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Citations de Florence Noiville (115)


Petite, je ne m'exprimais guère, je ne riais jamais. réfugiée dans les livres, la rêverie, la nature, j'aimais marcher seule, pieds nus, sur l'herbe tiède. Contemplative... Entre deux émissions, je redeviens un peu comme ça. Peut-être parce que j'ai trop de respect pour le langage, je souffre des conversations où rien ne se dit, où les mots tournent sur eux-mêmes comme dans le tambour vide d'une machine à laver. Délavés, déteints, déformés, sans plus de couleurs ni d'éclat. Je préfère le retrait alors. (p. 15)
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Partir est devenu soudain le plus beau de tous les verbes. Je le roulais dans la bouche, le savourais comme une douceur. Partir pour repartir, telle une plante qui repart. Partir pour revivre. (p. 129)
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Cette semaine-là, je travaillais sur le thème de la jalousie. Passion toxique. Inavouable aussi. On peut dire : je suis heureux, triste, déprimé, amoureux, furieux, déçu, anxieux, préoccupé… personne ne vous dira volontiers : je suis jaloux. C’est un sentiment indicible. Parce qu’au risque d’être délaissé ou moins aimé, s’ajoute celui d’être ridicule, on n’en parle pas.
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(Jean d'Ormesson vient de découvrir Singer)

Jean d'Ormesson, dans Le Figaro, se récrie d'admiration. Dans un article intitulé "Un fleuve d'humanité" - et qui se termine par cet appel : "Lisez Singer, vous ne le regretterez pas " - il dit son émerveillement :
(page 204)


Des années plus tard, Jean d'Ormesson se souvient : "Lorsque l'article est paru, ç'a été un éclat de rire dans Paris. Tous mes amis m'ont dit : "tu tombes des nues. Il va avoir le Nobel, tout le monde le connaît". J'ai découvert en effet qu'un Henry Miller ou un Edmund Wilson plaçaient depuis longtemps Singer au tout premier rang des grands écrivains...... Reste qu'en 1978, quand il a eu le prix Nobel, il s'est souvenu de cet article. Il a voulu que ce soit moi qui le présente à la Sorbonne. A croire que l'innocence est toujours récompensée."

De Singer, Jean d'Ormesson conserve le souvenir d'un homme "sympathique, charmant, très modeste". Isaac, de son côté, sort ravi de cette rencontre où François Périer a lu quelques textes, dont Le Ramoneur. Il gardera longtemps une petite carte manuscrite en yiddish le félicitant de refléter si bien l'âme d'un peuple. Cette carte lui a été remise cet après-midi là par Arthur Rubinstein. Elle est signée Marc Chagall.
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Son voisin de bureau, à l'époque, n'était autre que celui qui deviendrait plus tard le président de la République. Un jeune loup qui s'était fait un nom en politique et qui, grâce à un subtil cocktail en 'ismes' - charisme, idéalisme, opportunisme - s'était hissé très vite vers les cimes du pouvoir.
(p. 41)
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Elle garderait toujours un faible pour les atypiques. Ceux qui collectionnaient les heures de colle et que n'inquiétaient pas les avertissements. Ils étaient pour la plupart intelligents et pleins d'esprit, mais ne rentraient pas 'dans la boîte'.
Un jour, elle avait piqué un T-shirt avec cette inscription : 'Don't think outside the box. Think like there is no box.'
(p. 32)
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Dans le wagon, un groupe d’Anglais rentrait d’un tour organisé des châteaux de la Loire. Leurs valises portaient cette étiquette : Handle with care. J’ai pensé «oh, yes do handle me with care. And don’t touch me, I’m full of tears... ». (Deux octosyllabes qui rimaient presque. Il faudrait que j’en parle à Eva pour savoir si ça marche comme ça aussi en anglais. À mes yeux, en tout cas, care est l’un des mots les plus doux de cette langue : Take care of yourself, will you... Mieux encore : Bear in mind how much I care... Sans parler du mythique My baby just cares for me et de la voix veloutée de Nina Simone que je me repassais en boucle dans mon iPod - c’était quasiment la seule chanson que j’avais avec I will survive et c’est si bon quelqu’un qui se fiche de tout sauf de vous et vous donne le moyen de survivre).
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Mon père aussi était un taiseux. Avant de mourir, il m'avait cité cette phrase merveilleuse : 'Ce n'est pas une preuve de bonne santé que d'être parfaitement à l'aise dans une société malade.' Il me voyait, souffrant des mêmes malentendus que lui, traînant partout mon hypersensibilité, paralysée par le regard des autres, baissant les yeux, rasant les murs, fuyant le contact et m'en voulant. Il m'aura fallu des années de travail sur moi-même pour surmonter cela. Sans doute est-ce difficile à comprendre pour quelqu'un qui n'est jamais passé par là. Mais soutenir le regard de quelqu'un sans que mon coeur batte à tout rompre, accepter d'être moi sans faire semblant, telle quelle, pacifiée... Oui, il m'aura fallu des années pour parvenir à cet équilibre.
(p. 15-16)
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[...] cette catégorie redoutable d'insensés que sont les 'fous raisonnants'. Ceux qui parlent, écrivent, discourent et argumentent si habilement que tout le monde les croit normaux. Ceux qui avancent masqués ou si bien grimés qu'ils ont cette aptitude affolante à se fondre dans la masse. Et à retourner toute situation - le malade, c'est toujours vous.
(p. 143)
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On a toujours méprisé l’univers des émotions. Trop féminin sans doute. Associé au corps. Pas assez snob…Pourtant, l’émotion est au coeur du fonctionnement cognitif. Pourquoi n’accéderait-on pas à la connaissance par le ressenti ? Même chose pour la mémoire. Les scientifiques savent aujourd’hui que l’émotion joue un rôle essentiel dans le souvenir. Ce que nous ne sentons pas, nous l’oublions.

