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Citations de Françoise Weck (24)


Désormais promus au statut envié d'électrons libres d'un monde aseptisé, vous pourrez inventer des trajectoires inouïes, délivrées de tout ancrage social et régional. Ces nouveaux Rastignac pourront même 'monter à Paris' avec leurs semelles de vent, ou... rester en zone méridionale et faire fructifier leur effort de neutralité, monnayable en bénéfices divers : crédibilité assurée, respectabilité accrue, accession facilitée à divers cercles branchés.
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Là il s'égare, ivre de lui-même. Des publications dont il ajoutera l'intitulé, tard dans la nuit, sur son CV déjà bien garni et qu'il peaufine jour après jour. Il a pris des cours à distance de frappe au clavier - qu'il ne regarde plus. Une vraie dactylo : main droite sur j, k, l, m, main gauche sur q, s, d, f, il tape frénétiquement, en tous lieux, en tout temps. Il dépèce sa putain de thèse qu'il exploite 'intelligemment', jusqu'à ce que notoriété s'ensuive. Des communications ! Des communications à des colloques avec comité de sélection : Prague, Vancouver, Milan, Bucarest, voilà qui vous met sur orbite.
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Curieux bluff en effet que cette obsession d'être-pour-autrui qui pousse à singer les modes langagiers des dominants, avec, à l'horizon, l'espoir d'en être alors qu'on risque fort de n'occuper que le strapontin du prétendant crispé dont le zèle linguistique intempestif est repéré tant par ceux qu'il trahit que par ceux dont il jalouse l'aisance "naturelle" !
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Nous rencontrons des théâtreux combattant frontalement cet accent qui, ils n'en doutent pas, ruinerait toute réussite professionnelle - jouer Phèdre avé l'assent ? impensable !
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Scrutant ce qu'on nomme savamment les dialogues mixtes, elle ne perçoit que tentatives féminines avortées pour se faire entendre, voix fluettes couvertes par des organes phoniques plus puissants, chevauchements et interruptions brutales des prises de parole féminines par les mâles présents, suivis de chutes prolongées des voix de femmes dans un silence d'impuissance - pour le dire plus crûment, elle la bouclent facilement - marques appuyées de désintérêt de l'interlocuteur masculin. Elle note aussi l'asymétrie remarquable des postures de chacun qui voit l'interlocutrice coopérer vaillamment à la réussite du discours masculin, poser des questions, acquiescer, sauver la face du discoureur, s'assurer, comme un enfant, qu'on l'écoute en recourant sans cesse au mode phatique - "D'accord ?", "Tu comprends ?", "Tu vois ce que je veux dire ?". En gros, elles font tout le boulot, fournissent tout l'effort de soutien du dialogue, permettent le développement exhaustif des sujets choisis par l'interlocuteur.
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Il est comme un gros matou, presqu'y ronronne. Toujours dans son vieux fauteuil en cuir de tante Germaine, tout déglingue, creusé par les fesses. Je l'ai recouvert d'un plaid pour faire cache-misère. Pas question de le lui piquer, y a que Grisette qu'a le droit d'y faire la sieste. Il s'enfonce et il est tanqué là, sans bouger, des plombes. Sur la tablette, ses loupes de presbyte et un cendrier qui s'ouvre quand on appuie : je supporte plus l'odeur de ses Miniaturas sans filtre, il en fume plus que cinq par jour, il les met dans la boîte le matin.
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Un cercle de jeunes gens - les voix mâles sont dominantes - échangent bruyamment autour d'un débat d'actualité. Elle ose une analyse fine et originale, fort documentée, nourrie de connaissances historiques et de nombreuses lectures très pointues. On lui octroie généreusement un bref instant d'attention - chacun bout cependant de reprendre la main. Il lui est rétorqué sans aménité que sa vision est surannée voire archaïque : les données ont changé, chaque époque sécrète ses visibilités et son regard à elle s'est figé sur de vieux objets obsolètes ! Dans une ambiance café du commerce avec rodomontades, formules à l'emporte-pièce et roulement de tambour, elle subira sans broncher les élucubrations pseudo-logiques et peu outillées de jeunes blancs-becs. Que faire désormais de toutes ces richesses accumulées qu'elle rêve de partager ? Sont-elles définitivement démonétisées ? Doit-elle fermer sa gueule une fois pour toute ?
