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Critiques de Eva Illouz (92)
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Happycratie

Un essai que je recommande chaudement à ceux et celles qui s'interrogent sur les limites de la pensée et de la psychologie positives. Les auteurs-chercheurs remontent aux origines de ces théories et soulignent la faiblesse de leurs fondements de façon à la fois très documentée et accessible. En rappelant l'engouement de chefs d'entreprise pour ces doctrines et en évoquant les sommes d'argent importantes qui y ont été injectées pour en faciliter l'essor, ils démontrent clairement les liens qu'elles entretiennent avec l'avènement d'une nouvelle forme de capitalisme. A titre personnel j'ai beaucoup apprécié de trouver dans cette lecture une explication à mon sentiment de malaise quand on me renvoie à ma propre et seule responsabilité dans la construction de mon bonheur sans considérer les conditions extérieures sur lesquelles je n'ai pas de prise (revenus, temps de travail, origine sociale, santé, etc). A rebours des injonctions à la positivité, il est aussi rafraîchissant de lire que la colère, la frustration, la mélancolie sont des émotions légitimes et constructives qu'on qualifie à tort de "négatives". Les rejeter, c'est rejeter des émotions qui permettent aussi de nous construire, d'interroger et de remettre en question ce qui nous entoure et, pourquoi pas, qui nous encouragent à dire non et à réclamer le changement.
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Les philosophes face à la guerre

Face à la guerre en Ukraine, une fois la surprise passée, il était indispensable de prendre du recul et d’essayer de comprendre non seulement ce que signifiait cette guerre, quel était son but, mais surtout comment on allait pouvoir en sortir.

Pour ce faire, Philosophie magazine, dont le but est d’éclairer les événements de l’époque à la lumière de la pensée des philosophes, a sorti un numéro spécial en avril. Les articles ont donc été écrits en mars, mais en les lisant fin juillet, ils sont malheureusement toujours d’actualité.

Au départ, j’étais surtout curieuse de lire la contribution d’Etienne Klein, mais au final je dois reconnaître que ce n’est pas la plus intéressante, même si elle est agréable à lire grâce au style d’Etienne Klein.

De toute façon, la question n’est pas de savoir quel est le meilleur article car ce magazine constitue un ensemble avec des articles très différents mais qui contribuent tous à nous faire réfléchir sur une question ou une autre soulevées par la guerre en Ukraine.

La lecture de ce numéro spécial s’est donc avérée très intéressante et je remercie les équipes de Babelio et de Philosophie magazine pour cet envoi.

Je salue également l’accessibilité de ce magazine, car les articles étaient tous très clairs et faciles à lire tout en abordant en trois ou cinq pages des notions d’une certaine complexité.
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Les philosophes face à la guerre

L'opération "Masse critique" de Babelio m'a permis de gagner un exemplaire d'un magazine que je ne connaissais pas :"Philosophie magazine".



"Face à la guerre" est un recueil de textes écrits par des philosophes, des penseurs, des sociologues, des intellectuels de tous horizons.



Ces hommes (et ces femmes) livrent une réflexion sur la guerre, plus particulièrement sur celle qui touche d'une manière ou d'une autre l'Europe : la guerre en Ukraine.



Chacun(e) donne ici le fruit de son analyse et fait référence à divers auteurs et personnalités à travers des citations.



Un éclairage sur les causes et les aboutissements de cette guerre qu'on n'attendait pas. Pourtant des signes auraient pu nous mettre la puce à l'oreille...



Des textes intéressants, interpellants, à la portée de tous.



Je remercie Babelio pour l'envoi de ce magazine.



"Nous ne nous opposerons réellement aux puissances qui menacent les libertés intellectuelles et individuelles que lorsque nous aurons reconnu que la notion même de liberté, pour laquelle nos ancêtres s'étaient déjà déchirés, est aujourd'hui en péril". (Einstein)
Lien : http://phildes.canalblog.com..
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Les philosophes face à la guerre

"Philosophie magazine" d'Avril-mai 2022 en édition spéciale, les philosophes, sociologues, essayistes nous livrent leurs réactions face à la guerre en Ukraine. Il s'agit d'une édition spéciale.

J'étais évidemment comme tout le monde en plein ébahissement. Comment était-ce possible, nous en Occident qui, depuis notre naissance, après 1950 dans mon cas, n'avions connu qu'un monde en paix loin du spectre de la guerre, dans nos pays ?

Je croyais vraiment à la paix garantie par la création de l'Union Européenne, grâce à la chute du mur de Berlin et tous ces signes d'échanges entre les pays occidentaux.

De plus, j'affirmais bien fort mes convictions.

