Dans son article « The Lighthouse in Economics » (1974), l'économiste Ronald Coase a, en analysant l'histoire et la gestion des phares britanniques, tiré des conclusions de portée plus générale. Ce faisant, le phare est devenu un bien iconique pour les économistes et notamment dans les théories portant sur les biens collectifs réclamant (ou pas) l’intervention de la puissance publique.
Dans le premier tome de la nouvelle série d'Ed Brubaker et Marcos Martin avec Muntsa Vicente, le phare du village de Kings Hill - « chaque village côtier embrumé se doit d'avoir son phare » (extrait du Sketchbook, p. 118) -, localisé probablement en Nouvelle-Angleterre, joue un rôle à côté des deux principaux protagonistes, Friday Fitzhugh et Lancelot Jones - son père est le gardien du phare et le père et le fils vivent dans la maison attenante au phare.
À peine revenue à Kings Hill qu’elle a quitté pour poursuivre ses études, Friday est entrainée par Lancelot dans une enquête policière aux frontières du fantastique et du gothique, reprenant ainsi les habitudes du duo d’enquêteurs avant le départ de Friday. Mêlant flash-backs entre autres sur la rencontre entre Friday et Lancelot, sur certaines de leurs enquêtes passées, présentation psychologiques des deux adolescents et enquête en cours, ce premier tome alterne entre passé et présent, entre onirisme et action.
Fruit de la rencontre entre Ed Brubaker - Criminal, Fatale, Fondu au noir, Pulp ou Kill or be Killed - et Marcos Martin - co-créateur avec Brian K. Vaughan de la plateforme Panel Syndicate*, une plateforme de diffusion en mode « Donnez votre prix » - « name your price » -, sans DRM et directement des créateurs vers les lecteurs - « digital comics directly from creators to readers » sur laquelle avec Munsta Vicente The Private Eye et Barrier ont été initialement publiés avant des publications au format papier -, Friday est une série très prometteuse entre gothique, enquête policière et roman (post) young adult (voir les explications d’Ed Brubaker dans « Mais d’où vient Friday ? » en fin de volume) - le tout m’a fait pensé au fameux Club des cinq d’Enid Blyton, une référence que ne cite pas Ed Brubaker.
Un peu étonné que la série ne soit prévue qu’en trois tomes (si j’ai bien compris**), je me demande davantage « Mais où va Friday ? » que « Mais d’où vient Friday ? » - cela d’autant que le prochain tome ne sera publié en français qu’en septembre 2023. En fait, toute la série est déjà disponible en anglais et en espagnol, avec davantage de contenu, sur le site Panel Syndicate au format de 9 comics de 30 pages. Je ne suis pas certain de tenir jusqu’à septembre 2023 pour connaître la suite des aventures de Friday et Lancelot et vais me rabattre sur Panel Syndicate.
* http://panelsyndicate.com
** Dans « « Mais d’où vient Friday ? », Ed Brubaker parle de deux tomes suivants.
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Qui est Friday ? Une jeune fille partie à la fac qui revient dans sa ville retrouver son meilleur ami Lance et avec lui leur passe-temps favori: résoudre des mystères.
La nouvelle série de Ed Brubaker (Criminal, Fatale, Reckless...) est sortie ! Prévue en 3 tomes (le 2ème en septembre), elle plante un décor 70s vintage dans une ambiance qui fait la part belle aux légendes et aux mystères que deux adolescents s'évertuent à résoudre.
On comprend très vite que la relation entre ces deux là est particulière. Un chapitre entier est d'ailleurs consacré à remonter aux origines de leur amitié, à l'évolution de leur relation... un duo Holmes-Watson remixé avec le Club des 5 confronté à une petite ville, ses notables, son immobilisme, ses forêts où résonne encore la dame blanche.
