Citations de Fabrice Papillon (148)
"Diagnostic : cholécystite aiguë évoluant en péritonite.17h45: préparation du bloc opératoire en vue de l'ablation de la vésicule biliaire. 18 heures : le Dr Einstein refuse de se soumettre à l'opération. Il déclare : " Je veux mourir quand je veux. Il est sans intérêt de prolonger la vie artificiellement. J'ai fait ma part, il est temps de partir. Je le ferai avec élégance.""
Bianchi s'exprimait dans un français remarquable, mais son accent tutoyait des sommets. Il roulait les r comme une vieille deux-chevaux, et ses phrases chantonnaient. Il pouvait débiter des horreurs, décrire les crimes les plus sordides avec des intonations joyeuses, qui le faisait passer pour un gros sadique...
« (…) Louise n’écoutait plus. (…) Elle n’aurait plus jamais affaire au monde réel des politiciens, ni au monde virtuel des géants du numérique. Deux mondes qui s’entrelaçaient pour le pire. Et rien que le pire. »
La maladie addictive ne guérit jamais vraiment. Et Louise le savait mieux que quiconque. Mais qui peut se targuer de n'avoir aucune dépendance ? A la nicotine, à l'alcool, au sexe à l'argent, au travail, aux jeux vidéo, et même au sport ? Tout plaisir, même banal, entraîne un besoin toujours plus fort, plus puissant, plus grisant. Et quand une substance disparaît, une autre la remplace. Il fallait vivre avec. Elle devait vivre avec.
Nous détruisons la Terre à grand feu. Savez-vous qu’au 1er août de chaque année, nous vivons à crédit ? Que nous consommons plus de ressources naturelles que la Terre est capable d’en régénérer, et que nous rejetons plus de gaz à effet de serre que la planète peut en absorber en une année ? À partir du 2 août, vivre est, en soi, un acte criminel.
Lorsque vous atteignez un très haut niveau scientifique et que vous tutoyez la complexité du monde, il n'est pas rare que vous soyez touché par la grâce. La perfection du monde, la mécanique infaillible qui le régit finissent par défier toute rationalité. Et vous en venez à croire en Dieu.
Je pourrais vous citer une vingtaine de grands chercheurs qui ont passé le pas, même parmi les plus fervents athées.
Aïo ! Ci vole bè a mora di qualcosa.
(Il faut bien mourir de quelque chose)
Malgré son pedigree à faire pâlir Attila et Pol Pot réunis, il passait désormais pour un sage, aussi zen et profond qu'un disciple du dalaï-lama.
Ce qui nous élève lutte contre ce qui nous attire au fond du gouffre.
Elle n'allait certainement pas attendre d'ordre de mission officiel, une perte de temps insupportable.
Louise avait donc filé à l'anglaise en Italie d'autant que Ceylac l'avait invitée à aller se faire voir chez les Grecs. Logique.
Louise n'était pas à l'aise. Les nouveaux locaux de la PJ, le fameux "Bastion" niché dans le quartier des Batignolles, un building surprotégé de trente mille mètres carrés, était bien trop froid et impersonnel pour mettre en confiance. Le bureau du taulier n'avait plus aucun charme. Oubliés les parquets, moulures et cheminées du Quai des Orfèvres. Maintenant, c'était dalles glacées, vitres blindées, béton, peinture immaculée et modernité. Fonctionnalité. Efficacité.
Pour sa première visite dans les nouveaux locaux de la Direction régionale de la police judiciaire elle n'en menait pas large. Elle redoutait surtout de replonger dans la catégorie "frappadingue qui trempe dans des histoires sans queue ni tête".
Les russes sont pudiques. Ttes pudiques. Et souvent alcooliques, aussi.
Combien de femmes ont été écartées du prix Nobel au profit des mâles usurpateurs, à commencer par Rosalind Franklin? Crick et Watson ont eu le Nobel, pas elle. Je pourrais aussi citer Lise Meitner, qui a joué un rôle fondamental dans la découverte de la fission nucléaire, et qui a été écartée au profit de Otto Hahn. Ou encore Jocelyne Bell, l'astro-physicienne qui a découvert le premier pulsar, qu'on a même surnommée Jocelyn "No-Bell".