Siri HUSTVEDT
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Voir l'Autre tel qu'il n'est pas, serait-ce notre lot à tous ? (p. 174)
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Reprendre mes esprits. J'essaie de m'expliquer pour mieux lui expliquer ? - Ce qui, dans le comportement de C., me cause une telle angoisse. Luc a peut-être mis le doigt sur le fond du malaise: l'idée d'être exproprié (e) de soi-même, mis(e) hors de soi. Pensé(e) par autrui.
Toute ma vie, j'ai cru au libre arbitre. Bataillé pour être maître de mon destin. " On est ce qu'on veut", répétait ma mère quand j'étais petite. Cela voulait dire qu'on était seul maître à bord. Et qu'en cas d'échec, on n'avait pas d'excuse. On n'avait pas voulu assez fort. Essayé assez fort. (...)
J'ai toujours trouvé difficile de savoir exactement ce que je voulais. Mais voilà que quelqu'un d'autre faisait irruption dans ma vie et me disait soudain : " Tu es ce je veux" (p. 95-96)
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La veille encore, elle aurait soutenu qu'elle n'était pas malade. Que l'identité de chacun repose sur ses secrets. Y compris ceux qu'on se cache à soi-même. Mais maintenant...
(p. 142)
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La cleptomanie vue par le droit et la médecine depuis cent cinquante ans. On y racontait comment le Second Empire avait vu naître et se développer le concept de 'Grand Magasin' - Le Bon Marché, Les Grands Magasins du Louvre, Le BHV, Le Printemps, La Samaritaine... Mais aussi et surtout comment leur apparition s'était accompagnée d'une singulière explosion de vols à l'étalage. Des vols « saugrenus et qui suscitaient l'incompréhension », disait l'article. Parce que leurs auteurs - en majorité des femmes - étaient des « dames bourgeoises et de bonne moralité, occupant des positions sociales élevées mais ne pouvant s'empêcher de voler des objets dont la valeur était généralement dérisoire en comparaison de leur état de fortune. » Un coupon de tissu, une paire de gants, un ou deux mètres de dentelle...
(p. 108)
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Lorsqu'il reçoit le prix Nobel, en 1978, et qu'on le somme, une fois de plus, de répondre à la question : "Pourquoi écrivez-vous en yiddish ?" Singer note, avec l'humour et l'espièglerie qui le caractérisent : "D'abord, j'aime écrire des histoires de fantômes et rien ne convient mieux à une histoire de fantômes qu'une langue mourante. Plus la langue est morte, plus le fantôme est vivant. Ensuite, je crois en la résurrection. Je suis sûr que le Messie va bientôt venir, que des milliers de cadavres parlant yiddish sortiront de leur tombe et que leur première question sera : "Y a-t-il de nouveaux livres en yiddish ?"
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Les toxiques. (...)

Je n'imagine pas que cette étiquette puisse s'appliquer à autre chose qu'à des produits chimiques. Des êtres suffisamment nocifs pour qu'on ait envie de les enfermer dans une armoire et de jeter la clé. (p. 31)
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Cleptocratie généralisée. Le monde saisi d'une gigantesque compulsion. Elle voyait une planète de dépendants. Voleurs, joueurs, buveurs, fumeurs, cleptomanes, érotomanes, pyromanes, héroïnomanes, accros à l'écran, au porno, au Prozac, à la vitesse, aux call-girls, à la masturbation... Elle avait lu dans 'Le Monde' une enquête intitulée 'Sexe et dépendance'.
« J'imaginais combler le vide qui était en moi, disait un type. Un moyen de survie. J'augmentais la dose tous les jours. Je ne ressentais même pas de plaisir. Un besoin à assouvir. J'étais envahi, submergé. Mes pulsions décidaient pour moi. Comme pour beaucoup d'entre nous d'ailleurs. »
(p. 188)
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Je t'écris un peu comme Shéhérazade contait ses histoires. Pour maintenir le Prince en éveil et pour sauver sa peau. (p. 164)
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Il y a plus de femmes cleptomanes que d'hommes, comme il y a plus d'acheteuses compulsives que d'hommes, sans doute parce que la possession de biens matériels, de vêtements, bijoux, etc. les rassurent sur leur valeur (pour les hommes, ce sera un autre objet de 'réassurance', comme le sexe...). Question d'estime de soi et du rôle social qu'on assigne aux femmes. Je me demande néanmoins si le sex-ratio très en faveur des femmes reste d'actualité depuis que les femmes ont acquis une certaine autonomie financière et dépendent moins de leur mari ?
(p. 166)
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Je me dis soudain que cette certitude qu'ont les croyants que quelqu'un les aime, quelqu'un qu'ils n'ont jamais vu, une abstraction qu'ils ont eux-mêmes créée...le fait que cette certitude, aussi massive et solide que les pierres de cette chartreuse, oriente toute leur vie...tu ne trouves pas que cela ressemble à une vaste "illusion délirante d'être aimé" ? Un syndrome de Clérambault géant qui aurait duré des siècles et qui vous aurait conduits, vous les Européens, à nier, à harceler, à torturer, à brûler vif- notamment dans mon pays, le Mexique...Et au nom de quoi, sinon d'une "orgueilleuse construction de votre imagination" ? Une construction collective devenue dominante à un point tel que nul, même aujourd'hui, ne s'en étonne plus... (p. 172)
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