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Critiques de Charlotte McConaghy (71)
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Je pleure encore la beauté du monde

Ah tiens, Aline a encore acheté un livre avec des loups sur la couv'...

.

Et elle a bien fait Aline, parce que "Je pleure encore la beauté du monde" est un magnifique récit à côté duquel il ne faut pas passer. Ce roman parle d'écologie avec la réinsertion de ce grand, beau et mystérieux prédateur qu'est le loup dans des écosystèmes qui doivent être redynamisés. Il parle de femmes qui doivent encore lutter pour prendre leur place dans le monde. Il parle de plein d'autres choses encore et il serait bien vain de tenter de les résumer. Lisez ce roman sensible et sauvage, aimez les loups et allez vous promener dans les bois.
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Migrations

Charlotte McConaghy nous offre à la fois une dystopie écologique et un conte adulte.

Dans Migrations, il n’y a plus d’oiseaux. Tous ont arrêté de chanter, les poissons se font très rares. Plus d’animaux sauvages, le parc des Yellowstone est l’une des dernières forêts de pin qui existe pourtant, tu n’entends plus aucun son. Pas de loup, plus d’ours, aucun cerf, toutes formes de vie ont été décimés.

Un temps inconnu, mais qui pourrait bien être proche de notre époque.

Un seul groupe d’oiseaux reste encore, ils vont effectuer leur dernière migration. Les sternes.

Franny veut les suivre à travers leur périple et peut-être les sauver.

80 % des espèces sauvages sont éteintes, les autres connaîtront la même destinée dans une décennie, il existe des refuges où on tente de préserver les espèces… utiles. Ceux qui pollinisent, ceux qui sont importants pour l’homme. Il reste le bétail évidemment, car il faut bien manger et puis les animaux de compagnie parce qu’ils nous permettent d’oublier que tous leurs congénères se meurent.



Sa nationalité fluctue comme les marées. Marée haute, australienne ; basses, irlandaise.



« Guette les indices. Les indices de quoi ? De la vie, ils sont partout ».



Ennis, loup de mer, chef de meute. La meute c’est son équipage. Tous dépendent de lui. S’il se trompe, si l’itinéraire n’est pas le bon pour ramener le poisson pas d’argent au retour.

Léa, Malachai, Dae, Samuel, Basil et Anik.

Chacun a leur histoire, leur raison pour travailler à bord de ce bateau, à ce moment-là. Un groupe homogène avec tous, le même point commun, le désir d’être en mer pour chercher ce qui leur manquait sur terre.

Ces exilés de la terre ferme adorent l’océan, leur navire. Chacun à leur façon vit le deuil de cette vie condamnée à disparaître. Un métier qui n’existera plus quand le dernier poisson aura été pêché.



Franny, 12 ans plus tôt, collectionne les sourires, car ils sont rares et un geste agréable à observer.



Elle refuse d’abandonner son but. Pas après tout ce qu’elle a vécu et survécu ! Son cœur sauvage en abrite un autre plus calme. Dans ce cœur plus calme, il y a la voix de son mari Niall.

Elle veut aller le plus au Sud pour suivre la migration naturelle la plus longue sur terre.

Pour cela, Franny, tu as besoin du bateau d’Ennis.

Ton âme a beau être vagabonde, tu es déterminée.

Ta place c’est là où mènent les murs aux reflets argent là où sont le sel et la mer et les bourrasques.



Les oiseaux, pour elle, incarnent la solitude absolue ou son contraire. Ils représentent au cœur de l’hiver, quand la nature est endormie, la manifestation physique de quelque chose de profond. Ils sont le temps, le monde, ils sont les distances. Les latitudes et les longitudes des distances qu’ils parcourent des endroits où Fran ne pourra jamais les suivre.



Pourquoi cette obsession ? Pourquoi ce besoin viscéral de se frotter au danger ? Fran est une énigme.

Elle a été enfermée 4 ans en prison, mais pourquoi ? Est-ce cela qu’elle fuit ou est-elle en quête d’elle-même ?

Arrivée à destination se transformera-t-elle en oiseau comme la légende qu’un garçon lui a raconté, un jour, longtemps auparavant ?

Retrouvera-t-elle sa mère qu’elle n’a eu de cesse de chercher ?



Les réponses se trouvent à bord du bateau et 12 ans plus tôt

Charlotte McConaghy choisit l’alternance de temps et de lieux pour que l’on comprenne toute la complexité de son héroïne.

Une héroïne en perpétuelle migration, constamment en mouvement. Une femme dotée de nombreuses facettes notamment une part sauvage, elle la dompte parfois, parfois cette part quasiment animale prend le dessus.



Dans ce livre, il y a du blanc neige, du bleu indigo, du noir corbeau, les becs vermeils des sternes.

Il y a les merveilles et les périls de la vie et comme parfois ils se confondent.

Il y a aussi une boîte de Pandore, un passé qu’on essaie de fuir, un futur impossible

Dans ce roman, il y a le regard des animaux plein de sagesse ancestrale

Des battements de cœur qui ressemble à des battements d’ailes de papillons pris dans la lumière des phares.



Je me souviens d’un jour où, grâce aux oiseaux, je suis revenue à la vie. Plus forte que jamais

Le doux devient amer et même le ciel aux airs d’infini te paraît parfois amer

Il te faut un horizon pour toi supporter les murs. Les murs intérieurs aussi. Ceux-ci sont très épais. Tu as entouré ton cœur d’une muraille infranchissable.



