TRANSE
Tant de beauté se glorifie en moi
je ne peux résister
et tombe en poésie
ne regarde pas : il n’y a aucune hérésie
tant de chant se lève et se glorifie en moi...
GERMINATION
Comme une terre aride
attend mon for intérieur, suprême Señor,
que la pluie de Ton amour
et que ta Parole
brillent avec germination...
VERS NULLE PART
Au bout du monde je t’ai trouvé
tu dessinais sur les pierres des sirènes profanes
tu observais l’infini dans leurs yeux tristes
les chants coulaient
dans leurs veines diaphanes
Un sens interdit me dit de demeurer
c’est une impasse inféconde
j’entre en hâte dans un shopping ennuyeux
et j’achète une Écriture
avec des muses profondes.
(cf. p. 58)
DES LARMES AU CIEL
Une âme en pleurs, des nuages en pleurs,
En gare on fournit des wagons de fleurs
Dans l’âme typhon, dans l’esprit typhon,
entre les paroles rébellion
Rêves dans l’âme, rêves dans l’éther,
Aux gares on fournit fleurs et mystère…
(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
IL Y A DES JOURS OÙ TU ATTEINS LE PARADIS
Il y a des jours où tu atteins le Paradis
avec le cœur
Il y a des jours où tu offres le ciel
en guise de serment
Et les étoiles,
ô, les étoiles deviennent
un infini concerto brandebourgeois.
Il y a des jours où quelqu’un te rappelle Proust,
Il y a des jours où tu as tout en toi-même
et ce qui peut être tu l’aurais voulu aussi
Il y a des jours où tu atteins le Paradis.
(traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
MYSTERION
Malade de paradis
tu regardais le bleu
la chambranle du monde ne peut comprendre l’extase
Seule ta lumière peut donner
l’altitude du sans-fin
du sourire gracieux et atemporel
Le ciel t’as remué la profondeur de l’être
de sorte que
des fontaines vierges envahissent le monde de sérénité
Malade de paradis
comment
peux-tu parcourir la terre ?
Le printemps se déverse
divinement dans le dimanche
en toi.
ILLUMINATION
Sur des tessons de cristaux et de lune
je sévis vers l’amour, divine et attristée,
c’est un miracle le ciel et la cape en toi
avec laquelle je m’enveloppe et souffre d’exister
Ton front est horizon et trace d’énigmes
une poudre de rosée est ta quête.
Comment me cueillir à l’aube autrement
tandis que je flotte dans la musique éternelle ?
PATHÉTIQUE SIÈCLE
Quand ton code génétique
à l’épreuve est mis
dans un vol d’albatros
il mime l’ennui
L’exode de pensées
l’orgueil pervers
le soupir anarchique
dictent dans l’univers.
Irréversible,
je sens le temps qui coule
Nous sommes les vétérans
de la guerre froide.
Un siècle
de pathétiques ombres
les amères amnisties
laissent des ombres sombres.
Irréversible,
je sens le temps qui coule
Nous sommes les vétérans
de la guerre froide.
Le bleu intense
et du monde la cruauté
concert ancestral
de notes posthumes.
L’honneur est muet
déclinant
de vaincus mimosas
à l’esprit me reviennent.
Irréversible,
je sens le temps qui coule
Nous sommes les vétérans
de la guerre froide.
![](/couv/cvt_Pas259rea-Paradis_1532.jpg)
LA GUERRE DES MOTS
On entend les pas de soldats,
ont murmuré les mots…
En cottes de mailles nous nous habillerons
Ont crié les mots.
Dans la guerre de tous,
Contre tous,
On n’entend aucun Stradivarius
Dans les montagnes nous nous cacherons,
et dans les psaumes,
ont montré leur stratégie les mots
les aubes et les points cardinaux nous incendierons
les paraphrases nous empoisonnerons
et des incantations nous hisserons
et de l’aide nous recevrons…
On entend les pas de soldats,
Mots, chaussez vos godillots !
*
RĂZBOIUL CUVINTELOR
Se-aud pași de soldați,
au șoptit cuvintele…
Ne vom îmbrăca în zale,
au strigat cuvintele.
În războiul tuturor
împotriva tuturor
nu se-aude nici un Stradivarius
Ne vom ascunde în munți
și-n psalmi,
și-au arătat strategia cuvintele
vom incendia zările și punctele cardinale,
vom otrăvi parafrazele
și vom incendia incantații
și vom primi ajutor…
Se-aud pași de soldați,
Cuvinte… încălțați-vă bocancii !...
(p. 19, traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
AETERNITAS
L’image d’un ange
triste regardant à travers une fenêtre
cassée est mon souvenir le plus douloureux
de l’amour.
Un phonographe démodé remplit
la place de ma mémoire
… aime-moi le temps d’une rose
si tu peux… !
La mer ne pardonne jamais.
Des orgues qui jouent seuls
atemporels
la chansonnette des éternelles séparations
sont la consolation qui
me déchire le sourire du crépuscule
Un phonographe démodé remplit
jusqu’à ras bord la place de mes déceptions
...aime-moi le temps d’une rose
si tu peux… !
La mer ne pardonne jamais.
Le rêve qui m’effraye le plus
c’est quand nous cessons
de répandre des notes
et des lumières sidérales
de sorte qu’
un phonographe démodé remplit
lilas la place de mes audaces
… aime-moi le temps d’une rose...
La mer ne pardonne jamais.