On en sait encore assez peu sur l'enquête qui commence et je ne veux rien dévoiler mais l'ambiance est prenante. Marcos Martin au dessin et Muntsa Vicente aux couleurs réussissent à installer un décor et une atmosphère enveloppante, sombre qui oscillent aux frontières du réel.
Un premier tome original et très réussi qui fait de "Friday" une série à suivre... pas encore un coup de coeur, mais ça pourrait le devenir ! A noter un intéressant cahier graphique final avec les explications de Ed Brubaker sur les lieux et les personnages de l'histoire !
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La collection Nomad de chez Urban comics est une riche idée : proposer à prix réduits des classiques des comics en format réduit et couverture souple.
Ici deux histoires du Joker.
Killing Joke d'Alan Moore et Brian Bolland, suivie de L'homme qui rit d'Ed Brubaker et Doug Mahnke.
L'histoire d'Alan Moore est brutale et nerveuse. La scène finale vient donner une explication du titre dans un improbable fou-rire.
Attention à la préface de Killing Joke qui spoile quelques éléments - ce qui est ballot vu le peu de page de l'histoire.
A contrario, la postface du dessinateur vient donner une explication aux dernières cases, révélant que Batman est en train de
La seconde histoire était déjà présente dans Joker : Mauvaises fréquentations, album de la collection Le meilleur du comics.
Je l'avais trouvé chouette à l'époque, mais un peu en deçà de celle qui la précédait. Ici elle s'accorde parfaitement graphiquement et vient donner une efficace conclusion à ce sympathique petit album.
Au final, une porte d'entrée solide et accessible financièrement dans les méandres de l'univers du Joker.
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Grand fan de ce génial scénariste qu'est Brubaker et de son duo avec Sean Phillips : vous pouvez y aller les yeux fermés !
Criminal c'est du sang , du sexe , des gueules abimées , des casses et des règlements de compte . Le polar à l'américaine à l'état pur !
A noter que ce duo d'auteurs a contribué à alourdir mes étagères avec les BD Reckless , kill or be killed , fondu au noir , un été cruel , pulp ...que des chefs d'oeuvre !
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Grande fan du duo Ed Brubaker / Sean Phillips (Criminal, Reckless, Kill or be killed…), j'ai été attirée tel un phalène par le titre et la magnifique couverture de cette Intégrale, imaginant déjà une intrigue polardeuse et rétro à souhait.
Mais si le titre sonne comme un roman noir, si l'héroïne évoque une Ava Gardner dans Les Tueurs ou une Hedy Lamarr dans le Démon de la chair, Fatale n'est pas un polar, mais un excellent comic surnaturel.
Les histoires signées Brubaker sont toujours impécablement écrites. L'auteur navigue entre plusieurs époques, insérant des Interludes qui sont de véritables récits dans le récit initial, pour narrer l'histoire de Jo, archétype de la Femme Fatale, qui semble exercer une attirance létale sur les hommes, annihilant leur volonté, brisant leur existence au fil des décennies. Pour coller à l'intrigue, le dessinateur Sean Philips puise dans l' identité visuelle du Film Noir, décor urbain, scènes nocturnes, multitudes de personnages principaux et secondaires aux parcours marginaux...Mais au-delà du monde réel, un monde secret et dangereux se dissimule, qui semble tout droit sorti de l'imagination d'un H.P. Lovecraft ou d'un Edgar Allan Poe. le fruit du télescopage entre le Noir et le Fantastique est époustouflant, donnant naissance à une femme traquée, victime errante qui consciemment ou inconsciemment entraîne les hommes vers l'abime.
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La qualité de cette BD ne diminue nullement au fil des tomes. On continue de suivre les pensées tourmentées de Dylan. L'histoire rédigée façon journal intime, avec des sauts en arrière et retour dans le présent rends bien la façon chaotique de penser de notre personnage principal.
A ce stade, il subsiste toujours un doute quant à la nature du démon et les choses que découvre Dylan au fur et à mesure ne font que semer plus le doute.