La première fois que j'ai douté de la liberté d'expression et de l'avenir de la démocratie, c'est lors des attentats meurtriers de Paris contre Charlie Hebdo et ensuite contre la population.

Que de questionnements lors de l'invasion de l'Ukraine !

C'est avec un réel intérêt que j'ai lu le magazine qui s'intitule "Face à la guerre" qui nous présente des réflexions différentes sur le sens des conflits, la motivation, l'historique des guerres dans le monde, le devenir et la considération des réfugiés, la différence entre les réfugiés syriens et ukrainiens, la vision du monde par un dictateur.

Les articles vont en profondeur et rassemblent les idées afin qu'elles s'éclaircissent.

Toutes les chroniques sont intéressantes et différentes.

Merci à la Masse critique de Babelio et à Philosophie Magazine pour cette lecture bien enrichissante
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Les penseurs de l'intime

Je souhaite premièrement remercier Babelio pour cet envoi, dans le cadre de l'opération Masse Critique Non-Fiction.



Ma critique se fait un peu tardive, après la lecture de ce livre, parce qu'il m'a fallu prendre un certain temps pour en intégrer tous les aspects, quitte à le relire même une seconde fois.

Je suis surtout heureuse d'avoir eu ce livre entre les mains, car les auteurs nous montrent l'impact qu'a eu la pandémie sur nos vies, au travers de notre affect et de nos émotions. Parce que notre vie entière s'est vue perturbée, notre intimité a été la première impactée. Il nous fallait rester chez nous, et faire face à la peur de ce virus inconnu jusqu'alors. Il fallait composer avec ses démons, ses rêves, l'ennui ou le trop plein d'imagination, sans autre terrain que celui de la maison. Quand certains l'ont bien vécu, d'autres ont traversé l'enfer.



Ce que les auteurs comme Nicolas Truong s'attachent à mettre en avant ici, c'est notamment cette incroyable capacité que l'Homme a eu de se rassembler alors même qu'il était isolé chez lui. Autant de mouvements d'entraide qui ont vu le jour, pour ceux qui devaient faire front.



Je conseille vivement cette lecture à quiconque voudrait pouvoir comprendre le tournant émotionnel qu'a prit notre société, en passant depuis à cette crise à l'histoire des sensibilités.
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Les penseurs de l'intime

Un ouvrage reçu dans le cadre de la Masse Critique non-fiction grâce à Babelio et les Éditions de l'Aube que je remercie.

Il s'agit d'entretiens de Nicolas Truong avec dix intellectuels en sciences humaines paru en août 2021, après les confinements, tandis que la pandémie est toujours en cours. L'introduction par Nicolas Truong part du constat que cette crise est révélatrice des forces et des faiblesses des individus aussi bien que des sociétés. Elle a aussi "perturbé le délicat équilibre entre le contact et la distance. " (p. 7)

S'interroger sur le thème de l'intimité est donc judicieux à ce moment de bouleversement.

La forme de l'entretien permet de découvrir ces intellectuels et leurs travaux sous une forme plus légère qu'un essai. En contrepartie, les sujets sont parfois effleurés. Mais cela peut donner envie d'aller lire de plus près ceux de notre choix et d'avoir une idée des thèses de ceux dont on ne lira pas les sommes. Ce sont des historiens, sociologues, philosophes et écrivains dont beaucoup sont contributeurs de la revue "Sensibilités."

Hervé Mazurel, historien des sensations, héritier d'Alain Corbin, défend l'idée, tout comme Thomas Dodman, que les émotions et les sensations ne sont pas seulement des réactions neurologiques mais qu'elles s'inscrivent dans L Histoire et évoluent au cours du temps.

Belinda Cannone, avec une sensibilité d'écrivain, insiste sur le fait que "nous sommes des êtres en relation."

Clémentine Vidal-Naquet le confirme en rappelant que les intimités deviennent soudain visibles en temps de guerre.

Pierre Zaoui, philosophe, évoque le couple dont la pandémie a révélé aussi les failles. Chacun ayant sa théorie et/ou sa pratique du couple, je n'ai pas été d'accord avec toutes ses affirmations, mais chacun s'accordera sur le fait qu'il est impératif de "laisser l'autre respirer"...

Eric Fiat parle de l'angoisse, de la joie et de l'importance du sentiment du "travail bien fait", en particulier dans les métiers du soin. L'expérience contraire est une source de fatigue qui conduit à l'épuisement et au burn-out alors que le travail bien fait est source de fierté et entraîne une "bonne fatigue" qui n'a pas ces effets-là.

Mickaël Foessel traite de l'intime dans sa relation avec la liberté, l'un et l'autre bouleversés par les diverses mesures gouvernementales.

Eva Illouz s'intéresse plus particulièrement aux femmes et à la dimension politique de ce que l'on appelle amour.

