AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Frank Miller (424)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Sin City, tome 6 : Des filles et des flingues

La noirceur ne provoque en vous aucune peur. Alors plonger dans l'univers de Frank Miller avec Sin City où la violence, le racisme, l'homophobie, la misogynie se côtoient avec une harmonie surprenante. La couleur est utilisée avec parcimonie sublimant certains personnages ou situations. Prêt pour un bon vers un ailleurs?



Des filles et des flingues est un particulier par rapport aux autres livres de la série Sin City. Ce sixième ouvrage se compose de onze nouvelles où l'on retrouver certains personnages comme Marv, ce gros dur qui veut faire respecter la justice avec ces poings et son révolver. Il ne supporte pas la violence gratuite, le viol et les enlèvements d'enfants. Pour cela, il est prêt à tout affronter jusqu'à ce prendre des balles. En toile de fond, on voit la séduisante Nancy, qui danse comme une déesse et fait rêver bien des hommes. Car attention, ici les femmes sont souvent fatales. Pas de femmes qui ont toujours besoin d'un homme pour les défendre. Leur charme est leur premier atout, puis après elles ont l'intelligence et le courage. Pas de sentiments larmoyants, une bonne lame ou un talon dans un oeil et ces messieurs pleins de haine vont nourrir les asticots.



Saisissant de violence et de cruauté, Franck Miller nous emmène dans un futur lointain et pourtant si proche à la fois. Le fait que toute l'histoire soit en noir avec nuance de blancs avec parfois une pointe de couleur sur les femmes souvent super sexy. Les histoires courtes sont percutantes. Cela rappelle d'ailleurs souvent qu'une image peut avoir plus d'impact qu'un long discours. Les pages se tournent vite avec délice où je plonge dans la noirceur d'un monde injuste et sans espoir. Le bonheur se limite juste à ne pas mourir dans la journée.



Un coup de blues et des idées noires, passez votre chemin. Par contre, envie de découvrir un grand maître du comics américain, ce livre est une bonne mise en bouche qui vous donnera surement envie de découvrir les autres tomes voir même regardez les films.
Commenter  J’apprécie          80
Batman : Année Un

Cette BD a eu un poids énorme à l'époque, de par les débuts pseudo-réalistes, qui ont tant influencé Christopher Nolan et ses films... On est avec un Batman balbutiant, face à des mafieux, dans une Gotham gangrénée par la corruption policière. Un vrai régal.
Commenter  J’apprécie          80
Batman : Année Un

Si The Dark Knight Returns était exceptionnel, Batman : Year One est encore mieux. On a ici un jeune Lieutenant Gorgon qui arrive À Gotham City et qui se retrouve entouré de collègues corrompus qui lui en veulent d'être droit. Pour Bruce Wayne, c'est le début de l'expérimentation pour devenir un justicier. Il découvre bien vite qu'il ne doit jamais rien improviser. Cette BD c'est aussi les début de Selina Kyle en Catwoman et c'est Harvey Dent avant Two-Faces.



Tout comme The Dark Knight Returns, Frank Miller nous amène dans une atmosphère très sombre. Il y a beaucoup de violences, ce qui n'est pas pour me déplaire. Year One fait beaucoup plus réaliste et est à des milliers de lieues du côté comique. En fait, le tout est très sérieux.



Frank Miller nous a donc fait une excellente BD et est entouré d'un excellent dessinateur. À mes yeux, c'est une BD qu'il faut absolument lire au moins une fois dans sa vie.
Commenter  J’apprécie          80
Spider-Man Team-Up - Intégrale : 1980

Ne vous fiez pas à sa couverture parfaitement ridicule « Spider-man team-up, intégrale 1980 » est un grand cru disposant d'une variété enthousiasmantes d'artistes de premier plan aux rangs desquels Chris Claremont, Steven Grant, Mike Zeck et Franck Miller.



Bien sur il y a ce faux pas en associant Howard le canard à Spider-man dans une aventure ridicule (mais très bien dessinée !), mais pour le reste on se régale dans la qualité globale proposée.



Les scénarios intéressants et les excellents dessins pallient souvent à la relative faiblesse des partenaires de Spider-man avec en pointe, les histoires avec le Fauve, le Suaire ou Machine-man.



Un superbe florilège de ce qui se faisait de mieux dans les années 80 chez Marvel !
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
Commenter  J’apprécie          70
Cursed : La Rebelle

N'ayant absolument pas le temps de voir la série, j'ai lu le roman, pour pouvoir en parler si jamais le sujet était mis sur le tapis.

Autant vous dire que ce fut une lecture catastrophique, et j'en suis la principale fautive...

La légende arthurienne ? Je connais et j'adore. Alors j'ai immédiatement été conquise par les premières pages. L'héroïne extrêmement classe et intrigante m'a emportée avec elle dans son aventure très rapidement, notamment avec notre cher Arthur.

Et puis, avant la moitié du roman, j'ai arrêté un petit peu ma lecture, j'ai commencer à me forcer...Et tous nos amis lecteurs savent qu'il ne faut pas se forcer, au risque d'être déçu.

Dès lors, j'ai trouvé le style d'écriture peu fluide et assez lourd ; je n'arrivais plus à me laisser emporter. L'histoire s'est dégradée, à mon avis ; elle devenue complexe et partait dans tous les sens, ce qui ne m'a pas aidée à apprécier ma lecture.

