Citations de Francis Dannemark (275)
Je n'ose plus entrer dans une librairie parce que je me ruine à acheter des livres que j'empile autour de mon lit et un peu partout dans mon appartement, ce ne sont plus des livres puisque je ne les lis pas, ce sont des meubles.
… on ne peut pas forcer les gens à reconnaître l'amour, il faut qu'ils le reconnaissent eux-mêmes - ce qui n'est pas facile quand ils ne savent pas ce que c'est.
KNOWLEDGE
Tout ce que nous savons et tout ce que nous croyons savoir.
Toutes les choses que nous avons faites
et celles que nous ferons et celles
que nous ne ferons pas.
Combien de tiroirs faudrait-il ? Combien de livres, de budgets,
de bilans, de projets, de rêves possibles et impossibles ?
Mais les mêmes dix doigts suffisent pour écrire et pour compter,
pour montrer la route qui se divise et
le chemin qu’il faut emprunter.
Les mêmes dix doigts suffisent pour serrer une main,
entourer une épaule,
caresser ton visage.
"Combien de temps dans une vie?
C'est comme demander combien de pièces
dans un puzzle, dit-il. L'un en compte douze,
l'autre douze fois plus, il en faudra mille ici,
là quarante. Et chemin faisant,
on comprend que chacun aura
très exactement le temps
de compléter le sien, et que le nombre
de pièces n'aura rien signifié,
et que le temps lui-même,
cent ans, dix secondes, n'aura jamais été
qu'un instant,
une fabuleuse fraction
d'éternité."
Francis Dannemark, "Une fraction d'éternité".
Ecrivain belge, auteur, poète, romancier, éditeur,
1955 - 2021/09/30, Ottignies, Brabant wallon, Belgique
PEOPLE
Sans doute faudrait-il penser de temps en temps
au peuple fantasque, innombrable et sans cesse mouvant
des flocons de neige.
Nul n'a jamais pu à l'œil nu
distinguer l'un de son voisin, l'autre du suivant.
Sans doute faudrait-il fermer les yeux
et se rappeler qu'ils tombent par milliards.
Qu'ils se ressemblent mieux que deux
gouttes d'eau - mais que jamais il n'y en a eu
deux identiques, et que jamais il n'y en aura.
- Les décisions importantes se prennent toujours vite, je crois. Elles mûrissent en secret et puis, le moment venu, elles tombent en un instant.
Quand on a perdu une chose importante, quelle qu'elle soit, on peut pratiquement perdre tout le reste. Et le reste, ce n'est pas grand-chose.
[ L'hiver ailleurs ]
Shaping the future
Les grands joueurs d'échecs,
depuis la nuit des temps et l'aube des jours,
savent cela : il s'agit,
non pas de croire qu'on va créer une nouvelle partie,
mais de deviner dans laquelle
on se trouve engagé.
Ainsi la forme du futur ne s'invente pas, elle se
retrouve.
Et ne surprend pas
celui qui s'est laissé prendre par elle.
De la même manière qu'une main se glisse sous un gant, que des yeux vivent derrière des verres teintés, il est des voix qui portent un voile.
S'il fallait jouer au Monopoly sans règles, a-t-il dit, vous devinez aisément de qui arriverait. Il suffit de faire le test avec des enfants. Sans règles du jeu, c'est le chaos. Tôt ou tard, on se jette les pions à la tête, on piétine les billets, on sort en claquant la porte. Je vous demande d'imaginer maintenant ce qui se passerait si l'on remplaçait les six ou huit pages qui expliquent traditionnellement les règles par une centaine de volumes de grand format comptant chacun mille ou deux mille pages en très petits caractères. Qui pourrait encore jouer ? Pour ma part, je dirais : le banquier, ses amis et quelques tricheurs. Il m'arrive de penser que c'est cette version-là du Monopoly qui s'impose aujourd'hui.
...
Il suffirait peut-être de s'arrêter un moment et de se demander quel est le but du jeu, le vrai but du jeu.
Peu de gens sont fous mais franchement, beaucoup sont très flous, n'est-ce pas ? On se demande qui a fait la photo...
Des clochards aux dents mauves,
Dans les couloirs des gares et des métros désertés,
Se collent les mains aux derniers néons
Et toussent du métal, du verre écrasé.
Les collectes de vêtements chauds n’ont rapporté
Que des lacets et des ceintures. Plus tard,
On leur offrira de vieux pneus de voitures ; ils finiront
Par les bouffer, comme les corbeaux de Brautigan.
On pourrait pleurer sur ces gars-là
Mais on ferait aussi bien de les envier :
Quand ça va vraiment mal tourner
Pour nos tous et pour nos fils, ils auront trois longueurs
D’avance et il faudra qu’on leur demande, humblement,
À quelle sauce ça se mange, les pneus.
A chaque âge de la vie, nous avons tous besoin de contes de fée. Mais pourquoi diable vouloir estomper l’ombre des années ?
Tu crois que la joie est perdue... Et pourtant, même si on ne la voit plus, elle n'est jamais loin.
C'est terrible d'être vieux et seul quand on a encore tant d'amour à donner...
Plus on est soi, plus on est seul.
Pas beaucoup d'arbres à Venise. La forêt, ce sont des millions de pieux plantés sous les maisons, sous les palais, sous les églises et les édifices publics, une forêt sous-marine et invisible. D'où viendrait sinon la si belle
couleur verte des eaux ?
Dans les vociférations des fous de guerre,
dans le cliquetis assourdissant de l'or,
dans le vacarme vaniteux des marchands,
dans le hurlement des sirènes ambulancières,
dans le tintamarre croassant des politiciens,
dans le tumulte des écrans petits et grands,
dans les tempêtes rhétoriques des théologiens,
dans le silence terrifiant de l'amour absent,
essayer,
au moins une fois,
la petite voix d'un poème.
Et je suis tombée amoureuse d'Ethan. Mais pendant un an et demi, il ne s'est rien passé. We brushed against each other, that's all. But we did it many times...
Voyant que je n'avais pas compris, Alice a cherché les mots en français :
- Nous nous sommes ... presque touchés ?
- Frôlés.
- Voilà, nous nous sommes souvent frôlés. Et c'était délicieux, parfaitement délicieux.
Il suffirait peut-être de s'arrêter un moment et de se demander quel est le but du jeu, le vrai but du jeu.