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Il dit que les minijupes c'est plus pour elle, ça fait cagole, c'est vulgaire. Mary Quant ? Elle doit en être à soigner son Alzheimer. Elle, elle aurait l'âge de s'habiller chez Agnès b, c'est sobre, c'est chic : la jupe juste au-dessus du genou.
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Nora, elle en a juste un peu marre de se déguiser tous les jours en nana, en nana-canon, nana-caviar, nana-assassine, c'est du boulot et ça rapporte pas gros. Ils sont nuls les mecs de se faire avoir avec des trucs, des bouts de ficelle, des petites ruses à la con, trop fastoche !
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La seule variante admise semble être celle de l'inclinaison - un rejet de la verticalité trop conquérante ? - la femme penche beaucoup : elle s'incline sur tout ce qui vit, un berceau, une épaule, une fleur, elle s'incline vers la terre, elle s'incline aussi sur elle-même, sa tête est naturellement penchée, ses paupières à demi-closes, les yeux sont baissés eux aussi. Les écritures féminines sont, dit-on, plus penchées elles aussi. Comment interpréter ce déficit de verticalité ? Ziza se perd en conjectures. Humilité ? Attirance irrépressible vers la terre donc. Incapacité naturelle à se tenir debout ? Femmes-roseau, femmes-fétu, femme-brindille courbées sous les bourrasques de la vie. Révérence innée envers tout ?
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C'est donc vraiment chouette la vie à Marseille, même sans accent, c'est vrai qu'il faut arriver à vendre coûte que coûte cette série à l'étranger et que la tâche est difficile car, malgré tous les efforts de la production pour nettoyer cette tranche de vie phocéenne de tout élément trop réaliste ou trop marqué culturellement, le feuilleton n'atteint pas encore au caractère lisse et 'international' requis pour l'exportation - le dernier marché international de Budapest laisse cependant augurer une ouverture : les Islandais pourront goûter bientôt aux délices et aux turbulences de la vie dans 'une grande ville du Sud', comme le précise l'argumentaire de vente, le tout avec la musique originale des voix - lissée de toute aspérité - mais nos amis du grand nord n'y verront que du feu puisque ce peuple audacieux aime les sous-titrages...
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Elle fait ses vingt bassins crawlés, tous les jours que Dieu lui donne. C'est sa dope à elle : oubliés veuvage, solitude, passage du temps. Ça glisse, c'est tout droit, c'est cadré, virage et rebelote. Tu te laves dans l'eau lustrale, tu t'oublies dans la mécanique bien huilée du mouvement. Tu es une force qui va, envers et contre tout, obstinée, sans états d'âme, invincible. Tu arpentes le temps à l'aune de ta seule force musculaire : Je suis l'Animal du Temps.
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- On sait plus comment s'habiller avec ces changements climatiques : je me gèle le matin et je crève de chaud à midi
- Faut mettre plusieurs petites couches puis tu enlèves et tu remets
- Mon problème c'est les courants d'air, avec ma sinusite, y me faut faire très attention
- Ton problème c'est aussi tes radiateurs qui datent de l'an pèbre, de vrais grille-pain qui pompent beaucoup et qui font du mauvais chaud
- Je sais, R me conseille de mettre des trucs à condensation ou à inertie mais ça vaut la peau des fesses
- Tu t'y retrouveras vite en consommation. Mais tant que t'auras pas mis le double-vitrage tu les auras tes courants d'air
- En parlant de courants d'air, on attend toujours qu'ils nous ferment l'abri bus où on attrape la mort les jours de mistral
- Pour le soir, j'ai commandé un plaid polaire à manches, ça t'enveloppe bien, c'est du tonnerre !
- Mon truc à moi c'est des chaussettes thermo actives en bambou - le froid s'attrape beaucoup par les pieds - et une compresse chaude pour le cou remplie de graines de lin : tu la mets quatre-vingt-dix secondes au micro-onde et ça te chauffe pendant tout le film
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Il fait mauvais devenir vieille. Elle a même failli se faire avoir avec une histoire de poutres attaquées par les termites qu'ils disaient, juste pour te faire raquer. On a aussi essayé de lui fourguer une photo aérienne de la maison - ça valait la peau des fesses. Émile, il sait les envoyer dinguer. Elle, elle ne sait pas ces choses. Elle s'y perd dans tout ça.