J'ai peiné, pour ne pas dire ramé, jusqu'à la fin. J'ai de moins en moins apprécié les personnages et la tournure que l'histoire prenait, jusqu'à être complètement perdue.

Concrètement, l'une des mes pires lectures, en partie à cause de mon humeur livresque et le style d'écriture mais aussi à cause de la dégradation de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          70
Daredevil - Intégrale, tome 2 : 1982

Cette intégrale brille surtout par l’enchaînement des deux premiers épisodes mêlant le quatuor mythique, Daredevil, Elektra, Bullseye et le Caïd.



Dans l’univers glauque et oppressant des bas quartiers du New York des années 80, Frank Miller imprime une atmosphère crépusculaire, étouffante et d’une noirceur sans nom à cette tragédie moderne ou chacun des protagonistes montre des fêlures d’une complexité exceptionnelle.



Une tueuse prises de remords et hantée par son amour passé, un justicier friable, fidèle en amitié et en amour, un impitoyable caïd de la pègre capable de plier dans l’espoir de revoir sa femme transformée en clocharde et un tueur malade, instable, instinctif, aussi mortel que génial composent donc le formidable univers imaginé par Miller.



La partie avec le Punisher est également d’un bon niveau, Murdock étant véritablement déchirant dans son refus de la mort d’Elektra.



On recommandera aussi le « Et si …Elektra n’était pas morte », nerveux et émouvant, créant pour une fois une belle happy-end entre DD et Elektra.



En résumé, pour ces quelques raisons « Daredevil : l’intégrale 1982 » est un album culte, totalement, indispensable pour le fan de bande dessiné moderne, amateur d’univers sombres et de personnages aussi complexes que torturés !
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
Commenter  J’apprécie          70
300

Voilà une bande dessinée de Frank Miller que je voulais lire depuis bien longtemps mais elle ne m’était jamais tombée entre les mains. Jusqu'à maintenant !



J'aime les récits historiques lorsqu'ils sont si bien contés. Qu'on est loin d'un pompeux Jacques Martin ! On vit véritablement la bataille au milieu des ces Spartiates prêt à tout donner. Des chefs d'entreprise rêveraient d'avoir des employés aussi modèles prêt à se sacrifier pour la bonne cause !



Ici, il s'agit de défendre la Grèce, dernier bastion de civilisation éclairée du monde antique. Ces hommes se battent pour l'honneur. C'est un parfait exemple d'intégrité face aux promesses alléchantes de l'envahisseur. Ne jamais rien céder. Oui, on pourrait suivre cet exemple mais le monde serait sans doute ravagé si la diplomatie n'existait pas. Il faut toujours lâcher quelque chose pour obtenir la paix. C'est peut-être en cela que 300 est apparu un peu totalitaire aux yeux de certains lecteurs.



Je n'ai jamais voulu voir le film car j'avais été écœuré par le violent Sin City. La violence à l'état brut n'a jamais provoqué chez moi une admiration morbide ou une excitation surannée. La bd me paraît le support idéal pour une telle histoire. On reconnaîtra beaucoup de qualités dans la construction de 300 à commencer par un format adapté et original. La narration est le gros point fort car elle nous transporte littéralement dans la Grèce antique.
Commenter  J’apprécie          70
Batman - The Dark Knight Returns

J'ai bien aimé l'audace des cases ainsi que la noirceur voulu du récit. Cependant, c'est un peu trop irréaliste et artificiel à mon goût. Il faut s'y faire progressivement. Bref, je m'attendais à beaucoup mieux au vu des critiques élogieuses. Ce n’est pas du même acabit que Watchmen par exemple dans le même genre.



La référence aux deux tours jumelles et l'avion qui s'écrase sur "Gotham New-York City" rappelle le triste drame du 11 septembre. C’est visiblement prémonitoire car cela a été imaginé avant la date fatidique.



On peut également mesurer toute la portée du débat sur le fait de faire justice soi-même pour éviter des actes de banditisme ou pire de terrorisme! A t'on besoin d'un justicier pour nettoyer la ville au karcher? Personnellement, cela me fait froid au dos l'idéologie que prône le vengeur masqué. Je n'adhère pas à cette philosophie de justification de la violence. De là, à penser que c’est le livre de chevet de militaire ou autre dirigeant en mal de puissance, non ! Frank Miller a souvent été taxé de soutenir une idéologie nauséabonde. Je crois plutôt qu’il la dénonce. Je reconnais également certains atouts à cette BD qui est bien pensé et qui soulève certaines interrogations légitimes.



Pour toutes ces raisons et après mûres réflexions, je décide de remonter la note de cette oeuvre qui marque incontestablement après avoir lu un bon nombre de comics.
Commenter  J’apprécie          70
Batman : Année Un

Frank Miller et David Mazzucchelli reviennent sur les débuts de Batman et sa relation avec le lieutenant James Gordon. La lecture est plaisante mais j'attendais sans doute un peu trop de cet album mythique. Les dessins ne m'ont pas toujours convaincu.
Commenter  J’apprécie          70
Batman : Année Un

Impossible de repartir sans un album après la fantastique exposition du festival d’Angoulême pour les 80 ans de la Bestiole: merci au vendeur passionné qui a conforté mon choix pour celui-ci.

