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3.75/5 (sur 8 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Auteur français de livres pour la jeunesse

Source : data.bnf.fr
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Bibliographie de Elli Kronauer   (5)Voir plus

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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Et ainsi, le temps qu'un sablier s'écoule, il arriva en haut d'une colline.
Il regarda en direction du sud-ouest, il scruta la route qui conduisait au secteur de Kiev.
Dans la distance, il distinguait les boulevards et les habitations et les champs d'orge orange et les jardins d'absinthe du secteur de Tchernigov, et les voies ferrées et les ateliers de mécanique qui prolongeaient la Moyenne Centrale, les usines à pain et les usines à anthracite et à mercure, les dépôts de vêtements, les écoles, et il voyait aussi que tout cela tremblait sous une brume de peur, car le secteur se trouvait encerclé par une puissance invincible et obscure, très , très obscure.
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Autrefois, dans le quartier russe, il y a bien longtemps, au nord-est du vieux quartier russe de Mourom, dans la rue Karatcharovo, vivaient un homme de bien et sa femme, elle aussi une femme de bien, tous deux paysans et travaillant dur nuit et jour, semant des herbes dans les ruines et les récoltant, plantant des absinthes et des raves au pied de la Petite Centrale et les récoltant, et ils eurent un fils, connu sous le nom d’Ilia, fils d’Ivan, Ilia Ivanovitch, et plus tard célébré dans les chansons des chanteurs, plus tard appelé tout simplement Ilia de Mourom, ou encore Ilia Mouromietz, ce qui est une autre manière de dire la même chose. Ilia avait déjà trente ans et il avait des jambes, mais pas moyen de marcher avec, et il avait des bras et des mains, mais pas moyen de s’en servir pour tenir ou pour prendre, pas moyen de s’en servir pour se défendre, et il restait là, dans la rue Karatcharovo du secteur de Mourom, allongé, et il attendait sans bouger, depuis déjà trente longues, très longues années.
Dans ce fameux été, dans ce bel été où se passe l’histoire, la vieille mère d’Ilia de Mourom partit travailler dans les terrains vagues, sur les champs de ruines, elle partit gratter les cendres et la terre amère qui s’étendaient près de la Petite Centrale du quartier russe, elle partit voir à quoi ressemblaient les épis de maïs et les légumes qu’elle avait plantés durant le printemps, les choux blanchâtres et les absinthes, les cives jaunes et les radis amers et les potirons en forme de grenade, et le père d’Ilia Mouromietz s’en alla vers les caves empoisonnées où il cultivait du riz amer et du riz bleu, et des liserons d’eau saumâtre et des lentilles roses, et ils laissèrent derrière eux Ilia de Mourom, dans la maison de la rue Karatcharovo où tous les jours il attendait sans bouger leur retour, où tous les jours dans la solitude il attendait avec ses mains qui ne pouvaient pas saisir le moindre objet, avec ses jambes qui ne le portaient pas.
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Mikhaïlo revêtit sa tenue de voyage, il enfila une combinaison de plomb noir et une chemise de plumes rouges, à sa ceinture il accrocha un sabre à lame légèrement courbe, il monta en selle et il se mit en route selon l’itinéraire qu’il connaissait déjà. Il ne perdit pas une minute, en moins d’une semaine il fracassa les cloisons de fer qui ferment la région des Huit-Cratères, en moins de vingt-huit jours il traversa les forêts goudronneuses, et, trois mois seulement après son départ, il entra dans le domaine où Bakrameï fils de Vakrameï exerçait sa fonction de souverain.
Il attacha son cheval à un tracteur qui se trouvait envasé dans la cour depuis des années, il plongea les mains dans la crinière très noire de son cheval et, affectueusement, il lui caressa la tête, puis il s’occupa de lui et il le fit boire, et ensuite il alla chercher dans une grange un foin extrêmement odorant et agréable qu’il entassa devant lui. Et ensuite il pénétra dans le palais de Bakrameï.
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Afin de ne pas trahir ce qui constitue une des plus belles matières orales dans l’histoire littéraire de l’humanité, Elli Kronauer a donc à son tour endossé les habits d’un chanteur de bylines, et il a choisi de réinventer le monde épique comme seul un barde aujourd’hui aurait osé l’imaginer, si la tradition des bylines avait continué jusqu’à la fin du XXe siècle : en y introduisant des objets contemporains, et surtout une manière de voir (et d’entendre) qui tienne pleinement compte de notre expérience historique récente.
