Ce livre est émouvant sans nous forcer : l’auteur a une écriture très sobre, parfois un peu trop, mais au moins le fait que le narrateur soit complètement en dehors de l’histoire et simplement l’observateur nous permet de sentir « sans aide » les émotions. On les ressent à notre manière, doucement, ainsi on ne pleure pas forcément.
Françoise Jay imagine dans ce roman un monde morose et où, malheureusement, les enfants ne sont plus élevés comme il le faudrait. Et, encore une fois, l’extraordinaire sobriété et distance du narrateur nous permet d’observer presque obligatoirement dans un 1er temps, et si on le veut, de sentir nous aussi ce monde assez fascinant. Il ne me serait vraiment jamais venu à l’esprit un monde comme celui qu’a créé Françoise Jay. C’est impressionnant et silencieux. On sent la mort et la tristesse dans cet univers désolant qui n’avait même pas besoin d’être décrit car on l’imaginait dès le début, en profondeur, même en étant surpris par cette originalité noire.
Les personnages que sont une jeune fille rousse, un petit garçon, un jeune homme que l’on ne peut pas qualifier de « mal élevé » car il n’a pas été élevé et un bébé sont très attachants. On sent l’innocence des 2 garçons, le silence mystérieux mais réellement proche de la rousse, cette fille attachante à l’instinct maternel qui m’a vraiment fait plaisir. Il témoigne d’un peu de douceur dans ce monde de brutes, dans ce monde mi enfants rats et mi « riche ».
Il y a également dans ce roman un suspense pesant, ce silence comme tabou, qui témoigne parfois de la désolation du monde des personnages, mais aussi quelque fois d’une gaieté que l’on tient à cacher, tellement on repousse les enfants bien élevés dans les égouts. J’ai aussi été surpris par le déroulement du récit, les lieux abordés auquel je ne m’attendais pas du tout, même si je ne vais pas vous en dire plus. Je n’ai pas réussi à percer le mystère de la surface, c’est-à-dire de « de la zone riche », comme l’appelle les enfants rats. En effet, on ne nous en dit pas beaucoup sur le gouvernement et sur l’administration du pays.
En résumé, un livre assez mystérieux, silencieux, pesant, mais surtout original et surprenant. C’est un roman assez morose, mais qui a ses parts de tendresse qui nous réconfortent, ce qui nous montre un grand contraste.
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