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Citations de Charmaine Wilkerson (65)


Qu’est-ce qu’un homme, se demanda Lin, qui n’a plus de foyer ?
Lin savait que les gens le considéraient toujours comme un étranger, bien qu’il soit allé à l’école dans cette ville, s’y soit marié et y ait élevé un enfant. Bien que ses frères, comme tant d’autres, aient succombé à la tuberculose. Lin, aussi, s’était toujours considéré comme un étranger, alors même qu’il déposait ses dominos sur la table de son jardin, alors même qu’il jurait en patwa local, lors même qu’il s’asseyait sur les marches de sa véranda et dégustait une mangue cueillie sur l’arbre que son père avait planté de ses propres mains.
Tout cela changea la nuit où ses magasins partirent en flammes, la nuit où quelqu’un mit le feu au local où il travaillait depuis qu’il était timanmay, la nuit où il s’était retrouvé à s’inquiéter pour al sécurité de sa fille dans la ville où elle était née. La nuit où Lin, sans argent et sans objets à troquer, s’avoua qu’il était complétement dépassé.
Cette nuit-là, tous les noms dont les gens l’avaient affublé dans son dos, tous les airs de désapprobation qu’on lui avait adressés tandis que son enfant, dépourvue de mère et dont la peau était marron, le suivait partout, une main agrippant sa chemise, lui revinrent en mémoire, le tranchant à vif. Il comprit alors qu’il n’était pas un étranger, que cet endroit était sa seule maison, qu’il n’avait nulle part d’autre où aller. Certes, c’était Little Jian de Guangzhou qui était arrivé ici, mais il avait passé plus de temps à être Johnny « Lin » Lyncook, résident de la paroisse de Portland, à environ quatre-vingt-dix kilomètres de la capitale et beaucoup trop loin de la Chine. Il ne pouvait plus être l’un sans l’autre.
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Covey resta seule dans la maison jusqu’à l’aube, à attendre et se ronger les sangs. Ces derniers temps, Covey avait surtout cherché à éviter son père, rêvant du jour où Gibbs et elle pourraient quitter l’île ensemble ; Mais, cette nuit-là, elle ne désirait rien de plus que voir son père franchir la porte. Sa mère était partie, mais son père, non. Ses grands-parents étaient décédés, son oncle, ses tantes et ses cousins avaient déménagé, mais son père était toujours là. Cet homme égoïste, à l’esprit étroit et au sale caractère, était toute la famille qui lui restait.
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Quand elle était petite, Ma et Pa lui avaient certifié qu’elle pouvait devenir ce qu’elle voulait. Cependant, une fois leur petite fille devenue jeune femme, ils commencèrent à dire des choses comme « On a fait des sacrifices pour que tu aies ce qu’il y a de mieux ». Ce qu’il y avait de mieux pour qui ? Pas nécessairement pour Benny. Pire : apparemment, ce qu’elle était, ce n’était pas non plus ce qu’il y avait de mieux. Abandonner une bourse dans une université prestigieuse, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux. Suivre des cours de cuisine et d’art, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux. Enchaîner les emplois précaires dans l’espoir d’ouvrir un café, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux. La vie amoureuse de Benny. Ça, par-dessus tout, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux.
Benny se dirige vers le sofa et s’assied à côté du fauteuil inoccupé de son père. Elle pose une main sur l’accoudoir, se penche, respire le tissu en tweed, à la recherche d’un reste de la brillantine pour les cheveux que son père utilisait, un truc vert, démodé, tellement nocif que ça aurait pu faire démarrer un pick-up. Benny donnerait cher pour que ses parents soient de nouveau là, assis dans leurs fauteuils préférés, et peu importe s’ils ont encore du mal à la comprendre.
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Charmaine Wilkerson
De nos jours
____
Mrs Bennett


B & B, à présent, vous avez certainement compris ce que j'essaie de vous dire, que Coventina Lyncook, c'est moi, la jeune femme qui est allée vivre en Angleterre sous le nom de Coventina Brown. Ou, du moins, c'était moi. C'était il y a cinquante ans, une autre vie. Mais tout est lié.
Je sais, vous devez être sous le choc. Je suis désolée. Personne d'autre que moi ne peut vous expliquer tout ça. J'aurais pu laisser tomber, ne rien dire, vous laisser poursuivre le cours de votre vie, mais ensuite? Vous avez une soeur. Si je ne vous avoue pas la vérité maintenant, avant de disparaître, vous serez tous les trois perdus à jamais, vous ne pourrez pas vous retrouver. J'ai passé tellement de temps à vous cacher ça, mais je vous dois la vérité à présent. Je vous dois de vous raconter mon passé parce que c'est aussi votre histoire.
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Byron se décala pour révéler ce qu'il avait écrit sur le tableau: surfez la vague.
-Voilà ce que j'aimerais vous dire. Dans la vie, il faut prendre la vague et la chevaucher. Alors, que faire s'il n'y a pas de bonnes vagues dans votre coin? Eh bien, il faut aller la chercher. Et ne jamais cesser de la chercher, d'accord? Une solution, c'est de poursuivre ses études. Ne sous-estimez pas l'importance d'une bonne éducation. Parce que vous ne pourrez pas gagner...
Byron enroula ses deux mains autour de ses oreilles et se pencha vers l'assistance.
-...si vous ne jouez pas! répondirent-ils.
(page 281)
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Quand on apprend que les gens en qui on avait le plus confiance nous ont menti pendant tant d'années, et même si on comprend leurs motivations, la prise de conscience est telle qu'elle contamine toutes les autres relations existantes
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La beauté d’une chose en justifie le pillage
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Covey et Elly estimaient qu’elles appartenaient avant tout aux collines, grottes et littoraux de l’île où elles avaient grandi, mais aussi qu’elles faisaient partie de la culture qui avait influencé tant d’aspects de leur vie quotidienne. Partir s’installer en Grande-Bretagne, c’était censé être comme venir vivre chez un parent – un refuge pour deux jeunes femmes qui avaient tout perdu.
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Cependant, elle savait aussi que ce qui la rendait humaine, c’était sa capacité à dévier du chemin. Le souci, c’est que les chemins sont comme les combats, il faut bien les choisir. Et être prêt à en subir les conséquences.
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Au fil du temps, rien n’était moins sûr que Benny ait été là ce jour-là, ou même que Byron ait eu une sœur.