La mémoire poétique d’Elli Kronauer est la même qu’il y a un siècle, mais Auschwitz, Hiroshima, Tchernobyl ont eu lieu et ont laissé sur notre monde des marques indélébiles. C’est pourquoi on ne peut plus croire de la même manière aux valeurs et aux choses du monde, ni les dire de la même manière.
La mémoire est la même, mais elle a changé. Les bylines d’Elli Kronauer sont russes et conformes à leur modèle original, mais elles sont différentes.
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Vladimir le Radieux Soleil siège à la place d’honneur, il porte un manteau noir tissé avec des têtes de chiens vivantes. Il prête l’oreille aux fanfaronnades et il les apprécie, et parfois il rit sans cligner aucunement les paupières, en orientant vers l’orateur son regard de flammes non rieuses et en faisant ruisseler sur ses épaules les vagues dorées de sa chevelure ; et son visage reste beau et dur, très, très dur.
Un peu à l’écart, devant une assiette où fume une aile d’oiseau rôti, un jeune preux est assis, un brave à l’allure sympathique, au regard gris ; il a pour nom Soukmane, il écoute le bavardage des autres, il rit avec les autres, mais, quand il s’agit pour lui d’ouvrir la bouche pour prononcer des phrases, il ne se répand pas en vantardises. Il ne plaisante pas, il ne parade absolument pas.
Le batelier change de ton.
Il raconte que Vladimir se lève, s’approche de Soukmane.
Le prince met de l’ordre dans son manteau noir, tissé avec des têtes de chiens vivantes ; il fait taire les chiens et sur Soukmane il dirige ses yeux qui ne clignent aucunement. Il le regarde ainsi et, après un moment, il secoue les boucles éblouissantes de sa chevelure et il dit :
– Soukmane, eh ! Soukmane Soukmanovitch ! Pourquoi refuses-tu de te répandre en vantardises ? Pourquoi évites-tu de boire les miels qui délient la langue et aiguisent l’esprit ? … Tu estimes peut-être que tu mérites une place plus au centre, à côté de mes généraux ? … Ou quelque chose ici t’a déplu ? … Quelqu’un s’est moqué de toi et t’a offensé ?
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Les bylines se présentent sous la forme de poèmes rythmés, prononcés dans une langue solennelle, extrêmement musicale, mais qui rend un travail de traducteur pratiquement impossible.
Pour Elli Kronauer, il s’agissait de gagner un pari : faire connaître à un public occidental ces histoires et ces héros, mais sans donner l’impression qu’il manipulait des documents morts, poussiéreux, appartenant seulement au monde des musées. Il fallait transmettre des voix d’autrefois en leur donnant la force d’une voix vivante.
Afin de ne pas trahir ce qui constitue une des plus belles matières orales dans l’histoire littéraire de l’humanité, Elli Kronauer a donc à son tout endossé les habits d’un chanteur de bylines, et il a choisi de réinventer le monde épique comme seul un barde aujourd’hui aurait osé l’imaginer, si la tradition des bylines avait continué jusqu’à la fin du XXe siècle : en y introduisant des objets contemporains, et surtout une manière de voir (et d’entendre) qui tienne pleinement compte de notre expérience historique récente.
La mémoire poétique d’Elli Kronauer est la même qu’il y a un siècle, mais Auschwitz, Hiroshima, Tchernobyl ont eu lieu et ont laissé sur notre monde des marques indélébiles. C’est pourquoi on ne peut plus croire de la même manière aux valeurs et aux choses du monde, ni les dire de la même manière.
La mémoire est la même, mais elle a changé. Les bylines d’Elli Kronauer sont russes et conformes à leur modèle original, mais elles sont différentes.
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Dans le secteur Lobanovo du vieux quartier russe, au numéro dix-sept de la rue d’Arkhangelsk, dans la maison où habitait la famille du marchand Piotr, un nouveau-né vit soudain le jour. Il naquit dans cette famille aisée, dans cette famille très riche, et aussitôt on se rendit compte qu’il s’agissait d’un garçon fragile et tout petit, et surtout un peu étrange, car dès le berceau il fredonnait des chansons que nul ne lui avait apprises.
On hésita à lui donner un prénom, puis on le surnomma Kozarine fils de Piotr, ou encore Kozarine Petrovitch, ce qui est une autre manière de dire la même chose, et, comme on pensait que son étrangeté ne ferait que s’aggraver et ne guérirait pas, on hésita à s’occuper de lui et, pour tout dire, on hésita à lui donner l’affection qu’un enfant mérite, fût-il tout petit et un peu étrange.
