nuque
deux cavaliers altiers et à côté d’eux l’ombre

du troisième (un gringalet) pendant
comme une peau glacée de chien comme un étendard
traces autant qu’il se pouvait visibles sur la neige
et la lumière trouble du mois de février

nous nous sommes regardés avec sous-entendu
nous avons vite ouvert le livre comme on aurait ouvert
une fenêtre depuis le jardin dans les aurores du jour
étaient écrits là noir sur blanc des gains et des pertes

mais dans une langue de laquelle nous n’avions plus mémoire
des gains et des pertes étaient écrits – dans un temps
qui depuis longtemps n’était plus le nôtre
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Virgil Mazilescu

fragments de la région de jadis (1970)

prière à l’intersection des rues

mon rêve cavale dans la nuit lumineuse parmi les rêves de ces hommes méchants et bons du village inhumé dans la lune. il s’arrête au coin de la rue qui conduit dans les champs. il apprend à se méfier des chiens et du passé et sous l’eau du lac
il chante avec les poissons endormis.
oh si mon rêve atteignait le rêve du voisin au moins la porte de sa maison au moins la buée qui se détache de sa lampe


rugăciune la intersecție de străzi

visul meu aleargă în noaptea luminoasă printre visele acestor oameni răi şi buni ai satului înmormîntat în lună. se opreşte la colțul străzii care duce-n cîmp. învață să se ferească de cîini şi de trecut şi sub apa lacului
cîntă cu peştii adormiți.
o dacă visul meu ar atinge visul vecinului măcar uşa casei lui măcar aburul ce părăseşte lampa lui
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Virgil Mazilescu

deuxième conte pour stéphana

sort de derrière la remise un ange et il s’incline
regarde à gauche – personne, là
regarde à droite – absolument personne

tout de même la vie est dure sur la terre, murmure-t-il

depuis qu’ils ont cessé de croire aux anges
les mortels ne rêvent plus que d’arborer
une de nos plumes à leur boutonnière au ruban de leur chapeau

ils nous attrapent en plein sommeil ils ont des chiens de chasse et des procédés pour cela
qu’on dirait presque savants et une technique sans doute très subtile
quoi qu’il en soit nous n’existons nous que pendant le temps du sommeil

sort de derrière la remise un enfant et il s’incline
regarde à gauche – l’ange endormi dans le fauteuil
regarde à droite – l’ange endormi dans le fauteuil

même ces anges-là sont devenus roublards, murmure l’enfant
et il sort les ciseaux en cachette et cric crac les deux têtes
puis il court voir qui est l’ange et qui le fantôme

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Virgil Mazilescu

Vers (1968)
j’ai oublié et ma maison et mon nom

j’ai oublié et ma maison et mon nom c’est fatigant à la fin
de savoir toujours son nom par cœur
ô grégoire dumitru julien la porte d’entrée
s’ouvrait donc vers l’intérieur ? et le chien noir du voisin
vous dites qu’il mord ? et il ne faudrait pas que je me promène
quand il gèle la tête nue dans le bois de noisetiers ? j’ai oublié
j’ai eu pas mal de temps pour oublier depuis le cerveau jusqu’aux orteils

ici le long du danube m’assiègent des oiseaux de toutes sortes
des moineaux des oies sauvages des espèces rares d’échassiers
et mon amour pour eux s’ouvre
comme un port hospitalier – que vienne peut-être l’hiver scythe
j’existerai plus loin je voyagerai plus loin : écho
de deux parents honnêtes rêverie de cygne
vous entendez : la vie : des étoiles creusant imperceptiblement la plaine
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