Le temps de ma lecture, je me suis sentie oiseau. Un oiseau survolant l’immensité de l’océan, me posant à terre pour écouter Fran me narrer son histoire bien plus complexe, sombre et triste que je ne le pensais. Très belle aussi.

Un conte pour adulte addictif avec ses moments angoissants, ses rebondissements, les révélations, surtout dans la seconde partie, qui te donnent envie de tourner et tourner encore les pages.



Poissons décimés, océans vidés, vous avez pris et encore pris maintenant il ne reste plus rien.



Une héroïne tourmentée, inconstante, cassée, impulsive et pourtant, tellement attachante. Quand tu auras assemblé les pièces qui composent le fil de sa vie, quand tu auras assemblé les rouages de son horloge biologique avec ce qu’il s’est passé auparavant, bien avant, puis 12 ans plus tôt puis 4 ans plus tôt ; tu comprendras toute la complexité de Franny et toutes les tempêtes qui ont décimé sa vie.

Libérée de ses chaînes là enfin elle restera tranquille.



Un conte magnifique, il faut le savourer pour comprendre le sens de cette fable. Les illusions allusions, le langage parfois imagé, et puis surtout prend le temps d’observer cette immensité de bleu et de blanc. La banquise, les icebergs qui se détachent. Je les ai entendus couler dans la mer là où aucun homme n’a encore pénétré. Un sanctuaire préservé.

Laisse-toi guider par la plume de Charlotte McConaghy et ressens. Tout. Intensément.



« Le sens de la vie : notre vie a un sens très simple : il réside dans notre capacité à prendre soin des choses et des êtres et à rendre la vie plus douce à ceux qui nous entourent. »



Contrairement à la plupart des autres dystopies environnementales, celle-ci n’est ni dans l’urgence ni trop moraliste. En fait, c’est un roman tranquille. Une histoire subtile et triste d’une femme et de son chagrin.

Et c’est une histoire d’amour aussi. Pour une personne et pour une planète.

Je ne peux pas vous dire à quel point j’ai aimé ce livre.

Le début peut sembler lent, mais il est nécessaire, crois-moi, une fois que tu as passé les 150 premières pages, tu voudras savoir. Il y a quelque chose dans le personnage de Franny. Quelque chose d’indéfinissable, de brut, solitaire et confus, qui te donnent envie de savoir d’où elle vient et où elle finira. Même son âge, au départ, est impossible à deviner.



L’atmosphère créée par l’écriture de Charlotte McConaghy m’a laissé un frisson qui n’a toujours pas disparu. Elle parvient à rendre cette histoire froide, le plus simple des événements et des actions comme une brise glacée sur la nuque. Froide et pourtant tellement bleue, tellement belle.

Bien que, plutôt prévisible, je dirais que cela semble inévitable. Comme si nous anticipions quelque chose, en sachant que cela ne pouvait pas être bon. J’ai vu le point culminant du roman venir, mais cela n’a rien changé à l’impact qu’il a eu pour moi.
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Je pleure encore la beauté du monde

Après une période d'adaptation un peu longue au style d'écriture de Charlotte McCONAGHY, ce qui ne m'a pas aidée, j'avoue avoir été un peu déçue par les premiers chapitres de ce roman.



Je m'attendais à plus d'interactions entre l'homme et l'animal et aussi à être transportée en Écosse.

Mais l'auteure a été avare, à mon goût, de descriptions de paysages et de folklore de ce pays et il m'est même arrivé d'occulter totalement l'endroit où se déroule l'histoire.



Toutefois, après environ un tiers du roman, je me suis surprise à apprécier l'intrigue et les différents rebondissements.

J'ai découvert également une maladie que je ne connaissais pas et qui tient une place importante dans cette aventure.



Je reste quand même dans l'idée que les interactions entre humains tiennent plus de place dans ce roman que la relation entre l'animal et l'homme.



Et enfin, en refermant le livre, la question que je me pose encore une fois est la suivante : qui de l'homme ou du loup est le plus sauvage et le plus dangereux ?
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Migrations

« Les animaux meurent. Bientôt nous serons seuls ici-bas. » Ainsi s’ouvre « Migrations » de Charlotte McConaghy. Nous sommes bien sur terre, ou ce qu’il en reste. Peu à peu, celle-ci se vide de toutes les espèces animales qui la peuplaient autrefois. Une extinction de masse. Franny Stone est passionnée par les oiseaux, tout particulièrement les Sternes arctiques. Son objectif est de prouver que toutes les espèces animales ne sont pas éteintes et qu’il reste de l’espoir. « La Sterne est l’animal qui effectue la plus grande migration de tout le règne animal : elle fait l’aller-retour entre l’Arctique et l’Antarctique en moins d’un an. »



Franny embarque à bord du Saghani en persuadant son capitaine Ennis Malone de dévier de sa trajectoire pour suivre 3 Sternes qu’elle a précédemment baguées en lui promettant des bancs entiers de poissons à pêcher. Mais Franny n’est pas tout à fait la femme qu’elle laisse paraître. Au fond d’elle se cachent de lourds secrets que le lecteur découvre dans des apartés, sous forme de retour en arrière, 12 ans plus tôt, 4 ans plus tôt, sous d’autres cieux.



