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3.67/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1590
Mort(e) le : 19/07/1618
Biographie :

Estienne Durand est un poète baroque français.

Il est demeuré surtout célèbre pour sa fin tragique.

Contrôleur principal des Guerres, attaché à la maison de Marie de Médicis, il resta fidèle à celle-ci après le meurtre de Concini et fut accusé de comploter contre Luynes, le favori du roi.

Auteur d'un pamphlet contre Louis XIII, La Riparographie, aujourd'hui perdu, il fut condamné à être roué vif et brûlé avec ses écrits en place de Grève, le 19 juillet 1618.

Son livre intitulé Méditations de E. D. , un recueil de poésies, a été imprimé à Paris en 1611.



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Estienne DURAND — Qui est cet inconnu ? (Chaîne Nationale, 1957) Un extrait de l'émission "Heure de culture française", par Jean-Louis Gerbault, diffusée le 27 décembre 1957 sur la Chaîne Nationale.


Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Etienne Durand
Je peindrais volontiers mes légères pensées,
Mais déjà, le pensant, mon penser est changé,
Ce que je tiens m’échappe, et les choses passées,
Toujours par le présent se tiennent effacées,
Tant à ce changement mon esprit est rangé.
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Sonnet XLVI


Le feu devers le Ciel s'élève incessamment,
Les eaux courent au sein de la mer poissonnière,
Et sans fin dessus nous la Lune avec son frère *
Reversent l'eau qu'ils ont tiré subtilement.

Les arbres qui de terre ont leur accroissement
Par le temps ou par feu retournent en poussière :
Et même ce grand Tout fait d'un rien seulement
Ne sera plus qu'un rien en son heure dernière.

Enfin tout ici- bas retourne d'où il vient,
Et par ce seul retour le monde s'entretient :
C'est donc avec raison, ma cruelle Uranie,

Tes yeux ayant causé mes ardeurs peu à peu,
Que mes vers provenus des ardeurs de mon feu
Retournent à tes yeux, dont ils ont pris la vie.


*son frère : le Soleil
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Stances sur des fleurs


Belles fleurs que la lune en croissant fait paraître,
Vous vous rapportez fort avec les autres fleurs,
Car l'excès des humeurs comme vous les fait naître,
Et vous tombez aussi par l'excès des chaleurs.

Comme les fleurs nous font aimer le jardinage,
Nous tirant par les yeux d'un fort enchantement,
On dit que vous pouvez faire aimer davantage
Si trompé l'on vous peut savourer seulement.

Quelques fleurs, ce dit-on, apportent allégeance
Aux cerveaux affaiblis par étude lassés,
Après un long travail vous avez la puissance
De donner du repos aux maris harassés.

Oui, vous êtes du tout aux autres fleurs semblables,
Car le fruit peu à peu par elles se produit,
Et lorsque l'on vous voit, ce sont signes probables
Que celles qui vous ont sont capables de fruit.

Toutefois les jardins fleuris de telle sorte
S'aiment tant plus qu'ils sont émaillés de couleurs,
Mais lorsque vous venez, le jardin qui vous porte
Ne peut s'aimer qu'après qu'il a perdu ses fleurs.
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Stances de l'absence


En vain par les destin, redoutables enfers,
Vos cachots sont remplis de supplices divers
Pour punir les forfaits des criminelles âmes :
Étant comme elles sont absentes de leur Dieu,
Cette absence les doit tourmenter en ce lieu
Plus rigoureusement que vos fouets ni vos flammes.

Vos rouës, vos rochers, et vos coulantes eaux
Que des filles en vain versent dans leurs vaisseaux,
Ne peuvent approcher de cette violence.
L'absence est le bourreau qui gêne vos esprits,
Et si nous voulons croire aux plus doctes écrits,
Tous les maux de l'enfer ne sont rien qu'une absence.

Toute chose périt absente de son mieux,
La terre s'obscurcit quand le flambeau des Cieux
Lassé de son travail dedans l'onde se cache,
L'oiseau semble languir s'il ne peut plus voler,
Le poisson va mourant aussitôt qu'il prend l'air,
Et l'arbre ne croît plus dès l'heure qu'on l'arrache.