Claire Marin, avec nuance, précision et clarté, analyse les changements subis dans nos interactions quotidiennes se faisant de plus en plus "à distance" (enseignement, travail, etc.) et la nécessité que nous avons d'apprendre à "vivre autrement."

Ilaria Gaspari, enfin, qui a tenté de vivre concrètement et tour à tour comme le préconisent les philosophes antiques (épicuriens, stoïciens, cyniques, etc.) évoque le bonheur, à réinventer, encore une fois.

Les biographies de chacun en fin de chapitre sont très intéressantes et donnent des repères et des pistes de lectures. C'est donc un ouvrage qui met des mots et des pensées sur des bouleversements qui feront date dans l Histoire comme dans nos vies, bouleversements que avons tous vécus, sinon subis, sans avoir la possibilité de les analyser avec cette finesse et ces connaissances. Il peut donc nous aider à prendre du recul tout en nous instruisant et devenir plus tard un témoin de ce moment de changements.
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Pourquoi l'amour fait mal

Un essai très difficile d'accès (et mal traduit soit-dit en passant) mais criant de pertinence. Dans L'Amour fait mal, Eva Illouz choisit d'étudier l'amour en tant qu'objet sociologique. Elle remet alors notamment en question la libérté sexuelle qui selon elle sert le capitalisme et anihile les femmes en tant que personnes morales pour mieux assoir une nouvelle forme de domination masculine : la domination affective qui s'exprime dans la cruelle "peur de l'engagement". Bref, enfin une explication sociologique complète et approfondie des souffrances vécues par de nombreuses femmes dans les relations amoureuses modernes.
Lien : https://tomtomlatomate.wordp..
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Les penseurs de l'intime

Recueil d'entretiens, de débats philosophiques autour du coronavirus mené par Nicolas Truong, journaliste "Le Monde" auprès de moraliste, écrivain, moraliste et philosophe.



Ouvrage qui s'intéresse aussi bien aux affects qu'aux concepts. L'épidémie du covid a entrainé beaucoup de contraintes, d'incertitudes et de bouleversements dans nos vies. Notre santé mentale va mal.

Infectée ou non, des troubles psychologiques sont apparus, une nouvelle inquiétude contemporaine.

La maladie s'est immiscée dans nos vies, dans nos gestes, dans nos habitudes et notre imaginaire.



Permet de mettre des mots sur les maux...

se lit très rapidement, d autant plus qu il y a beaucoup de références philosophiques, qui m ont peu interpellées.

Après chaque entretien, une biographie précise de la personne est donnée, que j'ai trouvé intéressante mais peut être un peu superflue.



Pour finir, je tiens à remercier Babelio et les éditions de l'Aube pour la découverte de ce précieux recueil de cette pandémie.



Et gardons en tête :

"Il n y a rien de plus fatigant qu'une angoisse et rien de plus défatigant qu'une joie"



Faites en sorte, de garder votre joie de vivre, dans ces temps difficiles qui malheureusement est loin d être révolu....

A vos masques!!!! 😷
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21 penseurs pour 2021

Plus que jamais, l’année 2020 a été marquée par la pandémie de la Covid-19. Au-delà de la crise sanitaire, cette anthologie d’articles de presse a le mérite de nous interroger sur les événements sociétaux susceptibles de transformer durablement notre façon de vivre ou d’appréhender le monde. Terrorisme, racisme, sexisme, écologie, modèles économiques... Cette sélection philosophique est pertinente, facile à lire et propose un retour arrière éclairé sur l’actualité. Quand les penseurs analysent l’actualité, c’est avant tout notre futur qu’ils interrogent...
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Les philosophes face à la guerre

C'est peu de dire que la guerre en Ukraine a bouleversé toutes nos certitudes. Mais elle a aussi profondément questionné ce que nous croyons être la paix, ce que nous croyons être une relation entre les peuples basée sur l'intérêt commun, ou même l'intérêt individuel.

10 penseurs habitués de philosophie magazine se soumettent à l'exercice de prendre du recul par rapport à cette guerre et de penser notre rapport au monde à sa lumière. De niveaux inégaux, ces textes interpellent toutefois chacun par l'angle choisi. Qu'est ce que le pacifisme? Fallait-il donc cela pour créer cette unité européenne? Que penser de la chute annoncée par certains de notre civilisation? Est-ce la faute de l'Otan? Y a t il des réfugiés plus acceptables parce que plus semblables à nous, et qu'en est il de l'universalisme des lumières? Sommes nous dans le déni du réel?