« Migrations » est un superbe voyage vers L’Antarctique, ce lieu un peu mythique qui ne s’atteint que par une solide volonté. Le voyage que propose l’auteur est semblable à un château de cartes qui s’écroulerait au gré de l’avancée. Le bateau fend les océans, et derrière lui, le monde s’effondre. Dans ce futur proche sans réelle datation, le réchauffement climatique a progressivement tué toute vie animale, transformant par extension celle des hommes. La plume de Charlotte McConaghy incarne à la fois ce monde en perdition, mais décrypte également une migration personnelle, un exode intime, une fuite introspective : celle de Franny. « Toute ma vie n’aura été qu’une longue migration sans destination, autant dire une migration qui n’avait aucun sens. Je pars toujours sans raison, juste pour être constamment en mouvement, et cela me brise le cœur en mille, dix mille morceaux. Quel soulagement d’avoir enfin un but. » Au gré des pages, Franny se raconte. Le lecteur sent bien qu’elle est en recherche de paix intérieure, mais pourquoi ? Sous sa mélancolie racontée lors des évènements du passé se cachent une forme d’acceptation, un renoncement assumé, une résignation qui touche à l’intime d’une vie et à l’intégralité de son existence sur terre. « Je m’étends sur le dos, plus perdue que jamais, parce que je n’ai pas le droit au mal du pays, je n’ai pas le droit de me languir des choses que j’ai si opiniâtrement laissées derrière moi. Ce n’est pas juste d’être parfaitement capable d’aimer, mais absolument incapable de rester. » Il y a entre Franny et la nature un attachement singulier. L’auteur décrit magistralement ce lien indéfectible qui la relie par exemple à l’océan ou à toute forme d’étendue d’eau en faisant d’elle une « selquie », une créature mi-humaine, mi-phoque capable de s’immerger dans les eaux les plus froides du globe, un rituel proche d’une purification de l’âme, dont les effets ralentissent les flux sanguins, et les pensées néfastes. Franny se cherche, Franny veut aller au bout du monde pour aller au bout d’elle-même, car Franny cherche la rédemption.



J’ai été profondément émue par cette femme résiliente, mais au fond si délicate, cherchant à faire la paix avec elle-même tout en déployant cette force tenace pour accepter son passé et ses démons, se raccrochant aux promesses qu’elle s’est faites à elle-même et aux autres. Malgré le maelstrom d’un monde qui s’écroule, elle conserve cette ardeur vitale pour arriver au bout du chemin fixé, au cœur d’une nature qui bataille pour préserver son aspect sauvage et indompté. « Pourtant, dans notre mégalomanie et notre quête obsessionnelle du “sens de la vie”, nous avons oublié l’essentiel : préserver la planète qui nous a tous vus naître. »



Sous le prétexte de suivre les Sternes arctiques, Charlotte McConaghy met en lumière quelque chose de plus viscéral, de plus instinctif, mais aussi de plus impérieux : « échapper à sa prison de peau pour enfin vivre libre. » Elle le fait remarquablement bien, en vaporisant, par petites touches, les combats et les émotions d’une femme qui fait le point sur sa vie. Happé par les émotions de Franny, l’avancée vers l’Antarctique et les digressions du passé, je n’ai pu qu’être réellement charmée par la force des mots et des idées qui sont développées ici. Malgré l’angoisse que peut représenter la thématique centrale, la disparition progressive de notre terre telle que nous l’avons connue, ce récit m’a apaisée, comme si, moi aussi, il m’avait été offert l’occasion de faire la paix avec moi-même. « Quand on se lance dans l’ultime migration, non seulement de sa vie, mais de toute son espèce, on ne rebrousse pas chemin au dernier obstacle. Peu importent la fatigue et la faim, peu importe que l’espoir ne soit plus qu’un vague souvenir. Il faut aller jusqu’au bout. »
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Je pleure encore la beauté du monde

« Je pleure encore la beauté du monde » est un livre superbe qui passionnera ceux qui aiment la nature et les animaux. Si son intrigue se met en place doucement, elle nous tient ensuite complètement en haleine. L’héroïne va devoir défendre les loups tout en tentant de se reconstruire, elle et sa sœur. L’autrice nous faire réfléchir à la fois sur les conséquences du dérèglement climatique et sur la place du loup pour sauvegarder une nature meurtrie. Mais au-delà apparait toute une réflexion sur les violences des hommes entre eux et avec les animaux, qui interroge sur la place de l’humain parmi les vivants. Une très belle histoire de résilience au cœur de la nature, magnifiquement écrite, pour ne rien gâcher !
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Migrations

Dans un futur proche où 80% des espèces animales ont disparu dans leur état sauvage – dont la quasi-totalité des oiseaux et des poissons –, une experte en ornithologie persuade un groupe de pêcheurs de l’accepter sur leur chalutier pour suivre ce qui pourrait être la dernière migration d'une volée de sternes arctiques, du pôle Nord jusqu'au pôle Sud. Des retours dans le temps à différentes périodes de sa vie éclairent petit à petit le lecteur sur le passé (sombre) de la narratrice, éternelle déracinée.



