Ainsi les économistes, qui donnent toujours l'exemple de la servitude, la prêchent aux autres sous le titre de Loi du marché.
"Rêvais-tu de ces jours (...)
Où, le cœur tout gonflé d'espoir et de vaillance,
Tu fouettais tous ces vils marchands à tour de bras" (Baudelaire)
Ici, " nous reconnaissons notre vieille ennemie qui sait si bien paraître au premier coup d’œil quelque chose de trivial et se comprenant de soi-même, alors qu'elle est au contraire si complexe et si pleine de subtilités métaphysiques, la marchandise. " (Debord)
Car dans le capitalisme (que ses partisans préfèrent nommer "libéralisme") nous reconnaissons pleinement ce que les grecs anciens, il y a plus de 2500 ans, identifiaient comme la Pleonexia ( πλεονεξία ), la croissance des choses les unes aux dépens des autres. A ce principe destructeur s'opposait la Diké, le mouvement qui tend à rétablir l'équilibre perpétuellement menacé par la lutte des contraires. Notion qui faisait tout aussi bien le lien entre la société et l'univers (le Cosmos) qu'avec l'individu.
Ainsi "le médecin pythagoricien Alcméon de Crotone assimilera l'organisme à une cité où l'égalité des forces (isonomie) correspond à la santé, la maladie étant due à la prépondérance monarchique d'un des éléments sur les autres : l'idéal démocratique de l'isonomie s'érigeait ainsi en principe cosmique régulateur." (Kostas Papaioannou) .
Pour ce qui nous concerne directement, socialement, force est de constater que ce principe régulateur qui se matérialisa alors dans la démocratie a été réduit à une pure représentation, vidée de tout contenu réel. Laissant la Pleonexia de la raison marchande nous entrainer vers le néant.