Aucune de ces réflexions ne permet évidemment de venir à bout du problème, mais elles ont chacune le mérite de bouleverser certaines de nos certitudes. Celle qui m'a le plus interpellé est la réflexion de Hartmut Rosa sur notre insécurité ontologique. Et si elle était la source de tous nos maux, à commencer par cette affreuse séduction des extrémismes qui nous promettent un avenir bien cadré, protégé des insécurités, par le prisme de l'homme fort?

Ce n'est pas dans ce livre, mais j'en ressors en me disant que ces soi-disant hommes forts sont décidément de vilains petits garçons qui refusent de devenir adultes, et de sortir de la toute puissance fantasmée. Avons nous donc besoin d'un ennemi, d'un bouc émissaire pour exister?
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Happycratie

Repéré depuis longtemps, je viens de tomber sur 'Happycratie' dans une boîte à livres ! Dans cet essai, la socilogue Eva Illouz et le psychologue Edgar Cabanas reviennent sur l'histoire de la psychologie positive et sur l'industrie que c'est devenu. J'ai toujours été sidérée par le vide (notamment politique) derrière le coaching et le "self-help" ; j"y ai toujours vu plus d'euphorie que de l'émancipation. Ce pressentiment est étayé par ce livre : non seulement la psychologie positive ne vise pas l'émancipation mais en ne s'attachant qu'à la dimension individuelle elle renforce le conservatisme des politiques néolibérales.
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La fin de l'amour. Enquête sur un désarroi cont..

Cet essai touffu et complexe a pour objet l'analyse sociologique des manières dont le capitalisme consumériste (autrement dit néolibéral) a métamorphosé les relations sentimentales – en parallèle avec la révolution sexuelle à partir des années 60, et grâce également à la révolution technologique opérée par l'hyperconnection des années 2000 (cf. l'application Tinder) – dans un sens qui provoque la destruction des liens d'intimité durables, une incertitude ontologique sur la valeur des acteurs ainsi que sur leurs désirs et conséquemment sur l'avenir de la relation, et enfin des nouvelles formes d'inégalité de genre au détriment des femmes. Une telle évolution, dans une logique de libre marché dérégulé des relations, comporte l'accroissement de la liberté sexuelle, mais se paye en contrepartie par une diminution de l'égalité et par l'ébranlement des fondements de l'estime de soi. Ce processus, appelé « capitalisme scopique », en relation avec une exposition – l'autrice n'ira pas jusqu'à dire « exhibition » et n'en tirera donc pas les conséquences psychanalytiques en termes de perversion par cause de dé-subjectivation – du sujet économico-sexuel, de son corps sexualisé, de son désir voire de sa jouissance, ce capitalisme scopique donc « crée un type d'identité particulier où l'économie et le sexe s'imbriquent et se complètent mutuellement » (p. 310).

En vérité, les prémisses de cette démarche d'articulation entre le système économique et les relations amoureuses existaient déjà dans le concept d'anomie introduit par Durkheim dans Le Suicide (1897), où l'autrice rappelle opportunément qu'il s'applique à « l'homme célibataire », ainsi que dans le célèbre essai de Zygmunt Bauman, L'Amour liquide : de la fragilité des liens entre les hommes (2003), cité fugacement. Mais dans ce traité imposant et à l'appareil bibliographique impressionnant, cette articulation du capitalisme consumériste avec le « capitalisme scopique » se développe de la manière suivante.

Dans le chap. introductif est posée la pertinence de l'approche sociologique (contre l'hégémonie épistémologique de la psychologie) appliquée au choix, et en l'occurrence au refus ou à l'impossibilité d'opérer un choix amoureux, qui est appelé « choix négatif » ; il est aussi question de la critique de la liberté en amour, liberté apportée par la révolution sexuelle qui aboutit sur ce qui est défini le « non-amour ».

Le chap. II, « La cour amoureuse et l'émergence des relations négatives », a pour objet la comparaison du mariage traditionnel ritualisé, endogame et patrimonial, fondé sur « la certitude » (déclinée en six aspects), avec un nouveau marché sexuel, dérivé de « la liberté sexuelle comme liberté consumériste », dans lequel hommes et femmes disposent chacun d'un « capital sexuel ». [cf. cit. 1 sur la sexualité et le marché de consommation et cit. 2 sur les métamorphoses de la sexualité par la libération sexuelle convergeant vers le nouveau marché sexuel].

Le chap. III, « Confusion dans le sexe », par l'affinité ou l'analogie entre l'interaction consumériste et le prototype du « casual sex » (« l'aventure sans lendemain »), commence à poser la question de l'incertitude, dans la forme d'incertitude des relations.

