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Citations de Dana Grigorcea (41)


Ils parlaient de petits riens, de choses vécues, d'anecdotes tirées des journaux gratuits, ils riaient et se taisaient, se tenaient bien fort par la main. Et tous deux se disaient que jamais ils n'avaient été aussi près de la vie.
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Quand elle descendait la petite échelle qui menait au lac, Anna prêtait attention au friselis de l'eau autour de son corps, au froid piquant, aux petites plumes de cygne qui flottaient vers elle, au reflet du ciel bleu à la surface, à cette foule de détails qu'il convient de retenir quand on pense qu'on est heureux.
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Dana Grigorcea
L’idée du roman Die nicht sterben [Ceux qui ne meurent pas] m’est venue par exemple, pendant une tournée littéraire à travers l’Amérique. Je ne me souviens plus dans quelle ville, mais je garde encore à l’esprit la scène avec cet homme qui jette des cailloux à son chien dans l’eau. Le pauvre chien cherche ce que lui jette son maître pour rapporter, mais il ne trouve rien, car les cailloux tombent au fond de l’eau. Les passants rient et crient « how owsome! » (c’est terrifiant !), quel risible mauvais tour, tandis que le chien tourne, tout tremblant, dans l’eau. Je suis si remontée, contre moi-même surtout, pour ne pas être intervenue que dans mes fantasmes je pousse l’homme dans l’eau. Je récupère donc mon geste salutaire grâce à la littérature en jetant au chien, par-dessus la tête du maître, un bâton à l’eau. Cette scène correspond à l’épigraphe du roman, extrait du roman Dracula, de Bram Stocker où il est question du Mal qui à l’instar d’une pierre jetée à l’eau provoque des cercles de plus en plus larges. C’est ainsi que j’en suis arrivée à écrire un roman sur les vampires de notre société, sur l’indignation, sur le ton de revanche qui gagne actuellement de plus en plus de terrain et sur comment c’est de ne plus se voir dans le miroir, mais d’y voir uniquement les torts des autres.
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Le champagne est une fontaine de jouvence, se disait-on les uns aux autres en remplissant de nouveau les verres, et le mari d'Anna, qui était tout de même docteur, énonçait le verdict médical : le champagne stimule la circulation sanguine, améliore le fonctionnement des vaisseaux, fait baisser la tension et empêche la formation des caillots, il aide à prévenir l'infarctus du myocarde et les attaques.
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« Il s'avérait maintenant que nous descendions du prince le plus fameux du pays roumain. De fait, affirma-t-il résolument, le sceau gravé sur la pierre tombale, ce dragon victorieux, symbole de la chrétienté, ne pouvait appartenir qu'à un homme : ce prince audacieux sans lequel, comme le disait si bien Cioran, l'histoire de notre peuple ne serait qu'un vaste champ de moutons. Car seul Vlad l'Empaleur avait marqué – à coup de pieu précisément – l'histoire des Roumains. Avant et après lui, comme à présent, hélas, notre histoire n'était qu'un désert où la sottise le disputait au grégarisme.»
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Les plus beaux villages suisses sont ceux où l'on ne fait que passer, déclara un ami pendant le trajet en train, parce qu'on ne s'y sent pas encore à l'étroit.
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La présence de Sabin me fatiguait. Les quatre hommes qu’il avait amenés étaient des Autrichiens de la scierie Schweighofer, des amis de son fils forcés de suspendre les travaux de coupe dans les Carpates jusqu’à l’issue d’un procès de corruption. Sabin leur avait tout de même procuré des permis de chasse et ils avaient, disaient ils, abattu un ours gigantesque la nuit précédente.
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Dans mon enfance, on parlait en Roumanie d’un Dracula bien précis – à savoir le dictateur roumain qui saignait le peuple à blanc : Nicolae Ceaușescu.
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Et elle se disait
aussi qu’il n’est pas donné aux humains de saisir autant de beauté et que nous manquons
de l’humilité nécessaire pour prendre la beauté comme elle vient. Non, on veut la
saisir d’une façon ou d’une autre, se l’approprier, se disait Anna. Mais on n’y arrive
pas, comment le pourrait-on ? Et cette impuissance dérange au plus haut point. Alors
on voudrait en être distraite aussitôt, par des bavardages et des confidences, par
l’indignation et l’apaisement, par toutes sortes de lectures futiles – être distraite
aussi du bar de la plage ou d’une liaison scandaleuse.
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Il ne fallait pas se sentir coupable de
tout, s’empoisonner la vie. Qu’avaient-ils fait de mal ? C’était la nature. L’être
humain est rempli d’envies et de désirs. Pourquoi aller contre ? Serait-il plus honnête
de se renier soi-même ?
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Chacun
de ses gestes lui paraissait important, orchestré, comme si des dizaines d’yeux l’observaient
– dont elle-même n’entendait pas tenir compte, elle était tout de même libre de faire
ou de ne pas faire ce qui lui chantait.
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Mais il faut bien constater, vous me l’accorderez, qu’on tend de nos jours à prendre pour argent comptant ce qui se manifeste à grand bruit et que les comportements mesurés n’inspirent en revanche que méfiance. (p.87)
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C'est donc très exactement comme ça qu'au milieu du XV°siècle le prince Vlad faisait empaler ses ennemis turcs, ils avaient encore le turban sur la tête; mais les meurtriers, les voleurs et les boyards corrompus étaient aussi promis à cette fin cruelle.
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La région ici n'était plus tout à fait comme avant, me dit Margot. Le communisme avait mutilé les gens, il leur avait ôté le sens du beau et du bien.
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Au début, les jeunes revenaient encore aux vacances bâtir leur maison avec l'argent gagné à l'étranger - ils montaient deux ou trois étages sur les parcelles de leurs parents.
"Les Italiens arrivent !" annonçaient joyeusement les vieux, et ils tuaient les dindons, les oies, les poules et tout ce qu'ils avaient à offrir.
"Pour qui, sinon pour les enfants ?"
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Et elle se disait aussi qu'il n'est pas donné aux humains de saisir autant de beauté et que nous manquons de l'humilité nécessaire pour prendre la beauté comme elle vient. Non, on veut la saisir d'une façon ou d'une autre, se l'approprier, se disait Anna. Mais on n'y arrive pas, comment le pourrait-on ?
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Il n’y avait quasiment plus de sensualité dans l’art.
Le monde de l’art était rempli d’administrateurs et de managers, et d’ailleurs le monde
entier souffrait de ce mal – peu de vision, beaucoup de gestion.
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Les plus beaux villages suisses sont ceux où l’on ne fait que passer, déclara un ami
pendant le trajet en train, parce qu’on ne s’y sent pas encore à l’étroit. L’étroitesse
vaut mieux que le pittoresque surchargé et nunuche pour touristes saoudiens, répliqua
la meilleure collègue d’Anna, et les amis de rire.
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Quel temps magnifique, n’est-ce pas, on ne pouvait pas se plaindre, vraiment pas,
se disait-on les uns aux autres. Et leur bonne humeur se prolongeait ostensiblement,
comme un défi à tout ce qui aurait pu lui faire obstacle.
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Anna demandait entre deux baisers s’il l’aimait
plus que sa femme et que toutes les femmes qu’il avait jamais désirées, et il disait
que oui, que jamais de sa vie il n’avait été aussi heureux.
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