Tu confirmes ceci, trop amoureux oiseau,
Qui d'un arbre séché fais un vivant tombeau :
Tu pleures pour l'absence et meurs encor pour elle.
Et vous arbres muets, forêts que j'aime tant,
Vos rameaux sans verdeur vont-ils pas regrettant
Les absentes douceurs de la saison nouvelle ?

Vous, ruisseaux, dont le bruit amoureusement doux
Semble parler d'amour au milieu des cailloux,
Ne soupirez-vous pas votre source éloignée ?
Et vous, vent, dont l'effort semble ébranler les Cieux,
Est-ce pas pour chercher ces homicides yeux,
À qui le rapt rendit votre amour témoignée ?

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STANCES DE L'ABSENCE


Comme tout ici-bas n'est rempli que d'amour,
Tout endure l'ennui de l'absence à son tour,
L'un plus, et l'autre moins, à mesure qu'il aime :
Hélas, je suis témoin de cette vérité,
Car l'absence m'a mis en telle extrémité
Que je ne me puis plus trouver dedans moi-même.

Je cherche ma raison, qui s'éloigne de moi ;
L'absence d'un bel œil, mon vainqueur et mon Roi,
Absente aussi mon cœur qu'il a pris pour le suivre ;
Et quand au souvenir mon bien je vais cherchant,
Ce même souvenir se montre si méchant,
Qu'il me donne la mort en te faisant revivre....

Je m'adresse aux forêts et leur dis mes travaux,
Je me plains aux rochers, qui touchés de mes maux
Semblent pleurer pour moi les eaux de leurs fontaines :
Et l'Écho qui répond aux voix de mon amour
Me dit que si je suis absent encor un jour,
Je deviendrai rocher endurci par les peines….
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Pourquoi pour mon malheur eus-je l’œil si léger ?
Pourquoi le sens si prompt, et l’esprit si fragile,
Que de voir, que d’aimer, et que de m’engager
À servir un bel œil d’un labeur inutile ?

Pour avoir vu je meurs, mais d’une mort subtile
Qui renaît d’elle-même et ne fait que changer,
Pour aimer je me vois tous les jours outrager,
Et servant je languis en ma prison servile.

L’œil, le sens et l’esprit, trop prompt, trop clair, trop vif,
M’a trompé, m’a séduit, m’a fait être captif
D’un attrait, d’un propos, d’un amoureux cordage.

Pour avoir vu, aimé et servi son bel œil,
L’ardeur, l’amour, les fers, me mènent au cercueil.
Dieux ! faites pour le moins que la mort me soulage !
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STANCES A L'INCONSTANCE (extrait)


…Entre mille glaçons je sais feindre une flamme,
Entre mille plaisirs je fais le soucieux ;
J'en porte une à la bouche, une autre dedans l'âme,
Et tiendrais à péché, si la plus belle dame
Me retenait le cœur plus longtemps que les yeux.

Donques, fille de l'air, de cent plumes couverte,
Qui, de serf que j'étais, m'a mis en liberté,
Je te fais un présent des restes de ma perte,
De mon amour changé, de sa flamme déserte,
Et du folâtre objet qui m'avait arrêté.

Je te fais un présent d'un tableau fantastique,
Où l'amour et le jeu par la main se tiendront,
L'oubliance, l'espoir, le désir frénétique,
Les serments parjurés, l'humeur mélancolique,
Les femmes et les vents ensemble s'y verront.

Les sables de la mer, les orages, les nues,
Les feux qui font en l'air les tonnantes chaleurs,
Les flammes des éclairs plus tôt mortes que vues.
Les peintures du ciel à nos yeux inconnues,
À ce divin tableau serviront de couleurs.

Pour un temple sacré je te donne ma Belle,
Je te donne son cœur pour en faire un autel,
Pour faire ton séjour tu prendras sa cervelle,
Et moi je te serai comme un prêtre fidèle
Qui passera ses jours en un change immortel.
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STANCES A L'INCONSTANCE (extrait)


Esprit des beaux esprits, vagabonde Inconstance,
Qu'Éole, roi des vents avec l'onde conçut,
Pour être de ce monde une seconde essence,
Reçois ces vers sacrés à ta seule puissance,
Aussi bien que mon âme autrefois te reçut.