Le chap. IV, « Le capitalisme scopique et l'émergence de l'incertitude ontologique », à mon sens le plus intéressant de l'ouvrage, commence par introduire le concept de valeur économique et symbolique des hommes et des femmes ; cette valeur implique une évaluation et une dévaluation. Là surgit une asymétrie. En effet, les femmes se valorisent (par leur corps et par la consommation marchande) mais les hommes les « évaluent » en tant que consommateurs de leur valeur sexuelle qu'ils s'approprient [cf. cit. 4]. Dans ce même chap., l'incertitude est envisagée dans sa forme ontologique, c-à-d. quant à la valeur de l'individu au regard de l'autre [cf. cit. 3]. Naturellement, cette incertitude se répercute sur l'estime de soi et la confiance en soi, et elle donne lieu à des stratégies de défense.

Celles-ci sont explorées dans le chap. V, « Une liberté avec beaucoup de limites », dans le sens où elles vont avoir pour effet une certaine frilosité dans l'investissement émotionnel, aggravée par l'ambivalence entre volonté d'engagement et valorisation de l'autonomie. Plus généralement, ce chap. aborde la question des limites de l'analogie avec l'univers contractuel et il découle sur les « relations négatives » : indéterminées concernant le « choix » et éphémères. [cf. cit. 5]

Ces deux qualités caractérisent aussi « la fin de l'amour » : le divorce et la séparation, qui fait l'objet du dernier chap., « Le divorce comme relation négative ». Ici, sont explorées plusieurs causes et modalités de cessation de la relation et la dichotomie autonomie-attachement est ultérieurement explorée. En fin de chap. est également traitée la question de la « compétence affective » dévolue aux femmes, qui sont aussi demandeuses de « marchandises émotionnelles », telles les psychothérapies et autres pratiques de « développement personnel », car c'est à elles qu'incombe la gestion du « processus relationnel ». [cf. cit. 6]

Enfin la Conclusion ouvre sur la valeur politique de l'étude des dysfonctionnements des relations sentimentales.

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La fin de l'amour. Enquête sur un désarroi cont..

La fin de l'amour - Eva Illouz



Après 20ans d’enquête sur la question de l’amour, l’intérêt de l’autrice s’est porté sur ce qui lui emboîte le pas, le non-amour qui, comme elle le dit si bien, est à la fois un processus, un sentiment et un évènement. Sociologue, elle a travaillé sur les émotions du non-amour. Elle a découvert dans cet essai qu’elle a constitué auprès d’entretiens d’hommes et de femmes que le social s’insinue dans notre vie psychique et la structure.



Ce livre se veut donc une ethnographie de l’hétérosexualité contemporaine qui relate la liberté émotionnelle et personnelle comme un phénomène protéiforme.



Et l’on observera de près la liberté négative. Axel Honneth appelle celle-ci la liberté réflexive. La liberté réflexive exige que les acteurs réfléchissent à ce qu’ils veulent et les pousse à examiner leur volonté de près à travers la technologie qui aujourd’hui nous entoure avec le marché de la consommation.



Une relation négative, c’est comme chercher quelqu’un dans un ensemble de personnes, d’artéfacts et de lieux, et ne pas le trouver ; c’est ressentir cette absence de l’indétermination de ses intentions et de ses désirs.

Cet essai parle donc de sujet sexo-économique et des dissensions qui se trouvent à cheval entre la sexualité et les sentiments, entre l’identité masculine et l’identité féminine entre le besoin de reconnaissance et les besoins d’autonomies, entre l’égalité féministe et une identité régie par une visualité produite par des industries capitalistes contrôlés par des hommes.

Un livre très bien documenté où l’on retrouve des interviews, une prise de conscience dans le monde où l’on vit aujourd’hui et de ce comment pourrait être réglé notre couple demain. On n’y trouve pas de solution miracle pour conserver notre âme sœur, mais on y trouve bien des conséquences de la fin de l’amour.



Très bel essai de 2020.

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Pourquoi l'amour fait mal

Je me suis décidée à lire cette sociologue franco-israelienne grâce aux BD de Liv Strömquist qui la cite abondamment ! J'ai voulu aller à la source...

Directrice d'études à l'EHESS, elle est sociologue des sentiments et de la culture. J'aime que l'amour soit abordé dans un cadre sociologique, et pas seulement psychologique ou biologique (avec des explications naturalisant tout comportement d'une façon abusive). La thèse de ce livre : la souffrance affective a des caractéristiques propres à la modernité.



Auparavant la réussite d'un mariage ne tenait pas au lien affectif, mais cela a changé. À l'époque moderne, hédoniste et marquée par une culture de la consommation, les critères de choix du ou de la partenaire sont démultipliés. Ce choix rend paradoxalement les choses + compliquées. La recherche de ce•tte partenaire se calque sur l'économie de marché (accumulation d'attributs sociaux, psychologiques, sexuels...).

