Esther VILAR - Autrice Ecrivaine anti-Féministe
Vilar y affirme que les femmes vivant dans les pays industrialisés ne sont pas opprimées par les hommes, mais qu'elles maintiennent au contraire des pratiques qui manipulent les hommes en ce qui a trait aux relations de couple. Elle a rédigé d'autres ouvrages sur le même thème.
Une fois obtenu le droit de vote, les femmes ont choisi la liberté. Quant aux hommes, ils se sont vu proposer une nouvelle définition de la virilité : jusqu’alors, être viril avait consisté à assumer les travaux que les femmes ne pouvaient pas faire; désormais, ce fut accomplir les tâches dont elles ne voulaient pas. Et cela ne devait plus changer : en accordant le droit de décision à un sexe qui leur était numériquement supérieur, les hommes, une fois pour toutes, s’étaient mis eux-mêmes en minorité.
Accuser l’esclave, c’est perdre le négrier des yeux. Ce n’est qu’en recherchant la culpabilité là où on peut la trouver — chez la femme elle-même — qu’on peut transformer la situation. Ce n’est qu’en osant critiquer les femmes tout comme on critique les hommes, publiquement, qu’elles pourront se corriger, changer de comportement.
Comme tout ce qui est naturel, le processus de vieillissement d’un être humain ne peut jamais être repoussant. C’est seulement lorsqu’un être humain simule la jeunesse, en feignant d’avoir des seins qui se tiennent, en teignant ses cheveux d’une couleur qu’on n’a généralement qu’à vingt ans, en colmatant ses rides à force de make-up, qu’il produit sur son entourage une impression atroce de délabrement, parce que tout en lui paraît antinaturel.
Les hommes politiques sont plus dignes de confiance : De par leur propre expérience comme d’après les résultats des enquêtes d’opinion, les femmes savent que les hommes s’intéressent bien plus qu’elles à la politique. Elles préfèrent que leurs intérêts soient défendus par des professionnels plutôt que par des amateurs : elles misent donc sur le sexe qui leur paraît le plus expert en la matière.
Comme les femmes n’ont pas besoin de désirer l’homme avec lequel elles couchent — l’orgasme féminin ne joue aucun rôle dans la fécondation — il va de soi qu’elles sont les seules à pouvoir choisir leurs partenaires d’après un point de vue exempt de toute sexualité. Les hommes, au moins dans une certaine mesure, doivent se conformer à leur instinct. Et comme les femmes le savent, elles font tout pour accentuer la différenciation sexuelle. Plus les hommes verront en elles leur contraire — plus elles seront féminines — plus elles auront de chances d’être choisies et, par conséquent, plus elles auront de choix elles-mêmes.
En règle générale les femmes attirantes ne choisissent pas l’homme le plus viril, mais celui qui réussit le mieux dans la vie, ils ne font plus porter leur effort sur leur virilité, mais sur leur succès professionnel. Et comme ce succès n’est possible à un homme que lorsqu’il se dévirilise, celui qui fait une carrière brillante ne peut guère espérer que sa sexualité soit rayonnante.
Tout travail est une prestation de services pour laquelle on est rétribué. On ne fournit un travail non rétribué que sous la contrainte, par masochisme, par besoin de se faire valoir, par bêtise, par inclination personnelle ou par recherche d’un plaisir. En règle générale, tout être humain qui accomplit quelque chose dont d’autres ont besoin, reçoit une rétribution, et — toujours en règle générale —, personne ne fait gratuitement quelque chose d’utile.
Les producteurs de films découvrent enfin, mais lentement, que les femmes se contentent parfaitement d’artistes aussi laids que Belmondo, Walter Matthau ou Dustin Hoffman, au lieu des beaux acteurs de jadis. Puisqu’ils accordent peu de valeur à leur physique et ne se croient beaux qu’exceptionnellement (ils ne voient la beauté que chez les femmes), ils s’identifient plus facilement à des interprètes qui ne sont pas des Apollons. Pourvu que les principaux rôles féminins soient tenus par de belles vedettes, les femmes absorbent ces films avec autant de plaisir que ceux où jouerait un Rock Hudson ; en fait, elles ne s’intéressent qu’aux femmes qu’elles y voient.
« Chacun pour soi et tous pour chacun », voilà ce que sera le dénominateur commun de la partie économique de la réforme. On pourra être aussi égoïste qu’on le veut, mais sans nuire à personne. Puisque tous les citoyens d’un Etat doivent avoir de toute façon de quoi vivre, pourquoi, alors que c’est manifestement possible, ne pas s’organiser immédiatement pour supprimer à jamais tous les rapports de dépendance personnelle? Il est déjà assez difficile d’entretenir sur une longue période des relations heureuses avec d’autres êtres humains. Si l’on ajoute à cette difficulté des intérêts matériels, comme c’est le cas de nos jours dans presque chaque ménage entre mari et femme et entre parents et enfants, toute entente devient impossible.
Lorsqu’un homme quitte une femme, c’est toujours pour une autre et jamais pour être libre. Elle n’a donc aucune raison de l’envier ou de le jalouser : du point de vue féminin, la situation de l’homme ne s’est pas améliorée. Cette aventure existentielle, ce nouvel amour qui l’entraîne vers une autre, la femme abandonnée le considère à la manière du petit patron qui, perdant son meilleur employé au profit d’un concurrent, passe par les affres de devoir dénicher un remplaçant. Pour elle, un chagrin d’amour n’est, dans le meilleur cas, que le sentiment de voir une belle affaire s’évanouir en fumée.