J'ai lu en seulement quelques jours ce roman, qui, sans être haletant, s'est avéré très absorbant, tant on est plongé dans la psyché complexe de la narratrice et on a envie de comprendre ses motivations. La lecture peut cependant parfois être un peu déprimante – notamment parce qu’on reconnaît dans cette dystopie un avenir qui pourrait devenir réalité –, même si l’histoire n’est pas complètement dénuée de notes d’espoir, et le récit frôle souvent le pathos. J'ai aussi trouvé que, à part la narratrice et son mari, les autres personnages - en particulier le groupe de marins auquel elle se joint - manquaient un peu de consistance.



Le roman pose en outre des questions intéressantes sur l’écologie et plus généralement sur la relation de l’être humain avec la Nature, sans toutefois proposer d’analyse vraiment profonde du sujet.



Cet ouvrage m'a paru sur le coup intéressant sans plus, pourtant j'y repense encore quelques semaines après l'avoir terminé.

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Je pleure encore la beauté du monde

« On avait huit ans le jour où papa m’a coupée en deux, de la gorge jusqu’au bas du ventre. »



Première ligne de ce livre. Bon, et bien, voyons la suite…



Inti Flynn, australienne et biologiste est chargée de la réintroduction des loups dans les Highlands écossaises. Bien entendu, cela ne va pas sans mal avec les éleveurs de moutons. Pensez, ils ne pourront plus faire paître leur cheptel en liberté. La présentation a été houleuse !! et lorsque Inti a libéré les loups, c’est pire. Un d’entre eux est plus violent que les autres, Stuart Burns, celui-là même qu’elle retrouve mort en forêt, bien amoché. De peur que les villageois s’en prennent aux loups, elle l’enterre. Oui, mais, si les loups ne sont pas responsables, ce qu’au fond d’elle, elle pense… Qui est responsable de la disparition de cet homme violent avec sa femme, ses animaux, les autres?



Inti s’en ouvre à sa sœur jumelle, Aggie, muette, traumatisée par un évènement certainement tragique qui l’empêche de sortir, de parler. Elles communiquent entre elles par un langage des signes qui leur est particulier et leur permet de ne pas être comprises des autres. Avant c’était Aggie qui protégeait sa sœur atteinte de synesthésie, qui fait qu’elle ressent dans sont corps tout ce que l’on inflige à l’être devant elle, que ce soit humain ou animal. Maintenant, c’est à Inti de s’occuper de sa sœur, de l’entourer, d’être là dans son enfermement.



Les parents, parlons-en. Un père qui vit dans la forêt près de Vancouver et qui leur a appris la survie en milieu sauvage. La mère, habite en Australie, avocate, il est hors de question qu’elle vive à la campagne.



Charlotte Mc Conaghy dépeint une nature envoûtante, sauvage et tisse un suspens qui va crescendo.



« Je pleure encore la beauté du monde », superbement écrit et traduit, est un hymne à la nature, la faune sauvage, la résilience. Il y est également question de la violence faite aux femmes, alors que tout le village le sait, le voit et ne dit rien, voire en profite. Les personnages principaux ou secondaires sont vrais, le paysage des Highlands est partout dans ce livre.



Un livre dense, captivant, addictif qui m’a valu une nuit écourtée, mais c’était si bon !! Bien sûr, un coup de cœur pour ce premier roman de Charlotte Mc Conaghy. La couverture est superbe.



Merci à la si gentille et ouverte libraire qui m'a proposé cette lecture. J'ai eu raison de lui faire confiance, comme d'habitude !
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Migrations

Voilà un roman qui tranche agréablement avec toutes mes lectures actuelles et qui m’a apporté un vent de renouveau rafraîchissant aux odeurs d’embrun, aux clameurs des goélands et d’un océan déchaîné qui se brise sur la coque du chalutier. Pas seulement. Il y a aussi de ces nausées terribles provoquées par le bouillonnement des vagues, de la raideur de la collision avec ces icebergs. C’est un premier roman choc de l’auteure australienne Charlotte McConaghy, qui met au premier plan son attachement au monde animal, cette menace d’extinction qui pèse de plus en plus sur lui, ainsi que cette peur de tout voir basculer et disparaître irrémédiablement, tout en explorant le thème fort de l’ancrage familial à travers celui du voyage.



C’est un roman qui sonne comme un avertissement terrible avant que l’irréparable n’arrive, puisque l’auteure en a presque fait une dystopie : Nous sommes dans un monde ou presque tous les animaux sont sur le point de disparaître, le loup gris, par exemple, n’y est représenté que par un dernier individu miraculeusement découvert, les poissons ont été péchés massivement et ne sont guère visibles qu’à travers de rares bancs. C’est un monde, pas si dystopique au fond, qui s’apprête dangereusement à être le nôtre si nous continuons aveuglément dans la voie que nous avons prise. Charlotte McConaghy construit une histoire d’amour, celle de Franny et de son mari Niall, avec ses drames, les responsabilités de chacun au sein de ce monde en mauvaise posture. Et surtout, l’auteure australienne reconstitue une Franny, issue d’une famille déchirée entre Australie et Irlande, qui recherche désespérément des survivants, ce qui lui rester encore, car tous comme les oiseaux qu’elle va suivre, elle semble être la dernière représentante d’une famille anéantie par la vie et l’homme.