Alors que la liberté sexuelle semble possible pour toutes et tous, les inégalités de genre persistent, à cause du contexte patriarcal. Des femmes sont encore dépendantes du mariage pour leur survie économique (alors qu'il apporte + paradoxalement de bénéfices aux hommes...) ; et la phobie de l'engagement concerne surtout les hommes qui dominent le champ sexuel. L'autrice rappelle que les femmes doivent trouver des stratégies pour se protéger contre le viol, ont la procréation comme impératif social encore très marqué, que les critères comme la jeunesse sont plus contraignants pour elles, etc...

Majoritairement les hommes recherchent du sexe, et les femmes de l'affection, mais ça n'a rien de biologique : dans le patriarcat, les femmes restent subordonnées au mariage et à la procréation. Les sexualités des hommes et des femmes sont liées à leur pouvoir social.



Aujourd'hui l'amour est désenchanté, c'est le détachement et l'ironie qui le caractérisent (je lis en parallèle "Normal people", un roman qui l'illustrz super bien !) La rationalisation des liens intimes est renforcée par les moyens technologiques : gestion d'un flux de rencontres par le web, mesure et compétitivité, recherche de profils avec une liste d'attributs...



L'imagination a un rôle important dans cette analyse sociologique de l'amour: ce sont par des fictions (séries, livres, films etc.) que sont façonnées nos émotions, nos attentes, et que des scénarios sont construits. Les médias, les réseaux sociaux nous font rêver à une intensité émotionnelle qu'on ne trouve pas forcément au quotidien; la souffrance amoureuse découle alors de désillusions. J'ai beaucoup aimé cette réflexion sur le pouvoir de la fiction.



Elle clôture avec un appel à un retour de l'éthique dans les relations sexuelles et affectives, pour que liberté et éthique fonctionnent en tandem.



Le problème est dans la méthode. Pas d'étude, mais des sources diverses : quelques interviews de personnes occidentales hétéro de catégorie plutôt aisée (du coup les analyses reflètent ce biais), mais aussi romans d'amour et manuels de conseils et de développement personnel, articles sur le web... Eva Illouz développe une pensée critique brillante, mais la rigueur de la méthode me retient d'être à 100% transportée. Mais j'ai quand même adoré ma lecture.
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Les penseurs de l'intime

"Un concept qui ne s'articule pas à une vérité affective ne vaut rien", disait Spinoza. La dizaine de penseurs de l'intime privilégient les sensibilités comme marqueurs de la pandémie. Celle-ci redécoupe l'univers des affects. Les auteurs tracent la nouvelle géographie de notre for intérieur au départ de ce qu'ils ont vécu en ces temps confus ; ils tirent également les premiers enseignements d'un phénomène inusité.

Le cheminement touche des domaines aussi variés que le couple, l'éthique du soin, la nostalgie, les relations. Le livre est décliné sous la forme de questions et réponses. Une notice détaillée après chaque entretien renseigne sur le parcours et l'orientation de l'interlocuteur sollicité.

C'est un ouvrage précieux qui, sorti à chaud, réussit néanmoins à cerner avec recul les modifications significatives de notre façon d'être, de gouverner et de se projeter dans un avenir incertain.

Précieux !
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Happycratie

Le bonheur a un prix ,la preuve ,il se vend

Et surtout ,surtout je l’achète …

J’avoue que j’ai succombé aux sirènes (c’est un comble ) du développement personnel .

Ce livre me réveille et révèle la supercherie et super’chère quête du bonheur .

En effet malgré et à cause de cette consommation effrénée de ces pourvoyeurs de la positive attitude je découvre grâce à ces auteurs qu’en fait je n’ai pas changé d’un jota ou d’un delta ou d’un oméga peu importe …

Je reste moi-même aussi imparfaitement parfaite .

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La fin de l'amour. Enquête sur un désarroi cont..

La consommation ne s'arrête pas aux biens, malheureusement. On la retrouve aussi dans les relations amoureuses.

La sociologue explique, de manière pragmatique, comment les actes de consommation et la vie émotionnelle sont devenus étroitement liés. Dans cette enquête, elle décortique l’expérience de multiples types de désamour : les relations amoureuses se dissoudraient, à peine commencées, et sans forcement aller vers un engagement pour enfin aboutir à une séparation sans trop d’hésitation. Ce sont des relations négatives, qui créent beaucoup d’incertitude et des conditions où il n'y a plus véritablement de norme.

L'autrice présente plusieurs exemples, sous forme de témoignages, afin de rendre ses propos plus compréhensibles, même si certains passages s'avèrent un peu difficiles à suivre. Dans mon cas, j’ai ressenti une vraie tristesse devant la réalité qui m’était présentée.

