Sport à haut risque, la prononciation des noms de lieux bretons reste une énigme. Derrière l'absence totale de cohérence se cache pourtant une explication logique. La forme revêtue en français par les noms de lieu bretons est le résultat, non pas d'une déformation, mais d'un emprunt linguistique, soumis à des lois rigoureuses.
Une interview d'Erwan Vallerie, Docteur en histoire des civilisations celtiques.
Plus d'infos sur le portail Bretania.fr : bretania.fr/exploitation/la-prononciation-du-breton.aspx
Le fromage et les champignons étaient naguère encore fort mal vus des Bretons. On appelait le fromage : amann brein (beurre pourri) et les champignons étaient tenus pour boued touseg (de la nourriture pour les crapauds).
Les langues sont des grilles pour déchiffrer le monde. Plus le monde s'en restreint, plus l'esprit de l'homme s'appauvrit. L'horreur serait un monde unilingue, un monde qui ne connaîtrait qu'une approche uniforme de la vie, de la mort, de l'amour, de l'avenir.
Où est-on mieux qu'au sein de sa famille?
- Partout ailleurs !
La vogue du kouign-amann a pratiquement éclipsé son rival de toujours, naguère beaucoup plus répandu, le gâteau breton, qui pourtant n'était pas en reste. De même que le picon-citron-curaçao de César avait quatre tiers, le gâteau breton est un quatre-quarts qui en aurait cinq, avec deux quarts de beurre.
Et si votre interlocuteur se tait, n'allez pas prendre son silence pour un acquiescement : en Bretagne, qui ne dit mot ne consent pas.
Le discours sur l'alcool en Bretagne , c'est comme le chaudron du père Sigmund, que le prêteur accusait l'emprunteur de lui avoir rendu troué : " D'abord tu ne m'as pas prêté de chaudron; ensuite quand je te l'ai rendu, il n'y avait pas de trou et, de toute façon, quand tu me l'as prêté, il était déjà troué."
Finalement, rien ne ressemble plus à un Breton qu'un artichaut : hérissé et coriace à l'extérieur, tendre et savoureux à l'intérieur.
Le vacancier, entrant dans le bistrot :
"Il pleut toujours comme ça ici ?
Le pilier de comptoir :
- Je peux pas vous dire, j'ai que trente-deux ans."
Entendu à Douarnenez
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a) Premier cas de figure : vous êtes Parisien. Aïe ! Ca démarre sur les chapeaux de roue. Bon, inutile de vous frapper, ce n'est pas forcément perdu d'avance. Le risque serait même que ça se passe trop bien et qu'au bout de quelques semaines, à constater que les gamins ne vous jettent pas des pierres en criant : "Parisien, tête de chien !" vous tiriez la conclusion que c'est dans la poche et que vous commenciez à baisser la garde. C'est là que le danger vous guette.
Que vous soyez Parisien, Lyonnais ou Berruyer (pour ceux qui ne le sauraient pas : habitant de Bourges), le premier point dont vous devez vous convaincre, c'est que contrairement à ce que vous pensiez, les Bretons ne sont pas a priori convaincus de la nécessité de votre venue parmi eux. Pour les Lyonnais et les Berruyers, cela n'a guère de conséquence. Mais pour les Parisiens, cela se traduit nécessairement par un round d'observation. Est-ce que par hasard vous n'auriez pas glissé dans vos bagages un casque colonial ? Est-ce que vous n'auriez pas dans l'idée de leur apprendre à vivre, de les faire bénéficier de la culture, de l'efficacité, de la modernité parisiennes. La première phrase à vous échapper qui vous montrera imbu de votre mission civilisatrice - parce que, ces Bretons, malgré tout, ce sont aussi des hommes (et des femmes) n'est-ce pas ! -, c'est-à-dire la première fois que vous vous laisserez aller à dire : "Mais c'est pas comme ça qu'il faut faire, voyons ! Ca ne ressemble à rien. Si vous croyez qu'à Paris..." risque de vous coûter très cher. Vous serez définitivement entouré d'un cordon sanitaire derrière lequel on se gaussera.
Le climat en Bretagne est une donnée einsteinienne : il change plus vite que l'homme ne se déplace.