Je partage son avis quant à son caractère fondateur et très abouti, tant sur les dessins que sur le scénario, réussite sans doute due au cumul de talent et de travail de 3 artistes.

En plus de l’histoire propre, l’intérêt est rehaussé par toutes les planches et scripts aux différentes étapes de création, avec en point d’orgue le récit de la première rencontre des auteurs avec notre « héros « .

Une excellente entrée en matière avant de suivre les multiples aventures dans la lumineuse Gotham.

Commenter  J’apprécie          70
300

J'ai vu le film lors de sa sortie en salle uniquement. J'avais été totalement conquise par l'esthétisme. Alors quand je suis tombée un peu par hasard sur la BD dans ma médiathèque, je l'ai emprunté par curiosité : pour voir si elle me ferait le même effet.

Eh bien non... l''histoire est exactement la même, le film n'a pas été uns adaptation, mais un changement de support pour faire le même récit. Par contre, je trouve le dessin original plus fade, parfois brouillon au cœur de la bataille.

Mais, cela m'a donné très envie de revoir le film... C'est déjà ça.
Commenter  J’apprécie          70
Daredevil

Frank Miller et Daredevil, c'est une belle histoire d'amour qui a duré de 1979 à 1983 pour la série mensuelle, avec un retour en 1985 avec David Mazzuchelli (Renaissance) et un retour en 1993 avec John Romita junior (JRjr) pour la présente histoire.



Matt Murdock est un enfant qui est élevé par son père (parent unique) qui attend de lui qu'il réussisse dans les études. Jack Murdock est un boxeur sur qui plus personne ne veut parier et qui a été récupéré par la pègre pour récupérer des prêts monétaires auprès de débiteurs peu solvables. Pour augmenter leurs revenus, ces criminels relancent sa carrière sur le ring en arrangeant les combats et en lui de demandant de se coucher pour le dernier. De son coté Matt a fait ce qu'il fallait pour se lancer dans des études de droits, mais il est devenu aveugle suite à une aspersion accidentelle d'un produit chimique expérimental.



Je pense que les éditeurs de Marvel ont dû harceler Frank Miller jusqu'à ce qu'il dise oui pour écrire cette histoire. Il faut dire que Miller a une relation très affective avec ce personnage qu'il est facile de comparer à celle qu'il entretient avec Batman. Pour Batman, il a écrit Batman année 1 ; pour Daredevil il semblait logique qu'il en fasse autant. Néanmoins "Man wihtout fear" n'est pas la première année de Matt Murdock en temps que superhéros, mais plus son origine. Le récit passe par tous les moments qui vont transformer ce jeune garçon en un héros. Tout y est : l'origine de la matraque (billyclub) de Daredevil, la mère absente, la mystérieuse bonne soeur, l'accident qui lui ôte la vue, la première rencontre avec Stick, l'entraînement clandestin dans la salle de gym, le meurtre du père, la première rencontre avec Foggy, la première rencontre avec Elektra, le premier emploi, le premier affrontement contre les troupes de Wilson Fisk.



La deuxième différence évidente avec "Year one" est que Miller ne se contente pas de retracer l'origine de Daredevil dans une forme modernisée, il insère aussi tous les éléments qu'il a introduits entre 1980 et 1983. "Man without fear" constitue l'établissement d'une continuité fortement rétroactive par rapport à l'histoire originelle de Stan Lee et Bill Everett en 1964. La troisième différence est que Miller n'a pas réussi (ou n'a pas pris le temps) à trouver une structure narrative efficace. Il se contente de dérouler les séquences les unes après les autres, sans établir de cadre qui leur donne un sens. Foggy Nelson ne joue pas le rôle de James Gordon dans "Year one". Le lien qui unit Matt à New York (et au quartier d'Hell's Kitchen en particulier) apparaît clairement sans pour autant bénéficier d'une mystique identique à celle qui unit Bruce Wayne et Gotham.



Pour les illustrations, les éditeurs de Marvel ont été réquisitionner une valeur sûre de chez Marvel : JRjr. Heureusement ils l'ont à nouveau associé à un encreur vétéran et doué : Al Williamson. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur la série de Daredevil, avec des scénarios d'Ann Nocenti (par exemple Lone stranger, en anglais). Je n'aime pas les dessins de JRjr, mais ici il a fait un véritable effort pour s'appliquer. Il a beaucoup travaillé pour donner une ambiance urbaine à chaque scène, en particulier personnalisant toutes les tenues vestimentaires (on reconnaît bien le début des années 1990). Il a également soigné la décoration intérieure de chaque pièce. Ses personnages sont facilement reconnaissables et leur gestuelle est inventive et crédible. Par contre, la mise en page est très lourdaude, et très peu énergique. Dans certaines pages, on voit bien qu'il tente de s'inspirer des mises en pages de Miller, mais sans succès. Et même pour les scènes de combat, il va piocher dans les postures popularisées par Miller pour essayer de retrouver sa magie, sans grand succès. Al Williamson encre les dessins de JRjr en apportant beaucoup de précision et de finesse. Dans la mesure où JRjr a vraiment passé beaucoup de temps sur chaque détail, Williamson peu abandonner ses tics de remplissage (des traits fins parallèles légèrement tremblés) pour se concentrer sur un encrage donnant une lisibilité maximale aux dessins.