C'est un livre intéressant pour sa lucidité et sa richesse en contenu. La sociologie a beaucoup à nous apprendre sur le désarroi qui règne actuellement dans nos vies et nos relations. Avec ce livre, on se rend compte de la souffrance sociale dont nous faisons partie.
Lien : https://www.instagram.com/gi..
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Les sentiments du capitalisme

Les sentiments, comme motifs de l'action de l'individu et de sa relation à autrui, constituent un domaine propice à l'analyse sociologique. Le développement du capitalisme dans l'Amérique du XXe siècle s'est accompagné de la popularisation d'une certaine conception de la psychanalyse qui en a conditionné de multiples aspects, notamment par le brouillage de la distinction entre sphère publique et sphère privée. Voici en deux phrases les thèses défendues dans cet essai, qui pourrait porter le sous-titre : « Une sociologie de la psychanalyse américaine ».

Il se compose de trois longs chapitres relativement indépendants l'un de l'autre. Le Ier, « La genèse d'Homo Sentimentalis », après une prémisse sur la variable ignorée des sentiments dans la pensée de plusieurs sociologues et philosophes politiques, dont Marx avec son concept d'aliénation, montre comment les cinq conférences prononcées par Freud à la Clark University d'après son essai : Psychopathologie de la vie quotidienne, vont avoir un succès extraordinaire dans la culture savante, la culture populaire, bref l'imaginaire américains. Vont en être influencés de façon déterminante en particulier : l'organisation de l'entreprise, avec les théories du management d'Elton Mayo, les relations humaines dans leur ensemble, avec le surgissement d'une « éthique communicationnelle » et la parution d'une pléthore de manuels de développement personnel et de « techniques d'écoute active », et enfin le champ de l'intime et de la vie familiale, trouvant dans le féminisme un allié objectif vers la prise en compte des émotions, l'émancipation et la réalisation du « vrai soi ».

Le IIe chapitre « Souffrance, champs émotionnels et capital émotionnel », à partir de la prémisse culturelle américaine (protestante et victorienne) du « self-help », à savoir la conception de la responsabilité individuelle dans la réalisation de son propre bonheur – nous sommes donc déjà bien loin de Freud..., explore certaines conséquences économiques de cette « psychologisation » de la société américaine. Mais il lui fallait deux conditions préalables : le « récit de la réalisation de soi » - cf. Abraham Maslow et Carl Rogers, et la généralisation d'un récit de la souffrance. Ce récit comporte à la fois de la culpabilisation : qu'un modèle d'une vie qui ne soit pas « pleinement réalisée » constitue un « comportement malsain »/« pathologique »/« inadapté »/« dysfonctionnel », et une voie salvifique qui consiste en l'effort et l'investissement dans le « self-help ». La dialectique souffrance-self-help, fondement d'un « récit thérapeutique » voire d'un « éthos thérapeutique », a généré une manne pour des pans entiers de l'économie, sous forme de psychothérapies, groupes de soutien, industrie du spectacle, de l'édition, politiques publiques et action sociale et enfin industrie pharmaceutique, à travers l'essor du marché de la santé mentale par le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder). Il a aussi provoqué une certaine « démocratie de la douleur » : « Tout le monde n'est peut-être pas riche et célèbre mais tout le monde a souffert. » (Robert Hugues, cit. p. 106). Enfin, la conceptualisation de l'« Intelligence émotionnelle » a eu de formidables répercussions en marketing et dans les politiques de recrutement des entreprises.

Le IIIe chapitre, « Réseaux amoureux », est une sorte de monographie concernant les sites de rencontres amoureuses sur Internet, les raisons de la déception généralement éprouvée lorsque la rencontre cesse d'être virtuelle, raisons basées sur la nécessité technique de la « présentation du soi ontologique » et sur la frustration générée par l'impossible rationalisation du sentiment amoureux.



Il manque entièrement à cet essai une partie complémentaire qui aurait exploré la manière dont le capitalisme a influencé les émotions – et c'était sans doute précisément ce que je recherchais.
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21 penseurs pour 2021

2020 aura été une année « sans précédent », entre l’effondrement écologique, la pandémie mondiale et même l’invasion du Capitole par des partisans de Trump, jusqu’ici impensables. Afin de mieux nous préparer à l’année 2021, de grands textes parus dans la presse internationale l’an dernier ont été sélectionnés par la rédaction de Philosophie magazine pour tenter de relier certains sujets entre eux et donner du sens au présent. L’objectif : (re)penser l’événement qui s’est produit. Ces textes, écrits par 21 philosophes, écrivains, sociologues et historiens, permettent à 21 penseurs de nous livrent leur vision du monde sur les sujets phares de 2020, probablement toujours d’actualité cette année et ainsi, de nourrir notre réflexion.