Au total, il n'y a que 5% de femmes Nobel pour 95% d'hommes.
Comme à leur habitude, les chaînes d’info continue ne faisaient que gloser sans rien savoir, ou presque, et gavaient leurs écrans d’images prétextes.
- Et si c'était vous qui n'aviez rien compris ? Vous, comme al plupart des humains égoïstes, qui ne pensez qu'à votre propre sort, à vos plaisirs ? Toujours plus haut, toujours pus vite, toujours plus fort, alors que la nature, elle, fait l'éloge de la lenteur. Les arbres croissent si lentement ; il leur faut parfois un siècle pour s'élever de quelques centimètres. Ils respectent les temps géologiques, tandis que nous, nous précipitaons notre propre fin, et celle de la planète, en quelques décennies. Mais c'est terminé. Nous voici entrés de plain-pied dans l'étage néolytique de l'anthropocène.
Le Da Vinci Code est très divertissant, mais c'est de la pure fiction. Les Illuminatis ont disparu à la fin du XVIIIe siècle et n'étaient qu'une bande d'illuminés, comme leur nom l'indique. Une variante de la franc-maçonnerie, adepte de la théorie du complot, comme l'étaient les Protocole des Sages de Sion. Là, on ne parle pas de fantasmes conspirationnistes, mais de la réalité. On est dans la vraie vie, Estelle. Pas dans un roman.
Marc, chaque bouffée de CO² que vous expirez, chaque poche de méthane que vous lâchez en pétant vient alourdir le bilan négatif de la planète. Beaucoup de gens feraient mieux de fermer leur grande gueule plutôt que de déblatérer et de raconter des tissus de conneries à longueur de journée. Ça économiserait des tonnes de CO² chaque année. Vous ne trouvez pas ?
Bianchi lisait ses pensées et s’était posé la même question la veille. Ils étaient connectés, partageaient la même vision des crimes.
- La violence. Le septième cercle de L’Enfer de Dante emprisonne l’âme des hommes qui se sont rendus coupables de violence envers les autres - les assassins ; envers eux-mêmes - les suicidés ; ou envers Dieu - les blasphémateurs. Ceux qui ont tué sont condamnés à passer l’éternité dans le Phlégéthon, un fleuve de sang en ébullition où ils sont ébouillantés nuit et jour.
Au même instant, Louise pivota vers l’étang.
Était-ce son imagination ou distinguait-elle des reflets pourpres à la surface ? Comme hypnotisée, elle crut apercevoir une silhouette en haillons, ample capuche dissimulant le visage, debout sur une barque en train de traverser le bassin à l’aide d’une longue rame. Le spectre de Charon, le passeur des Enfers, la terrifia.
Louise battit plusieurs fois des paupières et reprit ses esprits.
- Donc, d’après toi, le type a été torturé à mort parce qu’il avait lui-même fait preuve de violence ? C’est quoi, l’idée : œil pour œil, Dante pour Dante ?
Bianchi sourit.
Mais qui peut se targuer de n’avoir aucune dépendance ? A la nicotine, à l’alcool, au sexe, à l’argent, au travail, aux jeux vidéo, et même au sport ? Tout plaisir, même banal, entraîne un besoin toujours plus fort, plus puissant, plus grisant. Et quand une substance disparaît, une autre la remplace. Il fallait vivre avec.
Livingstone les invita à le suivre. Ils traversèrent les salons Wolfson tapissés de grandioses bibliothèques en bois débordant de livres anciens. Devant ce divin spectacle, conditionné par ses années besogneuses de classes préparatoires littéraires, Ceylac tomba en pâmoison. Louise le saisit vigoureusement par le bras - ce qui eut pour effet de le recadrer direct. Elle lui murmura qu'on n'était pas là « pour s'astiquer le chibre devant des vieilleries vermoulues » et le poussa énergiquement vers la sortie.