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Citations de Federigo Tozzi (34)


Les choses…


Deux amants avaient gravé leurs initiales sur l'écorce d'un arbre.

Et, grossissant, l'arbre rendait leurs initiales toujours plus visibles, toujours plus grandes.

Mais ils ne s'aimaient plus, et tout leur amour était resté sur l'arbre.

(Fragment 72)


//traduit de l’italien par Philippe di Meo (Merci à Coco4649 de me rappeler de le citer)
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Et je ne voulais pas bouger, parce que mon ombre m'emboîtait le pas. Mais, voyant en contrebas le vent qui allait passer à travers un champ pour le sillonner come un râteau, je riais.
Et je pensais que j'étais moi-même le vent ; avec cette envie que j'avais de plaisanter.

Les choses, 68
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[Les gens, 29]
Dans ses cheveux, dans ses yeux, il y avait toutes les couleurs, comme dans l'air printanier ; lorsque nos sensations ont une limpidité transparente.
Au reste, elle me parlait comme si je vivais dans un temps futur, comme si je l'avais connue trop tôt.
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Les choses, 113
Je ne me souviens même pas quelle saveur ont les pleurs et je comprends les bigotes qui passent leurs journées dans les églises, sur des planchers de brique rouge. Lorsque le soleil s'éloigne comme un son de guitares trop fluet, mon âme sourit ; enveloppée dans la volupté apportée par la soirée. Et toute ombre ressemble à une lettre d'amour, qu'on va relire ; tandis que mes yeux commencent à voir les traquenards de la beauté ; et c'est pourquoi je ne crois plus à rien.
Et je ne me fie même pas de la douce herbe verte, qui a le tort de ne pas sentir comme moi ce frisson qui mêle ma naissance à ma mort. Je suis furieux de vivre, et voudrais ne pas être né. Et pour me calmer, j'entre dans une église pour regarder un énorme cierge allumé au plus haut d'un autel.
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Autrement, ça veut dire qu'en quarante ans je n'ai jamais réussi à bâtir dans ma sphère quelque chose qui puisse me faire vraiment plaisir et qui réponde à mes sentiments.Pourquoi les autres me croient-ils pareils à eux? Parce que je le leur ai fait croire. Et aussi parce que si je leur disais ce que j'en pense, il est certain qu'ils en éprouveraient du chagrin et qu'ils n'accepteraient pas,
non ?
Ça veut dire que je les ai tellement habitués à moi-même et à être ainsi que j'ai perdu tout droit à revenir sur ces choses.

( L' Éther vague, 1983, p.95)
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Il est des gens qui ne demandent rien à personne et qui renoncent à tout ; et, n'étant pas respectés comme les autres, il semble qu'on pourrait en faire ce qu'on veut. C'est pourquoi ces gens trouvent tout ce qui concerne les autres antipathique. Si quelqu'un les aime, ils ne veulent pas changer ; ils se demandent ce que cet amour exige. Et alors ils l'évitent.
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Quelle humiliation il éprouvait lorsque les autres ne respectaient pas ses sentiments et obligeaient son âme à se briser !
Les autres faisaient de lui ce qu'ils voulaient, et l'émotion lui serrait la gorge. Il rougissait, s'effrayait ; se sentait perdu. Et rien ne lui convenait plus : les routes trop fatigantes, le soleil trop chaud, ses vêtements mal coupés, ses mains trop grosses ; il se dépensait pour ne pas réfléchir à tout cela, pour se convaincre du contraire ; à s'en étourdir ; tandis que ses oreilles bourdonnaient, et il était persuadé qu'il allait s'étaler d'un moment à l'autre.
Il lui semblait que son visage n'était pas capable de dissimuler une loyauté trop manifeste, obstinée ; il ressentait en retour une violence qui le mettait mal à son aise. Avec cet esprit tourmenté, dont lui-même voulait se débarrasser, il se sentait vulnérable.
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( Giulio) C'était le plus intelligent et le seul à avoir envie de travailler.Il restait à la librairie du matin au soir.Niccoló par contre était aussi antiquaire et se trouvait presque toujours hors de Sienne, cherchant dans les vieilles fermes et les villages quelque chose à acheter.
Enrico exerçait le métier de relieur dans une petite boutique près de la librairie.

( Éther vague, 1983,p.18)
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Giulio décida alors de s'engager lui-même, seul, à faire pour Chiarina (*sa nièce) tout ce qu'il pourrait. Le sentiment humain qu'il éprouvait lui donnait la satisfaction de trouver une certaine énergie qui s'accordait avec sa conscience.Et il crut ainsi pouvoir se sentir moins abandonné à lui-même. Il n'avait jamais rien fait qui partit d'une intention morale, et l'occasion lui en était maintenant donnée !