Déesse qui partout et nulle part demeure,
Qui préside à nos jours et nous porte au tombeau,
Qui fais que le désir d'un instant naisse et meure,
Et qui fais que les cieux se tournent à toute heure
Encor qu'il ne soit rien ni si grand ni si beau.

Si la terre pesante en sa base est contrainte
C'est par le mouvement des atomes divers,
Sur le dos de Neptun ta puissance est dépeinte,
Et les saisons font voir que ta majesté sainte
Est l'âme qui soutient le corps de l'univers.

Notre esprit n'est que vent, et comme un vent volage,
Ce qu'il nomme constance est un branle rétif :
Ce qu'il pense aujourd'hui, demain n'est qu'un ombrage,
Le passé n'est plus rien, le futur un nuage,
Et ce qu'il tient présent, il le sent fugitif….
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STANCES À L’INCONSTANCE

Esprit des beaux esprits, vagabonde inconstance,
Qu’Éole, roi des vents, avec l’onde conçut.
Pour être de ce monde une seconde essence,
Reçois ces vers sacrés à ta seule puissance.
Aussi bien que mon âme autrefois te reçut.

Déesse qui partout et nulle part demeure,
Qui préside à nos jours et nous porte au tombeau.
Qui fais que le désir d’un instant naisse et meure.
Et qui fait que les cieux se tournent à toute heure
Encor qu’il ne soit rien ni si grand ni si beau.

Si la terre pesante en sa base est contrainte,
C’est par le mouvement des atomes divers.
Sur le dos de Neptun ta puissance est dépeinte,
Et les saisons font voir que ta majesté sainte
Est l’âme qui soutient le corps de l’univers.

Notre esprit n’est que vent, et, comme un vent volage.
Ce qu’il nomme constance est un branle rétif :
Ce qu’il pense aujourd’hui demain n’est qu’un ombrage.
Le passé n’est plus rien, le futur un nuage,
Et ce qu’il tient présent il le sent fugitif.

Je peindrais volontiers mes légères pensées,
Mais déjà, le pensant, mon penser est changé.
Ce que je tiens m’échappe, et les choses passées,
Toujours par le présent se tiennent effacées,
Tant à ce changement mon esprit est rangé.

Aussi depuis qu’à moi ta grandeur est unie
Des plus cruels dédains j’ai su me garantir ;
J’ai gaussé les esprits dont la folle manie

Esclave leur repos sous une tyrannie,
Et meurent à leur bien pour vivre au repentir.

Entre mille glaçons je sais peindre une flamme.
Entre mille plaisirs je fais le soucieux ;
J’en porte une à la bouche, une autre dedans l’âme.
Et tiendrais à péché, si la plus belle dame
Me retenait le cœur plus longtemps que les yeux.

Doncques, fille de l’air, de cent plumes couverte.
Qui, de serf que j’étais, m’a mis en liberté,
Je te fais un présent des restes de ma perte.
De mon amour changé, de sa flamme déserte.
Et du folâtre objet qui m’avait arrêté.

Je te fais un présent d’un tableau fantastique.
Où l’amour et le jeu par la main se tiendront,
L’oubliance, l’espoir, le désir frénétique.
Les serments parjurés, l’ardeur mélancolique.
Les femmes et les vents ensemble s’y verront.

Les sables de la mer, les orages, les nues,
Les feux qui font en l’air les tonnantes chaleurs.
Les flammes des éclairs plus tôt mortes que vues.
Les peintures du ciel à nos yeux inconnues,
À ce divin tableau serviront de couleurs.

Pour un temple sacré je te donne ma belle.
Je te donne son cœur pour en faire un autel.
Pour faire ton séjour tu prendras sa cervelle.
Et moi, je te serai comme un prêtre fidèle
Qui passera ses jours en un change immortel.
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Je voudrais bien être vent quelquefois
Pour me jouer aux cheveux d’Uranie,
Puis être poudre aussitôt je voudrais,
Quand elle tombe en sa gorge polie.

Soudain encor je me souhaiterais
Pouvoir changer en cette toile unie
Qui va couvrant ce beau corps que je dois
Nommer ma mort aussitôt que ma vie.

Ces changements plairaient à mon désir,
Mais pour avoir encor plus de plaisir,
Je voudrais bien puce être devenue,

Je baiserais ce corps que j’aime tant,
Et la forêt à mes yeux inconnue
Me servirait de retraite à l’instant.
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