L’histoire de Franny est totalement liée à ces animaux qui disparaissent, mais encore plus aux oiseaux, car c’est à travers eux qu’elle a fait la connaissance de celui qui sera son mari, ornithologue de renom. Lui est un homme bien planté sur sa terre, sa nature à elle au contraire est semblable à ces oiseaux migrateurs, il faut qu’elle se déplace pour survivre, qu’elle voyage d’un bout à l’autre du monde, elle ne peut pas se fixer. Peut-être est-ce dû à son identité qu’elle partage entre ses ancêtres irlandais et cette Australie où elle a grandi, peut-être à l’éclatement de sa famille, Franny après la mort de sa mère est partie migrée à l’autre bout de la planète, peut-être est-ce sa nature profonde aussi. Comme ces Sternes arctiques qu’elle va poursuivre jusqu’en Antarctique.



C’est à rebours que nous prenons connaissance du drame de Franny, alors même qu’elle s’est mise en tête de poursuivre les déplacements migratoires des oiseaux, qu’elle a bagués en Arctique, au fur et à mesure de son périple en mer dans un bateau de pêche, ou elle a fini par se laisser accepter. Parmi les meilleures pages, on compte celles ou elle apprend à faire connaissance avec l’équipage de marins du Saghani, où elle s’initie à leur activité journalière sur le bateau, à nouer des relations presque intimes avec eux, à comprendre cet attachement avec la mer qui peut les pousser à prendre la semaine pendant de si longues semaines, et surtout elle qui combat contre l’extinction des animaux, ce qui les pousse eux à dépeupler les océans de ses derniers océans. Malgré une inimitié réciproque, Franny devient part entière de cet équipage en s’intégrant peu à peu dans cette drôle de vie de famille, l’intimité n’existe plus, ce qui pour une déracinée comme elle, est une nouvelle expérience.





Franny qui aime par-dessus tout bourlinguer, c’est un voyage initiatique qu’elle accomplit là, autant sur le plan physique que psychologique, s’initiant à une vie nouvelle. Celle qui prend la mer totalement éteinte est devenue une autre femme, assumant ses erreurs, en choisissant une direction dans sa vie, qui l’amène bien au-delà de ce qu’elle pensait arriver. En plus de vivre et respirer sur le pont du navire avec elle, nous nous prenons au jeu de cette course après les sternes arctiques, ou après cette pêche en or à laquelle rêve le Capitaine, qui portent finalement l’espoir d’un avenir encore possible pour le monde animal, pour l’humanité ou pour leur propre avenir.



Ce roman m’a apporté une bouffée d’oxygène salutaire, depuis ce Groenland glacial aux mers déchainées et solitaires, même si c’était là était tout sauf une croisière de plaisance qu’a effectué là la jeune femme irlandaise, qui a passé le filtre des tempêtes, icebergs et autres obstacles naturels, J’ai profité avec plaisir de ces paysages, de ces grands espaces, qu’a su décrire l’auteure, en même temps que j’ai appris à connaître Franny ainsi que les raisons profondes de sa propre migration. Même si les animaux sont en voie de disparition dans ce roman, tout n’est pas entièrement noir, et l’auteur nous laisse, ainsi que ses personnages, avec un dernier espoir, surement faible, néanmoins bien présent et tangible.
















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Je pleure encore la beauté du monde

DE TOUTE BEAUTÉ ✨️💙



Inti Flynn gère un programme de réintroduction des loups dans les Highlands écossais. Les animaux sauvages sont nécessaires à l'équilibre de l'écosystème actuellement menacé face à l'urgence climatique. L'enjeu est grand mais la bataille s'annonce ardue tant les incompréhensions demeurent. Un territoire sauvage et un monde exploité par l'homme qui peinent à cohabiter. Quand un berger est retrouvé mort... c'est le drame et Inti sera prête à tout pour protéger ses loups.



Je pleure encore la beauté du monde. Rien que le titre est une invitation. Suspense et nature writing s'entremêlent pour nous livrer une fiction tellement riche. L'écriture est belle, les personnages touchants, les paysages sublimes. Cette meute de loups m'a invitée à découvrir son territoire et j'ai été happée. Parfois même, bouleversée par ses hurlements. L'opposition entre pro et anti-loups est passionnante et le sujet est abordé avec intelligence, sans parti pris.



J'ai découvert aux côtés d'Inti la synesthésie visuo-tactile, la biologiste fait des douleurs d'autrui, siennes. Des émotions exacerbées, un lien à la nature particulier et une sœur à sauver.

Les sujets abordés sont multiples mais le mélange est délicieux. Je préfère ne pas vous en dire trop sur la teneur des événements pour vous laisser tout le plaisir de la découverte, sachez simplement que suspense, émotions et contemplation sont au rendez-vous.



Un roman d'une beauté fulgurante qui met en avant nos failles et ce que nous serions prêts à faire par amour, par vengeance, par amitié, par sororité.

Bref, c'était magnifique et je recommande vivement ! ✨️
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Je pleure encore la beauté du monde

« On avait huit ans le jour où papa m’a coupée en deux, de la gorge jusqu’au bas ventre. »



Voilà comment débute ce roman, entre malaise et incompréhension. Aggie et Intie sont jumelles, elles vivent entre l’Australie et le Canada, entre mère et père.



Leur père leur fait découvrir les grandes forêts de Colombie Britannique, les rapproche de la nature, au plus près des derniers animaux sauvages qui vivent librement.