( L'Éther vague, 1983, p.66)
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Nisard lui plaisait, ne serait-ce que parce qu'il lui parlait de peinture ancienne et qu'avec lui il pouvait faire-valoir son érudition de bibliophile, toujours avec une ironie fine et débonnaire. Il possédait un nombre assez considérable de livres rares, les montrait avec une particulière satisfaction et les feuilletait comme s'il les caressait.

( Éther vague, 1983, p.105)
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Toute estime pour les autres s'éteignit en lui, et s'il s'était retrouvé ruiné du jour au lendemain, il n'eût pas été plus abattu.

( L'Éther vague, 1983,p.107)
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Pourquoi les grandes villes ne me plaisaient-elles pas ? Eh bien, surtout parce que je ne pourrais pas me passer de connaître les autres aussi bien que je me connais moi-même. C'est une curiosité que nous avons dans la peau.Et personne ne peut nous l'enlever.

( L'Ether vague, 1983, p.71)
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Ce qu'il éprouvait devant les choses restait trop indéfinissable, et il en souffrait. Le printemps était comme une violence. Lire, alors, sous les arbres ! Il interrompait sa lecture au milieu d'une page, au hasard, pour se dresser sur ses pieds et tirer sur une branche jusqu'à ce qu'elle touche son visage, presque pour s'en faire caresser. Il aurait cependant voulu lui en demander la permission ; regardant devant lui les collines recouvertes des mèches blanches et retombantes des amandiers, des pêchers qui pendaient depuis quelque part, comme s'ils devaient se répandre sur le sol. Et, s'étant assuré que personne ne l'avait aperçu, il soupirait et reprenait sa lecture. Il n'avait pas encore trouvé le livre de son âme. Parfois, il ne lisait plus, parce qu'il lui semblait voir au-delà des pages devenues comme transparentes, percées.
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Le train roulait non loin de l'Arno, dont les eaux scintillaient comme si des milliers de miroirs s'y brisaient tous ensemble.
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Les choses…


J’ai constaté qu’il est des pensées plus légères que les rêves, qui naissent et meurent comme la rosée. Et il y a, au contraire, des rêves qui peuvent se ficher en travers de la réalité comme des clous qui se brisent plutôt qu’ils ne se laissent arracher. Je ne sais laquelle des ces deux choses préférer ; parce que parfois la musique ne suffit plus à mon besoin de voir. Mais j’ai tendance à donner aux rêves tout ce que je soustrais à la vie quotidienne.

(Fragment 49)


//traduit de l’italien par Philippe di Meo
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Seules la campagne et certaines rues de Rome lui avait donné une impression de liberté. Tout autre sentiment avait représenté une entrave.
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Rome n'avait rien ajouté à sa nature profonde ; il avait été trop crédule face à toutes les tentations, les prenant pour un signe positif qui se serait présenté à lui.
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- Tu n'as pas besoin de me redonner courage. Je ne me suis jamais senti aussi honnête et loyal que maintenant. Il me semble ne plus avoir rien à demander.Ni aux hommes, ni à Dieu.Mon seul désir, c'est précisément de regarder ma ruine en face.C'est une sorte d'orgueil à l'envers, mais de l'orgueil pourtant. J'ai tout fait, non pour être au rang des riches, ça n'aurait pas été possible, mais pour conserver ce que nous avions reçu de notre père.

( Éther vague, 1983, p.88)
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Dans le cellier, sous un vieux tonneau qui avait perdu jusqu’à ses cerceaux, je retrouve une planche en bois de sorbier. Grand Dieu ! Si je parviens à la scier comme je le veux, j’obtiendrai une belle planche à découper. À l’aide d’une lime triangulaire, j’aiguise d’abord les dents de ma scie, puis je me mets au travail. C’est un bois si dur que, même en utilisant toute la graisse de porc, que je gardais bien enveloppée sur la hotte de la cheminée, je n’en viens pas à bout. La scie brûle, devient violette. Et puis, je ne parviens pas à scier droit. Alors, je prends une hachette et façonne la planche au mieux. Lorsque j’en ai presque fini, je m’aperçois qu’un ver y a creusé un trou. Je veux le dénicher ! Je fends la planche en son milieu ; et, au fond du trou, enroulé presque comme une spirale, je le déniche : blanc et tendre, avec une petite pointe rouge. Je le laisse en paix : je suis Dieu, et lui, un solitaire dans sa thébaïde.
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Qui se souvient de la façon dont un papillon blessé se traîne, touchant le sol de ses ailes tremblantes !

Mais qui peut donc voir, dans ses yeux, l’expression de sa douleur aussi violente que soudaine ?

Sachant disparaître de notre curiosité, le papillon a tôt fait de se rencogner. C’est, alors, comme quelque chose qui parvient à ne pas entrer en contact avec nous, à nous éviter.
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