Un débat du festival de Mediapart au 104, animé par Lénaïg Bredoux. Avec Cécile Andrzejewski (journaliste Youpress), Laura et Maeva (association «Pour une MEUF»), Marie-Hélène Lahaye (blogueuse).
Syndicats, infirmières, internes, aides-soignantes, médecins, patients, toutes celles et tous ceux qui font vivre les établissements publics de santé n'en peuvent plus de le répéter : ces lieux sont à l'agonie. Une agonie d'autant plus douloureuse que le personnel soignant ne ménage pas son dévouement.
Véritable cocotte-minute, l'hôpital public français menace d'exploser depuis des années.
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Une fois son agression racontée, la technicienne lève la tête. Pour se prendre une gifle en pleine face : son chef éclate de rire. "Évidemment, vous vous êtes laissé faire", lui balance-t-il.
L'excuse, souvent rabâchée, de la dureté du métier - confrontation à la mort, à la maladie, à la nudité - ne convainc en rien la présidente du Comité national contre le bizutage. " Ce n'est pas parce qu'on se retrouve face à la mort qu'on va forcer une fille à montrer ses seins ou à mimer un acte sexuel ! Enfin, quel est le rapport ?" s'emporte-t-elle ?
C'est que, dans la tradition carabine, la connotation sexuelle est partout. Il s'agit même d'une
" caractéristique" des pratiques estudiantines en médecine, si l'on en croit Marie-France Henry, présidente du Comité national contre le bizutage.
Ce que confirme l'anthropologue Emmanuelle Godeau dans un livre consacré à la formation des internes en médecine : " Chez les carabins, l'exhibition des attributs sexuels fait partie du langage de la coutume, dans sa forme la plus extrême."
Pages 76-77
Réf : Emmanuelle Godeau, "L'esprit des corps. Sexe et mort dans la formation des internes en médecine ", Maison des sciences de l'homme, 2007.
…on ne critique pas comme ça l'esprit Carabin, cette culture propre aux étudiants en médecine, faite de chansons paillardes, de blagues à caractère morbide ou sexuel, de pratiques désinhibées…Loin de rester confinées à l'hôpital, ces pratiques suintent également sur les bancs des facs de médecine, où se perpétue cette ambiance graveleuse.
"Faut pas exagérer, c'est comme ça depuis toujours". Comme si le fait d'avoir installé des pratiques dégradantes depuis des années excusait le fait de les reproduire.
"il n'y a pas mort d'homme", répète-t-on souvent à celles qui dénoncent les violences sexuelles ou sexistes.
C'est vrai, les hommes n'en meurent pas. Mais les femmes, oui.
(..)
Non, décidément, il n'y a pas mort d'hommes : il n'y a que des femmes qui crèvent lentement.
Ce sont elles, victimes, qui paieront le prix fort - pas leurs bourreaux