Leur mère les endurcit, surtout Intie, compte tenu de son don particulier…



À l’âge adulte, elles ne se quitteront pas et Aggie suivra Intie dans les Highlands en Ecosse pour l’aider à réintroduire des loups. Mais rapidement elles vont faire face à l’hostilité du monde et des hommes, dominés par leur peur et leurs préjugés.



Quel roman fabuleux ! Les descriptions de la nature sont à couper le souffle. J’ai eu l’impression de vivre au milieu des loups, de les sentir, de caresser leur pelage. Et puis, quel portrait de femmes ! Dans ces nuits noires, hantées par l’hostilité des hommes, Intie brille. Je pleure encore sur la beauté de ce roman.



À mettre dans toutes les mains, urgemment !
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Migrations

BON j’ai terminé Migrations de Charlotte McConaghy eeeet c’était bien mais pas fou non plus. Forcément, en lisant que c’était super déprimant j’avais quelques attentes, et puis j’en ressors sans avoir versé une seule larme, c’est un peu raté.



C’est l’histoire de Franny, une femme pas très stable qui, dans un futur plus ou moins proche où les animaux sont quasi disparus, décide d’intégrer coûte que coûte un bateau de pêcheurs (détestés par la population pour leur implication dans la disparition des animaux) pour pouvoir suivre la dernière migration des Sternes arctiques.



Et a mesure que l’on constate la fragilité de la nature et des animaux, on se rend compte que Frannie, ce drôle d’oiseau, est également au bord de la rupture.



C’est un beau livre, un récit intéressant, au fur et à mesure on commence à comprendre Frannie et son histoire, ce qui l’a mené ici et c’est assez touchant mais ça reste un personnage assez complexe et je ne sais pas trop quoi en penser une fois le livre terminé. C’est un livre assez poétique et mélancolique, mais il m’a manqué un vrai attachement aux personnages pour un peu plus d’émotions !
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Je pleure encore la beauté du monde

Un titre magnifique, une couverture inspirante, une présentation qui fait envie et un contenu subtil, bien pensé et porteur de sens. Tous les ingrédients d’un coup de cœur.

Inti Flynn est une biologiste australienne, elle est venue, avec son équipe, s’installer en Ecosse, dans le but de réintroduire des loups dans les Higlands afin de rééquilibrer la présence des cerfs (trop nombreux, le loup sera leur prédateur) et ainsi permettre à la forêt de reprendre sa place.

Mais venir avec quatorze loups gris dans ses « bagages », dans un coin où les troupeaux sont nombreux, n’est pas simple. Les habitants lui font vite comprendre qu’au moindre problème, ils n’hésiteront pas à se débarrasser des loups.

Int souffre de synesthésie visuo-tactile, c’est la capacité de ressentir la douleur et les émotions des autres. Elle perçoit les souffrances, les douleurs, de ceux qu’elle côtoie (les loups, les amis, les hommes et les femmes qu’elle rencontrer). Elle peut donc s’évanouir sous le coup de la douleur ou se sentir très très mal. C’est handicapant car ça va plus loin que l’empathie ou le partage.

« Papa me disait souvent que mon don le plus précieux était ma capacité à me glisser dans la peau d’un autre humain. Il me disait que j'étais la seule à pouvoir ressentir ça, la vie d'un autre, l'éprouver vraiment et me balader avec. Il disait que le corps sait un tas de choses et que moi, je possédais ce don miraculeux de ne pas connaître qu'un seul corps. L'incroyable intelligence de la nature. »

Int aime son métier, elle le doit en partie à son père qui l’a emmenée très jeune, avec sa sœur, dans la nature. Mais sa profession la consume. Les liens, qu’elle tisse avec les loups, sont forts, ils ont une place prépondérante dans son quotidien. Elle est prête à tout pour eux. Toute son énergie est tournée vers eux, leur bien-être, quitte à s’oublier elle-même. Elle les trouve beaux, ils font partie de sa vie, de ses fibres -j’irai presque jusqu’à écrire- « maternelles ».

« Quand on parle de préservation, de sauver cette planète, il faut commencer par les prédateurs. Parce que tant qu’on ne les aura pas sauvés eux, on n’aura aucune chance de sauver le reste. »

« Moi, je vois leur puissance subtile, leur patience immense et leur beauté incomparable. »

Le récit oscille entre passé, présent, observations de la meute, questionnements sur des faits bizarres, ressentis exacerbés de Int. On découvre les personnages, les gens qu’elle rencontre, les rapports qu’ils entretiennent. La psychologie, l’approche humaine sont importantes. De nombreux sujets sont abordés, la gémellité, la violence mentale et physique (et les traces indélébiles qu’elle laisse), le besoin de sauvegarder la nature et ceux qui l’habitent etc.

C’est un magnifique texte (bravo à la traductrice) où les mots sont choisis pour exprimer toute une palette visuelle dans les descriptions, sensible dans les émotions. Chaque phrase est sublimée par l’atmosphère qui se dégage de ce roman. On peut parler de thriller écologique mais ce raccourci est bien trop réducteur. Je ne sais pas si on peut mettre cet écrit dans une case, il est tellement complet et bouleversant. Int et son amour des loups sont inoubliables ….