Cette histoire est agréable à lire, mais elle est très en deçà du niveau de qualité habituel des scénarios de Frank Miller. Par contre, JRjr est largement au dessus de la qualité habituelle de la sa production et il dispose d'un excellent encreur. Pour être honnête, j'ai préféré Daredevil jaune de Jeph Loeb et Tim Sale (une réécriture des origines de Daredevil plus fidèle à l'originale) que ce retour superficiel et lucratif de Frank Miller sur ce personnage.
Commenter  J’apprécie          70
Batman : Année Un

Une pépite pour les débutants qui souhaitent s'intéresser à Batman dans les comics. Comme son titre "année un", cette B.D parle des débuts du héros. Elle m'a été très utile pour illustrer mes propos de façon concrète lors de l'élaboration de mon mémoire. Je recommande à tous ceux qui souhaitent se pencher sur les histoires du héros noir :)
Commenter  J’apprécie          70
Batman : Année Un

L'édition d'Urban comics nous replonge dans le renaissance du mythe de l'homme chauve souris.

Bruce Wayne, toujours en quête d'un sens à sa vie après l'assassinat de ses parents, trouve son salut en combattant le crime. Mais cela n'est pas aussi simple de devenir un justicier. En même temps, Jim Gordon essaie de prendre ses marques dans la police véreuse de Gotham... mais dans une ville où tout le monde est corrompue, comment faire son métier ?

Un one shot qui lie deux personnages de l'univers de Batman : le justicier et le policier, sans oublier la création des personnages de Catwoman et de Double Face.



Une histoire incontournable pour toutes les personnes qui souhaitent (re)découvrir l'histoire de l'homme chauve souris.
Commenter  J’apprécie          70
300

Nous sommes en Grèce, 480 ans avant J.C. Refusant de prêter allégeance au puissant envahisseur Perse, le Roi des Spartes, Léonidas, décide d'aller combattre une armée à lui tout seul ou presque.



Peut-on vraiment parler encore de comics ici ? Le format de l'oeuvre est à l'italienne, le sujet est loin de toute ville et se passe en antiquité. Solidement documenté, 300 propose un sujet très original, que Miller avait déjà utilisé dans le troisième tome de sa série Sin City.



Nous y suivons le roi des Spartes se battre avec sa garde personnelle (les fameux 300) contre plus de dix mille perses venus envahir l'ouest. C'est l'histoire des Thermopyles (The Hot Gates en anglais), un étroit passage incontournable.



Frank Miller détourne une histoire vraie pour créer une leçon sur le courage - à sa sauce. Comme dans Sin City, peu de choses semblent réalistes. Les hommes sont presque infatigables et incroyablement résistants et forts, Xerxès présente une impressionnante collection de piercings, chaque acte devient une ombre angoissante ou éclate de lumière, toujours pour le même résultat : magnifier le moment.



Sur bien des points, 300 se révèle contradictoire. Les Spartes défendent la raison, la logique, la démocratie et la justice grecque, celle qui est censée avoir eu une portée historique sur l'évolution de la civilisation humaine entière. Or ils se montrent arrogants, méprisants, racistes et sans pitié aucune. Ils sont nus la majeure partie du temps mais se moquent des Athéniens "amateurs de garçons". Ils se battent pour la liberté mais parlent comme des soldats. Chaque titre de chapitre en atteste : honneur, devoir, gloire, combat, victoire.



Le sang coule en abondance, les tortures sont légions, on se sert du corps des soldats morts pour faire rempart, et pourtant tout est pensé, la stratégie et la raison prévalent : Léonidas se sert des Thermopyles pour transformer une immense armée en une chaîne d'hommes qui foncent à l'abattoir. Il use aussi de l'orgueil de Xerxès pour lui faire commettre des erreurs.



Les seuls moments de douceur sont tenus par les femmes. Et encore, ce sont des femmes fortes, des spartiates. On est en plein survivalisme et dans l'eugénisme, puisque le seul personnage difforme est rejeté. Les Spartes prônent l'endoctrinement aveugle et l'entraînement incessant. Voilà de quoi sont faits les soldats d'élite.



Mais 300 est une histoire, un conte. La victoire finale décrite n'est pas un haut fait d'arme, mais ce qu'il devient : une histoire inspirante pour garder sa liberté, coûte que coute. Une histoire pour former de nouveaux soldats prêts à mourir... En ce sens, 300 peut être pris pour une ode au combat pour la liberté. Mais après Gandhi et les manifestants pour la paix, ce discours semble bien réactionnaire.



Essayons cependant de nous replacer dans le contexte. Nous arrivons à l'aube d'une civilisation nouvelle. Les hommes survivent sans doute plus qu'ils ne vivent.

Dans la forme, Miller se montre donc guerrier, transformant son texte en pamphlet de tribune de foot. Pour la gloire, pour l'honneur, nous avançons, nous chargeons, nous combattons. Mais ce n'est rien à côté de l'explosion graphique.



Un seul mot semble avoir été retenu pour la bible d'étude de 300 : iconique. Sur ses planches en paysage, Miller fait poser tout le monde, y compris la vague de Hokusaï. Lynn Varley y est pour beaucoup. La terre, le sang, l'eau et le soleil vivent et irradient sous ses couleurs, tout comme la chaleur et le froid, la pierre et le fer. La couverture et son logo "300" tracé en sang et tout en angle donnent le ton.