Émile n'a jamais voulu qu'elle apprenne à conduire : il pensait que les pieds des femmes étaient trop petits pour appuyer sur les pédales. Ça c'était ses idées mais elle lui donne un peu raison : il faut savoir rester à sa place.
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Quelques radios locales laissent entendre des voix ensoleillées qui promeuvent, au hasard, sardinades, pégoulades et autres concours de boules très géographiquement circonscrits. Pour le reste c'est... silence radio, l'accent est interdit d'antenne. (...) La page sportive reste le seul espace offert, quasi quotidiennement, aux débordements méridionaux, tant sonores que syntaxiques. Entraîneurs et jours de l'OM, Rugbymen du Sud-Ouest, forçats cyclistes, tous apportent cette note de virilité saine et primitive qui ensoleille nos matins chagrins...
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Tout se passe comme si réflexion et accent était antinomique, comme si la pensée devait se déprendre des stigmates de l'accent pour être audible, recevable.
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Si t'as pas envie de te retrouver dans le journal, t'as intérêt à penser à tout chez toi, même à des trucs pas pensables. Faut protéger tout ce qui est sous ton toit : les choses, le chien, les mioches, le linge, les murs, les tuyaux. Pas la peine de briquer à mort ton petit chez toi si on y entre comme dans un moulin ou que les termites te bouffent les poutres. Chez ma mère, y avait pas de clés, pas de grillage, presque pas de porte. Tout ouvert : le poulailler, la cave, le bois. Bon, c'était avant.
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De la charmante studette tout confort au magnifique studio de caractère voire au surprenant studio, le prix varie du simple au double mais l'exiguïté est au rendez-vous, de toute façon il s'agit là de 20 m², voire moins, à optimiser. Le discours use alors de tous les stratagèmes pour magnifier la petitesse. L'argument le plus imparable est celui qui euphémise ce manque d'espace en l'identifiant à la période héroïque, exaltante et éphémère, de la jeunesse impécunieuse, il avance alors un idéal premier achat rassurant. La doxa établit un curieux jeu de compensation : avancer en âge c'est perdre du temps de vie mais gagner en espace à vivre.
Le projet de vie "mini" s'accompagne d'une dimension ludique qui rappelle la cabane au fond du jardin de notre enfance. On aura jouissance d'une kichenette pour jouer à la cuisinière, on dormira dans un alcôve comme chez grand-mère. Le minuscule espace sera divisé en coins, comme dans l'espace-jeu de l'école maternelle où l'on s'entraîne à sa future vie d'adulte (...)
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Elle clôt ses volets entre chien et loup. C'est la dernière tâche de la journée, pas la moindre : la maison est vaste. Elle a entendu les recommandations, elle prête l'oreille aux faits divers, elle connaît les nouvelles barbaries. Une femme seule, vieillissante, une proie rêvée. Télévision, tisane sucrée au miel ou, par exception, un verre de vin blanc, tiré de la cave bien achalandée du défunt, quelques rares coups de fil, une partie de scrabble en solitaire et le tour est joué. Une journée s'achève dignement, sans anicroche ni lyrisme dévastateur : elle se tient. Bien fini le temps de la désolation et des révoltes : c'est son karma, ça se finira comme cela. Pas à se plaindre, il y a bien pire. Plus de combat contre les moulins à vent, elle a bien donné. Elle file les jours à la coule : petit ménage, petit jardinage, petit repas soigné : il lui arrive même de se cuisiner un pot-au-feu."
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Un moment d'intense émotion et d'yeux embués : une parfaite empathie avec la lignée immémoriale des travailleurs obscurs, des sans-grades, des exploités, qui ont édifié, avec du sang, des larmes et de la sueur, tant les cathédrales que les buildings de notre modernité - ceux qui, juchés sur la ferraille bruyante de gros tracteurs, labourent les terres qui nous nourrissent, ceux qui, sous un soleil de plomb, goudronnent les rubans d'asphalte de nos belles autoroutes, les forçats qui conduisent, abrutis de fatigue, de monstrueux poids lourds emplis de nos consommables de nantis.
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