Qu’il y ait eu un jour une petite fille rondelette aux cheveux ondulés le suivant partout dans la maison.

Qu’elle l’ait un jour encouragé lors des compétitions nationales.

Qu’il ait un jour entendu sa voix traverser l’auditorium quand il avait soutenu sa thèse.

Qu’il y ait eu un jour où il n’ait pas eu ce sentiment d’être orphelin et en colère.
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Est-il interdit aux gens noirs en Amérique d'avoir des mains ?
Byron aimerait croire que cette épidémie de maltraitance, ces brutalités envers de jeunes Noirs américains sans défense, ce n'est que ça : une épidémie, certes longue, mais qui peut être maîtrisée. Il veut continuer à croire aux officiers de police, il veut respecter les risques qu'ils prennent, sachant que, chaque jour, ils pénètrent en territoire inconnu. Il veut savoir qu'il peut décrocher son téléphone et appeler la police s'il en a besoin. Il y a beaucoup de colère qui monte. Beaucoup de souffrance. Où vont-ils tous finir - Noirs, Blancs, tous les autres - si la situation ne s'améliore pas ? Que dirait son père, s'il savait que ça se passe encore comme ça aux États-Unis en 2018 ? Une pensée soudaine le traverse, une pensée blasphématoire : peut-être est-ce mieux que son père ne soit plus là, qu'il ne sache pas.
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[...] ne va pas penser que prendre la fuite, t'éloigner des autres, suffit pour réussir sa vie. Ça ne doit pas être une solution de facilité en cas d'ennuis. J'ai vécu assez longtemps pour savoir que ma vie a été autant déterminée par la méchanceté des gens que par leur gentillesse, leur attention et leur écoute. Et c'est en ça que ton père et moi t'avons failli. Tu n'as pas trouvé suffisamment de cette bienveillance dans notre maison pour oser y rester.
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Benedetta, dans la lettre que tu m'as envoyée, tu disais que tu ne pensais pas que je comprendrais les raisons de ton silence, mais évidemment que je comprends. Tant de vies ont été modelées par la violence, bien plus qu'on n'aimerait penser. Et tant de vies ont aussi été modelées par le silence, bien plus qu'on n'aimerait penser. Quand je suis tombée enceinte de ta sœur, c'était contre ma volonté et aucun de mes proches n'en a jamais rien su, jusqu'à maintenant. Il fallait aussi que je l'empêche de découvrir la vérité. C'est une des raisons pour lesquelles je me suis laissé convaincre de renoncer à elle.
Et puis j'avais honte. Ce qui m'était arrivé m'avait complètement prise par surprise. Je pensais travailler dans une entreprise respectable, avec un employeur généreux. Je pensais être en sécurité.
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[...] alors qu'elle espérait que son monde s'ouvrirait enfin au-delà de l'étouffement de l'adolescence, elle avait découvert que les cases où elle pensait entrer - que ce soit celles de la race, de l'orientation sexuelle, des penchants politiques - réduisaient en fait son monde.
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Il pose sa main sur la sienne et le contact avec sa paume, chaude et sèche, balaie toute la poussière de son cœur.
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Avec le temps, Eleanor Bennett n'a cessé de renoncer à des morceaux d'elle-même, si bien qu'à la fin il ne restait plus grand-chose. Famille, pays, nom, même un enfant. Et elle ne s'était pas sentie en mesure de nommer ces pertes. Benny et Byron n'auraient jamais été en mesure de combler les trous persistants, si?
Benny et Byron n'avaient jamais suffi.
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Ne pas avoir de réponse, c'était normal. Voilà ce qu'ils étaient, une famille afro-américaine d'origine caribéenne, un clan d'histoires oubliées et de cultures aux contours vagues.
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Lorsque le téléphone sonna, Marble était allongée sur un transat et observait un iguane. Elle pensait qu'elle avait eu raison de venir sur cette plage, loin de tout. Bien qu'elle ait essayé, elle n'avait pas réussi à faire taire ses doutes sur ses parents et ses origines. Elle avait besoin de réfléchir. Elle avait besoin d'être quelque part où personne n'attendrait rien d'elle. Cet endroit était parfait. Elle le sut à l'instant où elle vit cet œil noir luisant la fixer depuis l'arbre. Pendant qu'elle le regardait, l'iguane fit ses besoins qui tombèrent sur le sable, près de son visage, mais le caca, ça ne dérangeait pas Marble.
C'était une œuvre d'art, l'immobilité de cette créature, ses doigts longs et fins agrippant le tronc, cette crête sur son dos. Marble déporta son regard vers les vagues turquoise qui rampaient sur le sable blanc, inspira l'odeur de noisette émanant de sa peau qui chauffait au soleil, [...].
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Pourquoi ne m'as-tu rien dit? Pourquoi n'as-tu pas demandé de l'aide ? Pourquoi nous, les femmes, laissons-nous la honte prendre le pas sur notre bonheur? Je pensais que les choses avaient évolué depuis mon enfance, mais, apparemment, pas assez.
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Quand les gens ne comprenaient pas quelque chose, ils se sentaient souvent menacés.
Quand les gens se sentaient menacés, ils devenaient violents.
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