Nous sommes dans l'épique. Il n'y a pas de milieu, pas de recours. Miller force le trait sur tout, sur ces fameux Spartes qui vivaient dans les pires conditions pour former leur discipline. Des prêtres guerriers, inflexibles et sûrs de leur valeurs.



Si on extrapole, on peut donner beaucoup de rôles à chaque partie. Les Perses sont-ils l'impérialisme américain, se posant partout, inondant d'or les plus corruptibles ? Où l'Amérique est-elle représentée par Léonidas, ultra-rigide ? Doit-on déjà y voir la peur de l'islamisme, alors que 300 a été élaborée bien avant le 11 septembre 2001 ?



Zack-je-ralentis-toutes-mes-scènes-d'action-Snyder a adapté 300 en film, très fidèlement, parfois plan par plan. Esthètiquement agréable, il ne donne pas beaucoup à penser, mais à jouir d'une violence stylisée. Il sera sans doute l'inspirateur de la série Spartacus des années 2000 (que je déconseille). Pour la bande dessinée 300, c'est un peu pareil. Profitez surtout du spectacle.


Lien : http://www.brucetringale.com
Commenter  J’apprécie          73
Terreur sainte

Il s'agit d'un récit complet écrit et illustré par Frank Miller, initialement paru en 2011, essentiellement en noir et blanc. Il se présente en format à l'italienne (ou paysage).



L'histoire commence sur une double page où figure uniquement un énorme graffiti enjoignant le croyant à tuer l'infidèle. Il s'agit d'un extrait du Coran ; ni la sourate, ni le verset ne sont référencés. Suivent 8 pleines pages servant à montrer la ligne d'horizon formée par les constructions d'Empire City, ainsi que la fuite de Natalie Stack, une femme en tenue moulante avec des bas résilles, un masque de cuir et des baskets rouge pétant. Elle tente d'échapper à un superhéros appelé Fixer. Ils se tapent dessus, s'étreignent, se tabassent, s'embrassent pendant 14 pages. Survient une explosion destructrice et dévastatrice. La ville d'Empire City subit des actes de terrorisme qui vont aller crescendo. Fixer et Natalie vont tenter de mettre un terme à ces actes de terrorisme ; la course contre la montre a commencé.



Dans les interviews, Frank Miller explique qu'il a conçu ce récit en réaction aux attentats du 11 septembre 2001. C'est un récit colérique, émotionnel qui substitue aux sempiternels méchants nazis ou néonazis (généralement utilisés par des auteurs en panne d'inspiration), des terroristes islamistes (portant des keffiehs, pour être sûr que les lecteurs ne se trompent pas).



À partir de là, le récit permet 2 niveaux de lecture. Le premier, le plus évident, correspond à un récit de superhéros faisant preuve de courage et d'acrobaties pour arrêter les méchants terroristes. Le début est très impressionnant graphiquement avec cette course poursuite de toit en toit, ces silhouettes pleines de mouvements, d'énergie cinétique, cette façon accrocheuse de dessiner la pluie, etc. Frank Miller retrouve l'énergie plus grande que nature de The Dark Knight returns (en abrégé DKR). Et puis tout d'un coup, le récit retombe dans les relations sadomasochiste invraisemblables entre Fixer et Natalie Stack (je dis retombe parce qu'il n'est pas facile de faire abstraction du parallèle avec Batman et Catwoman) pendant 10 pages. À ce moment là, Miller situe clairement son récit dans une forme d'histoire dégénérée de superhéros. Il n'est plus question de héros valeureux et courageux, ou même de relations entre une alpha-mâle et une jeune femme libérée et athlétique (c'est-à-dire une vision dérivative, ironique et adulte du concept de superhéros à la DKR), mais bien d'une exagération railleuse et pervertie du concept de départ.



Une fois le récit installé dans ce mode bête et méchant, Miller propose un passage dont l'objectif reste un mystère : quelques pages avec un responsable d'un des attentats suicides. Miller ne propose pas de point de vue sur ses actions, uniquement la mise en images de l'injustice qui s'abat sur ses victimes. Quelques pages plus loin, il redéveloppe l'horreur arbitraire de la mort des victimes. Et c'est reparti pour les actions du superhéros en mode brutal, vengeur et exterminateur. La scène finale se déroule dans un repaire secret souterrain sous Empire City qui inscrit définitivement cette histoire dans le registre de l'aventure, du monde du spectacle, de l'évasion.



En fonction des séquences, les rétines du lecteur sont plus ou moins à la fête. Il s'agit du célèbre verre à moitié vide ou à moitié plein. Sur les 103 pages de bandes dessinées, 53 sont occupées par un dessin en pleine page. Évidemment, assez régulièrement, le lecteur peut se demander s'il est bien dans un récit raconté sur la base d'un art séquentiel, ou s'il s'agit plutôt d'une enfilade d'illustrations prêtes à être encadrés, reliés par une trame plus ou moins mince. L'avantage, c'est que ces pleines pages permettent de se repaître des trouvailles graphiques de Miller qui ne se contente pas de recopier les planches de DKR ou de Sin City. Par contre le revers de la médaille est que certaines autres pages croulent sous des phylactères massifs nécessaires à exposer suffisamment d'informations pour faire avancer l'intrigue, entre 2 enfilades de pleines pages.



