Citations de Gabriele Clima (20)
Les animaux ne sont pas comme les humains, ils ne se posent pas tant de questions. Parce qu'ils savent que sans se poser de question, on vit beaucoup mieux.
Et tandis qu'il s'abandonnait à la caresse de ces doigts verts, Andy pensait que l'homme est fait pour les belles choses. Il est fait pour les toucher, comme toutes les choses qui doivent être touchées pour qu'on les connaisse. Et si Andy ne pouvait pas le faire avec les mains, alors il le ferait avec les yeux. Toucher avec les yeux. Parce que c'est beau aussi comme ça.
- Comment il s'appelle ?
- Qui ? demanda Dario.
- Lui. Comment il s'appelle ?
- Pourquoi vous ne le lui demandez pas ?
- Il sait parler ?
- Bien sûr. Il est handicapé. Pas débile.
Il aimait la mer. Il l'aimait parce qu'on ne peut jamais la mettre en cage. On ne peut pas lui donner de frontières, car la mer entourait la Terre de son immensité. La mer, tu ne peux pas la mettre en cage.
La mer rend tout léger, même l'âme. C'est pour ça que ceux qui vivent au bord de la mer vivent plus longtemps.
- Sûr ! dit l'homme en ricanant. Je n'en avais jamais vu un de près. L'un d'entre eux, je veux dire. C'est la première fois.
- Qui eux ? Mais de quoi vous parlez ? demanda Dario.
- Bon dieu, eux, ceux comme lui ! Comment on les appelle...
Les handicapés ? C'est ça le mot que tu cherches ? Les estropiés ? Les gens bizarres ? En même temps, ce n'est pas de ta faute. Il y a cent ans, les "estropiés", on les voyait seulement dans les cirques, avec les bêtes féroces et les animaux rares. On les appelait des créatures de divertissement.
Une personne, comment elle est, on le voit à ses yeux, à la façon dont elle te regarde. Dans les yeux, tu arrives à voir un tas de choses. C'est peut-être pour ça que quand quelqu'un a quelque chose à cacher, il baisse les yeux.
- Fais attention, c'est bien. Voilà. Tu es doué, tu sais, avec les animaux.
Dario sourit.
- Meilleur avec les animaux qu'avec les gens.
- Oh, il n'y a pas beaucoup de différence, dit la soeur. Les gens aussi sont des êtres fragiles. Eux aussi se cassent les ailes, de temps en temps.
Il y a toujours quelque chose qui va de travers, et personne ne sait jamais pourquoi. Il suffit d'un rien, un geste, un mot, il suffit d'un rien, et tout fout le camp. Ce n'est pas toi qui décide, c'est le destin.
La musique, c'était de l'herbe format MP3, de l'herbe à fumer avec les oreilles.
Souris, lui disait tout le temps son père. Souris, lui disait-il, quand quelqu'un s'en va, regarde-le et souris. Tu verras qu'il se souviendra de toi.
C'est étrange, comme le concept de beauté, chacun a le sien. On peut trouver un million de personnes qui disent que quelque chose est beau alors que toi tu dis le contraire. Et vice versa.
C'est une sensation étrange que de répéter une action, toujours la même. Au bout d'un moment, l'action disparaît et ce qui reste c'est seulement sa répétition, cyclique, constante, comme un mantra, comme une rengaine, comme une berceuse qui te calme et te fait sentir bien.
Mais le problème, ce n’était pas tellement Andy. C’était plutôt Élisa.
– “Volontaire...” insista le directeur. Cela signifie – il se leva, fit le tour du bureau – qu’à partir de maintenant, et jusqu’à une date qui reste à déterminer, tu t’occuperas des personnes “moins chanceuses” inscrites dans ce lycée. [...]
– Vous voulez dire... Les handicapés ?
– Nous préférons les appeler “porteurs de handicap”. C’est bien que tu apprennes ce mot, tu vas en avoir besoin, désormais.
À partir d’aujourd’hui, tu es inscrit au Service d’Assistance Volontaire de cet établissement.
Et tandis qu'il s'abandonnait à la caresse de ces doigts verts, Andy pensait que l'homme est fait pour les belles choses. Il est fait pour les toucher, comme toutes les choses qui doivent êtres touchées pour qu'on les connaisse. Et si Andy ne pouvait pas le faire avec les mains, alors il le faisait avec les yeux. Toucher avec les yeux. Parce que c'est beau aussi comme ça.
La fillette lui rendit son regard.
- Tu ne peux pas parler? demanda-t-elle.
Andy sourit.
- J,ai comprit. Tu es un peu timide. Bon. Moi c'est Isa. Isa comme Isabelle. Et toi, tu es...?
Andy continua a sourire. Isa répéta:
-Et toi tu es...?
- Edi, dit Andy en se penchant en avant.
-Edi, répéta Isa. c,est joli. Et c’est pour...?
-Edi, répéta Andy.
- Edi c'est pour Edi. J'ai comprit. Et bien, c’est un joli nom. C'est un peu étrange, mais c'est joli.
Oui. Dario l'enviait. Chez Andy, il y avait quelque chose d'immortel, d'intouchable, qui échappait aux lois des hommes. Andy était un demi-dieu, moitié homme moitié fauteuil, comme une créature mythologique. Comment ne pas envier une créature mythologique?
C'est étrange, comme le concept de beauté, chacun à le sien. On peut trouver un million de personnes qui disent que quelque chose est beau alors que toi tu dis le contraire.