Un drame familial, un esprit malade, une volonté de rendre justice et de se venger... mais aussi des amours compliqués et un colloc de plus en plus insupportable.
J'ai hâte de savoir ce que réserve le dernier tome de cette série et c'est sans attendre que je me lance dans sa lecture !
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Ça fait un bout de temps que j’avais envie de lire le comics à la base du film Marvel « Captain America : le soldat de l’hiver ». Le retour du sidekick de la deuxième Guerre mondiale, mort dans l’explosion d’un avion, méritait une visite et la récente réédition à prix cassé m’a fait franchir le pas.
Bon, je ne suis pas foufou des résurrections de héros ou vilains, usitées à tire-larigot dans les comics, mais là il s’agit plus d’un « coup » : le cas est déterré après soixante ans d’éclipse. De fait, il n’est pas vraiment mort – pour le coup le film suit bien le récit BD. Le corps récupéré par les Soviétiques est réparé (avec le fameux bras gauche en métal), le cerveau nettoyé, le gars transformé en machine de guerre sans âme, sorti de l’hibernation quand nécessaire. Le SHIELD a retrouvé la plupart des attentats où il était impliqué. Simple. Bien vu.
La réaction de Steve Rogers est la même que dans le film : incrédule, puis amertume, culpabilité d’avoir laissé son ami « mourir », envie de le contrer, mais surtout de le sauver, de le ramener, de le réveiller. Le SHIELD, Nick Fury et Sharon Carter en tête, font moins de sentiments : il s’agit d’arrêter une menace létale, qui a même abattu un ami de Sharon ; elle a les crocs.
C’est moins l’action que les émotions humaines éprouvées par les ressortissants qui m’ont plu. L’aspect dramatique, même tragique, est poignant.
Le dessin de Steve Epting et Michal Lark est un peu statique pour les scènes d’action, mais il fait merveilles sur les flashbacks. Sous leur plume, Rogers est un poil trop baraqué à mon goût, mais au bout d’un moment je n’y ai plus fait attention.
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Je suis conquise ! Ce deuxième tome est tout aussi prenant, très bon rythme, cette façon de narrer l'histoire est géniale. Suspense et adrénaline sont au rendez-vous. Je ne résumerai pas ou ne parlerai pas des détails de cette suite ça gâcherais le plaisir de lecture. Je m'en vais dévorer le T3 !
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Une plongée perturbante dans les pensées d'un psychopathe qui s'ignore. Je n'arrive pas à me décider s'il y a vraiment un démon ou s'il perd vraiment la boule suite à sa chute du haut de l'immeuble... Peut être découvrirai-je la réponse dans les tomes suivants ?
Les qualités de cette BD sont nombreuses : on est happés par le récit dès le début : Dylan nous raconte tout et on l'accompagne dans sa descente aux enfers au sens propre comme au figuré. Tous ses questionnements sur le droit d'ôter la vie, appliquer une justice fatale, les déviances de la société (pour ne citer que quelques sujets) sont très intéressants.
Au niveau du graphisme, c'est percutant, incisif, cru, parfois épuré, parfois détaillé mais on a toujours cette sensation d'intimité avec le personnage principal (Dylan). J'ai pris beaucoup de plaisir à lire, à m'attarder sur les dessins, à me poser les mêmes questions et réfléchir quelques minutes.
Je me dis que devenir fou et ne plus savoir où est la réalité et où est le délire, ça doit être horrible. Combien de tueurs ne justifient pas leurs actes par un "ordre impérieux" auquel ils ne peuvent se soustraire ? Que ce soit une voix dans la tête, Dieu, un démon, un prophète, etc. les exemples ne manquent pas.
Rien dans ce premier tome ne permet de trancher la question de manière univoque.
C'est d'ailleurs sans plus attendre que je me lance dans la lecture du second tome dont je vais savourer chaque planche avec plaisir.
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