Le deuxième niveau de lecture pourrait être de considérer cette histoire comme un commentaire politique et social sur le terrorisme. Ne me faites pas rire ! Quand Frank Miller écrit DKR, la dimension sociale qu'il introduit consiste à exagérer les petits délits, les crimes quotidiens, et la voracité des médias pour tout transformer en un spectacle oppressant. Le résultat est jouissif et cathartique, mais la résolution se limite à voir en Batman l'avènement d'un mythe capable de galvaniser les hommes de bonne volonté (aucune application pratique dans la réalité). "Holy Terror" ne peut être lu que comme un divertissement. C'est une réaction viscérale à un acte de terrorisme barbare et spectaculaire. Frank Miller propose une catharsis qui consiste à exterminer de l'extrémiste islamiste à tout de bras, sans faire de détail. On est dans le divertissement, pas dans l'analyse géopolitique. Les terroristes sont caricaturés et réduits au stéréotype du musulman générique Aucune analyse, aucune finesse, aucune sensibilité ; c'est du même niveau que de dire que tous les allemands étaient des soldats SS responsables de camp de concentration pendant la seconde guerre mondiale.



"Holy terror" raconte l'histoire d'un superhéros dépourvu de toute personnalité, se faisant aider par une femme costumée (qu'il a tabassé avant les attentats terroristes) pour exterminer avec le plus de cruauté possible les méchants terroristes. Il y a quelques fulgurances impressionnantes du point de vue graphique, moins du point de vue narratif. Pour une histoire de superhéros, elle n'est pas très bien racontée.
Commenter  J’apprécie          70
Sin City, tome 7 : L'Enfer en retour

Ce tome est le dernier de la série, il est paru après Des filles et des flingues. Il regroupe les 9 épisodes de la minisérie du même nom.



Une femme se suicide en se jetant dans la mer. Un jeune dessinateur très musclé passe au même moment et plonge pour la sauver. Il la ramène chez lui pour lui permettre de reprendre ses esprits et ils se trouvent des goûts en commun au point d'aller prendre un pot ensemble au café du coin. En sortant de l'établissement, la jeune femme est enlevée sous les yeux de son sauveur qui est laissé drogué pour être ramassé par la police. Après une nuit en cellule aux cotés d'un type qui a des crises de vomissements et d'un autre qui a des crises de paranoïa, il se jure de retrouver la belle.



Ce dernier tome de Sin city se distingue déjà par son nombre de pages (presque 300 d'histoire) qui en fait le plus long de la série. Ensuite l'un des épisodes est en couleurs, cette tâche incombant à Lynn Varley (oui, la même coloriste que The Dark Knight returns). Enfin Wallace, le héros, se distingue de Marv et de Dwight dans la mesure où il est en pleine possession de toutes ses facultés intellectuelles. Il a même plusieurs fois recours à une forme particulière de méditation pour recouvrer une emprise suffisante sur la réalité.



Wallace est un ancien fusilier commando de la Navy. Il est surentraîné et il possède un mental d'acier. Pour autant Frank Miller ne s'est pas contenté d'une caricature de personnage générique. Bien sûr, il dispose d'une force très développée, d'une résistance à la douleur exceptionnelle et d'une maîtrise d'un nombre impressionnant de techniques de combat. Mais il a également une vraie personnalité qui se manifeste par une vraie politesse inattendue et une fibre morale assez solide. C'est le personnage principal de Sin City qui se rapproche le plus d'un héros traditionnel.



Cette histoire dispose de racines qui plongent loin dans la mythologie de Sin City. Le lecteur rencontre à nouveau Manute, Agamemnon qui apparaît le temps d'une case, Delia (Blue Eyes) et l'ombre de Wallenquist plane sur les exactions mises à jour par Wallace. Mais d'un autre coté, Miller éloigne son récit de la trame hardboiled traditionnel pour l'emmener vers les territoires du thriller paranoïaque sur fond de machinations de moyenne envergure. À plusieurs reprises, le lecteur constate avec le héros que l'ennemi dispose d'une influence tentaculaire dans la cité.



Miller innove également pour ce qui est des illustrations. Il y a évidemment le passage en couleurs qui saute aux yeux. Wallace est sous l'emprise d'un hallucinogène puissant qui lui fait voir des tas de trucs bizarres. Miller se sert de cet épisode délirant pour rendre un hommage à plusieurs influences et plusieurs héros : Captain America , Elektra (on est jamais mieux servi que par soit même), Buck Rogers, Hellboy, Hägar Dünor (Hagar dunor le viking), Legion of Super Heroes, Rambo, Itto Ogami, Martha Washington, 300 et Big Guy (vive l'autopromotion). Au delà de cette innovation évidente, Miller introduit à nouveau un personnage avec une nouvelle couleur (l'orange pour un résultat peu convaincant). Et il ose quelques cases où le blanc prédomine sur le noir (en particulier pour une scène se déroulant dans un hôpital).