Bien évidemment, la pandémie de la COVID-19 est au cœur de toutes ces réflexions. En effet, elle a été à la fois le révélateur et l’amplificateur de nos forces et de nos faiblesses, mais aussi de nos fractures et de nos interdépendances. Ainsi, on trouve des articles aussi divers qu’une invitation à ralentir dans nos sociétés, les inégalités soulevées par le télétravail, un hommage poignant à Samuel Paty, la cancel culture à travers Harry Potter… A titre d’exemple, un parallèle intéressant est dressé entre les mouvements Black Lives Matter et #Metoo, dans la mesure où ils évoquent la dévalorisation et la domination des corps et sont décryptés en ce sens. Cela nous permet d’avoir un autre regard sur ces événements, un regard d’expert mais aussi une interprétation différente pour voir le monde autrement. Un article un peu provocateur intitulé « Save the planet » nous interroge sur notre véritable volonté : souhaitons-nous réellement sauver la planète, qui perdure depuis des millénaires bien au-delà des espèces, ou l’environnement qui permet la survie de l’espèce humaine – et par extension, l’espèce humaine ? Il s’agit d’une panoplie d’articles que j’ai trouvé très intéressants et bien choisis pour mieux appréhender le monde qui nous attend en 2021, peut-être avec davantage de philosophie !

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21 penseurs pour 2021

Un an déjà....

Comme ça passe quand on y repense. C'était même pas hier et ça fait pourtant un an.

Un an déjà, qu'une certaine série philo des années 2020 a vu le jour avec sa première saison : « 20 penseurs pour 2020 ». le principe en est simple, une anthologie des meilleurs articles parus dans la presse internationale l'année d'avant.

L'an dernier, j'émettais l'idée pour la première que l'originalité des concepts les éloignait d'un recueil de brèves de comptoir, bien qu'une forme de philosophie pouvait aussi s'entendre dans les bistros. Je confirme le truc pour cette année encore.

Oui je sais, tous les bistros ont fermé entre-temps.

Voici donc pour cette deuxième, « 21 penseurs pour 2021 », une liste non exhaustive, de résumés (très succincts) d'articles aux concepts philo bien tournés et développés (dans le livre), que vous n'avez pas entendus dans les bistros :

- la possibilité d'une décélération initiée par le politique démontrée par la pandémie

- la limite des systèmes ultralibéraux des USA ou de la Grande-Bretagne pendant la pandémie

- inégalité de la vulnérabilité face à la propagation d'une maladie aux USA

- le télétravail comme vecteur d'évolution de la géographie des centre-villes

- un état mondial ? « Comme si ce minuscule être vivant était venu en messager pour défier notre humanité mondialisée et révéler son impuissance, lui offrant une dernière chance pour prendre conscience d'une communauté de destin »

- le capitalisme favoriserait la zoonose (transmission des maladies d'animaux vers humains)

- débat d'idées autour du dilemme des soins à conditions égales impossibles pour deux patients : l'âge doit-il être le critère sélectif ?

Bon tout ça pour dire, on se doute, il est question de ce que vous savez, comment pourrait-il en être autrement. Ça fait un an que l'on ne parle que de ça. Et de météo peut-être aussi un peu, au creux d'une vague certainement. Ou alors du réchauffement climatique, comme dans l'article de Bruno Latour qui se demande si on ne devrait pas passer d'une lutte des classes sociales à une lutte des classes géosociales  (Ou comment en finir avec le partage des richesses pour préserver l'environnement). On aurait parlé de Trump aussi. le recueil ne l'ignore pas, en interrogeant la survie du trumpisme après le règne de son créateur, mais aussi dans un autre article qui décrypte la révolte de certains dirigeants dont Trump, Bolsonaro ou Erdogan, empruntant à la population la haine des élites en place et dénigrant la démocratie, alors qu'ils proviennent eux-mêmes des élites.

A-t-on réellement parlé de cancel culture dans les foyers ? Peu importe, car le papier d'Helen Lewis se révèle bien intéressant, en mettant en regard la génération des milenials qui coupent le cordon avec Harry Potter et son autrice, sujette à polémique sur la question des transgenres.

Intéressant et surtout accessible, comme tous les articles ou presque d'ailleurs, à picorer au gré des envies et des humeurs.

Néanmoins, le recueil dans son ensemble m'a paru moins passionnant que l'an dernier, sûrement que la répétition de l'axe Covid/économie/politique n'y est pas étrangère.



Un grand merci à Babélio et Philomag pour l'envoi de ce recueil d'articles, dans le cadre de masse critique.

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