Ses parents s’occupaient jour et nuit de leurs coffres remplis d’or, ils aimaient l’argent, ils aimaient accumuler de grosses sommes et les dépenser fastueusement, ils n’avaient pas honte d’être riches et même très riches ; en revanche, l’étrangeté leur déplaisait, et ils se mirent à négliger le petit Kozarine, ils se mirent à l’aimer de moins en moins, ils se mirent à le détester de plus en plus et, quand il atteignit l’âge de trois ans, ils décidèrent de se séparer de lui.
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Quand il les entendit approcher de la Petite Centrale, le Chien Étrange crispa entre ses épaules sa tête de dogue et il décrocha sa harpe étrange. Il dirigea sur eux une mélodie mortelle, et, comme les drilles joyeux continuaient à avancer dans la rue principale, il appela à la rescousse son fils le Soldat Étrange, son gendre l’Ingénieur Étrange et sa fille la Belle Étrange, et toute la bande se mit à beugler dans des cors et des porte-voix étranges, et à heurter vivement des tambours étranges. Aussitôt, la Petite Centrale se fendilla, les canalisations d’eau hurlante se tordirent vers l’extérieur et leurs vannes s’ouvrirent, les eaux se déversèrent dans les rues, les eaux lourdes et très lourdes, les eaux épineuses et blessantes, très, très blessantes.
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Les bylines se présentent sous la forme de poèmes rythmés, prononcés dans une langue solennelle, extrêmement musicale, mais qui rend un travail de traducteur pratiquement impossible.
Pour Elli Kronauer, il s’agissait de gagner un pari : faire connaître à un public occidental ces histoires et ces héros, mais sans donner l’impression qu’il manipulait des documents morts, poussiéreux, appartenant seulement au monde des musées. Il fallait transmettre des voix d’autrefois en leur donnant la force d’une voix vivante.
Afin de ne pas trahir ce qui constitue une des plus belles matières orales dans l’histoire littéraire de l’humanité, Elli Kronauer a donc à son tout endossé les habits d’un chanteur de bylines, et il a choisi de réinventer le monde épique comme seul un barde aujourd’hui aurait osé l’imaginer, si la tradition des bylines avait continué jusqu’à la fin du XXe siècle : en y introduisant des objets contemporains, et surtout une manière de voir (et d’entendre) qui tienne pleinement compte de notre expérience historique récente.
La mémoire poétique d’Elli Kronauer est la même qu’il y a un siècle, mais Auschwitz, Hiroshima, Tchernobyl ont eu lieu et ont laissé sur notre monde des marques indélébiles. C’est pourquoi on ne peut plus croire de la même manière aux valeurs et aux choses du monde, ni les dire de la même manière.
La mémoire est la même, mais elle a changé. Les bylines d’Elli Kronauer sont russes et conformes à leur modèle original, mais elles sont différentes.
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Les bylines se présentent sous la forme de poèmes rythmés, prononcés dans une langue solennelle, extrêmement musicale, mais qui rend un travail de traducteur pratiquement impossible.
Pour Elli Kronauer, il s’agissait de gagner un pari : faire connaître à un public occidental ces histoires et ces héros, mais sans donner l’impression qu’il manipulait des documents morts, poussiéreux, appartenant seulement au monde des musées. Il fallait transmettre des voix d’autrefois en leur donnant la force d’une voix vivante.
Afin de ne pas trahir ce qui constitue une des plus belles matières orales dans l’histoire littéraire de l’humanité, Elli Kronauer a donc à son tout endossé les habits d’un chanteur de bylines, et il a choisi de réinventer le monde épique comme seul un barde aujourd’hui aurait osé l’imaginer, si la tradition des bylines avait continué jusqu’à la fin du XXe siècle : en y introduisant des objets contemporains, et surtout une manière de voir (et d’entendre) qui tienne pleinement compte de notre expérience historique récente.
La mémoire poétique d’Elli Kronauer est la même qu’il y a un siècle, mais Auschwitz, Hiroshima, Tchernobyl ont eu lieu et ont laissé sur notre monde des marques indélébiles. C’est pourquoi on ne peut plus croire de la même manière aux valeurs et aux choses du monde, ni les dire de la même manière.
La mémoire est la même, mais elle a changé. Les bylines d’Elli Kronauer sont russes et conformes à leur modèle original, mais elles sont différentes.
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