Rassurez-vous, on retrouve aussi tous les codes graphiques qui ont fait la spécificité de cette série. Il y a beaucoup de pages où le noir est l'élément dominant. Et il y a un retour en force des pleines pages, voire des doubles pages, où quelques tâches de blanc suffisent à faire naître des formes, des visages, des objets ou des personnages qui s'impriment dans la rétine avec une force visuelle exceptionnelle. Je ne sais pas si Miller avait déjà décidé en réalisant cette histoire qu'elle serait la dernière de la série des Sin City, mais j'ai eu l'impression qu'il souhaitait en donner pour son argent au lecteur et visiter une dernière fois toutes ses obsessions. C'est ainsi que le lecteur peut se rincer l'oeil à plusieurs reprises sur les corps dénudés de plusieurs femmes. La violence est de retour, mais sans sadisme exacerbé. Les voitures planent toujours à un mètre au dessus du sol, tel un bolide dans un dessin animé de la Warner. Enfin Miller s'est lâché pour créer plusieurs personnages bien frappés, que ce soit le tireur d'élite nu ou Liebowitz le ripou.



C'est un bel adieu à la ville de Sin City et à ses habitants que Frank Miller nous offre. Pour cette dernière tournée, il a choisi un guide un peu plus moral que les précédents et il a réservé de beaux visuels étonnants (l'incroyable troupeau de joggeuses).
Commenter  J’apprécie          70
Sin City, tome 4 : Cet enfant de salaud

Dans l'ordre de parution, il s'agit du quatrième tome de Sin City (après Le grand carnage) initialement paru en 1994. Dans l'ordre chronologique des histoires, la majeure partie de ce récit se passe avant les 3 tomes précédents.



John Hartigan est un policier qui a à peu près 50 ans et il est à 1 heure de la retraite. Mais il vient d'être tuyauté sur un enlèvement de jeune fille (Nancy Callahan, 11 ans) et sa conscience lui interdit de fermer les yeux. Ce flic intègre dans une ville pourrie se rend sur le lieu probable de détention pour sa dernière action d'éclat. Il va réussir à stopper le tortionnaire d'enfants mais au prix de sa liberté et de sa réputation. Pour protéger la jeune fille, il va accepter de porter le chapeau pour les exactions commises par le criminel, et bien plus encore. "Cet enfant de salaud" raconte le calvaire d'Hartigan pour assurer la survie de Nancy et ce qui lui arrive après sa peine de prison.



Pour la quatrième fois, Frank Miller emmène le lecteur dans Sin City. Pour la quatrième fois, il met en scène un héros vraiment dur à cuire, au-delà de toute vraisemblance. Il faut voir John Hartigan à près de 70 ans résister à des châtiments corporels qui viendraient à bout de sportifs endurcis. Pour la quatrième fois, le héros est capable de supporter un niveau de douleur qui défie l'entendement, et vraisemblablement les lois basiques de la biologie humaine.



Mais après une légère baisse d'inspiration au tome précédent, Frank Miller a retrouvé le ton juste : Hartigan, on est avec lui du début jusqu'à la fin. On souffre quand il encaisse les bastos, on pleure de rage quand il subit les humiliations, on crie pour l'encourager quand il reprend le dessus, on l'exhorte même à rentrer vicieusement dans le lard des malfrats et criminels de tout poil, pour les achever. Le récit de Miller prend aux tripes et implique émotionnellement le lecteur : la justice doit triompher face aux violeurs d'enfants.



Frank Miller fait plus que retrouver le ton juste ; il introduit également de nouveaux personnages qui restent dans les mémoires. Ainsi le mode d'expression orale de Burt Schlubb et Douglas Klump passe à la postérité comme un summum de vanité et d'imposture. Hartigan transparaît comme un personnage difficilement crédible du fait de son âge et de sa résistance hors norme (il fait "étrangement" penser à un Bruce Wayne vieillissant et impossible à abattre dans The Dark Knight returns). Par contre, le principal criminel de l'histoire est une vraie réussite visuelle. Et l'horreur du personnage se trouve renforcée par un physique pas facile et l'utilisation très judicieuse de la couleur jaune.



Pour le reste des illustrations, le lecteur retrouve le noir et blanc très contrasté des autres tomes. Mais là où on avait l'impression que "Le grand carnage" avait été dessiné un peu rapidement, "Cet enfant de salaud" semble avoir été l'objet de plus d'attention. Miller a recommencé à simplifier ses dessins pour ne laisser que les traits indispensables et utiliser les surfaces les plus simples possibles (à la limite de l'abstraction) pour définir les formes. Il n'est pas loin de la perfection d'un Alex Toth. En plus, il a travaillé sur le rendu des visages et en particulier leur texture et leurs rides. Certaines tronches font penser à du Esteban Maroto dans sa période Eerie et Creepy, un vrai délice. D'autres gueules évoquent les visages burinés par les épreuves telles que les réussit si bien Joe Kubert. Et puis il est difficile de passer sous silence (au risque d'être traité d'hypocrite) les 4 doubles pages et 3 pleines pages consacrées à la danse de Nancy : impossible de ne pas tomber sous le charme.



Dans ce tome, on retrouve le héros insensible à la douleur qu'affectionne Frank Miller au sein d'une intrigue bien noire, avec des dessins qui ont encore gagné en intensité et en efficacité.
Commenter  J’apprécie          70
Hard Boiled

Un laborantin avec blouse blanche et un pull marqué d'un gros code barre court dans des couloirs métalliques : il doit absolument avertir monsieur Willeford que l'unité quatre dépasse la mesure. La scène passe à un homme en pardessus acculé contre un mur en train d'apostropher son assaillant.



