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Citation de danielhervouet


Beaucoup de ses camarades de classe étaient des fils d’officiers de marine. Ils le traitaient de bâtard, lui racontaient qu’on avait vu sa mère tapiner du côté de Recouvrance et que tout le monde le savait, même le frère supérieur. Les mêmes litanies qui avaient poussé son père adoptif à ne plus aller au bistrot du bourg. Il aurait saigné ces culs bénits, plus à l’aise dans la haine que dans la charité. Une gitane, c’était automatiquement une pute, pensaient les poivrots du village. Les sales gosses nourris de bondieuseries l’entouraient pour lui cracher au visage et insulter ses parents. Louis aimait profondément Jo et Sarah, sans doute parce qu’il sentait qu’ils devaient se battre eux aussi pour vivre leur amour. Rien ne les obligeait à l’aimer, il n’était pas leur fils, et pourtant ! Alors il se battait comme un enragé, comme un sanglier encerclé par les chiens, pour sauver sa peau. Il distribuait les coups. Chaque impact lui procurait du plaisir. Le sang de ces petites teignes ne coulait jamais assez pour tarir leur méchanceté. Les frères intervenaient toujours trop tard et lui attribuaient la responsabilité de la bagarre. Jo et Sarah recevaient avec soumission les remarques désobligeantes du frère supérieur, de peur que leur fils ne soit renvoyé. La seule bonne action de sa part consista à suggérer que, au lieu de sortir en récréation, le jeune Louis restât en étude pour éviter les incidents. Curieuse justice que celle qui prive la victime de liberté. Au bout du compte, il y avait gagné. Ses résultats scolaires étaient devenus excellents. Ce qui avait permis d’ajouter le terme de fayot à la longue liste d’insultes qu’il devait subir.
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