Ce sont des fils de putes, mais il faut les traiter comme des envoyés de la reine d'Angleterre.
Beaucoup de ses camarades de classe étaient des fils d’officiers de marine. Ils le traitaient de bâtard, lui racontaient qu’on avait vu sa mère tapiner du côté de Recouvrance et que tout le monde le savait, même le frère supérieur. Les mêmes litanies qui avaient poussé son père adoptif à ne plus aller au bistrot du bourg. Il aurait saigné ces culs bénits, plus à l’aise dans la haine que dans la charité. Une gitane, c’était automatiquement une pute, pensaient les poivrots du village. Les sales gosses nourris de bondieuseries l’entouraient pour lui cracher au visage et insulter ses parents. Louis aimait profondément Jo et Sarah, sans doute parce qu’il sentait qu’ils devaient se battre eux aussi pour vivre leur amour. Rien ne les obligeait à l’aimer, il n’était pas leur fils, et pourtant ! Alors il se battait comme un enragé, comme un sanglier encerclé par les chiens, pour sauver sa peau. Il distribuait les coups. Chaque impact lui procurait du plaisir. Le sang de ces petites teignes ne coulait jamais assez pour tarir leur méchanceté. Les frères intervenaient toujours trop tard et lui attribuaient la responsabilité de la bagarre. Jo et Sarah recevaient avec soumission les remarques désobligeantes du frère supérieur, de peur que leur fils ne soit renvoyé. La seule bonne action de sa part consista à suggérer que, au lieu de sortir en récréation, le jeune Louis restât en étude pour éviter les incidents. Curieuse justice que celle qui prive la victime de liberté. Au bout du compte, il y avait gagné. Ses résultats scolaires étaient devenus excellents. Ce qui avait permis d’ajouter le terme de fayot à la longue liste d’insultes qu’il devait subir.
Son sac sur le dos, il s’impatienta. Tant qu’il n’aurait pas vu de quoi il s’agissait, il ne serait pas rassuré.
— C’est Gurvan, il est en haut avec maman. Elle lui a fait les premiers soins, rapporta Anna.
— OK. On y va, je te suis, lui ordonna-t-il.
Son regard ne fit qu’effleurer les trois cadavres étalés sur le sol.
— Ils ne sont pas de chez nous ceux-là ? s’enquit-il tout de même sans s’arrêter.
— Si, enfin non. Ils ont changé de bord, précisa Padraig avec lassitude.
O’Reilly n’eut pas besoin d’explications complémentaires. Son métier et sa sensibilité républicaine le plaçaient au cœur de la guerre intestine. Comme tous les gens sensés, il en avait marre. Anna le précéda dans l’escalier qui menait à la chambre de Gurvan. Padraig se tourna vers John.
— Va chercher le tracteur, attelle la remorque, il faut qu’on se débarrasse des corps.
Les plus belles choses n'ont pas de valeur lorsqu'on ne peut les partager avec l'homme qu'on aime.
(p.348)
Ouvrez-leur les yeux et enseignez-leur l’esprit
critique. Stimulez leur agilité mentale et leur
capacité d’adaptation. Insufflez-leur, vigoureusement,
que diriger, c’est prendre des risques
et non les subir.
Faites cela à votre manière en leur évitant vos
petits dogmatismes et votre tendance à tout
ramener à votre matière. Aidez-les à donner vie
à une nouvelle forme d’esprit pionnier pour
reconstruire le pays dans le nouveau contexte
d’adversité où le principal ennemi est nous-mêmes.
Aidez-les à concevoir le New Deal de
notre société qui se cherche. Donnez-leur
l’envie de dessiner de nouvelles frontières. Valorisez
leur jeunesse en leur permettant de ne
pas devoir léguer à leurs enfants la société que
nous leur laissons.
Les épaules tombantes, le mental en capilotade, mais la glycémie chargée à bloc par le petit déjeuner dont il avait encore le plateau sur les genoux, il trouva la force d’éteindre le petit écran.
Il était onze heures du matin, le soleil donnait à plein sur le parc que surplombait la large fenêtre de son studio, mais il ne parvenait pas à trouver de bonnes raisons de se lever. Il posa le plateau par terre et se glissa sur le dos, les mains repliées derrière la tête, les yeux fixés sur le plafond. Il était nu. Un léger courant d’air tiède vint lui caresser la peau. Des bruits étouffés signalaient que la vie continuait dans l’immeuble, mais il n’avait pas envie de s’en mêler pour le moment.
Au moment où le crissement des pneus confirma qu'il était en Terre sainte, Gurvan éprouva une émotion sourde, le sentiment d'arriver dans un lieu unique, sur un sol portant le fardeau de l'humanité et le miracle de l'espoir.
(p.96)
Girelli se tourna vers Le Gac.
— Tu disais que c’était la rédaction de Berria qui nous avait prévenus ?
— Exact, ils avaient eux-mêmes reçu un message téléphonique de la part d’un collectif baptisé « Le pays Basque n’est pas à vendre ». Genre : « La mairie a intérêt à se bouger le cul pour limiter la spéculation foncière sinon vous allez voir comment on va accueillir le président ».
Le Gac regretta aussitôt d’avoir agité le chiffon rouge sous les yeux de son chef.
— Ah, c’est comme ça ! Ils vont se les ronger de remords, ces fils de pute. «Costner», fit-il en se tournant vers le capitaine Vandriesche, tu va me préparer un coup de filet chez les gauchos Abertzale . J’appelle le divisionnaire pour qu’il prévienne le proc. Tu m’en choisis une dizaine, les plus vicelards. Tu pioches dans la petite liste qu’on a préparée la semaine dernière et tu organises le grand jeu : pub auprès des employeurs, du voisinage, perquisition. Tu me remues cette merde jusqu’à la nausée. Ils vont voir ce que ça coûte de jouer au con. On va les faire rissoler comme des figatellis. Ils vont connaître les quarante huit heures les plus longues de leur vie.
Rien n'est vraiment grave quand on est heureux.
(p.45)
Toujours se servir de sa tête avant ses jambes. Dans les moments difficiles, seule l'intelligence permettait de retrouver l'avantage.
(p.128)