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Je pleure encore la beauté du monde

Inty Flinn débarque en Écosse avec 3 loups et une équipe de scientifiques avec l'objectif de réintroduire les canidés depuis longtemps disparus dans les Highlands. Tous vont devoir prouver aux habitants du village que la réintroduction du loup dans les forêts est une nécessité pour sauver l'écosystème et lutter contre le réchauffement climatique.

Inty est une femme secrète et sèche, qui semble cacher de nombreux démons. Mais pour le bien de son projet et pour éviter des conflits inutiles avec les villageois, elle va devoir apprendre à mettre de l'eau dans son vin...



Un roman d'une grande force qui nous plonge dans le quotidien des loups et des hommes, qui sont encore trop effrayés par ces animaux.
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Je pleure encore la beauté du monde

Pour l’héroïne de ce roman au cadre contemporain, Inti Flynn, la beauté du monde c’est avant tout la nature sauvage, incarnée principalement par les loups, sa passion. Elle a pour mission en tant que biologiste de les réintroduire en Ecosse, objectif : lutter contre le réchauffement climatique par le biais de la chaîne alimentaire. Le récit de Charlotte Mc Conaghy n’est pas seulement une magnifique et passionnée description de cet univers, il nous parle aussi de transmission et de liens familiaux distendus, un père et une mère aux antipodes l’un de l’autre, une sœur jumelle brisée par une mauvaise rencontre et dont elle prend soin, un meurtre. Il y a de quoi pleurer en effet, de quoi se convertir de personnalité douce en caractère dur pour notre super héroïne. C’est donc aussi un roman féministe, qui questionne la violence, le tout enchâssé dans la trame d’un roman policier. Le mélange des genres fonctionne très bien, servi par une belle écriture et le roman nous tient en haleine, subjugués jusqu’au dénouement. Les loups sont-ils fautifs ou seulement les humains ?
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Je pleure encore la beauté du monde

J'ai eu un vrai coup de coeur pour ce livre, une lecture poétique et juste où les problèmes environnementaux rencontrent les problèmes sociétaux. Je pense qu'il est vraiment question de cela dans ce récit : aucun projet écologique ne peut survivre dans un contexte où la société est en souffrance.



On pourrait croire que l'entreprise est simple, réintroduire des loups en Ecosse pour régénérer la forêt. Pourtant tout va s'épaissir : les personnages, les enjeux et le scénario, avec une habilité remarquable il faut dire. Ce livre est une représentation authentique de toutes les difficultés qui se trament avec le retour des grand prédateurs. Ont-ils une place, ne serait-ce qu'à l'écart de la société sinon dans la société ? Est-ce qu'un débat pro ou anti loup a réellement du sens ? Ne faudrait-il pas plutôt que toutes les parties prenantes s'ouvrent aux autres ? Et puis au fond, qui du loup ou de l'homme est le véritable monstre ? Lequel est le plus à craindre ? Car si le mystère est un loup, l'homme reste un mystère...



Ce sont toutes ces questions qui vont nourrir un scénario bien ficelé, qui m'a embarqué du début à la fin, une fin d'ailleurs étonnante mais si féconde... Tout s'entrecroise avec beaucoup d'intelligence. Les passages sur la beauté de la nature sont magnifiques, il y a un véritable soin de l'écriture. Chaque sujet abordé est approfondi, jamais hasardeux. C'est fluide, sensé et palpitant. J'ai adoré.



La beauté du monde pourra-t-elle nous faire oublier sa cruauté ?



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Je pleure encore la beauté du monde

Du très positif qui côtoie du assez négatif!

J'arrivais presque à la moitié, . De plus, Inti, l'héroïne, me tapait sur les nerfs. Toujours à foncer dans le tas, toujours à prendre à rebrousse-poil tout le monde. Il m'a fallu une semaine pour arriver là, et je commençais vraiment à me demander si j'allais arriver au bout. Les loups et les Highlands ont été les seuls à m'accrocher.

Et puis, enfin, l'intrigue s'est installée, l'histoire a décollé. Inti est devenue plus intéressante, les personnages se sont étoffés. L'histoire parallèle d'Aggie s'est précisée, même si elle peut se deviner très rapidement. À partir de là, je n'ai plus lâché le livre, et je l'ai terminé en deux jours.

La fin est magnifique. Pas totalement crédible peut-être, mais j'ai été emportée malgré tout. Les loups et les Highlands y ont à nouveau été pour beaucoup!

Bref, si vous cherchez une histoire Nature writing, sans concession sur la destruction de l'écosystème par l'humain, avec une belle incursion dans le monde du loup, je peux vous le conseiller.

Accrochez-vous juste jusque la moitié !
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Je pleure encore la beauté du monde

Je pleure encore la beauté du monde, ce n'est pas juste un roman qui parle d'écologie, de ré-ensauvager Highlands écossais pour lutter contre le réchauffement climatique.



C'est aussi une histoire de liens : entre deux sœurs qui essaient de se sauver l'une l'autre et de se reconstruire, entre deux mondes qui se confrontent avec violence, entre les Hommes et les loups, entre la haine, la peur et l'amour.



L'autrice glisse un peu de tout dans son roman : avec une intrigue polar qui vient s'ajouter au fil de l'histoire pour notre plus grand plaisir. On piste, on essaie de reconstruire la toile du passé pour comprendre le présent.



Entre instinct de protection et violence de la réalité, ce récit est fort.