La double page suivante décrit un carnage sans nom dans lequel le chaos et les détails se disputent la suprématie. Nixon est soumis à une grêle de balles innombrables tirées depuis de lourdes armes à feu montées sur une belle voiture jaune. La voiture massive percute Nixon de plein fouet et traverse le mur contre lequel il se tenait. Ils atterrissent dans une sorte de galerie couverte abritant un baisodrome avec spectateurs. Le massacre continue jusqu'à une explosion encore plus massive. Après passage dans un laboratoire, Nixon est prêt à reprendre sa vie de banlieusard auprès de sa femme et de ses 2 enfants, jusqu'à sa prochaine journée de travail.



Cette histoire est parue pour la première fois en 3 épisodes publiés de 1990 à 1992 par Dark Horse comics. La raison de cette publication étalée se voit clairement : Geoff Darrow (l'illustrateur) a eu besoin d'énormément de temps pour terminer ses planches. Dès le début, le lecteur est assailli par les pleines pages qui abondent dans cet ouvrage. La majorité desdites pleines pages regorgent de détails jusqu'à l'overdose. Lorsque la voiture traverse le mur, le lecteur se trouve face à une pleine page gorgée d'éléments minutieux. Sur cette page il y a donc la voiture qui défonce le mur ; il y a au bas mot 60 briques de dessinées, chacune d'une forme différente attestant de l'impact particulier qu'elle a subi.



Il y a une quinzaine de couples en train de copuler sur l'estrade prévue à cet effet, chacun dans une position différente. Il y a également quatre vingt spectateurs au bas mot, chacun différent de son voisin en termes de visage, de coiffure, de vêtements, de posture, etc. Et le lecteur découvre au fur et à mesure de l'observation de cette pleine page des activités secondaires inattendues allant de la blague visuelle à la provocation politiquement incorrecte, voire trash (saurez-vous repérer le vibromasseur ?). Et en dessinateur consciencieux, Darrow a également pris soin d'intégrer les descentes d'eaux pluviales, ainsi que les câbles alimentant en énergie ce secteur. Et comme il ne manque pas d'humour, il a affublé chacun des spectateurs d'un bandeau noir sur les yeux pour que le lecteur ne puisse pas les identifier. On peut quand même s'interroger sur les intentions de la dame habillée qui s'apprête à utiliser une tronçonneuse souillée.



Darrow fait également preuve d'une composante méchamment punk. Il éparpille dans ses illustrations des attaques sur le mode de vie américain (pour ma part j'ai beaucoup apprécié le distributeur automatique d'armes à feu). En faisant attention, vous repérerez également quelques références à d'autres œuvres de Miller (par exemple un logo de la Pax en provenance directe des aventures de Martha Washington). En plus de ces pleines pages et doubles pages, il ya des séquences plus traditionnelles de suite de cases qui sont tout aussi efficaces et tout aussi bourrées de détails.



Le lecteur ne dispose que de quelques pages en petit nombre pour se reposer les rétines et elles sont assez espacées les unes des autres. Cette histoire ne se lit donc pas comme les autres bandes dessinées ; il faut beaucoup de temps pour déchiffrer chaque illustration, et les visuels comprennent plus de provocations que le scénario. Cette surcharge d'informations visuelles peut rebuter.



À l'époque, Frank Miller a clairement indiqué qu'il arrêtait de travailler pour Marvel et DC comics pour se lancer sur des projets plus personnels pour lesquels il garderait les droits d'édition. Son premier acte a été de trouver un nouvel éditeur : Dark Horse, puis des dessinateurs pour travailler sur ses projets.



À la lecture des 2 premiers épisodes, le lecteur est en droit de se demander s'il existe un scénario pour cette histoire. Tout n'est qu'une suite de confrontations entre Nixon et 2 opposants aussi implacables que lui, tout n'est que prétexte à débauche de matériaux brisés, d'objets et de bien matériels fracassés et d'êtres humains déchiquetés. Arrivé aux deux tiers de l'ouvrage, le lecteur est en droit de penser que le scénario tient sur un timbre poste et que le dernier tiers n'apportera qu'une baston extrême de plus. Et bien, sans rien révéler, je puis vous dire qu'il n'en est rien. Bien sûr, Miller a écrit surtout pour que Darrow puisse solliciter nos rétines au delà du raisonnable, mais au-delà des fracas incessants il y a bien une histoire avec une fin claire et sans concession. Toute cette violence démesurée est l'expression d'un conflit qui n'est révélé qu'à la fin qui s'avère bien noire.
Commenter  J’apprécie          70
Batman : Année Un

Servi par un dessin superbe et des dialogues tout autant réussis, Batman Année Un s'impose de manière incontournable pour les amateurs de comics comme pour les novices souhaitant découvrir Batman à ses débuts. Une revisite du mythe délicieusement sombre et tourmentée qui donne me indéniablement envie d'en poursuivre la découverte !



La critique complète sur mon blog !
Lien : http://the-last-exit-to-nowh..
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Frank Miller Voir plus

Quiz Voir plus

Nique Les PDGSSS

Est u con

ouii
ouiii
ouiiii
ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

1 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Batman : Année Un de Frank MillerCréer un quiz sur cet auteur

{* *}