La fin est un peu "facile" à mon goût, mais ça ne vient pas entacher le reste de l'histoire.
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Je pleure encore la beauté du monde

Plongez au cœur des forêts écossaises au côté d'une naturaliste très particulière qui travaille à la réintroduction du loup. Son problème : les habitants des environs, peu enclins à accueillir un autre prédateur qu'eux sur leurs terres. Alors si le cadavre sur lequel elle tombe vient à être découvert, elle se dit que cela ne jouera pas en sa faveur.



Cette fiction mêle avec habilité et intelligence divers sujets très actuels comme les violences conjugales, l'écologie et la relation avec la nature mais aussi aux autres et bien évidemment la question de la réintroduction du loup dans les espaces dont il a été chassé.



Une lecture aussi instructive que divertissante qui plaira à tous les amoureux de la nature.
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Je pleure encore la beauté du monde

"Je pleure encore la beauté du monde " un titre qui ne laisse pas indifférent et dont on attend beaucoup. Le roman est aussi beau que le titre : partant d'un sujet d'actualité qui est le dérèglement de la biodiversité, Charlotte McConaghy nous plonge dans les émois d'un personnage complexe. Inty est biologiste, jumelle atteinte de synesthésie, enfant cabossée et adulte en détresse. Elle vient en Écosse pour réintroduire des meutes de loups dans la forêt des Highlands. Cela va devenir un conflit avec les éleveurs mais également un combat contre la violence conjugale ainsi qu' avec elle même. Destruction, reconstruction est la thématique de ce roman à tous les niveaux : écologique, humain et personnel. Tout est une question d'équilibre.
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Je pleure encore la beauté du monde

Une fable écologique, à laquelle se mêlent la puissance du thriller et l’intensité du roman psychologique : un récit haletant, poétique et bouleversant.





L’arrivée d’Inti Flynn, responsable du « Caingorms Wolf Project », dans les Highlands écossais, vient bouleverser le quotidien des habitants : alors qu’avec son équipe, elle a pour mission de réintroduire le loup dans la région afin de régénérer l’environnement, elle se heurte à l’hostilité des paysans. Comment les réconcilier avec cette figure tant redoutée que fantasmée ? Comment concilier des intérêts aussi antagonistes, surtout quand chacune des deux parties est convaincue du bienfondé de ses arguments ?

Alors que l’autrice a réussi à me saisir avec un incipit redoutable d’efficacité, certains passages au début de l’oeuvre, confèrent au roman une portée didactique qui vient rompre la magie romanesque pour servir le discours engagé.

Si, comme moi, ce mélange des genres vous agace, ne refermez pourtant pas le roman. Il recèle bien d’autres qualités à côté desquelles il serait dommage de passer.



D’abord, la narratrice parvient à nous transporter dans cette région de l’Ecosse où la nature domptée par l’humain côtoie une nature sauvage et majestueuse : sous les yeux d’Inti, on re-découvre les paysages des Caingorms dont la beauté est à couper le souffle, chaque saison révélant une palette de tons inégalée. Cette acuité exceptionnelle exercée durant l’enfance aux côtés d’un père naturaliste, se mêle chez la jeune femme à une sensibilité pathologique : vécue le plus souvent comme un handicap face aux humains, elle lui offre pourtant des instants de grâce durant lesquels, en symbiose avec la nature, elle semble en comprendre la langue originelle. De ces moments privilégiés émane un souffle poétique vibrant et puissant.



Ce décor majestueux sert de cadre à une histoire qui m’a littéralement happée, tant l’intrication des deux intrigues s’y déploie habilement. D’un côté, Charlotte McConaghy sait maintenir ses lecteurs en haleine en nous plongeant dans l’univers du thriller : comme prévu, avec la réintroduction des loups, les cadavres se multiplient. Pourtant, si comme Inti en est convaincue, ces prédateurs ne sont pas les coupables, qui vient donc rôder à la nuit tombée pour assouvir sa soif de violence ? Le mystère perdure jusqu’à la fin.

De l’autre, l’autrice parvient à créer des personnages complexes et nuancés qui se dévoilent progressivement, aux lecteurs et à eux-mêmes, grâce aux va-et-vient temporels. Je pense bien sûr à l’héroïne : défiante et animée d’une colère froide, elle ne semble pouvoir s’apaiser qu’au contact de la nature et des loups. Je pense aussi aux personnages secondaires, tels Angie, la soeur jumelle d’Inti : autrefois extravertie et polyglotte, elle est devenue une ombre, ne s’exprimant que par signes. Quel événement traumatique a transformé les deux soeurs ? La vérité ne pourra émerger qu’à la fin du roman, à l’issue d’un douloureux travail introspectif.



Enfin, dans ce décor sauvage se déploie une violence humaine aux visages multiples que l’autrice analyse avec finesse : à l’opposé de la violence instinctive du loup qui « passe sa vie à mourir lentement de faim », la violence humaine apparait comme un langage vain, celui des frustrés, des impuissants, des vulnérables pour tenter d’assouvir leur soif de domination. Est-il possible de sortir de son cercle infernal et vicieux ? Quels remèdes lui opposer pour tenter de se réconcilier avec soi-même et avec les autres ? La confrontation de l’humain avec le loup permet enfin de questionner fructueusement notre rapport à l’autre et au monde.




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